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Chapter 9 - Une lueur d'évasion

Elena se réveilla avec un sursaut, le souffle court. Elle avait mal dormi, l'esprit tourmenté par des cauchemars indistincts. La pièce était plongée dans l'obscurité, et un rapide coup d'œil à la petite horloge posée sur la table de chevet lui apprit qu'il faisait encore nuit. Le silence autour d'elle était total, presque oppressant, comme si le monde lui-même retenait son souffle.C'était maintenant ou jamais.Elle se leva lentement, ses jambes tremblantes sous le poids de sa décision. Sa seule source de lumière serait son téléphone, dont l'écran éclaboussa la pièce d'une pâle lueur bleutée lorsqu'elle l'alluma. Elle n'avait pas de réseau, bien sûr, mais la torche ferait l'affaire pour éclairer son chemin.Respire, Elena. Doucement.Elle ouvrit la porte de sa chambre avec une infinie précaution, veillant à ne pas faire de bruit. Le couloir, tout aussi sombre que sa chambre, s'étendait devant elle, chaque mètre semblant dissimuler des secrets et des dangers invisibles. Elle hésita, ne sachant pas dans quelle direction se diriger. Elle se souvenait de la cour qu'elle avait vue plus tôt à travers la fenêtre, un espace qui semblait promettre une évasion. Ses pas la guidèrent vers cette direction, chaque pas plus léger que le précédent, bien qu'elle sente son cœur battre violemment dans sa poitrine.Tu vas y arriver. Tu vas sortir d'ici.Elle traversa plusieurs couloirs, sa lumière tremblotante dévoilant des murs ornés de tapisseries vieillies et des portes closes qu'elle n'osait même pas effleurer. Alors qu'elle se cachait dans un recoin sombre, laissant quelqu'un passer, elle sentit le picotement familier dans ses paumes, une chaleur étrange qu'elle ne parvenait pas à contenir. Des étincelles dorées dansèrent le long de ses doigts, brillantes comme des étoiles, elle essaya de ne pas paniquer cette fois-ci. Elena inspira et expira lentement, retrouvant peu à peu son calme et elle se força à les éteindre avant d'attirer l'attention.Tout semblait si vaste, si étranger. Elle revit un instant la lueur douce de sa chambre chez ses parents, l'odeur du café que son père préparait chaque matin. Elle pouvait presque entendre sa sœur rire... Mais ce souvenir s'effaça aussi vite qu'il était apparu, la ramenant à la froide réalité de sa fuite.Enfin, elle atteignit une grande porte qui donnait sur la cour. Elle l'ouvrit avec prudence, et la brise fraîche de la nuit lui fouetta le visage, faisant voler ses cheveux autour d'elle.La cour était silencieuse, presque trop paisible, comme un tableau figé dans le temps. Les lanternes qui éclairaient la zone plus tôt étaient désormais éteintes, laissant le lieu baigné dans une obscurité quasi totale. Elle avançait, son téléphone projetant une lumière vacillante sur le sol de pierres. Elle avait l'impression que le monde entier la regardait, que quelque chose, quelque part, la surveillait dans cette obscurité.— Il doit y avoir une sortie, murmura-t-elle pour elle-même, la voix tremblante.Elle se mit à longer les murs, cherchant une porte, une brèche, quelque chose qui pourrait la conduire loin d'ici. Mais chaque passage qu'elle empruntait semblait la ramener au point de départ. La cour, malgré sa simplicité apparente, devenait un labyrinthe dans la pénombre.Elena commençait à tourner en rond. Son souffle s'accélérait, rapide et irrégulier, résonnait comme un écho de panique dans la cour silencieuse. La peur s'insinuait lentement dans son esprit. Une sueur froide coulait le long de sa nuque, chaque goutte marquant son désespoir. Et si elle ne trouvait jamais la sortie ? Et si elle restait coincée ici, dans ce monde étrange et pesant ?Son cœur battait si fort qu'elle en avait mal. À chaque pas, ses pieds semblaient résonner dans la cour déserte, un appel sonore et involontaire. Elle s'arrêta brusquement, mais l'écho persista, comme si quelque chose la suivait. Les ombres ondulaient autour d'elle, déformées par la pâle lueur de son téléphone qui tremblait dans sa main. Elle cligna des yeux, mais sa vision restait trouble, les contours du monde se floutant dans un cauchemar éveillé. Elle savait que quelque chose l'observait, elle en était sûre – une présence invisible se tapissait dans l'obscurité, suivant chacun de ses mouvements avec une patience glaciale. Elle étouffa un cri, serrant son téléphone comme si sa lumière pouvait la protéger. Mais chaque mètre semblait s'étirer à l'infini, un labyrinthe qui la ramènerait encore et encore au même endroit, piégée dans ce monde qui ne voulait pas la laisser partir. Un bruit léger, un froissement presque imperceptible dans l'air se fit entendre.Le silence, qui d'abord l'avait apaisée, devenait maintenant oppressant, comme si l'air lui-même se chargeait d'une menace invisible. Elle s'arrêta, tentant de calmer sa respiration, mais chaque fibre de son corps était tendue, prête à fuir.Je suis perdue.Cette pensée s'installa dans son esprit avec une force écrasante. Elle se sentait comme une étrangère, prisonnière d'un univers qui ne la voulait pas. Son cœur battait si fort qu'elle crut un instant qu'il allait la trahir, attirer l'attention de quelque chose ou de quelqu'un dans cette nuit insondable. Elena entendit un petit son, comme un murmure, un soupir.Elle fit un pas en arrière, hésitante, cherchant à revenir sur ses traces. Elle sentit une main puissante se refermer autour de son bras. Elle leva les yeux, le cœur battant à tout rompre.— Où crois-tu aller, Elena ?La voix grave et calme de Dimitri transperça le silence comme une lame, et tout son corps se figea. Elena tourna lentement la tête et croisa le regard du ministre. Il se tenait devant elle, son visage en partie dissimulé par l'ombre de la nuit, mais son expression restait inébranlable, imposante. Ses yeux, perçants, la fixaient avec intensité. Elle voulut se dégager, mais la main de Dimitri était ferme, inébranlable, presque trop forte pour une simple poigne humaine. En cet instant, ces yeux transperçaient Elena, exprimant à la fois la déception et la compréhension. Ils ne révélaient aucune colère ouverte, mais un poids, une gravité, qui parlaient de décennies d'expérience et de décisions difficiles.— Tu pensais vraiment t'enfuir ? demanda-t-il doucement, Elena n'osa pas bouger, comme si ses jambes s'étaient soudain transformées en plomb. Ce monde est bien plus vaste que tu ne le crois. Et bien plus dangereux, surtout la nuit.Dimitri ne relâcha pas immédiatement son étreinte, et Elena pouvait sentir la chaleur de sa main, paradoxalement en contraste avec la froideur de son regard. Un fin sourire, presque imperceptible, effleura ses lèvres, atteignant presque imperceptiblement ses yeux. Pendant un court instant, il eut l'air plus chaleureux, plus humain. Cependant, il reprit son expression plus froide en un clin d'œil.Elena, incapable de parler, sentait sa gorge se serrer sous le poids de l'angoisse. Il savait. Il avait toujours su. Son plan avait échoué avant même qu'elle ne l'ait mis en œuvre.— Je comprends ta peur, continua-t-il, sa voix plus douce. Ce monde est nouveau pour toi, mais il est également le tien. Tu as une place ici, que tu le veuilles ou non. Fuir ne résoudra rien.Elle recula d'un pas, toujours tremblante, le téléphone encore serré dans sa main comme un dernier lien avec sa vie d'avant.— Je ne veux pas être ici, murmura-t-elle, la voix brisée par l'émotion. Je n'ai rien demandé. Je veux juste rentrer chez moi...Dimitri la regarda longuement, le visage impassible, mais ses yeux semblaient peser chaque mot. Puis, dans un geste presque inattendu, il posa doucement une main sur son épaule.— Je sais. Mais ce que tu cherches, tu ne le trouveras plus là-bas. Ce que tu es, Elena, fait partie de ce monde.Elle baissa les yeux, sentant les larmes monter. Tout en elle criait de fuir, de retrouver sa vie d'avant, mais une part, minuscule mais présente, savait qu'il avait raison. Ce monde magique, aussi effrayant soit-il, faisait maintenant partie d'elle. Mais accepter cela signifiait tout laisser derrière, et cette idée lui était insupportable.Dimitri, semblant lire dans ses pensées, la guida doucement vers la porte. Sa silhouette, drapée dans un long manteau sombre aux broderies subtiles, exsudait une autorité naturelle.— Rentre, repose-toi. Demain sera un jour nouveau. Nous en reparlerons alors.Elena se laissa faire, luttant contre l'envie de pleurer. Elle ne dit rien, se laissant porter par le flot des événements, sachant que pour l'instant, elle n'avait plus vraiment le choix.