Elena n'avait pas encore totalement digéré le message inquiétant du Dr. Ravenscroft quand Seraphina réapparut devant elle, comme surgie de nulle part, un étrange écho aux questions de la jeune femme. La petite fée semblait encore plus lumineuse que dans ses souvenirs, ses ailes translucides diffusant une lueur douce et apaisante dans la chambre d'Elena.
Malgré cette apparition soudaine, Elena resta étrangement calme, comme si une part d'elle s'attendait à la revoir. Peut-être que son instinct la guidait depuis le début, mais une inquiétude persistante, logée dans son estomac, refaisait surface. Elle serra discrètement les poings, tentant d'ignorer les battements nerveux de son cœur.
Seraphina se posa devant elle, flottant légèrement au-dessus du sol, ses ailes d'une finesse incroyable battant sans bruit. Sa peau pâle irradiait d'une douce lumière qui accentuait ses traits délicats et ses grands yeux brillants, emplis d'une douceur mélancolique. La fée lui adressa un sourire reconnaissant.
« Je te dois la vie, Elena, » dit Seraphina d'une voix cristalline. « Et comme je te l'ai promis, je peux exaucer un vœu en échange. »
Le cœur d'Elena s'emballa, et une légère panique la traversa. Elle s'était demandé à plusieurs reprises ce qu'elle pourrait demander, mais maintenant que ce moment arrivait, une hésitation étrange la figeait. Les grands yeux noisette de Seraphina, empreints d'une sagesse douce et d'une bienveillance subtile, croisaient ceux d'Elena avec une intensité tranquille. La jeune humaine inspira pour calmer sa nervosité et finit par articuler : « Je veux... découvrir où vivent les fées. »
Le sourire de Seraphina s'effaça aussitôt, une ombre de regret passant dans ses yeux. Elle secoua doucement la tête, ses ailes frémissant légèrement, comme pour souligner la gravité de sa réponse. « C'est un des rares vœux que je ne peux exaucer. Le monde magique est protégé par de puissants sorts. Il est caché de la vue des humains pour leur propre sécurité et la nôtre. »
"Sans blague ? Elle ne peut pas, bah voyons !"
Elena fronça les sourcils, ses épaules se raidissant sous l'effet de la frustration et de l'anxiété. Elle essaya, une fois de plus, d'ignorer cette voix agaçante qui résonnait dans sa tête avec un mélange de lassitude et de sarcasme et inspira profondément pour calmer son esprit embrouillé. Le ton de cette voix était assez bas, comme si elle susurrait des secrets à son oreille. Tentant de l'ignorer, Elena répondit à Seraphina : « Mais alors... pourquoi je te vois ? Je suis humaine, non ? Les autres ne te voient pas, mais moi, je peux. Pourquoi ? »
Seraphina sembla hésiter, ses petites mains se joignant devant elle, comme si elle cherchait les mots justes. « C'est étrange, » murmura-t-elle. « Les humains sans pouvoirs ne peuvent normalement pas percevoir les êtres magiques, sauf dans de très rares cas. Si tu me vois, c'est que tu as un lien avec le monde magique, d'une façon ou d'une autre. »
Elena sentit son estomac se nouer davantage. « Un lien ? Quel genre de lien ? »
La fée plissa légèrement les yeux, elle semblait réfléchir elle aussi, ses ailes frémissant nerveusement, créant un doux bruit de papier fin dans l'air. « Je ne peux pas être certaine... mais il est possible que tu ne sois pas entièrement humaine. Peut-être as-tu des origines qui te lient à notre monde. »
Un frisson glacé remonta le long de la colonne vertébrale d'Elena. Cela n'avait aucun sens. Elle avait grandi comme une humaine, mené une vie ordinaire, bien que cette impression diffuse d'un monde caché ait toujours persisté en elle. Et pourtant, si Seraphina disait vrai, tout ce qu'elle pensait savoir sur elle-même risquait d'être remis en question. Elle tenta de prendre une inspiration profonde pour apaiser son angoisse, mais son souffle restait court et sa gorge, serrée.
Seraphina s'approcha alors, battant doucement des ailes, qui se mirent à frémir jusqu'à disparaître tandis qu'elle grandissait peu à peu pour atteindre la taille d'une humaine. Son corps fin et élancé se dévoila davantage sous la lumière douce de la pièce, ses longs cheveux blonds encadrant un visage au teint pâle, rehaussé de joues légèrement rosées. Elena écarquilla les yeux, stupéfaite devant cette transformation. Elle se sentait prise dans un tourbillon d'émotions qu'elle ne comprenait qu'à moitié.
« Je vais t'emmener rencontrer quelqu'un, » annonça Seraphina d'une voix posée. « Il pourra peut-être t'apporter des réponses. Prépare-toi. »
Avant qu'Elena ne puisse poser la moindre question, le monde autour d'elle se mit à vaciller. L'air semblait vibrer, se plier, comme si l'espace lui-même se tordait sous la volonté de Seraphina. L'angoisse d'Elena monta d'un cran, et elle ferma les yeux un instant, espérant que tout cela ne soit pas un rêve.
Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle se trouvait dans une vaste pièce, aux côtés de Seraphina, qui portait une robe simple d'un rose pâle, ornée de détails jaunes qui ajoutaient une touche de chaleur à son apparence éthérée. Dans le bureau, à l'ambiance austère, la jeune fée contrastait particulièrement. Le décor était sobre mais imposant, rappelant un bureau gouvernemental ancien. Des bibliothèques immenses tapissaient les murs, remplies de parchemins et de grimoires anciens. Une lumière tamisée filtrait à travers de hautes fenêtres, ajoutant une touche d'élégance au lieu.
Au centre, derrière un bureau en bois massif, se tenait un homme concentré sur son ordinateur, il travaillait et le regardait attentivement. Elena sentit la tension dans ses épaules se transformer en une appréhension froide. Qui était-il ? Pourquoi Seraphina l'avait-elle amenée ici ?
L'homme était grand, d'une stature impressionnante, avec des traits élégants mais sévères, et son regard perçant Elena le sentait, quand bien même il ne la regardait pas. Un nouveau frisson la traversa en réalisant qu'elle se trouvait probablement face à quelqu'un d'extrêmement puissant.
Les mains crispées, Elena se tenait droite, essayant de maîtriser l'anxiété qui montait en elle. Elle tentait de se faire discrète, se tenant un peu en retrait, tandis que l'homme au bureau continuait à taper sans lui accorder la moindre attention. Le silence de la pièce était pesant, entrecoupé seulement du cliquetis régulier des touches de son clavier. Elle jeta un coup d'œil vers Seraphina, qui lui adressa un sourire encourageant, mais même ce geste ne parvint pas à apaiser la tension dans ses épaules.
Dans un dernier souffle pour se rassurer, elle inspira profondément, s'efforçant d'ignorer l'impression que quelque chose de colossal se jouait ici, quelque chose qui allait peut-être bouleverser sa vie d'une manière qu'elle n'aurait jamais imaginée. Elle sentit son cœur s'accélérer tandis que son regard retournait vers l'homme. La présence qui se dégageait de lui était à la fois sereine mais également intimidante. Était-ce le début d'une réponse... ou la porte d'un mystère bien plus profond ?
Seraphina, de son côté, semblait impatiente, prête à lui arracher les réponses qu'Elena n'osait formuler. Malgré son apparente jeunesse — il ne semblait pas avoir plus de trente ans —, il portait en lui une aura de sagesse et de gravité, comme si des années d'expérience et de responsabilités l'avaient prématurément forgé. L'aura imposante de l'homme emplissait la pièce, mais la jeune fée ne semblait pas s'en soucier, d'une démarche décidée, Seraphina s'approcha de son bureau et se racla la gorge, comme pour attirer son attention. Mais il ne leva pas les yeux, poursuivant son travail sans un regard pour elles.
Elena déglutit, soudain frappée par l'immensité de ce qui l'attendait. Que ferait-elle si les réponses qu'elle cherchait n'étaient pas celles qu'elle espérait ?