Kayla tourna la page du grimoire, ses yeux scannant attentivement chaque ligne. Elle découvrit bientôt une série d'inscriptions en latin, des symboles étranges qui semblaient receler des secrets oubliés. Ses sourcils se froncèrent alors qu'elle déchiffrait lentement les mots. Ses lèvres murmurèrent des phrases de plus en plus effrayantes.
Soudain, elle s'arrêta net, le visage blême, comme si elle avait vu un fantôme.
« Kayla ? » Émilie sentit une boule se former dans sa gorge. « Qu'est-ce qu'il y a ? »
Kayla tourna son regard vers elle, une expression d'horreur dans les yeux. « Pour libérer cette entité il faut... » Elle marqua une pause, comme si elle hésitait à parler. « Il faut l'embrasser. Et si tu fais ça, cette créature aspirera ton âme. »
Le silence tomba dans la pièce comme une chape de plomb. Émilie sentit son cœur s'accélérer, tandis que la terreur s'emparait d'elle.
« L'embrasser... » murmura-t-elle, la voix tremblante et effarée « Il m'a parlé... d'un sacrifice, en échange de mon cœur.» Elle déglutit, une sueur froide coulant le long de sa nuque. « Jamais il n'a prononcé ce mot... et d'ailleurs il ne m'a jamais mentionné ce que je devais faire pour le libérer.» dit elle dans regard vide de désespoir et de peur..
Son regard se perdit alors que cette révélation faisait son chemin dans son esprit. Elle réalisa soudain que tout ce qu'Adrien avait pu dire, tout ce qu'il avait promis, cachait une vérité bien plus sombre.
Claire, jusqu'alors silencieuse, la bouche entrouverte, secoua la tête, stupéfaite. « C'est insensé... »
- « Eh bien, cette créature t'a bien menti. Ne lui fais pas confiance. Tout ce qu'il dit peut être une manipulation. »
Émilie, riant nerveuse : « Ah.. haha... je l'ai aussi embrassé quand je l'ai rencontré... »
Kayla, choquée : « Attends, quoi ?! Tu l'as embrassé, cette créature ?! »
Émilie, exaspérée : « Comment j'aurais pu savoir ce qu'il était ?! Au début, je trouvais ça bizarre qu'au bistrot personne ne le remarquait. Je parlais toute seule et ils me regardaient comme si j'étais folle... » Elle frappa son front avec frustration.
Kayla, secouant la tête avec incompréhension : « Mais justement, Émilie, c'est là que tout a commencé ! Tu savais que quelque chose clochait dès cet instant, et pourtant tu as continué... Tu l'as laissé entrer dans ta vie malgré les signes ! »
Kayla, secouant la tête avec incompréhension Sérieusement ?! Tu as senti quoi, à ce moment-là ? Comment tu as pu te laisser faire ? »
Émilie, désespérée , tentant de se justifier : « Je sais... c'était idiot, mais j'étais... je croyais que j'étais amoureuse. »
Kayla, la regardant avec une pointe de jugement : « Amoureuse d'un fantôme ? Mais, réfléchis une seconde... ce n'est même pas un être humain ! Qu'est-ce que tu espérais ? Qu'il te mène dans une vie au-delà de la mort, où tout est parfait ? Émilie, tu ne peux pas aimer quelque chose qui n'appartient plus à ce monde. »
Claire, plus posée : « Et... comment tu t'es sentie après ce baiser ? Quelque chose d'étrange ? »
Émilie, perturbée, détourna le regard : « Je... je me sentais vide, comme si tout mon esprit avait été englouti. C'était un vide oppressant, presque effrayant. Je savais que quelque chose n'allait pas, mais je ne pouvais rien faire. »
Kayla, troublée : « Émilie, c'est plus que clair maintenant... Tu es liée à lui d'une manière dangereuse. Il y a un lien qui dépasse tout ce qu'on a pu lire dans le grimoire. »
Émilie, frappant violemment la table, furieuse : « Cette maudite rencontre n'aurait jamais dû avoir lieu ! Je n'aurais jamais dû le laisser s'approcher de moi ! »
Kayla, soupir, reprit sa lecture, puis poursuivit avec une voix tremblante : « Il y a aussi un autre moyen... de le tuer. » Elle tourna la page avec hâte, mais ses doigts se figèrent en découvrant une réalité inquiétante. « Non... non, ce n'est pas possible ! » s'écria-t-elle.
« Quoi ? » s'exclamèrent Émilie et Claire en chœur.
Elle leur montra le grimoire, l'expression remplie de frustration. « Il manque des pages. Les instructions sont incomplètes. On sait qu'il y a un moyen de le détruire, mais... tout est effacé ! »
Elle se leva brusquement, son visage tendu par l'inquiétude, et se dirigea vers le comptoir pour s'adresser au propriétaire de la bibliothèque. « Excusez-moi, mais il manque des pages dans ce grimoire. Quelqu'un les a déchirées. C'est un livre rare, comment est-ce possible ? »
Le propriétaire, un vieil homme au regard perçant, fronça les sourcils. « Personne n'a le droit de déchirer des pages ici. C'est strictement interdit, et c'est affiché partout. »
Il s'approcha d'eux et inspecta les pages manquantes. En passant son doigt sur les déchirures, il eut un frisson. « C'est étrange. Ces déchirures sont récentes, encore fraîches. Il semblerait que quelqu'un ait volé ces informations il y a peu de temps. »
Le propriétaire se redressa et annonça d'un ton grave : « Je vais devoir vérifier les caméras de surveillance immédiatement.»
Émilie, le cœur battant et les pensées embrouillées, suivit le responsable vers la salle des caméras, anxieuse et contrariée. Chaque pas qu'elle faisait semblait l'éloigner un peu plus de la vérité, et pourtant, elle était déterminée à savoir qui avait déchiré ces pages vitales. Claire la suivait de près, son visage figé dans une expression de doute et de tension.
Kayla, restée derrière, ressentit une frustration croissante. Farfouillant dans les dernières pages du livre, elle tomba sur une description cryptique d'autres créatures encore plus puissantes. Son regard s'arrêta à la fin du texte, là où, en minuscules caractères, un nom semblait dissimulé : John Walker. Le cœur battant, elle plissa les yeux pour déchiffrer ce détail presque invisible.
Puis, avec une discrétion calculée, elle trouva une petite carte soigneusement pliée, insérée entre deux pages. Elle s'en empara rapidement et la glissa dans sa poche, tout en prenant une photo du nom de l'auteur avec son téléphone.
Pendant ce temps, dans la salle de surveillance, le responsable manipula les enregistrements. Il fit défiler les images, cherchant désespérément à identifier le coupable. Émilie fixait l'écran avec intensité, les lèvres pincées.
« Voilà... » dit le responsable, pointant du doigt une silhouette en mouvement. « C'est lui qui a déchiré les pages. »
Claire, les sourcils froncés, se pencha en avant. « Mais... on ne voit pas son visage. Il est trop flou. Vous pouvez faire un zoom ? »
Le responsable tenta d'ajuster les paramètres, mais rien n'y fit. La vidéo demeurait trop trouble pour révéler l'identité de l'inconnu.
« C'est comme si... quelqu'un ou quelque chose ne voulait pas qu'on le reconnaisse », murmura Émilie, une pointe de désespoir dans la voix.
Claire hocha la tête, ses lèvres se serrant en une fine ligne. « Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? »
Il se tourna vers elles, impuissant. « Je suis désolé, mais avec ces images, il sera difficile d'identifier qui que ce soit. Cependant, je vais signaler cette anomalie et vérifier si nous avons d'autres caméras qui auraient capté un angle différent. »
Émilie soupira, les mains tremblantes. Elle ne pouvait s'empêcher de sentir qu'ils étaient toujours dans l'ombre, guidés par des forces inconnues et malveillantes. Elle garda le silence, tandis que ses pensées tourbillonnaient, incertaines du prochain pas à faire.
Déterminé à aider, changea d'angle et fit défiler les images sur un autre écran. Les visages restaient flous, mais un détail finit par attirer l'attention d'Émilie.
« Attendez... reculez un peu doucement, s'il vous plaît, et faites un zoom ici, sur ce bras », demanda-t-elle, son regard fixé sur l'écran.
Le monsieur obéit, zoomant sur le poignet de la silhouette mystérieuse. Là, bien en vue, pendait un bracelet en argent, délicatement orné de petites pierres.
Émilie fronça les sourcils, sentant une vague de confusion monter en elle. « Je connais ce bracelet... »
Claire, qui observait également l'écran, haussa les épaules. « Mais tout le monde porte ce genre de bracelet. C'est très tendance de nos jours ! Ça ne nous avance pas. »
Kayla, qui était restée silencieuse jusque-là, croisa les bras et la regarda d'un air pensif.
« Peut-être, mais dans une ville comme la nôtre, ce ne sera pas si facile de retrouver la personne. Surtout avec des images aussi floues. Ce bracelet peut appartenir à n'importe qui, et on ne peut pas s'appuyer uniquement là-dessus. »
Elle marqua une pause avant de reprendre, son regard fixant Émilie. « Cependant... si tu reconnais vraiment ce bracelet, il faut que tu réfléchisses. Est-ce que tu connais quelqu'un d'autre qui pourrait le porter ? Quelqu'un de proche ? »
Émilie se mordit la lèvre, le doute commençant à s'installer. Les possibilités tournaient dans sa tête, mais aucune ne semblait la conduire à une conclusion claire.
« Peut-être... mais je dois y réfléchir. »
Le responsable, en les écoutant discuter, ajouta : « Je peux continuer de chercher d'autres angles, mais à ce stade, sans visage, il sera difficile de trouver plus de preuves. Vous voulez que je garde l'enregistrement au cas où ? »
Kayla hocha la tête. « Oui, faites ça. On aura peut-être besoin de revenir dessus. » Puis elle se tourna vers Émilie, la voix douce mais ferme. « On doit être prudentes. Ce genre de détail pourrait être un piège. »
---------------------------------------------------
En rentrant chez elle, Émilie sentit la fatigue la submerger. Toute cette journée étrange lui avait vidé l'esprit, et elle éternua plusieurs fois, comme si son corps réagissait au stress de ces événements inhabituels. Elle se laissa tomber sur son canapé, soupirant de soulagement, Puis, elle alluma la télévision, espérant s'évader un peu. Les bruits de fond de l'écran lui tenaient compagnie alors qu'elle zappait les chaînes sans réel intérêt.
Soudain, elle tomba sur les informations. Le journaliste évoquait à nouveau les mystérieuses disparitions qui sévissaient depuis quatre ans. Cette fois, cinquante nouvelles personnes venaient de disparaître, une sombre réalité qui ne cessait de s'aggraver.
Abasourdie, la télécommande toujours en main, Émilie murmura : « Cinquante nouvelles personnes... mais comment est-ce possible ? » Un frisson glacé parcourut son dos tandis que son cœur s'emballait. Elle s'effondra sur le canapé, incapable de détacher son regard de l'écran.
Un des parents de la victime, les yeux gonflés par les larmes, s'exprima en sanglots devant les caméras, sa voix tremblante mais emplie de rage et de douleur :
« Je déclare justice ! Ça fait quatre ans que mon fils a disparu, quatre ans de silence, d'attente insupportable... Et toujours aucune réponse, rien ! Nous, les familles, on est laissées dans le noir, à attendre, à espérer... à chaque fois qu'un corps est retrouvé, je prie pour que ce ne soit pas lui, mais je me dis aussi que peut-être, c'est la seule façon de faire notre deuil. Vous comprenez ce que c'est, de ne pas savoir ? De se demander chaque jour s'il est encore vivant, quelque part, en train de souffrir ? C'est un cauchemar qui ne finit jamais... »
Le mère essuya ses larmes d'un geste brusque, avant de poursuivre, la voix brisée mais pleine de détermination :
« Je veux des réponses ! Je veux savoir ce qui s'est passé, où est mon fils, et pourquoi tout cela continue sans que personne ne fasse rien. On nous dit d'attendre, de patienter... mais pour nous, chaque jour est une torture. C'est insupportable ! Je demande, non... j'exige que justice soit faite ! Qu'on arrête ces disparitions ! Que ceux qui sont derrière tout ça paient pour ce qu'ils ont fait, pour toutes ces vies détruites, pour ces familles brisées. Nous ne resterons pas silencieux, nous ne les oublierons pas ! »
La foule autour se fit plus silencieuse, écoutant avec une gravité décelable les mots du parent, dont la douleur semblait résonner dans chaque cœur présent.
Un jeune homme prend la parole, déconcerté:
« J'ai aperçu quelqu'un me suivre. C'était une silhouette... grande, mince... Je crois que c'était une femme, ouais. Elle m'a demandé si j'étais perdu. Mais je... je n'ai pas répondu. J'ai continué mon chemin sans me retourner. C'était... bizarre. »
La mâchoire serrée, regardait l'écran, absorbée par les mots du jeune homme. Elle murmura : « Une silhouette grande et mince... »
La présentatrice, d'un ton grave, ajouta : « La police a confirmé qu'aucune autre personne n'a été signalée dans cette zone. Nous exhortons le public à rester vigilant. »
Peinée d'apprendre cette mauvaise nouvelle aux infos, elle se rendit ensuite vers la douche, cherchant à chasser ses pensées tourmentées. L'eau chaude coulait sur sa peau, apportant un bref répit, mais la sensation de malaise restait profondément ancrée en elle, refusant de s'évanouir complètement.
Alors qu'elle sortait de la salle de bain, son téléphone vibra. Elle se demanda qui pouvait bien l'appeler à une heure pareille. En jetant un coup d'œil à l'écran, elle vit que c'était Kayla. Intriguée, elle décrocha.
« Émilie, j'ai trouvé quelque chose », annonça Kayla d'une voix à la fois excitée et sérieuse.
Encore légèrement sous le choc de la journée, répondit : « Quoi donc ? Tu as trouvé un lien avec le grimoire ? »
Kayla prit une grande inspiration avant de répondre. « Oui, j'ai fait des recherches plus approfondies, et j'ai découvert le nom de l'auteur du grimoire. Il s'appelle John Walker. C'était un chasseur de fantômes et un chercheur très réputé dans les années 12 e siècles. Un homme extrêmement influent dans les cercles occultes de l'époque. Il traquait et étudiait les esprits, notamment ceux qui étaient piégés entre la vie et la mort. Il a écrit plusieurs ouvrages sur les créatures des ténèbres, mais ce grimoire semble être l'un de ses plus importants travaux. »
Émilie se redressa sur son canapé, l'esprit en alerte. « John Walker... Alors, tout ça est vraiment sérieux. Mais... il est mort, non ? »
« Oui », confirma Kayla. « Il est mort il y a des siècles, mais personne ne sait vraiment où son corps a été enterré. Certains disent qu'il a caché ses découvertes les plus dangereuses avant de mourir. Ce grimoire pourrait en être une clé. »
Kayla marqua une pause avant de reprendre. « Et ce n'est pas tout. J'ai aussi trouvé une carte dans le grimoire. À première vue, elle semblait vierge, mais j'ai découvert qu'elle contient des traces invisibles. Une fois examinée sous une lumière spéciale, des inscriptions sont apparues. »
Émilie, désormais fascinée, demanda : « Qu'est-ce qu'elles montrent ? »
Kayla : « C'est encore flou, mais les symboles indiquent peut-être un emplacement lié à Walker. Une sorte de cachette ou un lieu important. J'ai déjà quelques pistes à suivre, mais on doit être prudentes. Tout ça semble dangereux. »
La jeune femme resta silencieuse un moment, tentant de digérer cette nouvelle information. « Merci, Kayla. On doit découvrir la vérité, même si ça nous dépasse. Si cette carte est la clé, on doit la suivre. »
Kayla, toujours au bout du fil, répondit avec détermination : « Alors, on va devoir se préparer. Qui sait ce que cette piste va révéler ? »
Émilie éteignit la télévision, son cœur battant plus fort. Une nouvelle étape dans ce mystère venait de s'ouvrir, et elle se sentait à la fois terrifiée et prête à affronter l'inconnu.