Les jours passaient et, malgré les règles établies entre eux, Chloé ne pouvait s'empêcher de sentir une distance grandissante avec Alexandre. Les tensions étaient devenues presque palpables, même dans les moments où ils s'efforçaient de jouer le couple parfait. Et pourtant, un certain malaise s'était installé, comme un nuage sombre au-dessus de leur quotidien.
Un matin, alors qu'elle prenait son petit déjeuner seule dans la grande cuisine, Alexandre fit irruption, l'air pressé et contrarié, sa cravate à la main. Il lui jeta un coup d'œil rapide avant de commencer à ajuster son col devant le miroir de l'entrée.
« J'ai un rendez-vous important ce matin, » lança-t-il sans la regarder. « Je serai de retour tard ce soir. Ne m'attends pas pour dîner. »
Chloé le fixa un instant, tentant de déchiffrer son expression fermée. Cela faisait plusieurs jours qu'il la laissait à l'écart de ses préoccupations, et elle ressentait une certaine frustration à être mise à l'écart de cette manière. Se souvenant de leur dernière discussion, elle prit son courage à deux mains pour lui poser la question qui la taraudait.
« Alexandre, pourquoi ne me parlez-vous pas de vos affaires ? Vous m'aviez dit que nous devions donner l'image d'un couple uni, mais en privé, vous me tenez à distance. Je pourrais peut-être vous aider, au moins comprendre ce qui se passe. »
Il se retourna, les sourcils légèrement froncés. « Chloé, il y a des choses que vous ne pouvez pas comprendre. Ce monde est complexe et impitoyable, et je préfère vous en tenir éloignée. »
Elle sentit la colère monter en elle, même si elle s'efforçait de garder son calme. « Peut-être que je ne demande pas à tout comprendre, mais juste à faire partie de votre vie, au moins un peu. »
Alexandre resta silencieux un moment, les traits de son visage se durcissant. « Chloé, notre arrangement était clair dès le départ. Je ne vous ai jamais promis autre chose que ce que nous avons convenu. »
Ces mots la frappèrent comme un coup de fouet, et elle détourna le regard pour cacher la déception qui se lisait sur son visage. « Très bien, je comprends, » répondit-elle d'une voix tremblante, en prenant une gorgée de son café pour masquer son trouble.
Le silence qui s'installa entre eux fut lourd et pesant, et Alexandre finit par quitter l'appartement sans un mot de plus, laissant derrière lui une atmosphère glaciale. Chloé resta un long moment à fixer la porte par laquelle il était sorti, se demandant si elle avait commis une erreur en espérant plus de cet homme énigmatique.
Plus tard dans la journée, elle décida de prendre un peu d'air et sortit se promener dans le parc voisin. Elle espérait que le calme des lieux apaiserait les tourments de son esprit. Mais alors qu'elle s'asseyait sur un banc pour profiter du soleil automnal, son téléphone vibra dans sa poche.
C'était un message d'Émilie, la conseillère en communication d'Alexandre, qu'elle avait rencontrée quelques jours plus tôt. Le message était bref, mais direct : « Chloé, je pense que nous devrions nous parler. Il y a des choses que vous devez savoir. »
Le cœur de Chloé se serra. Elle relut le message plusieurs fois, incertaine de ce qu'elle devait faire. Pourquoi Émilie voulait-elle lui parler, et que pouvait-elle bien savoir qui nécessitait une telle urgence ? Chloé sentait que quelque chose lui échappait, mais elle était déterminée à obtenir des réponses.
Elle accepta de rencontrer Émilie dans un café discret du quartier, et lorsqu'elle arriva, la jeune femme l'attendait déjà, l'air grave et préoccupé.
« Merci d'avoir accepté de me voir, » dit Émilie en lui tendant un café. « Il y a quelque chose qui me tracasse depuis notre dernière discussion, et je pense que vous avez le droit de le savoir. »
Chloé fronça les sourcils, tentant de cacher son impatience. « De quoi s'agit-il ? »
Émilie prit une profonde inspiration avant de lui répondre. « Je sais que votre mariage avec Alexandre est... particulier, pour ne pas dire arrangé. Et je sais aussi qu'il ne vous parle pas de tout ce qui se passe dans ses affaires. Mais il y a quelque chose dont il ne vous a probablement pas parlé : certains de ses partenaires s'inquiètent de sa récente association avec un homme nommé Thomas Lorenz. C'est un homme d'affaires connu pour ses méthodes peu orthodoxes. Et certains craignent que cette alliance ne cache des enjeux plus sombres. »
Chloé sentit son cœur se serrer. Elle ne connaissait pas ce Thomas Lorenz, mais le ton d'Émilie laissait présager que sa présence n'était pas anodine. « Pourquoi me dites-vous cela, Émilie ? Qu'attendez-vous de moi ? »
Émilie la regarda droit dans les yeux, comme pour lui transmettre toute l'importance de ses paroles. « Parce que je pense que vous êtes la seule à pouvoir influencer Alexandre. Il est têtu, mais il vous écoute, même s'il ne le montre pas. Vous devez le convaincre de se méfier de cet homme, avant que tout cela ne prenne une tournure dangereuse. »
Chloé resta silencieuse, absorbant ces informations avec difficulté. Elle ne savait pas si elle devait croire Émilie ou si cette dernière avait ses propres intentions. Mais une chose était certaine : elle ne pouvait plus rester passive. Il y avait trop de mystères autour d'Alexandre et de son monde, et elle était déterminée à comprendre ce qui se tramait réellement.
Lorsqu'elle rentra chez elle ce soir-là, Alexandre n'était toujours pas revenu. Chloé, plus déterminée que jamais, décida qu'elle ne se laisserait plus mettre à l'écart. Elle savait que des malentendus risquaient de naître de ses questions, mais elle n'avait plus le choix. Elle devait affronter les mystères de son mari, même si cela signifiait braver les règles de leur union.