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L'OMBRE DE L'INCONNU - Tome 1

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Synopsis

Chapter 1 - Chapitre 1 : Rencontres Éphémères

Trigger Warning :

Ce roman contient des éléments susceptibles de perturber certains lecteurs, tels que :

Thèmes de deuil et de perte : Mention de la mort de proches et gestion du deuil.

Manipulation psychologique : Relations complexes impliquant des formes de manipulation mentale et émotionnelle.

Forces surnaturelles : Présence d'entités occultes, d'esprits, et de phénomènes paranormaux pouvant provoquer une angoisse.

Solitude et isolement : Exploration de l'isolement émotionnel et de la solitude profonde.

Si vous êtes sensible à ces thèmes, veuillez lire avec prudence.

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Émilie était une jeune femme d'une trentaine d'années, réservée et solitaire, vivant dans une petite ville entourée de collines verdoyantes et de forêts épaisses. Depuis la disparition tragique de ses parents dans un accident de voiture, elle s'était plongée dans son travail de restauratrice d'art, trouvant refuge dans la beauté des œuvres qu'elle restaurait.

Ses cheveux bruns foncés, légèrement ondulés, encadraient son visage délicat, tandis que ses grands yeux bleus, souvent pensifs, semblaient cacher un monde de mélancolie et de réflexion. Sa silhouette élancée et ses traits fins lui conféraient une allure à la fois élégante et discrète.

Pourtant, le poids de la solitude pesait de plus en plus sur son cœur, lui laissant un goût amer.

Chez elle, Émilie s'assit lentement devant une vieille boîte en bois posée sur la table de la salle à manger.

C'était une boîte qu'elle n'avait jamais osé ouvrir depuis la mort de ses parents. Le bois usé portait encore des traces de vieilles rayures, des souvenirs invisibles de mains qui l'avaient touchée, fermée et ouverte maintes fois. Aujourd'hui pourtant, le besoin de les sentir près d'elle, même à travers de simples objets, était trop fort. Ses doigts tremblants caressèrent le couvercle avant de l'ouvrir doucement.

À l'intérieur, des photos jaunies, des lettres pliées avec soin, et quelques objets personnels que ses parents avaient chéris. Le parfum doux et poussiéreux du passé l'enveloppa, et son cœur se serra douloureusement. Cela fait deux années qu'elle vivait avec ce vide, cette absence déchirante qui la consumait chaque jour un peu plus. Leur départ avait laissé en elle un gouffre qu'aucun sourire, aucune compagnie, n'avait réussi à combler.

Ils lui manquaient tellement.

Elle sortit une petite photo d'eux. Son père, toujours sérieux mais avec cette étincelle dans les yeux qui la rassurait, et sa mère, rayonnante, pleine de vie. Sa gorge se noua. Elle se souvenait de ces moments de bonheur où tout semblait simple, où le monde entier semblait tourner autour de cette petite famille si unie.

Soudain, au fond de la boîte, son regard tomba sur un morceau de papier plié en deux. Émilie le sortit avec précaution, les mains tremblantes. C'était un mot, écrit à la hâte par son père juste avant leur départ.

"Ma chère fille,

Nous reviendrons vite, ne t'inquiète pas. Reste forte, et souviens-toi toujours que nous t'aimons."

En lisant ces mots, Émilie sentit un nœud se former dans sa gorge. Ces phrases simples, griffonnées à la hâte, étaient les dernières qu'elle avait reçues de son père. Un message d'adieu qu'elle avait relu tant de fois, espérant chaque fois y trouver quelque chose de plus, une explication, un signe... Mais il n'y avait rien d'autre que ce vide, ce silence.

« Papa... maman... pourquoi vous êtes partis ? » murmura-t-elle, sa voix se brisant sous l'émotion. Elle s'effondra sur la table, les épaules secouées par des sanglots incontrôlables. « Pourquoi vous m'avez laissée seule ? »

Son cri résonna dans la pièce, chargé de cette douleur qu'elle portait depuis tant d'années. Elle essuya rageusement ses larmes, incapable de les retenir. Le souvenir de ce jour où elle les avait vus partir, sans savoir qu'elle ne les reverrait plus jamais, revenait toujours la hanter. Leurs sourires, leurs promesses, tout s'était effondré dans un silence inexpliqué.

« Si seulement je savais ce qui vous est arrivé... Si seulement je pouvais comprendre... » Elle murmura ces mots dans le vide, espérant désespérément une réponse qui ne viendrait jamais.

En passant la main sur la petite pierre polie, celle que son père lui avait donnée, elle se rappela de cette phrase : « La beauté cachée dans les choses simples. » Ses doigts se crispèrent autour de la géode. « Est-ce que tu savais, papa ? Est-ce que tu avais compris quelque chose que je n'ai jamais vu ? »

Les souvenirs, les objets, tout semblait la rapprocher de ses parents. Chaque détail, chaque ombre dans la pièce évoquait un passé désormais révolu. La photo usée sur la commode, les vieilles lettres aux coins jaunis, tout rappelait une époque où leur présence emplissait encore la maison. Maintenant, il ne restait que le silence pesant, un vide impossible à combler. Leur absence était comme une douleur sourde, toujours là, jamais apaisée.

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Un soir d'automne, alors que le vent hurlait à travers les arbres dénudés, Émilie décida de se changer les idées en prenant un café dans un petit bistrot du coin. En marchant, elle aperçut des affiches de personnes disparues des visages souriants figés dans le temps sur les murs, les panneaux et diffusées à la télévision, Son cœur se serra en regardant ces photos, se rappelant la douleur de sa propre perte.

- Pourvu qu'ils soient retrouvés sains et saufs, murmura-t-elle,

son coeur lourd d'inquiétude tandis que des souvenirs douloureux lui traversaient l'esprit.

En entrant dans le bistrot, la chaleur accueillante de l'endroit l'enveloppa comme un doux cocon. L'odeur du café fraîchement moulu et des pâtisseries maison emplit l'air, apaisant un peu sa mélancolie.

Émilie s'installa dans un coin, préférant éviter les foules, un livre à la main. Observant les autres clients rire et discuter, leur joie contrastant avec son sentiment de déconnexion. Mais elle se sentait toujours à l'écart, comme une spectatrice de sa propre vie.

Cependant, ce soir-là, un inconnu s'assit à sa table.

Grand, mince, avec des yeux d'un bleu perçant et un sourire chaleureux, Il était doux, courtois et incroyablement attentionné. Émilie se sentit étrangement apaisée en sa présence, un sentiment qu'elle avait cru perdu à jamais.

Pourtant, avant qu'il ne s'approche, elle sentait son cœur battre légèrement plus vite, une petite pointe d'angoisse la traversant alors qu'elle fixait distraitement sa tasse de café. Elle aimait sa solitude, mais il y avait quelque chose d'étrange, presque magnétique, chez cet homme qui la poussait à ne pas le repousser.

- « Bonsoir mademoiselle, puis-je m'asseoir ? » demanda-t-il d'une voix douce, presque rassurante, tout en se penchant légèrement vers elle.

Émilie esquissa un sourire nerveux avant de répondre en jouant du bout des doigts avec l'anse de sa tasse.

« Mais vous êtes déjà assis, voyons... » dit-elle, un peu gênée mais intriguée par son aplomb.

Il laissa échapper un léger rire, un son chaleureux qui adoucit l'atmosphère.

- « Vous avez raison, je me suis permis... Mais je voulais m'assurer que je ne vous dérangeais pas. »

Émilie répondit par un sourire plus franc, se sentant légèrement plus à l'aise, bien que toujours sur ses gardes. Elle croisa ses bras sur la table, un geste inconscient de protection.

- « Vous ne me dérangez pas... » ajouta-t-elle, cherchant à paraître détendue.

Un silence doux s'installa, les deux cherchant quelque chose à dire. Finalement, Émilie brisa le silence.

- « Et vous êtes... ? »

L'inconnu hocha doucement la tête, une légère étincelle dans les yeux.

- « Oh, au temps pour moi, je m'appelle Adrien. » Il lui tendit la main avec un sourire sincère.

- « Adrien O'Connell. »

Émilie hésita un instant avant de prendre sa main.

- « Émilie Logford, enchantée, Adrien. »

Lorsque sa main toucha la sienne, elle sentit une chaleur étrange, presque apaisante, parcourir son bras. Il posa un léger baiser sur le dos de sa main, un geste à la fois ancien et touchant.

- « Enchanté, Émilie, je suis ravi de te rencontrer. » dit-il, ses yeux ne la quittant pas une seconde, comme s'il cherchait à la connaître profondément à travers ce simple contact.

Elle retira sa main doucement, un peu troublée, son cœur battant à nouveau plus fort. Elle reprit une gorgée de son café, cherchant à camoufler la tempête d'émotions qui bouillonnait en elle, tandis que le mystérieux Adrien continuait de lui sourire.

Chaque soir, ils se retrouvaient au même endroit, à la même heure. Adrien semblait toujours savoir quand Émilie avait besoin de réconfort, de quelqu'un à qui parler. Leurs conversations étaient légères mais profondes, comme si leurs âmes s'étaient reconnues bien avant leur rencontre. Pourtant, malgré la sincérité de leurs échanges, Adrien ne parlait jamais de lui-même, ni de son passé.

Curieuse mais respectueuse, elle ne posa pas de questions, convaincue qu'il lui révélerait ses secrets en temps voulu. Mais ce soir-là, quelque chose clochait.

À la fin de l'une de ces soirées magiques, alors que la lune inondait le café d'une lueur douce et mélancolique. Le monde autour d'eux sembla s'effacer tandis qu'ils se rapprochaient lentement, leurs respirations se mêlant dans une douceur envoûtante. Le baiser qui suivit fut un choc électrique. Une douceur exquise s'empara d'Émilie, comme si elle redécouvrait une partie d'elle-même longtemps enfouie.

Cependant, dès ce dernier serra son épaule, une sensation étrange l'envahit. Un malaise profond, presque viscéral. Son cœur accéléra. Un froid glacial la traversa. Le baiser, aussi doux soit-il, semblait aspirer quelque chose de profond en elle.

Paniquée, se dégagea brusquement, le souffle coupé .

- « Ça va un peu trop vite... » murmura-elle, sa voix tremblant légèrement, ses yeux agrandis, confuse ce qu'elle venait de ressentir.

Adrien, lui, resta immobile un instant, la fixa intensément, un éclat étrange dans son regard.Puis, dans un sourire, il dit doucement :

- « Je suis désolé... Je ne voulais pas te brusquer. Parfois, l'intensité de l'instant nous emporte... Je respecte ta distance, Émilie.» murmura-t-il, Mais son sourire n'était plus aussi rassurant qu'avant.

Il lui effleura la joue d'un geste délicat, et elle frissonna, encore troublée par la sensation étrange qui l'avait traversée.

Les jours passèrent. Ils se retrouvaient toujours au café, mais la jeune femme commençait à remarquer des détails troublants. Personne d'autre ne semblait jamais lui adresser. Il était là, à ses côtés, souriant, rassurant... et pourtant, invisible aux yeux des autres. Chaque fois qu'elle tentait de croiser le regard d'un serveur ou d'un client en leur présence, elle se rendait compte que personne ne posait le moindre regard sur lui.

Cela l'obsédait. Elle se répétait qu'il devait y avoir une explication logique, mais une voix au fond d'elle murmurait que quelque chose n'allait pas.

Une nuit, alors qu'ils se promenaient dans la forêt près de la ville,

Émilie ne put plus retenir ses questions. Le silence de la nuit était oppressant, et la lumière de la lune projetait des ombres inquiétantes autour d'eux. Elle s'arrêta brusquement, le cœur battant osa enfin poser la question qui la tourmentait :

- « Pourquoi personne ne te remarque -t-il pas ? » demanda-t-elle, sa voix se brisant légèrement sous l'effet de l'anxiété.

Adrien, qui marchait à ses côtés, perdit alors son sourire habituel. Ses traits se figèrent, et ses yeux bleus se ternirent. Le vent soufflait doucement à travers les branches, faisant frémir les feuilles mortes. Il s'arrêta sous un grand chêne, son regard se perdant dans la noirceur des bois.

- « Je ne voulais pas te l'avouer cela, pas maintenant... » murmura-t-il, sa voix empreinte de tristesse. « Mais tu mérites la vérité. »

Émilie leva les yeux vers lui, son cœur battant à tout rompre. Elle vit une douleur dans ses traits qu'elle n'avait jamais remarquée auparavant.

Il tendit la main vers elle, mais Émilie recula instinctivement. Mais, à son horreur son regard se figea en voyant que sa main semblait... se dissoudre, disparaître dans l'air comme une vapeur.

Son souffle se bloqua dans sa gorge. Elle voulut parler, crier, mais les mots restèrent

- « Je suis mort, Émilie. » dit-il d'une voix à peine audible, comme un secret révélé avec regret. « Il y a trois ans, j'ai eu un accident ici même, dans cette forêt. Depuis, j'erre... Je ne sais où aller. Tu es la première personne à me voir, à me parler depuis... tout ce temps. »

Le choc paralysa la jeune femme. Elle se recula davantage, le regard fixé sur lui.

Un frisson glacé parcourut son corps, comme si son âme elle-même avait été touchée par le froid de la mort. Elle voulut fuir, crier, mais ses jambes refusaient de bouger. Adrien, celui qu'elle croyait être un homme mystérieux et séduisant, n'était qu'un spectre perdu entre deux mondes. Son visage, autrefois si rassurant, était maintenant marqué par une profonde tristesse.

- « Non... Ce n'est pas possible... », chuchota-t-elle, ses jambes tremblantes, cherchant un appui.

- « Q..que... que veux-tu ? Pourquoi..m'as tu approchée?! » réussit-elle à articuler, sa voix tremblante.

L'esprit la regarda avec des yeux emplis de désolation.

- « Je ne sais pas... » répondit-il, presque en chuchotant. « Peut-être que j'avais besoin de dire au revoir... Ou peut-être que j'avais juste besoin de ressentir quelque chose avant de partir. »

Le froid envahit la forêt, mordant sa peau. Elle sentit un mélange de terreur et de chagrin. Comment avait-elle pu s'attacher à une illusion, à un fantôme ? Mais, en même temps, comment pouvait-elle l'abandonner maintenant ?

Un vent glacial se leva soudainement, faisant bruisser les feuilles autour d'eux. Adrien, quant à lui, commença à disparaître lentement, se fondant dans l'obscurité. Émilie, bouleversée, tenta de le retenir, tendant la main vers lui, mais elle ne rencontra que de l'air froid et vide. Des larmes coulèrent le long de ses joues alors qu'elle comprenait qu'il s'en allait pour toujours.

- « Je suis désolé... » furent ses derniers mots, murmurés dans le vent, avant qu'il ne disparaisse complètement, emporté par la brume nocturne.

Un souffle de vent plus violent les enveloppa. Le corps d'Adrien commença à se dissiper dans l'air, petit à petit.

Émilie, les larmes aux yeux, tendit la main pour l'arrêter, pour le toucher, mais ses doigts ne rencontrèrent que le vide glacé de la nuit.

- « Je suis désolé, Émilie... », furent ses derniers mots avant que son visage ne disparaisse complètement, emporté par la brise nocturne.

Depuis cette nuit, Émilie ne revit jamais Adrien. Mais chaque automne, à la même période, une brise froide soufflait dans la forêt, et elle sentait parfois une présence familière derrière elle. Comme un souvenir d'un amour qui n'aurait jamais dû exister, mais qui continuait à hanter son cœur.