Alexandre Lambert s'étira, clignant des yeux pour ajuster sa vision à l'écran qui illuminait sa chambre dans la pénombre de la nuit. Ce jeu, "Amour de Cristal", le hantait désormais. Et tout ça à cause de sa petite sœur. « Juste une partie, tu verras, c'est pas si mal ! » avait-elle dit en lui collant la manette dans les mains.
Au début, il avait résisté. Lui, jouer à un otome game ? Il trouvait les romances simplistes, les dialogues guimauves, et les personnages masculins… exagérés. Mais il s'était laissé convaincre. Après tout, entre les études et les petits boulots, il n'avait pas grand-chose pour l'occuper, alors il avait fini par céder, croyant en avoir vite terminé. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est que le jeu serait pratiquement impossible à finir.
"Amour de Cristal" semblait suivre le parcours classique d'un otome game : une jeune héroïne vertueuse et courageuse qui arrivait dans une académie prestigieuse pleine de beaux et mystérieux jeunes hommes. Le but ? Gagner l'affection d'un personnage parmi une série de choix : le prince au sourire parfait, le chevalier taciturne, le mage sage, et quelques autres. Sauf que cette héroïne, malgré son bon cœur, n'avançait jamais dans aucune route, à cause de ce fichu casting.
Tous les personnages masculins du jeu avaient des personnalités radicales et, disons-le, impossibles à gérer. Dès qu'Alexandre essayait de se rapprocher de l'un d'eux, l'intrigue prenait une tournure imprévisible. Prenons le prince, par exemple : chaque fois que l'héroïne semblait sur le point de gagner sa confiance, le chevalier se mettait à agir de façon possessive et jalouse, comme un yandere classique. Il se mettait à espionner, intervenait brutalement dans les scènes, et ruinait les moments romantiques.
Et ce n'était que le début. Le mage, mystérieux et distant, semblait devenir glacial dès qu'il remarquait que l'héroïne montrait un intérêt pour un autre homme. Un parfait tsundere, se disait Alexandre, moqueur. Et même le noble, qui avait pourtant l'air calme et réfléchi, semblait se transformer en kuudere, ne laissant filtrer aucune émotion et ajoutant une tension glaciale dans les conversations.
Alexandre soupira, exaspéré. "C'est quoi ce casting de psychopathes ?" se demanda-t-il à voix haute. Peu importe les choix qu'il faisait, il se retrouvait bloqué, chaque route détournée par un autre personnage, chaque relation sabotée.
Mais au-delà des complications romantiques, Amour de Cristal cachait aussi un autre défi : des dangers imprévus et des boss surpuissants qui apparaissaient sans prévenir. Ces ennemis, bien trop forts pour le niveau de l'héroïne, semblaient conçus pour bloquer toute progression. À chaque avancée dans une route, un boss apparaissait, interrompant brutalement la romance avec un combat impossible à gagner. Ces adversaires semblaient invincibles, rendant chaque partie frustrante et interminable, comme si le jeu lui-même voulait l'empêcher de voir la fin.
« Allez, juste une fois… faut bien qu'il y ait une route possible. » Il murmura ces mots pour se donner du courage, malgré le désespoir qu'il ressentait face à cet otome infernal.
Mais alors qu'il tentait une nouvelle fois de percer la carapace du prince sans déclencher les foudres du chevalier, l'écran de son ordinateur clignota soudain. Une lumière intense envahit la pièce, et Alexandre sentit une étrange pression lui comprimer la poitrine. Sa vision se brouilla, ses membres s'engourdirent.
"Non… attendez… c'est pas…" Il n'eut pas le temps de terminer sa pensée. Son corps tout entier bascula dans le vide, la lumière de l'écran se rapprochant comme pour l'engloutir.
Dans sa dernière pensée confuse, il se dit que s'il devait mourir, il espérait au moins se réveiller quelque part où il aurait enfin une chance.