Chloé avait passé la journée à ruminer les révélations d'Émilie. La perspective de parler à Alexandre de ses doutes l'effrayait, mais elle savait que les non-dits ne feraient qu'aggraver la situation. Elle décida de préparer un dîner, espérant créer un moment propice pour une discussion sincère. Peut-être qu'un repas partagé à la maison serait l'occasion de briser la glace.
Elle mit les petits plats dans les grands, dressant une table élégante et préparant les plats qu'Alexandre préférait, tout en espérant que cette attention calmerait les tensions récentes. Lorsqu'il rentra enfin, il parut surpris de trouver la table dressée et l'odeur alléchante d'un dîner maison.
« Qu'est-ce que tout cela ? » demanda-t-il, posant sa veste sur le dossier d'une chaise, les sourcils légèrement froncés.
Chloé lui adressa un sourire un peu hésitant. « J'ai pensé que nous pourrions dîner ensemble ce soir. Discuter... de tout et de rien. »
Il la dévisagea un instant, comme s'il essayait de lire ses intentions, puis acquiesça d'un signe de tête avant de s'asseoir. « Pourquoi pas. »
Le début du repas fut marqué par un échange de banalités. Chloé tentait de garder le ton léger, mais elle sentait la tension grandir en elle, son désir de poser les questions qui lui brûlaient les lèvres. Alexandre, de son côté, semblait perdu dans ses pensées, répondant distraitement à ses remarques.
Au bout de quelques verres de vin, Chloé prit son courage à deux mains. « Alexandre, je voulais te demander quelque chose... à propos de ton partenariat avec Thomas Lorenz. »
Il releva brusquement la tête, son regard se durcissant immédiatement. « Je croyais que nous avions convenu de ne pas mêler ma vie professionnelle à notre... arrangement. »
Elle sentit sa gorge se nouer, mais elle refusa de se laisser intimider. « Oui, mais je pense que cela me concerne aussi, surtout si ce partenariat risque de te mettre en danger. »
Il se pencha légèrement vers elle, l'expression froide. « Et depuis quand t'inquiètes-tu de mes affaires, Chloé ? »
Elle se redressa, soutenant son regard malgré le malaise qui l'envahissait. « Depuis que je vois que tu es de plus en plus tendu, que tu t'éloignes de moi sans explication. J'ai le droit de savoir, Alexandre, si quelque chose pourrait affecter notre vie commune. »
Le ton monta d'un cran, et l'atmosphère chaleureuse du dîner se transforma en une joute verbale. Alexandre, visiblement irrité, posa brusquement son verre sur la table, le regard enflammé. « Tu n'as aucune idée de ce dont tu parles, Chloé. Thomas est un allié stratégique, et tu ferais mieux de te concentrer sur ce que tu sais faire, plutôt que de te mêler de choses qui te dépassent. »
Ces mots frappèrent Chloé comme une claque. Elle sentit ses joues rougir sous la colère et la déception. « Peut-être que je ne comprends pas tout, mais au moins j'essaie de comprendre. Toi, tu restes enfermé dans ton monde, tu refuses de me laisser entrer. Comment veux-tu que je t'aide si tu ne me dis rien ? »
Le silence qui suivit fut presque assourdissant. Alexandre la fixa, le visage fermé, puis poussa un soupir, comme s'il réalisait qu'ils étaient allés trop loin. « Ce dîner était une erreur, » murmura-t-il en se levant de table, laissant Chloé seule, désemparée et blessée.
Elle le regarda quitter la pièce, son cœur battant à tout rompre. Elle savait que leur échange avait dérapé, que leurs vérités lancées à la hâte avaient laissé des marques profondes. Mais une chose était certaine : les non-dits entre eux ne pouvaient plus être ignorés.