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Chapter 2 - Quand la Magie Frappe à la Porte

Elena marchait seule à travers le parc, ses pas résonnant doucement sur le sentier bordé d'arbres. La nuit commençait à tomber, et les ombres s'étiraient, transformant les lieux familiers en paysages étranges et mystérieux. Elle aimait ces moments de calme, où les soucis de la journée semblaient se dissoudre dans la douce obscurité.

Mais ce soir-là, une sensation inhabituelle flottait dans l'air, un murmure que seul son instinct pouvait capter. Un bruit attira son attention : un léger gémissement, comme un souffle fragile, brisé. Elle se retourna, observant les buissons touffus à quelques mètres de là.« Qui est là ? » murmura-t-elle, avançant prudemment.Elle se pencha vers l'ombre et découvrit une créature minuscule et lumineuse, recroquevillée sur elle-même, tremblant de tout son être. Elena la fixa, bouche bée, réalisant avec un émerveillement mêlé d'incrédulité qu'il s'agissait d'une fée. Des ailes délicates, diaphanes et scintillantes comme des ailes de libellule, s'étendaient derrière elle, mais semblaient abîmées, froissées comme du papier fragile. Elle se redressa et s'envola, elle virevoltait rapidement, dans tous les sens.La petite fée planta ses yeux dans ceux d'Elena un regard profond, empli de douleur et de peur. Elle avait l'air en mauvaise posture, une sorte d'ogre essayant de l'attraper alors qu'elle voletait au-dessus de lui.« S'il te plaît... ne me laisse pas ici... » murmura-t-elle d'une voix cristalline, à peine plus forte qu'un souffle de vent.Elena sentit son cœur se serrer. Elle se redressa et se plaça derrière l'ogre, son cœur battant à tout rompre, celui-ci ne s'occupait pas d'elle, comme s'il se croyait invisible ou était-il trop concentré sur la fée pour ne plus voir le reste.« Ne t'inquiète pas, je vais t'aider, » dit-elle d'une voix douce, apaisante.Avec des gestes précautionneux, elle tendit les mains, pour y recueillir la fée, prenant soin de ne pas toucher ses ailes fragiles. La petite créature tremblait toujours, mais sa respiration semblait se calmer un peu sous la chaleur des mains d'Elena. Elle partit en courant, la fée toujours dans ses mains, Elena profita du fait que l'ogre ne le voyait pas.« Je suis Seraphina, » murmura la fée. « Merci de ne pas m'avoir abandonnée. J'ai échappé de justesse à un chasseur. Nous sommes rares ici, et certains... certains veulent nous capturer. »Elena fronça les sourcils, l'ogre était donc un chasseur de fée. Elena observa les ailes endommagées de Seraphina, sa détresse et sa vulnérabilité, et se sentit soudain investie d'une responsabilité qu'elle n'aurait jamais imaginée.« Je vais te trouver un endroit sûr, ne t'en fais pas, » dit-elle d'une voix douce, ferme.Elle emmena Seraphina dans un coin plus protégé du parc, loin des regards. Là, elle installa la petite fée sur une branche basse d'un arbre massif, offrant abri et couverture.« Je n'ai pas grand-chose pour te soigner, mais je peux revenir avec de l'eau... ou tout ce dont tu as besoin. »Seraphina la fixa, son regard empli de reconnaissance. « Tu m'as sauvée, Elena. Et pour cela, je te suis redevable. Je n'ai besoin de rien d'autre, il faut que je rentre, il me manquait le temps de me concentre pour pouvoir me transportée à Aldaria »« Oh, tu ne me dois rien, » répondit Elena en souriant. « C'était normal. Qu'est-ce qu'Aldaria ? »« Ce n'est pas normal dans notre monde. Pour un acte de bonté sincère, un cadeau doit être offert en retour. » La fée se redressa faiblement, elle ignora consciemment la question d'Elena, ses ailes scintillant faiblement dans la pénombre. « Choisis, humaine, un vœu, et je le réaliserai si cela est en mon pouvoir. »Elena écarquilla les yeux. « Un vœu... pour moi ? »Seraphina acquiesça gravement. « Oui. Ce n'est pas tous les jours qu'une humaine sauve une fée. Choisis avec sagesse. Lorsque nous nous reverrons, je l'exaucerai. Au revoir.» Elle disparut en un battement d'ailes.*****L'obscurité enveloppait la ville avec une étreinte douce mais persistante, une couverture nocturne que seuls les néons des rues et les lampadaires brisés perçaient de leurs éclats épars. Dans cet univers de lumière et d'ombre, Elena se retrouvait assise dans la lumière pâle d'une petite lampe de bureau, plongée dans l'étude de livres et de documents éparpillés autour d'elle. Les étagères de la bibliothèque universitaire où elle se trouvait étaient pleines de volumes poussiéreux, relié en cuir, leurs titres dorés étincelant à la lueur tamisée, elle était au fond de la bibliothèque, loin des ouvrages scolaires, manuels, mémoires et thèses, non, elle était du côté de la littérature, des romans, des contes. Pour Elena, seul importait l'ouvrage qu'elle tenait entre ses mains : un vieux livre à la couverture décolorée, sur laquelle était inscrit en lettres dorées « Les Échos des Anciens : Mythes et Réalités ».Elle soupira, ses yeux fatigués avaient parcourus les pages jaunies de dizaines, de vingtaines peut-être, de livres. Les contes de fées, les légendes anciennes, les histoires de créatures magiques se succédaient sans fin, chaque récit semblant se moquer de ses espoirs et de ses croyances, ces livres semblaient dire, même crier que ces histoires étaient pour les enfants, pour nourrir leur imaginaire. Elle se remémora le jour où elle avait croisé Seraphina, dans un parc du centre ville, cachée dans un buisson, tranquille pour échapper à un danger. Le souvenir de la fée, petite et lumineuse, surgissait parfois dans ses rêves comme un éclat de lumière dans une nuit noire. Cétait cette rencontre qui l'avait convaincue de faire ces recherches, que ses rêves d'enfant n'étaient pas que des illusions et que la magie existait bel et bien. Elena voulait en savoir plus.*****« C'est impossible... » murmura Elena en fermant le livre avec frustration. Elle avait passé des semaines à chercher des réponses, à faire des recherches sans fin, à questionner les bibliothécaires de toutes les bibliothèques de la ville sur les livres de mythologie et d'ésotérisme. Tout ce qu'elle avait trouvé étaient des histoires pour enfants et des contes qui réduisaient les fées à des créatures imaginaires. Elle était persuadée d'avoir vu quelque chose de véritable, mais personne ne semblait partager son sentiment.Le soir où elle avait rencontré Seraphina, la fée lui avait promis un cadeau pour sa gentillesse. Mais elle avait disparu aussi soudainement qu'elle était apparue, laissant Elena avec un sentiment étrange, une frustration de ne pas en savoir plus, sa curiosité non assouvie. La promesse d'un cadeau restait un mystère qu'elle espérait voir se concrétiser un jour.Les heures passèrent et Elena, incapable de trouver plus de réponses dans les livres, décida de faire une pause. Elle se leva et marcha jusqu'à une fenêtre, observant les lumières de la ville se refléter sur les façades des immeubles voisins. Sa vie semblait soudainement étriquée et insatisfaisante par rapport aux merveilles qu'elle entrevoyait à travers le souvenir de cette rencontre.Elle pensa à un livre qu'elle avait feuilleté brièvement quelques jours plus tôt. C'était un ouvrage qui avait attiré son attention à cause de son approche singulière, ici, la magie n'était pas une invention de l'homme pour amuser les enfants mais bien une réalité, cachée aux yeux de tous. Elle s'assit de nouveau et chercha dans ses notes le nom de l'auteur. « Dr. Alistair Ravenscroft » était le nom qui ressortait de ses recherches. Elena trouva une adresse mail pour le contacter, et son adresse en Écosse. Son cœur battait plus vite à chaque instant.« Pourquoi pas ? » murmura-t-elle en songeant à ses propres limites financières. « Peut-être que c'est la seule chance que j'ai. » Elle avait lu dans le livre que la Terre avait abrité des fées en abondance autrefois, mais que les créatures magiques avaient dû fuir, écartées par la montée en nombre des humains non magiques et par la peur qu'ils inspiraient, il s'agissait d'une des théories de cet auteur, l'une des plus réaliste selon Elena.La réalité de sa vie était moins enchantée. Étudiante à temps plein, Elena travaillait les soirs et week-ends dans un café pour payer son loyer. Ses économies étaient maigres, et un voyage en Écosse semblait hors de portée. Ses parents, déjà en difficulté financière, ne pouvaient pas lui venir en aide sans compromettre leur propre équilibre précaire.Pourtant, quelque chose en elle la poussait à croire qu'elle devait aller au bout de cette quête. Elle se leva et décida de mettre de côté l'idée de demander de l'aide à ses parents. Elle devait avancer seule, même si cela signifiait faire des sacrifices et jongler avec ses économies.Le lendemain, après une nuit agitée de rêves d'aventures et de mystères, Elena commença à planifier un possible voyage avec une résolution renouvelée. Elle n'avait pas encore toutes les réponses, mais elle savait une chose : la vérité sur les fées et sa propre histoire se trouvait quelque part en Écosse, et elle était prête à tout pour la découvrir. Le monde qu'elle avait entrevu était trop fascinant pour rester une simple illusion.