Chereads / L'OMBRE DE L'INCONNU - Tome 1 / Chapter 9 - Chapitre 9 : Dans les Profondeurs

Chapter 9 - Chapitre 9 : Dans les Profondeurs

En entrant dans la grotte, Émilie et Kayla furent immédiatement frappées par l'étrange propreté des lieux. Les parois rocheuses, d'un gris lisse, semblaient avoir été polies par le temps ou par des mains invisibles, renvoyant une lumière froide et spectrale dans l'obscurité ambiante. Pas un grain de poussière, pas une trace de mousse ou d'humidité ne venait troubler cet endroit, comme si quelqu'un ou quelque chose s'était chargé de maintenir cet antre immaculé.

Kayla, fronçant les sourcils, murmura : « C'est étrange... On dirait que cet endroit est entretenu. Comme si quelqu'un venait ici régulièrement... »

Émilie, mal à l'aise, lui répondit en chuchotant : « Oui, ça me donne des frissons dans le dos. Qui pourrait bien vouloir garder cet endroit... si propre ? »

Elles avancèrent prudemment, leurs pas résonnant doucement contre le sol. L'air était dense, presque étouffant, et une légère odeur de pierre fraîche emplissait leurs narines. Au bout de quelques mètres, elles se retrouvèrent face à deux chemins qui s'étendaient devant elles, chacun aussi lugubre que l'autre.

Le premier chemin, à droite, plongeait dans une obscurité profonde, ses murs semblant se resserrer petit à petit comme un goulot d'étranglement. De légers courants d'air, émanant d'un recoin inconnu, faisaient bruisser les parois, comme un souffle inquiétant venu des profondeurs de la terre. Le sol était parsemé de cailloux pointus, témoins silencieux des voyageurs précédents, et quelques gravats semblaient cacher des dangers invisibles.

Le second chemin, à gauche, était tout aussi sombre, mais une légère lueur émanait d'une fissure lointaine dans la roche, projetant des ombres dansantes sur le sol. Des stalactites pendantes formaient une voûte menaçante au-dessus de leurs têtes, créant une impression d'emprisonnement. Le sol semblait glissant, recouvert d'une fine couche d'humidité, comme si une rivière souterraine passait tout près.

Émilie, hésitante, chuchota : « Alors... c'est à droite ou à gauche ? »

Kayla consulta une nouvelle fois la carte avec attention, les sourcils froncés. Son doigt traça lentement les contours du passage dessiné.

« C'est celui de droite, » finit-elle par répondre d'une voix grave. « Mais attends... » Elle leva les yeux vers le chemin. « Il est pas écrit qu'il y a un piège. Il faut avancer avec prudence. » chuchota Kayla l'angoisse dans la voix.

Les deux jeunes femmes continuèrent lentement, Kayla analysant chaque recoin du sol et des parois. Sur le chemin de droite, cinq statues se dressaient, deux de chaque côté du passage et une en face, massive. Chacune des statues représentait des figures humaines aux visages déformés par une terreur silencieuse, figés dans des positions défensives comme si elles tentaient de se protéger de quelque chose.

La première statue, à droite, représentait un homme tenant un bouclier, son visage tordu dans une grimace de désespoir, comme s'il anticipait un coup fatal. Sa main, qui serrait le bouclier, semblait prête à lâcher sous la peur qui s'était gravée dans la pierre.

La deuxième statue, juste à côté, montrait une femme, les bras tendus devant elle comme pour repousser une force invisible. Ses yeux, vides, fixaient l'infini avec une expression d'effroi absolu. Des fissures couraient le long de ses bras, ajoutant à l'aura inquiétante de la scène.

De l'autre côté, une troisième statue, légèrement penchée en avant, montrait un homme en armure, l'épée pointée vers le sol, comme s'il se préparait à un duel perdu d'avance. Son visage était en partie masqué par un casque fendu, mais ses yeux trahissaient la même terreur que les autres.

La quatrième statue, plus petite, représentait un enfant recroquevillé, le visage caché derrière ses bras, comme s'il voulait disparaître sous l'assaut de forces invisibles. Ses jambes étaient tremblantes, gravées avec une telle précision que l'on aurait cru qu'elles bougeaient encore sous l'effet de la peur.

Enfin, la dernière statue, en face, était la plus imposante. Elle représentait une figure indistincte, presque grotesque, dont les traits semblaient se fondre dans la roche elle-même. Ses bras démesurés s'étendaient vers l'avant, comme pour capturer les âmes errantes. Son regard, bien que vide, semblait suivre chaque mouvement d'Émilie et Kayla.

Kayla, après avoir scruté ces statues effrayantes, murmura : « Fais attention où tu marches, Émilie. Ces statues ne sont pas là par hasard... »

Émilie, glacée par l'atmosphère sinistre, jeta un regard anxieux vers les statues. Chaque figure pétrifiée semblait plus oppressante que la précédente. Une étrange sensation s'empara d'elle, comme si leurs regards invisibles la suivaient dans la pénombre.

« Qu'est-ce que ça veut dire ? » murmura-t-elle, effrayée.

Kayla resta silencieuse un instant, continuant à examiner attentivement le sol et les statues environnantes. Elle avançait prudemment, ses pas légers, cherchant le moindre indice, le moindre signe de danger.

« Ce sont des gardiens, » finit-elle par dire, sa voix à peine audible. « Ils protègent quelque chose... Mais je ne sais pas quoi exactement. » Elle serra la carte dans ses mains et fit un pas de plus vers la statue centrale.

Soudain, un léger bruit sourd résonna dans le silence de la grotte. Kayla, alerte, s'arrêta net. Elle fixa le sol, où une dalle légèrement surélevée semblait détonner avec le reste du chemin.

Émilie, derrière elle, s'arrêta également. « Tu crois que c'est un piège ? » demanda-t-elle à voix basse.

Kayla, plissant les yeux, hocha lentement la tête. « Oui, c'est possible... » Elle pointa la dalle suspecte. « Il faut absolument éviter de marcher dessus. Si on déclenche quelque chose, ça pourrait être fatal. »

Le silence languissante de la grotte accentuait la tension. Émilie sentit son cœur battre plus fort dans sa poitrine. Elle essayait de contrôler sa respiration, mais l'angoisse se faisait de plus en plus pesante.

Elles avancèrent lentement, avec une précaution extrême, contournant la dalle traîtresse. Chaque mouvement semblait amplifié dans l'obscurité, le moindre son paraissant trahir leur présence. Le passage devenait de plus en plus étroit, les statues de plus en plus proches, comme si elles se refermaient sur elles.

Après avoir contourné la dernière statue, se retourna vers Émilie. « On est presque au bout... Mais je ne sais pas ce qui nous attend derrière cette dernière porte. »

Une grande ouverture en pierre se dressait devant elles, sombre et mystérieuse, semblant aspirer la lumière de leurs lampes. Elle était flanquée de deux énormes piliers de pierre, gravés de symboles indistincts, mais qui ressemblaient étrangement à ceux qu'elles avaient vus plus tôt.

Émilie, en regardant la porte, chuchota : « Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? »

Kayla, l'air déterminé, répondit : « On continue. On est trop loin pour reculer maintenant. »

Sans attendre plus longtemps, elles s'approchèrent de l'entrée, l'ombre des statues s'étirant derrière elles, comme des spectres silencieux les observant entrer dans l'inconnu.

Émilie se retourna brusquement, le souffle coupé. « Kayla... » murmura-t-elle d'une voix tremblante. « Les statues... elles ont bougé. »

Kayla plissa les yeux, examinant l'obscurité. « Quoi ? Non... c'est impossible. »

Mais le doute s'insinua rapidement dans son esprit. Les cinq statues, qui paraissaient inertes quelques instants plus tôt, semblaient légèrement décalées. L'une d'entre elles, la plus proche de l'entrée, semblait avoir changé d'angle, comme si elle les surveillait désormais de son regard figé.

Le cœur d'Émilie battait la chamade, ses mains moites accrochées à sa lampe. « Je te dis qu'elles ont bougé, Kayla. Je... je.. je les ai vues. »

Kayla, bien que sceptique, sentit une sueur froide lui couler le long du dos. « Restons calmes. Peut-être que c'est juste une illusion d'optique, à cause de la lumière... » Mais sa voix manquait de conviction.

Elles continuèrent à avancer lentement, leurs yeux rivés sur les statues. Chaque pas dans l'obscurité leur donnait l'impression que ces figures menaçantes se rapprochaient imperceptiblement, comme si elles attendaient le bon moment pour frapper.

Émilie, d'une voix tremblante, chuchota : « Tu crois qu'elles nous empêcheraient de sortir ? »

Kayla, incapable de répondre, serra la carte dans ses mains. Elle jeta un dernier regard inquiet aux statues avant de se concentrer sur la porte massive devant elles. Mais quelque chose d'inexplicable pesait sur l'atmosphère, comme si les statues, invisibles dans leur immobilité, jouaient un rôle bien plus sinistre dans cette énigme.

Le sentiment que quelque chose les observait, que le moindre faux pas pourrait leur coûter cher, ne les quittait plus.

Elles avancèrent, s'efforçant de ne pas marcher sur les dalles suspectes. Mais à mesure qu'elles progressaient, un frisson d'effroi les parcourut. Les statues, immobiles, semblaient vibrer d'une vie cachée, leurs expressions se modifiant subtilement.

Mais alors qu'elles progressaient lentement, Émilie se rendit compte que les statues commençaient à bouger, lentement, presque inaperçu.

« Tu sens ça ? » demanda Émilie, la gorge sèche.

« Oui... c'est comme si elles... » Kayla n'eut pas le temps de finir sa phrase. Tout à coup, l'une des statues, une créature à l'air cruel, fit un mouvement évanescent.

Les autres suivirent, leurs membres se mettant lentement en mouvement, comme si un souffle maléfique les réveillait d'un long sommeil.

« On doit partir , dépêche-toi ! » hurla Kayla, sa voix brisée par la terreur.

Les statues prirent vie dans un fracas sourd, leurs cris de terreur résonnant dans la grotte. Leurs mouvements, d'abord lents, devinrent rapides et désordonnés, leurs bras s'étendant pour attraper les intruses. Émilie pouvait entendre les grincements de pierre et les rugissements presque animaux qui fusaient des statues.

Le cœur battant à tout rompre, fit un bond en avant. « Cours, Kayla ! »

Kayla trébucha sur une dalle, s'étalant au sol. Émilie se retourna, le temps semblant s'étirer alors qu'elle s'élançait vers son amie, la soulevant avec une force désespérée.

« Allez, on doit y aller ! »

Les statues hurlaient, leurs bras se tendant, griffant l'air avec une rage terrible. Elles étaient presque sur elles, prêtes à les engloutir dans leur obscurité.

« Vite ! » Émilie poussa Kayla en avant, ses jambes fléchissant sous le poids de la peur.

Juste au moment où elles l'atteignaient, l'une des statues, un guerrier au visage hideux, griffa le sac de Kayla avec une rapidité terrifiante, laissant une déchirure béante.

Essoufflées et les cœurs battants la chamade, elles franchirent la porte, et Émilie la ferma derrière elles d'un coup de pied, le bruit résonnant comme un coup de tonnerre. Elles se laissèrent tomber contre le mur, haletantes, écoutant les échos des cris des statues se mêler à leur propre souffle.

Kayla, le souffle court, observa son sac déchiré, le regard amusé malgré la peur. « Je ferais mieux de penser à travailler mon cardio, » dit-elle en soupirant. « Regarde ce que ça m'a coûté ! »

Émilie, encore haletante, esquissa un sourire nerveux. « On dirait que tu as vraiment besoin d'un entraînement d'urgence. Mais je te promets que je ne te laisserai plus tomber. »

Kayla secoua la tête, tentant de chasser l'angoisse qui persistait. « La prochaine fois, je choisis les chemins les moins... mortels. »

Émilie acquiesça, le regard perdu dans les ténèbres derrière elles. « Oui, mais ce qui nous attend devant est peut-être encore pire. On doit rester prudentes. »

Leur amitié, forgée dans la peur, semblait plus forte que jamais alors qu'elles se préparaient à affronter l'inconnu.