Chereads / [WN] [FR Trad] Sengoku Komachi Kuroutan / Chapter 8 - Chapitre 8 : Début Juin 1565

Chapter 8 - Chapitre 8 : Début Juin 1565

Le temps passa du printemps à la saison des pluies.

À ce moment-là, la plantation des patates douces était terminée et l'arrachage de mauvaises herbes était devenue l'activité principale.

Les patates douces, les citrouilles et les tomates poussaient bien car elles recevaient suffisamment d'eau de pluie.

Arroser les champs n'était pas nécessaire, les paysans avaient seulement besoin d'arracher les mauvaises herbes.

Comme ils avaient labouré et sillonné le sol trois fois avant de planter, ils n'avaient pas à le faire souvent.

Et comme les cannes à sucre étaient d'une variété créée avec des souches spécialement choisies, ils n'avaient pas besoin de prendre de mesures contre les pestes.

Seul le maïs doux avait besoin de beaucoup d'eau, mais l'eau de pluie et l'eau de la rivière suffisaient.

Actuellement, il y avait peu de travaux à faire dans les champs.

Les priorités actuelles étaient les contre-mesures contre les vermines et la fabrication d'une roue à aubes pour automatiser le travail.

Mais Shizuko avait obtenu une arme secrète en plus de ses pièges pour s'occuper des cerfs.

"Waouh… réussir à dresser un loup… vous êtes vraiment incroyable, cheffe !"

"Vraiment, vraiment incroyable, cheffe !"

"H-Ha ha ha~ M-Merci."

Shizuko ne pouvait que grimacer d'embarras face aux regards respectueux des villageois.

La raison de leur respect se trouvait juste à côté : il y avait un loup avec un regard sans peur qui se tenait à ses côtés.

Shizuko s'était demandée si le loup, qui avait été attiré par l'odeur du venaison, partirait après avoir mangé.

Cependant, et contrairement à ses attentes, le loup ne l'avait pas quittée.

Il y avait un consensus général entre les experts comme quoi les loups seraient les ancêtres des chiens.

En d'autres termes, la plupart des habitudes de comportement du chien seraient hérités du loup.

Ce loup avait considéré Shizuko comme étant la cheffe d'une meute et avait décidé d'en faire partie.

"Bah, ça ira~"

Comme elle avait autrefois un chien, Shizuko décida de ne pas trop y réfléchir et adopta une attitude insouciante.

Le plus important était que son exploration des montagnes environnantes lui avait fait estimer qu'il y avait près d'un millier de cerfs aux alentours.

La raison du nombre imposant de cerfs était simple.

Les montagnes étaient défrichées à mi-chemin, faisant que la lumière du soleil atteignait le sol de la forêt.

À cause de cela, elles avaient été transformées en un environnement riche en végétation.

De plus, il n'y avait pas d'animaux carnivores tels que les loups, leurs ennemis naturels.

Il y avait également des fermes à proximité et de la nourriture en abondance, ce qui en faisait l'environnement parfait pour une montée explosive du nombre de cerfs.

De plus, on dit qu'en raison de leur fertilité élevée, leur population était capable de doubler en quatre ans.

Et même si le nombre de mâles diminuait, leur mentalité polygame faisait que cela n'affecterait pas le taux de reproduction.

Même dans les temps modernes, l'augmentation du nombre de cerfs est dû à l'extinction des loups japonais et au dépeuplement des régions montagneuses. Et aussi à la hausse d'abandons des terres cultivables et la baisse des chutes de neige en hiver à cause du réchauffement climatique.

C'était ce que Shizuko pensait, mais la raison de leur prolifération actuelle était légèrement différente de celle des temps modernes.

Dans son monde, les cerfs proliféraient principalement dans les zones montagneuses.

Les terrains plats cultivables étaient rares dans ces régions montagneuses où les conditions de production agricole étaient pires qu'autrefois, faisant que la productivité était faible.

De plus, comme c'était une zone rurale dans les montagnes avec une faible densité de population, il y avait beaucoup de terrains cultivables laissées à l'abandon.

Il n'y avait pas d'ennemis naturels et peu d'humains pour les exterminer.

On pourrait dire que les régions montagneuses du monde moderne étaient l'environnement parfait pour la reproduction des cerfs.

Cependant, que ce soit à l'époque Sengoku ou dans le monde moderne, les cerfs étaient des parasites.

Une fois qu'un environnement pour leur prolifération était mis en place, dévaster cet environnement était une chose facile pour eux.

Même si on plantait des arbres, les cerfs mangeraient les jeunes pousses.

Compte tenu du nombre de plantes que pouvait manger un cerf, il était nécessaire de diminuer leur nombre.

Mais Shizuko n'avait pas la main-d'œuvre nécessaire pour cela.

Ils étaient un petit village, alors il n'y avait qu'environ vingt personnes valides, mais dix d'entre elles étaient affectées aux champs.

Sur les dix personnes restantes, cinq d'entre elles étaient un forgeron et des artisans du bois, et les cinq dernières étaient chargées de la fabrication du compost.

En d'autres termes, ce village n'avait aucune main-d'œuvre disponible pour chasser régulièrement les cerfs.

"Hum, dans ce cas… pour réduire leur nombre… il va falloir faire ça."

Shizuko, la main posée sur son menton, avait réfléchi a plusieurs méthodes, mais au final, il n'y avait qu'un seul plan réaliste applicable.

C'était un plan qui consistait à se focaliser sur l'augmentation du nombre de nouveaux-nés et d'enfants.

Elle devait chasser les femelles plutôt que les mâles.

"Si on doit faire comme ça, alors Witmann a besoin d'avoir une meute très vite… est-ce que tu as déjà trouvé une femelle ?"

Elle s'accroupit devant le loup à ses côtés, qu'elle avait baptisé Wittmann.

Shizuko était sa marraine, naturellement, mais elle se demanda pourquoi elle avait choisi de lui donner un nom allemand.

Shizuko posa cette question tout en caressant la tête de Wittmann.

Naturellement, elle ne pouvait pas avoir de réponse décente.

Wittmann se laissait caresser la tête avec une expression joyeuse.

"Non, hein ? Je t'avais pris pour un loup japonais, mais tu es un loup gris… tu ne trouves pas ta femme, hein~"

Décrivons une fois de plus l'apparence de Wittmann.

Son apparence initialement mince mise à part, sa tête et son corps faisaient environ 140 centimètres de long et il pesait plus de 50 kilogrammes.

Il avait retrouvé sa silhouette majestueuse, avec sa queue d'environ 40 centimètres de long.

La taille d'un loup japonais était estimée à un peu plus d'1 mètre de long, alors ils ne devraient pas être capables d'avoir une taille de 140 centimètres.

En d'autres termes, une personne d'un autre continent avait fait venir des loups gris au Japon.

(Il n'y avait pas de loi de régulation d'importations d'animaux durant l'époque Sengoku. Ils amenaient des animaux comme ça leur chantait.)

Quelqu'un venu d'Europe ou de Chine avait probablement amené ces animaux en offrande.

Puis ils avaient été amenés soit au Shōgun, soit à une personnalité célèbre, ou bien à un riche marchand de Sakai.

Cependant, certains loups avaient trouvé une occasion de s'échapper et ont fui vers les montagnes.

Shizuko pensait que Wittmann faisait partie de ces loups.

"Peut-être que les autres loups gris sont encore en vie. Et peut-être qu'ils sont en train de chasser le cerf dans les parages, qui sait ?"

Les loups gris vivaient en groupes de sept à treize, avec un mâle et une femelle au centre du groupe.

Un groupe de cette taille pouvait être appelé une meute. Ils vivaient selon une hiérarchie stricte.

Le mâle avec le rang le plus élevé était appelé le mâle alpha, et de même, la femelle supérieure était appelée la femelle alpha.

Si le mâle alpha et la femelle alpha étaient accouplés, les autres louves n'avaient pas le droit de mettre bas leurs propres louveteaux.

Il y avait quelques rares exceptions, mais l'écologie générale des loups était ainsi.

"Bah, c'est pas comme si ça allait arriver."

Malgré toutes ces réflexions, Shizuko ne trouva pas de bonne solution.

Au final, elle laissa les villageois s'occuper de l'agriculture et emmena Wittmann dans les montagnes.

***

Viser les faons était plus facile à dire qu'à faire.

Après tout, les cibles étaient des animaux sauvages très alertes.

Même si elle était suffisamment chanceuse pour en trouver un, si elle était dans la direction du vent, l'animal sentirait son odeur et fuirait immédiatement.

Shizuko n'était pas une chasseuse expérimentée, elle n'était pas douée pour chasser dans la direction contraire du vent, et de trouver et tuer le gibier avant qu'elle ne soit repérée.

Mais il y avait une raison pour laquelle elle est en train de gravir la montagne.

"Cette zone a l'air d'être un terrain de chasse."

Elle cherchait les zones dans lesquelles les cerfs étaient susceptibles d'aller manger.

La montagne n'était pas suffisamment envahie de verdure pour que les cerfs mangent n'importe où.

Des endroits où les mauvaises herbes poussaient en abondance sous les arbres étaient dispersés autour de la montagne.

Ce qui signifiait que les cerfs étaient très susceptibles de venir à ces endroits à l'heure des repas.

"Cette fois-ci, je peux simplement mettre une corde. Wittmann, ne bouge pas."

Shizuko s'accroupit à côté de Wittmann et enleva la corde qu'elle avait enroulée autour de son ventre.

La corde ne servait pas à restreindre ou à étrangler Wittmann, elle l'avait enroulée autour de lui pour une raison différente.

Lorsqu'elle a défait les nœuds, la corde fut facilement retirée et divisée en quatre longues cordes.

Elle enroula le bout de chaque corde autour d'arbres qui semblaient robustes et attacha l'autre bout à des arbres voisins.

"Hum, c'est mieux que rien, j'imagine. C'est des cordes imbibées de l'odeur de leur ennemi naturel."

Shizuko murmura ces mots avec un sentiment d'accomplissement après avoir fini d'attacher les cordes.

Elle avait installé l'odeur d'un animal carnivore, l'ennemi naturel des cerfs, dans une zone d'alimentation.

Les cerfs ne s'approcheraient plus de cette zone par peur de cette odeur.

Cependant, Shizuko pensait que cela n'aurait pas beaucoup d'effet.

"Je suis sûre qu'ils reviendront dès qu'ils verront qu'il n'y a pas d'animaux carnivores par ici."

Dès que les cerfs sauront qu'il n'y a aucun animal carnivore, mais seulement leur odeur, ils retourneront dans cette zone d'alimentation.

En d'autres termes, cela était uniquement un moyen de gagner du temps qui perdait vite en efficacité.

"Allez, rentrons."

S'inquiéter pour l'avenir ne servait à rien.

Shizuko avait parlé à voix haute comme pour effacer des pensées inutiles de sa tête.

***

Durant la saison des pluies, la plupart des travaux à l'extérieur étaient interrompus lorsqu'il pleuvait.

En d'autres termes, tous les villageois, Shizuko incluse, n'avaient rien à faire.

Il y avait bien des petites tâches à faire, mais Shizuko avait décidé qu'il serait bon de se reposer.

Ou pour faire simple, elle avait envie de paresser.

Cependant, le farniente de Shizuko fut interrompu tôt dans l'après-midi.

"Mes excuses pour cette visite soudaine."

La raison en était que Mori Yoshinari était venu lui rendre visite.

Shizuko, à ce moment-là, était en train de manger du venaison séché et de boire du thé d'herbe à poivre.

Quand on y réfléchit, son apparence était assez rustre, mais Yoshinari ne s'en souciait pas particulièrement.

"Ah, oups… je vous ai montré quelque chose de disgracieux."

Shizuko, rouge comme une tomate, se racla la gorge pour mettre fin à cette situation embarrassante.

"Alors, quelle est la raison de votre venue ?"

"Eh bien. Tout d'abord, c'est à propos de la source chaude que vous avez construite."

"Oui ? Euh… l'onsen ?"

"Le seigneur en est très satisfait. Il souhaite la remodeler. Et il voudrait que vous soyez en charge du projet."

Shizuko fut surprise au point où elle avait failli cracher son thé aux herbes à poivre.

Mais elle parvint à endurer et à le ravaler.

Cependant, une partie du thé était restée dans sa gorge et elle s'étouffa légèrement.

"Kof kof… que compte-t-il faire avec une rénovation de l'onsen ?"

"Il envisage naturellement de s'en servir comme récompense. Mais il ne dira pas que c'était votre suggestion. Il veut que vous sépariez la source que vous utilisez habituellement et que vous construisiez un bain qui sera utilisé comme récompense."

"Hum… dans ce cas, ça ira. Mais une telle modification prendra du temps. Il me faudra diviser la source chaude en 4 parties."

"Nous aimerions que vous soyez également en charge sur cet aspect. Bien entendu, le seigneur a dit que vous serez récompensée en cas de réussite."

C'était ce que Yoshinari avait dit, mais au fond, Shizuko n'avait pas le choix.

Cependant, cela ne serait pas une tâche facile.

Car elle demandait d'augmenter la quantité d'eau chaude.

L'onsen qu'elle avait construit ne faisait que retirer les impuretés de la source chaude via un simple filtre.

L'eau chaude filtrée était ensuite transportée jusqu'au bain par un tuyau en bois.

Pour qu'une telle quantité d'eau reste chaude, il était nécessaire d'installer une méthode de rétention de chaleur là où l'eau coulait.

Shizuko en avait tenu compte. Mais elle n'avait aucun moyen de confirmer si cela était possible.

"Entendu. Je vais le faire."

"Je vois, merci."

Yoshinari baissa légèrement la tête en disant cela. Toujours aussi humble, pensa Shizuko.

"Et pour les matériaux que vous avez demandés, ce ne sont que des échantillons, mais je suis parvenu à les collecter."

"Ah, vraiment ? Merci."

"Mais que comptez-vous faire avec de telles choses ?"

"Euh, des choses… je ne peux pas entrer dans les détails tout de suite, mais les résultats devraient arriver dans au moins 3 ans."

"Entendu. Mais je dois au moins poser cette question. Est-ce que c'est pour notre seigneur ?"

Shizuko hocha la tête sans hésitation.

Si elle réussissait à le fabriquer, Nobunaga deviendrait le seul daimyō à ne pas activement chercher à en acquérir.

De plus, c'était quelque chose que l'on pensait introuvable au Japon.

Dans le monde moderne, savoir ça, c'est pas grand-chose, mais dans cette époque, une connaissance pareille serait un immense secret. Je ne peux pas en parler juste comme ça. Je pourrais fabriquer seulement une trentaine de kilos avec les matériaux que j'ai demandés… mais ça suffira.

"Entendu. Dans ce cas, je vais vous faire confiance, Shizuko-dono."

"Merci beaucoup."

Shizuko s'inclina profondément face aux paroles de Yoshinari.