Chereads / Les Echos d'Aldaria / Chapter 3 - La voix de l'Invisible

Chapter 3 - La voix de l'Invisible

Elena était installée devant la petite bibliothèque de son appartement, son ordinateur portable devant elle sur son bureau. Elle balayait l'écran du bout de ses doigts, ses yeux noisette captivés par chaque paysage écossais, comme si elle pouvait déjà ressentir l'air frais de ces collines verdoyantes et entendre le vent souffler dans ses boucles châtain, au centre de châteaux écossais en ruines, ou encore de lacs mystérieux recouverts d'une brume épaisse.

Elle avait passé des heures à lire des blogs de voyage, des guides touristiques et à comparer des billets d'avion. L'Écosse était aussi envoûtante qu'elle l'avait imaginée, presque comme un rêve lointain, mais avec chaque nouvelle page ouverte, la réalité frappait plus durement. En cours, par moments, elle perdait sa concentration sur ce que l'enseignant disait, au lieu de copier les leçons sur son ordinateur, elle se perdait dans des recherches d'images.Son téléphone vibra à côté de son clavier. Elle soupira, pensant à un autre spam publicitaire. Mais non, en voyant le nom de la banque s'afficher, Elena sentit son estomac se nouer. Elle mordilla inconsciemment l'intérieur de sa joue ronde, un réflexe qu'elle avait chaque fois que l'angoisse montait en elle.« Bonjour, mademoiselle Harper, ici la banque Henderson. Nous vous appelons à propos de votre compte. Nous avons remarqué que vous êtes proche de la limite de découvert autorisé, et avec la récente augmentation de votre loyer, nous voulions nous assurer que tout allait bien. »Les mots résonnèrent comme une claque. Elle n'avait même pas réalisé à quel point elle était à sec. Entre son petit job au café et les frais de vie toujours plus élevés, économiser pour un voyage en Écosse ressemblait désormais à une illusion.« Oui, merci pour l'appel. Je vais gérer, » mentit-elle, la gorge nouée.Elle raccrocha et se pencha en arrière dans sa chaise, fixant l'écran sans vraiment le voir. L'Écosse semblait désormais hors de portée. Comment pourrait-elle se permettre de voyager à l'étranger alors qu'elle avait à peine de quoi couvrir ses dépenses mensuelles ?«Ah, la grande aventurière écossaise en difficulté financière... pathétique.» D'où venait cette voix ? La fatigue sans aucun doute, Elena ne s'en préoccupa pas plus.Après un long moment, elle se redressa, prenant une décision. Si elle ne pouvait pas se rendre en Écosse pour rencontrer cet auteur mystérieux en personne, elle pourrait au moins le contacter. Peut-être que, juste peut-être, son instinct la guidait dans la bonne direction. Elle ouvrit sa boîte mail et commença à taper.---Objet : Questions à propos de votre livre sur les féesCher Dr. Ravenscroft,Je m'appelle Elena Harper. J'ai lu votre livre "Les Échos des Anciens", et quelque chose m'a frappée à propos de vos théories sur l'existence des fées. J'aimerais vraiment en savoir plus, si vous acceptez de partager davantage d'informations. Je crois sincèrement que les fées existent, et je pense même en avoir rencontré une récemment.C'est peut-être fou, mais j'ai besoin de comprendre. Pouvez-vous m'aider ?Cordialement,Elena Harper---Alors qu'elle relisait son mail, son regard flottait, comme perdu dans les images de collines lointaines. Elle savait, au fond d'elle-même, que quelque chose l'attendait, quelque chose qu'elle ne pouvait pas encore nommer, mais son sixième sens lui chuchotait qu'il fallait qu'elle persiste. Sans hésiter, elle appuya sur "envoyer" et espéra une réponse rapide. Mais les jours passèrent, et toujours rien.Chaque matin, avant de se diriger vers la faculté des sciences, elle ouvrait sa boîte mail avec l'espoir d'y voir une réponse. Chaque soir, rentrant du café, elle se demandait si elle avait été trop naïve. Peut-être que l'auteur ne se préoccupait plus de ces histoires, ou pire, qu'il la considérait comme une folle.Puis, un soir, alors qu'elle faisait la vaisselle, elle entendit quelque chose d'étrange. Une voix, sarcastique, résonna dans sa tête."Alors, c'est ça la grande aventurière, plongée dans l'eau savonneuse ?"Elena sursauta et lâcha l'assiette qu'elle tenait, qui se fracassa au sol dans un bruit sec. Les éclats de porcelaine se dispersèrent autour de ses pieds. Elle se retourna, cherchant la source de la voix, mais la cuisine était vide. Elle fronça les sourcils, se demandant si elle avait imaginé cette étrange interjection.Mais la voix revint, cette fois plus moqueuse.« Vraiment, tu crois que faire la vaisselle est ta destinée ? C'est un peu pitoyable, non ? »« Qui est là ? » murmura Elena en se retournant brusquement, le cœur battant. Mais encore une fois, personne. La maison était aussi silencieuse que d'habitude. Elle se sentit soudain idiote, mais un éclat de verre invisible sous la lumière glissa sous son pied alors qu'elle bougeait. Une douleur vive la fit grimacer alors qu'un petit filet de sang commençait à perler le long de son orteil.Soupirant, elle se baissa pour ramasser les morceaux d'assiette, tâchant de ne pas empirer les choses. Elle nettoya les éclats avec soin, son esprit partant dans tous les sens. Était-elle en train de perdre la tête ? Cela faisait des semaines qu'elle se plongeait dans les recherches sur les fées, des semaines sans une seule réponse ni preuve tangible. Était-ce en train de l'affecter au point de se créer des hallucinations ?Elle tenta d'ignorer la voix, mais elle se fit plus insistante au fil des jours. Des remarques sarcastiques, parfois critiques, à d'autres moments étrangement encourageantes, envahissaient ses pensées, quelques rares jours, elle restait silencieuse et alors, Elena croyait avoir rêvé ces murmures, puis, ils revenaient lui chatouiller la tête, les oreilles. Elle se dit qu'elle devait devenir folle.Puis, elle commença à ressentir de légers picotements. Au début, ce n'était qu'une impression douce, presque imperceptible, qui s'installait au bout de ses doigts, comme de minuscules pulsations sous la peau. Elle observa ses mains, intriguée par cette sensation étrange et nouvelle, se demandant si elle ne l'imaginait pas. « C'est bon, je suis complètement folle, » marmonna-t-elle un soir, allongée dans son lit. La voix ne la lâchait plus. Les picotements non plus. Était-ce vraiment à cause de cette histoire de fées ?Alors qu'elle tentait de fermer les yeux pour dormir, son téléphone émit un petit "bip". Une nouvelle notification. Encore une alerte inutile, pensa-t-elle d'abord, mais lorsqu'elle regarda l'écran, elle se figea.Les picotements persistaient, devenant plus présents avec chaque instant, comme des étincelles invisibles qui semblaient s'éveiller, vibrant sous sa peau, prêtes à éclater.C'était un mail du Dr. Alistair Ravenscroft. Un vertige s'empara d'elle. Une part d'elle voulait cliquer sur 'Supprimer'. Mais une autre, celle qui l'avait poussée à contacter l'auteur, ne pouvait s'empêcher de vouloir en savoir plus, malgré l'ombre menaçante de ce message, l'objet ne pouvait pas être plus clair. En ouvrant le message, elle pinça légèrement les lèvres, geste automatique dès qu'elle se sentait nerveuse. Son cœur battait plus vite, mais elle prit une profonde inspiration et se força à lire.---Objet : Ne vous en mêlez pasMademoiselle Harper,Je vous remercie pour votre message, mais je dois vous conseiller vivement de ne pas chercher davantage d'informations sur les fées. Ce que vous avez vu est dangereux. Les fées ne vous apporteront que des ennuis, des ennuis que vous ne pouvez pas imaginer.Laissez cette histoire là où elle est. Oubliez ce que vous avez vu. Vous êtes sur une pente glissante.Cordialement,Dr. Alistair Ravenscroft---Bientôt, cette sensation légère se transforma en quelque chose de plus intense, plus profond, qui remontait le long de ses doigts jusqu'à ses paumes. C'était comme si une énergie mystérieuse, indéfinissable, s'agitait en elle, tentant de franchir une barrière invisible pour se manifester pleinement. Elle avait l'impression qu'une force inconnue, presque vivante, tapie dans ses veines, cherchait désespérément à se libérer. C'était à la fois fascinant et un peu effrayant, comme si une partie d'elle-même qu'elle ne comprenait pas encore tentait de s'exprimer.Le message était court, sec, et empreint d'une menace implicite. Elena le relut plusieurs fois, elle était incapable de croire ce qu'elle voyait. Pourquoi lui dirait-il de s'arrêter ? Que savait-il exactement ? Était-ce une mise en garde sincère ou un moyen de la dissuader ? Et pourquoi maintenant, alors qu'elle commençait à peine à effleurer ce monde caché ? Avait-elle découvert quelque chose de dangereux, quelque chose qu'elle n'aurait pas dû voir ? Elle sentit un frisson glacial lui parcourir l'échine. Était-elle en train de s'aventurer dans des territoires bien plus sombres qu'elle ne l'avait imaginé ?Les picotements dans ses doigts n'étaient plus seulement légers ; ils battaient, une énergie impatiente de s'exprimer. Alors qu'elle relisait le message qui lui semblait presque menaçant, un frisson glacial lui parcourut l'échine. Avait-elle effleuré quelque chose de bien plus sombre et dangereux qu'elle ne l'avait imaginé ?