La jeune protagoniste se tenait au cœur de la forêt, entourée par le murmure des feuilles et le parfum humide de la terre. Et Adrien était là, mais quelque chose dans son regard la troublait. Elle croyait retrouver l'homme qu'elle avait aimé, mais la familiarité de son visage cachait une profondeur troublante.
Les jours passés avec lui avaient semblé comme un rêve. Chaque sourire, chaque geste doux, lui apportait une chaleur réconfortante. Pourtant, derrière cette façade se cachait une présence qui l'inquiétait. Il y avait une absence dans ses yeux, une ombre qui s'étendait comme un brouillard, dissimulant une vérité qu'elle ne parvenait pas à cerner.
« Je suis là, Émilie. Je ne te quitterai plus, » disait-il d'une voix douce, mais il y avait quelque chose d'étrange dans sa manière d'insister.
Elle hocha la tête, ressentant un mélange de soulagement et d'angoisse. Pourquoi son cœur battait-il si vite alors qu'elle était avec lui ? L'intensité de ses émotions la désarçonnait, et une petite voix intérieure lui soufflait de rester sur ses gardes.
« Tu es si différent, » murmura-t-elle, cherchant des réponses dans le fond de son regard. « Comme si une partie de toi était... absente. »
Il sourit, mais ce sourire ne dissipait pas son malaise. « C'est simplement le prix à payer. Mon existence est liée à la tienne, et je ne peux pas me permettre de me perdre à nouveau. »
Émilie se sentit déconcertée par ses paroles. La connexion qu'elle ressentait avec lui était indéniable, mais un frisson d'inquiétude l'assaillait. Une partie d'elle se demandait si cet homme, si présent, n'était qu'une illusion, une entité se cachant sous le masque d'un amour perdu.
Les jours passèrent, et la forêt devint leur refuge. Chaque rencontre était un mélange de douceur et d'ambiguïté. Émilie ne pouvait s'empêcher de ressentir qu'elle n'était pas vraiment en sécurité, que derrière chaque regard tendre se cachait un mystère troublant.
« J'ai besoin de toi. Ton être est la clé de ma libération, » murmura t-il, son ton mystérieux la faisant frissonner.
Elle ne saisissait pas pleinement l'ampleur de ses mots. L'angoisse l'envahissait, mais elle se sentait piégée dans cet amour qui lui semblait à la fois beau et dangereux. Chaque sourire, chaque geste chaleureux prenait une teinte d'inquiétude, comme si chaque instant la rapprochait d'un abyssal inconnu.
Émilie se rendait compte qu'elle devait explorer les ombres de cette relation. Les doutes s'accumulaient, tissant une toile de mystère autour d'eux. Était-elle vraiment en train de sauver l'homme qu'elle aimait, ou était-elle en train de tomber dans le piège d'une entité maléfique ?
Les ombres de la forêt se densifiaient autour d'eux, et Émilie, bien que fascinée, ne pouvait ignorer le danger qui pesait sur elle. La réalité qu'Adrien lui offrait était-elle un refuge ou une prison ?
Elle était déterminée à découvrir la vérité, à percer le mystère qui se cachait derrière son charme. Parce qu'au fond d'elle, elle savait qu'elle devait affronter le ténèbre, même si cela signifiait faire face à une partie d'Adrien qu'elle n'était pas encore prête à voir.
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Après cette étrange discussion avec lui, Émilie passa les jours suivants dans un état de confusion profonde. Chaque instant la ramenait aux paroles d'Adrien à cette proposition terrifiante qui résonnait encore dans son esprit. La brume de l'incertitude s'était installée autour d'elle, rendant tout flou. Elle ressentait son absence comme un poids invisible, une chaîne qui l'entravait à chaque pas, la laissant perplexe et épuisée.
Dans sa petite ville, les habitudes étaient devenues des rituels vides. Elle tenta de retourner à sa routine : ses heures au musée, ses promenades avec des amies dans les rues pavées, ses soirées passées au bistrot. Mais rien n'était comme avant. Les couleurs du monde perdre leur éclat effacé par une tristesse sourde. Même l'art, son refuge, avait perdu son sens. Les tableaux qu'elle restaurait, jadis vibrants de vie, lui apparaissaient maintenant comme des ombres, incapables de lui apporter du réconfort.
Un soir, alors qu'elle peinait à trouver le sommeil, le silence de sa chambre lui parut assourdissant. Les murs semblaient se resserrer autour d'elle, et elle entendit à nouveau ce murmure dans l'obscurité. Une sueur froide perla sur son front. Elle savait qu'Adrien était là, quelque part dans l'ombre, observant, attendant. Son cœur battait à tout rompre, tiraillé entre la peur et l'envie de l'appeler, de l'invoquer. Mais chaque fois qu'elle pensait à lui, la douleur de son dilemme la paralysait.
Les nuits suivantes furent peuplées de rêves troublants. Dans ces visions, elle se retrouvait souvent dans la forêt, à la lisière de ce monde entre la vie et la mort. Les arbres, majestueux et silencieux, murmuraient des secrets qu'elle ne pouvait comprendre. Au milieu de ces ombres, Adrien l'appelait, sa voix douce et mélodieuse se mêlant au chant du vent. Mais à chaque fois qu'elle s'approchait de lui, la réalité se dérobait sous ses pieds.
Finalement, Émilie décida de retourner au bistrot, un des rares lieux qui lui semblait encore familier. Elle s'assit dans un coin, une tasse de café fumante devant elle, le regard perdu dans la foule. Les conversations autour d'elle résonnaient comme un murmure lointain. Elle observait les gens, leurs rires, et se sentait de plus en plus étrangère à ce monde. Chaque visage semblait refléter une joie qu'elle ne pouvait plus atteindre.
Désorientée, elle se retrouvait dans l'incertitude, réticente à risquer sa propre vie pour le libérer de cette chaîne invisible qui semblait le maintenir prisonnier.
Quelques minutes plus tard, une idée germa en elle : faire des recherches à la bibliothèque, un endroit où elle pourrait peut-être découvrir la vérité sur ce qui arrivait. Et pourquoi ne pas en parler à Kayla, sa vieille amie, qui pourrait l'aider à y voir plus clair ?
Juste au moment où elle se préparait à quitter le estaminet Émilie aperçut Claire, sa meilleure amie, entrer.
Claire, avec ses cheveux blonds mi-longs tombant en vagues légères autour de son visage, attirait immédiatement l'attention. Ses yeux verts pétillants reflétaient une curiosité insatiable, tandis que son teint clair était accentué par un léger flush sur ses joues. Elles s'étaient rencontrées au parc trois ans plus tôt, et Claire avait toujours été un rayon de soleil dans sa vie. Ravie de la voir, la jeune femme s'approcha d'Émilie avec un grand sourire.
« Émilie ! Ça fait tellement longtemps ! » s'exclama Claire en la saluant chaleureusement.
Elle répondit par un faible sourire, incapable de cacher son trouble. Claire, toujours perspicace, remarqua immédiatement son état.
« Tu as l'air préoccupée. Ça ne va pas ? »
Émilie hésita un instant, cherchant ses mots, avant de répondre. « C'est juste... j'ai l'impression de perdre le contrôle. Tout me semble décalé. »
Claire fronça légèrement les sourcils, avant de sourire, essayant d'apporter un peu de légèreté. « Peut-être que tu as besoin de sortir un peu. J'ai entendu parler d'un festival ce week-end. Ça pourrait être amusant ! »
Émilie hocha la tête pensivement. Le festival pouvait effectivement être une évasion, une chance d'oublier pour un moment ses tourments. Mais au fond d'elle, elle savait que fuir la réalité ne ferait que retarder l'inévitable. Elle devait affronter ses doutes, comprendre ce qui se passait réellement avec Adrien. La vérité ne pouvait plus attendre.
« Merci, Claire, mais je... je pense que j'ai autre chose à faire, » répondit-elle doucement, refusant la proposition.
Claire, surprise, lui lança un regard interrogateur. « Qu'est-ce qui se passe vraiment, Émilie ? Tu peux tout me dire, tu sais. »
Émilie la regarda un moment, cherchant du réconfort dans les yeux de son amie. Elle avait toujours été là pour elle, prête à l'écouter, à la soutenir. Après un bref moment de silence, elle décida de tout lui confier.
Émilie hésita. Comment pouvait-elle expliquer quelque chose d'aussi terrifiant et incompréhensible ? Comment pouvait-elle avouer qu'elle avait vu un homme mort, qu'elle aime... un fantôme.
- « Il y a... quelqu'un », commença-t-elle à voix basse.
- « Quelqu'un que j'ai rencontré il y a quelques mois, et... je ne sais pas comment expliquer cela... mais il n'est pas comme les autres. »
Son amie posa sa tasse, ses yeux se remplissant d'inquiétude.
Claire la fixa, ses yeux plissés
- « Pas comme les autres ? Que veux-tu dire ? »
Émilie prit une profonde inspiration.
- « Il est mort. C'est un esprit...
Le silence qui suivit fut lourd, presque étouffant. Claire la regarda fixement, comme si elle essayait de comprendre si son amie avait perdu l'esprit, mais quelque chose dans son regard la fit changer d'expression. Elle savait qu'Émilie disait la vérité, ou du moins, sa vérité.
- « Je sens qu'il est toujours avec moi », poursuivit Émilie, la voix brisée. « Il me hante. Et je sais pas quoi faire mais je trouverai un moyen de le libérer de cette emprise .
Elle évoqua aussi son idée de faire des recherches avec Kayla, pour essayer de comprendre ce qu'il se passait vraiment.
Hésitant un instant, puis continua :
« J'ai pensé... à Kayla. Peut-être qu'elle pourrait m'aider. Elle connaît des choses, elle s'y intéresse, et elle pourrait m'accompagner pour faire des recherches. Peut-être qu'on pourrait découvrir ce qui se passe vraiment. »
Claire écoutait attentivement, ses yeux rivés sur ceux d'Émilie, un regard perçant.
« Tu ne trouveras rien.... » murmura t-elle, sa voix douce mais sibérien, un sourire se forma lentement, presque imperceptible, tordu, déformé, s'étirant sur ses lèvres. « Ce que tu cherches... t'a déjà trouvée. »
Émilie se figea, le cœur battant la chamade. « Pardon ? »demanda-t-elle, une lueur de dessarroi dans les yeux. Son sourire ne faisait qu'accentuer son angoisse. « Qu'est-ce que tu veux dire ? »
Claire cligna des yeux et sourit à nouveau, « J'ai dit que je suis partante pour t'aider dans tes recherches si tu veux. Je suis sûre qu'à nous trois, on pourra dénicher quelque chose d'intéressant, » répondit-elle en lui jetant un regard énigmatique.
Encore perturbée par ce qu'elle venait de voir, hocha lentement la tête. Elle ne savait pas si elle avait mal entendu ou si son esprit lui jouait des tours. Mais ce bref instant avait laissé une marque indélébile dans son esprit.
Elle inspira profondément et franchit le seuil, déterminée à déchirer le voile de l'incertitude et à découvrir la vérité, quel qu'en soit le prix.