Chapter 13 - Chapitre Treize

Le prince Ron courait aussi vite que ses jambes pouvaient le porter, son cœur battant contre sa cage thoracique. Pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi ?! Pourquoi avait-il choisi de fouiner dans l'immense château ? À présent, de nombreux gardes le poursuivaient en plein milieu de la nuit. S'il était capturé, Zedekiel penserait qu'il était venu dans le Nord pour espionner. Ron n'avait jamais autant couru de sa vie.

Il est du genre paresseux. Toujours à traîner, à manger et à lire des livres. S'il avait jamais l'énergie de faire quoi que ce soit, c'était pour faire des farces aux gens ou pour sortir furtivement du château.

Entendant les pas tonitruants se rapprochant de plus en plus, Ron accéléra et prit un virage serré à gauche dans un endroit que Dieu seul connaît.

Les gardes connaissaient le château comme leur poche. S'il ne trouvait pas rapidement un endroit où se cacher, il serait fichu. Avec cette pensée en tête, il vit une porte entrouverte alors il s'y précipita sans réfléchir et la referma discrètement.

Pauvre Ron, il n'eut même pas le temps de reprendre son souffle lorsqu'il fut soudainement plaqué contre la porte. Il se cogna la tête contre la lourde porte en chêne, se faisant une entaille sur le front. Du sang suintait de la plaie.

Il étouffa un gémissement mais une main froide et lisse saisit son cou et souleva son corps en hauteur, comme un poulet sur le point d'être égorgé. Ron voulait se débattre mais il s'arrêta lorsque ses yeux rencontrèrent des yeux violets glaciaux.

Oh non ! Il est entré dans la chambre du Roi !

La tanière du lion !

Il aurait été préférable que n'importe qui d'autre le trouve mais pas le Roi !

"Que fais-tu ici ?" demanda Zedekiel, resserrant son emprise sur le cou de Ron. L'apport d'air à ses poumons était coupé et il était en train d'étouffer. Comment pouvait-il parler ?

Il commença à se débattre, griffant cette belle main blanche mais cela ne semblait que resserrer davantage l'étreinte. Des larmes jaillirent dans ses yeux et il commença à se sentir étourdi. N'ayant pas d'autre choix, Ron fit la seule chose que son cerveau pouvait imaginer à ce moment-là.

Rassemblant toutes ses forces, il leva la jambe et asséna un coup droit entre les jambes du Roi.

Dans le mille !

Juste dans les noix !

Le visage de Zedekiel se tordit de douleur et il relâcha Ron qui tomba au sol, toussant, haletant et crachant comme un poisson hors de l'eau. Les lumières des bougies lui permirent de voir. Utilisant cela, il se leva et se dirigea vers la porte mais une main attrapa sa cheville, le tirant vers le bas.

"Ne pense même pas à t'échapper !" grogna Zedekiel.

"Ah !" s'exclama Ron lorsque son corps atterrit sur le sol froid. Il tira et tira mais la main sur sa cheville restait serrée comme un étau.

La dite main le tira et un corps encore plus lourd atterrit sur lui. Ses mains furent saisies et maintenues au-dessus de sa tête tandis que son bas du corps était pressé par les jambes du Roi. Il essaya encore et encore mais il ne put s'échapper.

Ron soupira et accepta son sort mais ensuite, se souvint de la façon dont Zedekiel avait impitoyablement tué ces voyous, décorant le sol de leur sang et de leurs entrailles.

Il commença à trembler. Et si Zedekiel lui faisait ça aussi ? Il venait presque de l'étrangler à mort !

"Es-tu prêt à avouer maintenant ?" demanda le Roi Zedekiel, la voix froide et sèche, comme s'il prononçait une sentence de mort. Ses yeux violets brillaient dans l'obscurité, fixant méchamment Ron dont le cœur battait contre sa cage thoracique. S'il pouvait remonter le temps, il n'aurait jamais quitté sa chambre.

Il maudit Ludiciel de lui avoir montré le jardin où poussaient les baies d'or. Maudit, maudit, maudit !

"Tu es venu ici pour me tuer, n'est-ce pas ?"

Ron se serait giflé s'il avait pu. "Non, non futur beau-frère. Pourquoi ferais-je une chose pareille ? !" Sa voix était rauque et il haletait. La sueur coulait sur son visage en ruisseaux.

"C'est un rôle parfait pour toi. Tu es si beau et tu as des yeux innocents. D'un seul regard, tout le monde jurerait que tu ne pourrais pas faire de mal à une mouche," dit Zedekiel, les yeux balayant la forme de Ron. Le petit fripon.

Le prince Ron était stupéfait.

'Tu es si beau et tu as des yeux innocents'.

Ainsi Zedekiel le trouvait attirant. Il ne put s'empêcher de sourire. Les papillons dans son ventre bourdonnaient joyeusement. Toute la peur qu'il avait ressentie au début s'évanouissait comme de la fumée.

"C'est pour ça que tu as décidé de rester, n'est-ce pas ?" continua Zedekiel. "Netheridge est un Royaume qui n'est pas vraiment connu. Comment puis-je savoir que tu n'es pas ici avec un plan ? Peut-être qu'après m'avoir tué, tu dirais à ton père et tes troupes viendront ici, tueront mon peuple et prendront toutes nos richesses. C'est ce que tu veux, hein ? N'est-ce pas ?" Zedekiel serra ses mains au point que Ron pensa que ses os allaient se briser. Des larmes emplirent ses yeux et sa lèvre inférieure commença à trembler. Ça faisait mal. Ça faisait tellement mal.

"Vous autres Ashenmores êtes tous les mêmes. Remplis de sang sale et de cœurs avides. Vous n'êtes jamais contents de ce que vous avez. Je devrais vous exterminer un par un"

"Je ne suis pas venu pour te tuer" grinça Ron. Il ne comprenait pas la sorte de haine que Zedekiel avait pour lui et son peuple. Du sang sale ? Des cœurs avides ? Mais que diable se passait-il ? La manière dont il parlait était comme s'il y avait une histoire entre lui et Ashenmore.

"Je suis entré par accident dans ta chambre. Je te le jure. Laisse-moi partir. Tu me fais mal"

Zedekiel ne desserra pas son étreinte du tout. Il ne voulait donner aucune chance à Ron. Ron gémit alors que les larmes menaçaient de couler. Il ne savait pas quoi faire et pleurer devant son bien-aimé n'était pas une option. Il ne voulait pas être considéré comme faible.

Il se souvint à nouveau de la nuit où cet homme l'avait sauvé. C'est vrai. Il était vivant aujourd'hui seulement parce que Zedekiel l'avait sauvé. Il pouvait au moins endurer cela avant de révéler son identité.

De la chaleur s'insinua dans ses yeux et il regarda Zedekiel comme s'il était son monde.

Le regard fit hésiter Zedekiel dans ses accusations. Il se demanda, ce prince, avait-il quelque chose qui n'allait pas avec son cerveau ? Voyant que Ron ne disait rien, il commença à fouiller ses vêtements à la recherche d'une arme.

Ron commença à se tortiller alors que la main de Zedekiel fouillait et fouillait mais ne trouva qu'un petit sac rempli de quelque chose de doux. Il se demanda si c'était du poison. Il le souleva juste au-dessus des yeux de Ron. "Qu'est-ce que c'est ?"

Les yeux du prince s'agrandirent et il essaya de l'attraper mais fut fermement maintenu. Il commença à transpirer. "Ce n'est rien futur beau-frère. Arrête de fouiner. C'est assez impoli. Rends-moi mon sac et on oubliera qu'une nuit comme celle-ci ait jamais eu lieu"

Cela ne fit que donner envie à Zedekiel de le voir davantage. Il desserra l'ouverture et vida le contenu sur le sol.

"Non" gémit Ron. "Pas par terre. Maintenant ils sont sales. Sais-tu seulement ce que j'ai dû endurer pour les obtenir ? J'ai même été poursuivi par tes gardes !"

Zedekiel regarda les petites boules dorées rondes sur le sol. En effet, c'étaient...

Des baies d'or ?