Chereads / Les Echos d'Aldaria / Chapter 13 - Sous l'ombre des Tours

Chapter 13 - Sous l'ombre des Tours

Aldaria était une école grandiose, une fusion enchanteresse entre l'architecture féerique et la magie ancestrale. Les bâtiments, élégants et imposants, s'élevaient dans le ciel comme d'anciennes cathédrales vivantes. De longues tours finement ciselées s'enroulaient autour d'elles-mêmes, étincelantes dans une lumière surnaturelle, tandis que des fenêtres colorées, semblables à des vitraux, dégageaient des halos de lumière arc-en-ciel. Le tout formait une structure à la fois majestueuse et fantaisiste, flottant légèrement au-dessus du sol, comme si l'endroit lui-même respirait la magie.Une odeur d'encens fleuri flottait dans l'air, mêlée à des parfums inconnus qui lui faisaient tourner légèrement la tête, comme si chaque souffle transportait une trace de magie pure.La cour où Dimitri, Seraphina et Elena venaient d'atterrir était immense, pavée de pierres lisses et entourée de jardins suspendus, avec des fleurs luminescentes et des arbres aux feuilles d'or et d'argent. Des créatures volantes, semblables à de petits dragons et des oiseaux aux plumes multicolores, sifflaient en cercle dans le ciel clair. Les étudiants — de diverses espèces magiques, des fées aux métamorphes en passant par des mages — se déplaçaient avec une aisance naturelle, chacun accompagné de son propre éclat mystique, conversant, riant, ou pratiquant des sorts dans des recoins ombragés.Le trio venait de créer un remue-ménage dans cette cour paisible. Leur arrivée soudaine avait provoqué un souffle magique qui fit vaciller l'air autour d'eux, secouant les arbres et faisant bruisser les feuilles dorées. Les étudiants proches s'arrêtèrent net, leurs regards se tournant vers Elena, Dimitri, et Seraphina, curieux et légèrement méfiants.— Regarde, une nouvelle arrivée, chuchota une fée à son amie.— Et elle est avec Monsieur Elric... Ça doit être important, répondit un autre élève, les yeux écarquillés.Le silence tendu s'installa un instant, avant que les murmures n'envahissent rapidement la cour. Elena se sentait minuscule entourée de tous ces êtres si différents, si puissants. Elle était ici, à Aldaria.Elle sentait leurs regards peser comme un jugement silencieux, certains fixant ses vêtements de manière critique, d'autres observant chaque mouvement de ses mains, comme si elle était une créature rare et étrangère.  Le murmure des étudiants autour d'Elena, Dimitri, et Seraphina s'intensifiait, créant une sorte de bourdonnement qui rendait Elena encore plus nerveuse. Elle pouvait sentir les regards peser sur elle, certains empreints de curiosité, d'autres de méfiance. Ils fixaient surtout Dimitri, visiblement impressionnés par sa présence.— C'est Elric, souffla un élève à un autre.— Monsieur Elric est ici ? Pourquoi aurait-il amené une humaine ?Le respect avec lequel les étudiants murmuraient le nom de Dimitri n'échappa pas à Elena, mais cela ne fit qu'augmenter son malaise. Tout ce qui se passait semblait bien au-delà de sa compréhension, et la voix qu'elle avait entendue dans sa tête plus tôt la troublait encore.Avant que la tension ne devienne insupportable, un elfe élancé, aux traits fins et d'une beauté froide, fendit la foule. Il marchait avec une grâce et une assurance naturelle, ses cheveux d'un blond argenté encadrant son visage fier et ses yeux d'un vert perçant. Il portait une tenue élégante, adaptée à son statut d'enseignant, et un léger sourire s'étirait sur ses lèvres.— Monsieur Elric, salua-t-il en inclinant légèrement la tête. Votre arrivée inattendue semble avoir éveillé la curiosité de nos jeunes esprits.Dimitri hocha simplement la tête en retour, son expression toujours aussi impassible.— Professeur Aerendyl, répondit-il avec respect. Je crains que notre visite n'ait causé plus de remue-ménage que prévu.— Cela n'est pas un problème, sourit légèrement Aerendyl, ses yeux passant de Dimitri à Seraphina puis à Elena. Mais je suis tout de même intrigué par la raison de cette visite, si vous voulez bien me suivre.Les yeux perçants d'Aerendyl semblaient la sonder, un sourire léger aux coins de ses lèvres, comme s'il voyait au-delà de son apparence. "Bien des mystères entourent cette nouvelle arrivée", murmura-t-il presque pour lui-même, ajoutant un poids étrange à l'atmosphère. Aerendyl se tourna légèrement, invitant le trio à le suivre à travers l'école. Elena sentit immédiatement une présence magnétique chez lui, mais qui la mettait mal à l'aise. Ses yeux semblaient percer à travers elle, comme s'il lisait ses pensées ou sondait son âme.Ils pénétrèrent à l'intérieur du bâtiment principal d'Aldaria. Les couloirs étaient vastes, éclairés par des sphères lumineuses flottant dans les airs, projetant des ombres douces sur les murs ornés de tapisseries représentant des scènes magiques et des créatures mythiques. Le sol de marbre scintillait légèrement sous leurs pas, et de nombreuses arches reliaient les différentes ailes de l'école. Des escaliers en colimaçon serpentaient vers les niveaux supérieurs, menant à des salles cachées et des tours imposantes.L'intérieur de l'établissement était un mélange fascinant d'ancien et de moderne. Les salles de classe étaient équipées de meubles en bois noble, mais des objets flottants et des artefacts magiques parcouraient les lieux, intégrés à l'architecture. Parfois, des statues semblaient s'animer brièvement avant de reprendre leur immobilité, et des tableaux murmuraient des conseils aux étudiants qui passaient.Finalement, ils arrivèrent devant une porte massive sculptée dans un bois sombre et gravée de symboles anciens. Aerendyl toqua doucement avant d'ouvrir, les invitant à entrer dans le bureau de la directrice.La directrice était une vieille femme à l'apparence singulière. Ses yeux perçants, d'un jaune doré, lui donnaient une ressemblance frappante avec une chouette. Ses cheveux gris étaient noués en un chignon serré, et elle portait une robe longue qui semblait flotter autour d'elle. Malgré sa douceur apparente, elle dégageait une aura de sagesse et de puissance, comme quelqu'un qui avait traversé des siècles de savoir.— Dimitri Elric, bienvenue, dit-elle de sa voix douce mais autoritaire. Et Seraphina, ravie de vous revoir, cela faisait plusieurs jours que vous étiez absente. Quant à vous, jeune fille, vous devez être Elena.La directrice planta ses yeux dorés dans ceux d'Elena. "Savez-vous pourquoi vous êtes ici, mademoiselle ?", demanda-t-elle d'une voix douce mais perçante, comme si elle attendait bien plus qu'une simple réponse.Elena ne put qu'hocher la tête, incapable de répondre. Quelque chose la bloquait, un nœud d'angoisse dans sa gorge qui l'empêchait de parler. Elle se sentait comme étranglée par la situation, et la présence de l'enseignant elfe dans un coin de la pièce, toujours silencieux, ne faisait qu'aggraver son malaise. Il la regardait, ses yeux brillants fixés sur elle, mais elle n'osait pas le confronter du regard.Dimitri prit la parole pour expliquer la situation, expliquant comment Elena avait découvert Seraphina et leur monde magique, et pourquoi il était essentiel de la garder ici. Par moments, Seraphina intervenait pour préciser certains détails. Elena, elle, restait figée, à peine capable de respirer sous le poids de ce moment.— Ne t'inquiète pas, Elena, murmura Seraphina en lui prenant doucement la main, sentant son anxiété. Nous allons t'aider à traverser tout ça. Tu n'es pas seule.Dimitri lui lança un regard rassurant, bien que sévère.— Tu es ici pour une raison, Elena, ajouta-t-il. Tu dois apprendre à maîtriser ce qui est en toi. Sinon, ce monde ne sera jamais sûr pour toi ou pour les autres.La directrice acquiesça. Sentant le malaise d'Elena, Seraphina lui tapota la main doucement. "Tu n'es pas seule ici, tu as ma protection, et celle de Dimitri. Ne l'oublie jamais", murmura-t-elle, ses yeux pétillant d'une lueur rassurante.— Seraphina, je vous confie la tâche de lui faire visiter l'école et de lui expliquer les bases. Pendant ce temps, Dimitri, le professeur Aerendyl et moi allons discuter de la suite à donner à cette situation.Un bref instant, Elena crut discerner une lueur d'inquiétude dans les yeux du ministre, mais il retrouva bien vite son masque impassible, comme s'il ne pouvait se permettre d'être vu ainsi.Seraphina se leva, souriante, et fit signe à Elena de la suivre. Mais au moment où elle passa près d'Aerendyl pour quitter la pièce, Elena sentit un frisson glacial la parcourir. Quelque chose ne va pas chez lui. Ce regard insistant, presque intrusif, la glaçait de l'intérieur.Une fois à l'extérieur, Seraphina entraîna Elena dans une visite guidée des lieux. La première étape fut la gigantesque salle à manger, une immense pièce ornée de chandeliers flottants et de longues tables en bois, où les élèves de toutes espèces partageaient leurs repas. Le plafond, enchanté, reflétait le ciel extérieur, changeant constamment de couleur au gré des heures.Elles passèrent ensuite par une serre botanique, où de vastes plantes magiques s'épanouissaient sous des lumières douces. Certaines feuilles semblaient presque chanter à leur passage, et des fleurs géantes s'ouvraient et se refermaient en un ballet étrange et hypnotisant. Les jardins, eux, ressemblaient à un paradis suspendu, avec des ponts de pierre serpentant au-dessus de bassins d'eau miroitante. Pendant qu'elles passaient dans le bâtiment où se suivaient diverses salles de classe, Seraphina expliqua qu'Aldaria était organisée de manière à répondre aux besoins spécifiques des différentes espèces. Les cours étaient adaptés en fonction de l'origine magique, du rang social, et du métier envisagé. Bien que certaines matières soient communes à tous — comme la télépathie, l'histoire du monde magique, la géographie magique, et les cours de langue commune — chaque élève suivait un parcours unique. Les fées, par exemple, étudiaient davantage la nature et les arts aériens, tandis que les métamorphes se concentraient sur le contrôle de leur forme et les sorciers sur les arcanes anciennes.Le frottement doux de leurs pas sur le sol de marbre, les murmures lointains des sorts pratiqués dans des salles adjacentes et le bruissement de feuillages enchantés créaient un orchestre magique qui rendait Aldaria étrangement vivante.— Mais peu importe ton espèce ou tes origines, poursuivit Seraphina. Tout le monde doit suivre certains cours obligatoires. Cela permet de garder une certaine harmonie entre nous tous.Elles terminèrent la visite, en traversant à nouveau la cour pour finir devant la tour principale, où se trouvaient les dortoirs. Elena jeta un dernier regard sur les extérieurs resplendissants de beauté magique. Mais pour elle, chaque scintillement rappelait les barreaux d'une cage dorée, et l'éclat des tours semblait étrangement froid, comme une lumière étrangère et indifférente.Elena resta silencieuse tout du long, encore submergée par tout ce qu'elle venait de voir. Mais une pensée ne la quittait pas : cette école, aussi belle soit-elle, était maintenant sa prison.