Leo se tenait au bord de la nouvelle salle, respirant l'air chargé d'une étrange énergie. Devant lui s'ouvrait un long escalier en colimaçon, plongeant dans les profondeurs du sanctuaire. Une lueur bleuâtre illuminait les premières marches, puis disparaissait dans une obscurité impénétrable en contrebas.
Sans hésiter, Leo prit une première marche, puis une autre, se laissant happer par cette descente énigmatique. Alors qu'il avançait, une sensation étrange l'envahit, comme si le monde autour de lui s'étirait, déformant l'espace et le temps. Chaque pas résonnait dans l'air lourd et oppressant, le son se prolongeant bien au-delà de l'écho normal.
Au début, Leo comptait distraitement les marches, cherchant à estimer la profondeur de cette étrange structure. Vingt… trente… cinquante… Mais il se rendit vite compte que l'escalier semblait infini. Après ce qui lui parut être une éternité, il s'arrêta, essoufflé, et regarda derrière lui. Les marches s'étendaient à perte de vue vers le haut, disparues dans un voile de ténèbres. Le retour n'était plus une option.
Sa respiration devenait plus saccadée. Ses jambes, d'abord alertes et pleines d'énergie, commençaient à trembler sous la fatigue. Une étrange angoisse monta en lui. Cela faisait-il des heures qu'il descendait? Des jours? La notion de temps commençait à se brouiller dans son esprit. La soif commençait à poindre, et ses muscles le lançaient à chaque pas, comme s'il traînait une chaîne invisible.
Quelques marches de plus…
Les marches se suivaient encore et encore, dénuées de la moindre variation, toutes identiques, comme un motif sans fin. Leo tentait de se concentrer, mais son esprit vagabondait malgré lui, troublé par l'étrange rythme de cette descente sans fin. Des pensées étranges s'insinuaient dans son esprit, des souvenirs flous, des images de sa vie passée, de l'Alex qu'il avait été.
Ses pas ralentissaient malgré lui, chaque mouvement devenait un combat. Il avait l'impression que son corps pesait une tonne. Son souffle s'était transformé en un râle rauque, et chaque marche semblait aspirer le peu de force qui lui restait.
Puis, soudainement, la solitude devint écrasante. Le silence régnait, seulement perturbé par ses pas étouffés. Il crut entendre des voix, des murmures au loin, mais à chaque fois qu'il s'arrêtait pour écouter, il ne percevait que le vide oppressant.
Les années s'écoulaient.
Il avait perdu tout repère de temps. Son esprit était embrumé, errant dans les méandres de souvenirs confus et de rêves étranges. Des images de sa vie précédente, d'Alex, défilèrent devant ses yeux, mais chaque souvenir semblait se dissoudre avant qu'il puisse le saisir pleinement. Il se revoyait, enfant, rêvant d'aventures et de mondes fantastiques. Puis l'image s'effaçait, remplacée par un écho lointain de sa mère et de sa sœur dans le monde qu'il avait quitté.
Un doute le saisit, viscéral. Et si cette descente était sans fin? Une punition éternelle? Peut-être avait-il échoué dans sa quête, et ce sanctuaire le piégeait ici pour toujours…
Un vertige le saisit, et il faillit trébucher. Ses genoux frappèrent les marches, ses mains agrippant le rebord pour ne pas chuter dans cet abîme sans fond. Le désespoir commençait à ronger son esprit. S'il ne s'arrêtait pas, il savait qu'il allait perdre pied, sombrer dans une folie que même la réincarnation ne pourrait peut-être pas guérir.
Puis, soudainement, un changement.
À l'horizon de cette interminable spirale, une lueur apparut, faible, mais bien réelle. Elle flottait dans l'obscurité, vacillante comme une bougie dans la nuit. Rassemblant ses dernières forces, Leo reprit sa descente, chaque pas devenant une lutte acharnée, chaque mouvement un acte de volonté pure.
Enfin, après ce qui lui parut être des siècles de marche, il atteignit le bas de l'escalier. La lueur devint plus vive, se transformant en un halo qui baignait un couloir de pierre menant à une grande porte ouvragée. Leo s'écroula presque en arrivant au bas, prenant une grande inspiration comme s'il respirait pour la première fois après une longue apnée.
Il regarda ses mains tremblantes, réalisant à quel point ce voyage l'avait marqué, aussi bien physiquement que mentalement. Ses jambes étaient lourdes, et son esprit épuisé, mais quelque chose en lui avait changé. Cette descente, bien que traumatisante, lui avait appris quelque chose de précieux : sa ténacité, sa capacité à affronter même les illusions les plus cruelles.
Se relevant, il posa une main sur la grande porte devant lui, prêt à découvrir ce que ce sanctuaire lui réservait encore.