Après un mois de visites nocturnes dans ses appartements, Arabella était soulagée lorsque Ferdinand décida finalement d'arrêter.
[Ça fait un mois. Si aucune nouvelle de grossesse n'arrive bientôt, les ministres seront suspicieux. S'ils pensent qu'Arabella ne peut pas avoir d'enfants, ils me demanderont de prendre une seconde épouse ou d'obtenir des concubines. C'est trop d'ennuis. Mais si je reste loin d'elle, nous pourrions l'utiliser pour expliquer pourquoi elle n'était pas encore enceinte.]
À travers ses pensées, Arabella comprit que Ferdinand avait décidé de se rendre aux frontières et d'y rester un moment. Des conflits surgissaient aux frontières occidentales, au point que des escarmouches se produisaient de temps à autre.
"Je me dirigerai vers les frontières occidentales demain, car le Royaume de Trelia devient agressif."
Après deux jours, Ferdinand l'informa enfin de son plan lorsqu'il visita ses appartements la nuit.
"Combien de temps seras-tu absent ?" Arabella fit semblant de ne pas savoir.
"Je resterai là-bas un moment, donc probablement deux mois ou plus. Je serai de retour avant que nous allions à Medeus."
"Je vois."
Arabella était ravie qu'il s'absente longtemps. Son lit ne serait rien qu'à elle pendant un moment ! C'était une raison de célébrer pour elle. Mais elle garda un visage impassible pour que son mari ne s'en rende pas compte.
[Est-ce tout ce qu'elle va dire ?] Ferdinand était mécontent de sa réponse.
Arabella faillit froncer les sourcils juste devant lui. 'Que veut-il que je dise ?'
Elle haussa un sourcil lorsqu'elle comprit. Elle fit la gentille et dit, "Je prie pour ta sécurité, Votre Majesté."
"Votre Majesté ?" Ferdinand parut soudainement irrité. "Ce n'est pas ce que tu m'appelais avant ?"
'Il préfère Cher ?! Qu'est-ce qu'il est, un romantique ?'
"Alors, puis-je continuer de t'appeler Cher ?"
"Oui. Depuis quand te l'ai-je interdit ?" Ferdinand répondit, les oreilles légèrement rougies.
'Est-ce qu'il a toujours réagi comme ça quand je l'appelais Cher auparavant ?' Elle décida d'expérimenter puisqu'elle ne l'avait appelé cher qu'environ trois à cinq fois depuis qu'elle était renée.
"Cher," dit Arabella, et la rougeur des oreilles de Ferdinand s'intensifia. Son visage restait neutre mais si on regardait de plus près, ses yeux semblaient différents.
'Il aime vraiment ça ?!'
[ . . . ]
'Hein ? Pourquoi se rapproche-t-il ?'
Arabella recula de plusieurs pas mais elle se retrouva bientôt contre le mur. Les longs bras de son mari s'étendirent vers elle et elle ne put échapper à son piège. Un bras entoura sa taille et l'autre cupa son visage.
'Est-il en colère ? C'était lui qui m'a demandé de l'appeler Cher. Pourquoi est-il soudainement-'
Elle avait les yeux grands ouverts lorsque Ferdinand se pencha et l'embrassa.
C'était leur premier baiser depuis qu'elle était renée et le deuxième depuis leur mariage. Ils avaient dû s'embrasser devant tout le monde pendant leur cérémonie de mariage.
Mais pour Arabella, qui avait des souvenirs du passé, ce n'était qu'un des nombreux baisers qu'elle avait expérimentés auparavant.
Ce petit bisou n'était rien comparé aux baisers ardents qu'elle avait connus.
Avant l'attaque sur Valeria, elle avait dormi avec Icare une dernière fois puisqu'elle prévoyait de se suicider une fois la guerre terminée. C'était son petit cadeau à Icare qui l'avait tellement apprécié parce qu'il aimait son corps.
Appelez-la une pute ou ce que vous voulez, mais Arabella pensait vraiment qu'Icare était bien meilleur que Ferdinand au lit.
Mais encore, Ferdinand ne l'avait touchée que lorsqu'ils étaient plus jeunes, donc elle ne savait pas s'il avait changé depuis.
Cependant, Icare chérissait chaque pouce de son corps comme si elle était quelque chose de si précieux pour lui. Quelque chose sans lequel il ne pouvait pas vivre. Elle réalisa qu'elle avait beaucoup plus apprécié son aventure avec Icare qu'elle ne l'avait cru.
Si on obligeait Arabella à choisir entre Ferdinand et Icare, elle choisirait Icare sans hésiter une seconde.
Si elle avait rencontré Icare en premier, elle l'aurait épousé plutôt que Ferdinand. Elle serait tombée amoureuse d'Icare au lieu de Ferdinand qui l'aurait de toute manière ignorée pour le reste de leur mariage une fois qu'il aurait obtenu ce qu'il voulait.
Elle n'aurait pas eu à souffrir et Icare n'aurait pas eu à être sa victime.
'Encore, pourquoi diable Ferdinand ne se retire-t-il pas ?! Combien de temps compte-t-il faire durer ce baiser ?!'
Arbella avait autrefois aimé les caresses et les baisers de Ferdinand. Elle était si captivée par le feu dans ses yeux verts froids qui semblaient généralement si ennuyés par tout, mais qui prenaient vie lorsqu'il faisait quelque chose avec elle. Elle cédait à chacune de ses caresses. Mais ce temps était révolu depuis longtemps.
Elle n'était pas du tout prise par ce baiser.
Mais les lèvres de Ferdinand ont-elles toujours été si douces ?
Un homme froid comme lui avec un corps dur comme la roche et une apparence glacial comme un mur de glace en hiver avait-il des lèvres dures et froides ?
Oh, c'est vrai. Ça faisait trop longtemps depuis qu'elle les avait senties, elle avait presque oublié.
Elles étaient aussi douces et chaudes.
Ferdinand finit enfin par se retirer et Arabella manqua de pousser un soupir de soulagement, mais ne put pas car son visage était encore si près du sien et leurs lèvres presque touchantes.
Il la regardait de si près, semblant si hypnotisé comme si elle avait utilisé un sort pour l'ensorceler.
[Si belle. Ma femme est si belle, peu importe combien de fois je la regarde.]
Ferdinand plongea son regard dans le sien si intensément. Arabella était aux aguets, mais elle ne pouvait se détacher de son regard.
[Ses yeux ambrés sont si magnifiques. C'est comme le soleil à Estrella ou comme l'un des champs de fleurs dorées de la race elfique. J'aimerais lui montrer ces endroits un jour.]
'Estrella ? Race elfique ? De quoi parle-t-il ?'
Arabella n'avait jamais entendu parler d'eux. Estrella semble être un lieu, mais il n'y en avait pas à Valeria ni sur tout le continent d'ailleurs. Elle avait bien étudié. La race elfique était également censée avoir disparu.
Mais avant qu'elle puisse réfléchir davantage, Ferdinand caressa ses lèvres avec son pouce et perturba ses pensées.
[Ses lèvres sont si douces. Je veux que ces lèvres soient miennes pour l'éternité.]
'Éternité mon cul ! Tu ne m'as prêté attention que brièvement. Quand tu étais sûr que j'étais enceinte, tu ne m'as plus jamais touchée, ni ne m'as jamais embrassée à nouveau.'
Arabella ne pouvait être qu'irritée par de telles pensées possessives de sa part puisqu'elle savait combien son attention serait éphémère.