Le lendemain du dîner chaotique, l'atmosphère entre Chloé et Alexandre était tendue. Chloé regrettait la tournure de leur conversation, mais elle se refusait à s'excuser pour avoir cherché des réponses. De son côté, Alexandre semblait encore plus distant, s'enfermant dans son bureau dès le matin et n'en sortant que tard le soir.
Chloé errait dans l'appartement, se demandant comment rattraper cette distance qui ne cessait de se creuser entre eux. Elle se remémorait les rares instants où Alexandre lui avait montré un peu de douceur, de fragilité, et elle espérait retrouver cette proximité fugace.
Un soir, alors qu'elle s'apprêtait à aller se coucher, elle entendit un bruit sourd provenant du salon. Intriguée, elle s'y dirigea et trouva Alexandre, assis sur le canapé, une main posée sur son front, l'air épuisé. Devant lui, une bouteille de whisky à moitié vide.
Elle hésita un instant avant de s'approcher, ses pas résonnant dans la pièce silencieuse. « Est-ce que ça va ? » demanda-t-elle doucement, s'arrêtant à quelques mètres de lui.
Alexandre releva la tête, visiblement surpris de la voir encore debout. « Oui, ça va... enfin, ça irait mieux si tout ne s'écroulait pas autour de moi. » Son ton n'était plus dur, mais simplement fatigué, presque désespéré.
Chloé s'assit à ses côtés, prenant soin de ne pas trop s'imposer. « Parle-moi, Alexandre. Je sais que tu penses que je ne peux pas comprendre, mais tu n'as pas à tout porter seul. »
Il la fixa un moment, comme s'il hésitait à se confier. Puis, contre toute attente, il commença à parler, à lui raconter les difficultés auxquelles il faisait face dans ses affaires, la pression constante des négociations avec Thomas Lorenz, et les risques que cela comportait pour son entreprise.
Chloé écoutait attentivement, absorbant chaque mot, chaque signe de vulnérabilité qu'il laissait entrevoir. Pour la première fois, elle voyait derrière l'image de l'homme infaillible, un être humain dépassé par les événements, tentant de masquer sa peur sous une façade de froideur.
Sans réfléchir, elle posa une main sur la sienne, un geste simple mais chargé de tout le soutien qu'elle voulait lui offrir. Alexandre laissa échapper un soupir et serra doucement ses doigts, acceptant ce geste de réconfort.
« Merci, » murmura-t-il finalement, sa voix brisée par la fatigue. « Je ne pensais pas que tu serais là pour moi... surtout après tout ce que je t'ai dit hier soir. »
Elle secoua la tête, les yeux brillants. « Je ne suis pas venue pour te juger, Alexandre. Je suis venue parce que, malgré tout, je me soucie de toi. »
Ils restèrent ainsi un long moment, leurs mains enlacées, partageant une proximité qu'ils n'avaient encore jamais connue. Dans ce silence, ils n'avaient pas besoin de mots pour comprendre qu'un changement s'opérait entre eux, comme si les murs qu'ils avaient dressés commençaient enfin à s'effriter.
Quand la nuit fut trop avancée pour prolonger cet instant, Chloé se leva doucement, prête à le laisser se reposer. Mais avant qu'elle ne puisse s'éloigner, Alexandre retint sa main, la regardant avec une intensité qui la fit frissonner.
« Reste, » murmura-t-il, sa voix presque implorante. « Juste cette nuit. »
Chloé hésita, surprise par cette demande, mais elle finit par acquiescer. Elle s'assit à nouveau à ses côtés, et ils restèrent ainsi, l'un contre l'autre, partageant un moment de proximité inattendue. Pour la première fois depuis leur mariage, ils se sentaient vraiment proches, non plus comme deux étrangers liés par un contrat, mais comme deux âmes cherchant un peu de réconfort dans la présence de l'autre.