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Chapter 45 - Arc 3 - Épisode 2 – Le Kuwanoren

Tencubo, désormais dans la démarche de s'améliorer coûte que coûte en vue du tournoi décisif qui se profile, entre dans la salle des archives, restée dans un état déplorable. Loin d'y être sensible, le mercenaire commence à ranger ce qui se trouve à proximité, dans l'espoir minime qu'une information puisse l'aider dans sa quête. Le premier affrontement contre le Kirioku lui fut si douloureux, qu'il sent de plus en plus ne pas être à la hauteur du titre qu'il porte. L'occasion que lui offre ce protocole est sa dernière chance, malgré les calibres que représentent Kenshiro et Tetsuo. Il regarde les documents éparpillés au sol et se permet d'en ranger certains au sein des étagères les plus proches de lui. Soudain, Tetsuo entre et voit son collègue.

« Décidément, les criminels retournent bien sur les lieux de leurs crimes. ironise ce dernier.

- Très drôle !

- Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Comme tu peux le constater, je range. Tout simplement. lui répond-il sèchement, sans le regarder.

- Oh... Vraiment ? » persiste l'affilié à l'élément de la terre dans l'ironie.

Il tend une main vers le sol et fait léviter la poussière.

« Comment tu fais ça ? »

Il la fait tournoyer et, grâce à elle, soulève plusieurs documents en même temps. Puis, il les fait se regrouper et se poser, avec une précision diaboliquement chirurgicale, dans les étagères.

« Tu n'as pas utilisé ton arme... Comment arrives-tu à utiliser ton élément sans ?

- Il est vrai que nous utilisons des lames pour manipuler les éléments. Cependant, même sans, nous gardons une certaine maîtrise, plus limitée certes mais bien présente, dépendant bien sur de l'élément maîtrisé et de l'avancement du Shirenai dans ce dernier. A force d'entraînement, on peut arriver à s'en passer. »

Le jeune gradé est sidéré par l'explication remplie d'expérience de son aîné.

« Incroyable... Jamais on nous a parlé de telles choses là d'où je viens.

- Sans doute dû aux accords conclus avec les différents Continents après le massacre funeste... Comme tu le sais, notre élément est décidé à la naissance. Il se déclare plus ou moins rapidement. Notre formation permet de le découvrir, d'en connaître les propriétés. Cependant, ce qui n'est pas expliqué c'est qu'il revient au Shirenai seul de développer son affinité avec lui. Si tu veux mon point de vue, l'accès du titre honorifique de mercenaire devrait être plus strict.

- C'est vrai. » avoue Tencubo, avec un goût amère en bouche.

Le manieur de terre sort son épée et la lève un peu en l'air.

« Nos lointains ancêtres auraient pu continuer dans ce sens mais ils décidèrent de forger ce qui deviendra notre Obujepawa actuel. Symbole d'autorité et de dissuasion à lui seul. Telles furent forgées les valeurs que nous gardons en vie. Qui sommes-nous pour juger les œuvres du passé ? »

Ce discours, coupant totalement avec l'attitude habituelle que délivre Tetsuo aux yeux de tous, atteint son auditeur en plein cœur. Imitant le Shirenai expérimenté, ce dernier sort son épée. Tout ce qu'il peut voir dessus, ce n'est qu'autre que son visage imbibé de doutes. A cet instant, un fort vœu de pouvoir autant que l'être exceptionnel qui ose lui parle s'implante dans son âme. Des doutes renaissent les regards noirs du Kirioku, lui rappelant sans cesse son impuissance.

« Est-ce vraiment possible... » entame-t-il, la gorge nouée.

Des tremblements s'emparent de ses mains et de son épée. En les analysant, le mercenaire affilié à la terre, comprend instinctivement ce qui anime le pauvre homme, le dos légèrement courbé en avant.

« De totalement s'en passer ? »

La fin de sa question ne fait que confirmer ce qu'il dégage.

« Je veux dire... Arriver à un tel niveau de maîtrise élémentaire qu'il serait obsolète d'utiliser des armes... Parvenir à dégager une telle puissance en utilisant que notre corps ?

- Voilà ta réelle motivation. La puissance. Tu es bien conscient que tu es en retard dans ce domaine, n'est-ce pas ?

- Oui...

- Connais-tu l'autre raison pour laquelle nous possédons des armes ? »

Il lui fait non de la tête.

« Nous imposer une limite. »

Cette étonnante révélation lui fait baisser son arme.

« Maîtriser les éléments qui composent Faironne revient à la menacer. Imagine si tout le monde en était capable. Imagine si nous tous arrivions à les manipuler à notre guise. Toute la puissance dégagée en un instant ? Saurais-tu ce qui en découlerait ? »

Tencubo, guidé par ses paroles, se matérialise la configuration qui se profilerait ainsi. Des éclairs s'abattant violemment de manière désordonnée. D'énormes incendies venant ravager toute forme de vie. Des séismes chaotiques bouleversent la structure des Continents à plusieurs endroits. Tout ceci déclenché par des armées entières venant de tout milieu, sans distinction. Des individus dégageant des auras titanesques, flammes, rochers, blocs de glace dans les mains.

« Ce serait la fin de tout ! déclare-t-il sous la panique.

- Tout le monde l'avait compris avant le bain de sang qui s'est produit après la naissance de Kigen.

- La course à la puissance... Ça a amené ces Zigriks à mettre la main sur l'énergie noire et à l'exploiter, les Shirenais à les contrer en découvrant à leur tour l'énergie blanche. Deux puissances dépassant l'entendement, allant contre toutes les règles instaurées par notre monde ! Nous en avons été témoins par le passé. Sans ces gens sans éléments, nous n'aurions jamais vu le jour ! »

Devant la pertinence de son discours, Tencubo ne sait pas quoi ajouter. Au premier abord, son attitude laisse clairement deviner qu'il le réprimande pour sa quête primaire de puissance. Alors, comment expliquer le niveau de maîtrise qu'il a démontré sans son arme ? Malgré les bons mots, les belles phrases et l'apparente démagogie de son collègue, le jeune gradé garde en tête un doute bien persistant.

« Je suppose donc que, d'après ce que tu viens de dire, tu comptes laisser Shipé prendre la tête du Conseil ? Prendre le risque qu'il instaure un système encore plus oppressif ? C'est justement l'oppression qui a poussé cet Alnor a trouvé le Kirioku ! Il est hors de question qu'on reproduise la même chose ! Je dois devenir meilleur pour éviter ça !

- Je ne suis pour personne. Je défendrai Faironne par tous les moyens. Tu as de bonnes intentions et une volonté de fer. Tu incarnes bien nos valeurs... Pour te récompenser, voilà ce qui devrait t'aider. »

Il tend sa main vers un mur.

« Domtanxer. »

Une pierre s'y détache, laissant apparaître un trou dans lequel une plaque est entreposée. Ten en est surpris. D'un mouvement de main, la plaque vient jusqu'à Tencubo. Ce dernier la prend et la lit. Au centre de celle-ci est dessiné une silhouette humaine autour de laquelle des flèches partent et s'éloignent. En-dessous, il y a une inscription en gros caractères, suivie par quatre autres en petits caractères.

« Le Kuwanoren ?

- C'est une technique ancestrale qui augmente de manière considérable la puissance de son utilisateur. Elle libère toute l'énergie élémentaire présente dans le corps et l'âme.

- Mais c'est exactement ce qu'il me faut !

- A plusieurs conditions. Elle ne s'obtient qu'à des lieux précis, tous dédiés à des éléments précis. Ces lieux sont très hostiles. Lorsque je me suis rendu sur celui dédié au mien, l'épreuve fut si rude que j'ai failli mourir à plusieurs reprises. »

Son collègue est sidéré par cette affirmation. Ceci expliquerait l'écart phénoménal qui subsiste entre eux.

« Cela demande une endurance extrême et un sang-froid hors du commun. Si tu veux t'y frotter, tu auras intérêt à avoir un mental d'acier. Quelques-uns ont tenté d'y arriver et ne sont jamais revenus.

- D'après ce que je lis, il y a quatre types de Kuwanoren.

- Oui, un pour chaque élément. Le mien se nomme le Kuwano Tai.

- Et moi ce serait le Kuwané Fai. Où suis-je censé allé pour l'acquérir ?

- Le Volcan d'Irn, dans le continent du Sud.

- Tant mieux, je vais pouvoir revoir un peu ma terre d'origine. Mais, dis-moi, pourquoi tu m'aides ?

- Nous n'étions pas à égal niveau lorsque nous nous sommes battus. Comme tu me gênais dans l'accomplissement de ma mission, j'aurais pu te tuer. Mais, comme je te l'ai dit, je suis un homme d'honneur. »

Il sort son arme et la dresse d'une manière bien précise.

« Pars, améliore-toi et reviens. Comme ça, si nous nous affrontons durant le tournoi, ce sera un combat digne de ce nom. Prêt à répondre à mon défi ? »

Ils se regardent. Après quelques secondes d'un silence à mi-chemin entre le respect et la mise au défi, le pyromancien sort son arme et la dresse de la même manière que son collègue. Ils joignent leurs lames, les entrechoquent deux fois avant de les ranger.

« Je te remercie infiniment. Mais, qui va s'occuper de la base ? Nous n'avons plus personne pour mener les patrouilles.

- Je m'en charge. Dès que tu auras fini, reviens. J'annoncerai alors la date du tournoi.

- Et Shipé alors ?

- Laisse-le-moi. » affirme le géomancien avant de s'en aller.

Il s'en va. Quelques instants plus tard, dans la salle du Conseil, le tumultueux mercenaire Shipé, avec l'ambition ferme d'imposer sa propre loi, s'est installé à l'ancienne place qu'occupait Daigaku.

« Foutu tournoi... Quand je l'aurais remporté, je serai à la tête du Nouveau Conseil ! Je dirigerai tout Faironne ! Nous réduirons en poussière tous ces Enijiakkus ! Le peuple Shirenai est le seul digne de régner ! Et de maîtriser les éléments ! Qui est avec moi ? »

Les patrouilleurs lèvent leurs armes. Shipé sourit, persuadé qu'il sera l'unique vainqueur. Soudain, on cogne à la porte.

« Qui est-ce ?!

- Shipé ! Je sais que tu es là ! Comment oses-tu salir cet endroit sacré ?! Ouvre ! ordonne Tetsuo à travers la porte.

- C'est Conseiller Shipé dorénavant ! A ce titre, tu n'es pas autorisé à entrer sans que je ne t'aie […] »

La porte est violemment éclatée. Des débris arrivent jusqu'aux pieds de la fausse hiérarchie.

« Comment oses-tu ?!

- Toi un conseiller ? Laisse-moi rire.

- Je le deviendrai ! Gardes ! »

Les soldats sous ses ordres sortent leurs armes en même temps.

« Trop peur de m'affronter seul à seul ?

- Corrigez-le ! »

Ils le chargent simultanément. De très légères lignes vertes apparaissent dans le creux de ses mains. Alors qu'ils allaient l'atteindre, une brusque pesanteur s'abat sur eux, les plaquant violemment au sol. Stupéfait par cette démonstration de force, Shipé se rend compte que son collègue n'a pas eu recours à son arme.

« Comment tu fais ça ?! »

Certain d'avoir l'ascendant sur lui, Tetsuo se permet un sourire provocateur. Ni une, ni deux, celui voulant devenir le nouveau maître de Kigen s'extirpe de son trône et sort sa lame.

« Tu vas regretter ce […] »

Sa phrase prématurément écourtée que le géomancien lève un bras en l'air et ferme la main. Tout à coup, les épées de Shipé et de ses associés se mettent à trembler graduellement. En ramenant sa main vers l'arrière, celles-ci sont retirées de leurs fourreaux et lévitent dans l'air. Le pauvre prétendant ne comprend pas comment il parvient à un tel résultat.

« Si vous voulez que je vous les rende, quittez cette pièce sur le champ. Ou je vous empale avec. »

Pendant quelques secondes, il n'obtempère pas. Mais les regards de terreur de ses chers soldats lui supplient d'obéir. Il lui est inconcevable de ravaler sa fierté pour ce satané type qui se prétend être meilleur que tout le monde. Pour qui il se prend celui-là à la longue ? Pendant que l'aquamancien reste sur ses positions, les lames se rapprochent dangereusement des poitrines de ceux qui lui vouent une fidélité sans pareille.

« Bon... C'est d'accord... Mais relâche-les. » prononce-t-il, la gorgé nouée.

En un claquement de doigts, la gravité imposée sur les patrouilleurs est levée.

« Très bien. Maintenant, veuillez quitter les lieux. Tout de suite. »

De peur de devoir subir le même coup de pression de sa part, les soldats commencent à s'en aller, reprenant au passage leurs épées respectives.

« Nous nous reverrons... Que tu le veuilles ou non, je serai le prochain maître conseiller et je t'exilerai sur le champ !

- Partez avant que je ne change d'avis ! »

Ils pressent le pas.

« Tu as osé côtoyer ces saloperies d'Enijiakkus ! Ils t'ont corrompu ! Sale traître ! » vocifère le Shirenai sans vergogne avant de s'en aller, la haine au bord des yeux.

Une fois de retour auprès de sa meute, bien conscient qu'il ne peut pas l'emporter contre lui, il cherche un moyen plus subtile de l'évincer.

« Qu'est-ce qu'on fait chef ?

- Patrouilleurs, nous allons convoquer tous les nôtres encore présents ici et les mettre au courant. S'il croit pouvoir s'en sortir comme ça, il se trompe ! Il va regretter ce qu'il vient de faire. Suivez-moi. »

Quelques instants plus tard, à l'intérieur du village, les Shirenais commencent à se regrouper. Tencubo s'en aperçoit. Curieux de savoir ce qu'il s'y passe, il s'approche. Shipé, entouré de ses soldats, monte sur un piédestal improvisé.

« Mes chers amis, mes chers compatriotes, mes chers camarades, sans doute certains d'entre vous le savent déjà, nous n'avons plus de Conseil pour une raison inconnue. »

En effet, parmi la population présente, certaines personnes n'étaient absolument pas au courant de cette nouvelle tonitruante. Sans eux, ils se sentent désemparés.

« Comme vous, l'incompréhension la plus totale habite mon cœur. Il nous est impossible de concevoir notre monde ainsi ! Sans direction, nous ne pouvons plus agir dans Faironne. A moins que quelqu'un ne le remplace. C'est pourquoi, en tant que mercenaire le plus expérimenté en exercice, et possédant les compétences nécessaires pour être à la tête du Nouveau Conseil, il est normal que j'en prenne la tête ! »

Cette annonce impromptue choque l'audience, et plus particulièrement le pyromancien venu du Continent du Sud. Où est Tetsuo ? Il s'est fait avoir ? Dans la foule, ça discute, ça échange. Avec les arguments avancés, personne n'ose remettre en doute sa candidature.

« C'est tout naturel, non ? Si vous êtes d'accord, rejoignez-moi et suivez-moi jusqu'à la salle du Conseil. Chassons ce traître de Tetsuo ! Il a commis l'un des crimes des plus odieux ! Il a collaboré avec l'artefact noir et nos ennemis de toujours ! Ces ordures d'Enijiakkus qui polluent notre très chère Faironne ! »

Choqués d'apprendre ça, les discussions se font plus bruyantes dans les rangs. Pour le plus grand plaisir de celui qui compte bien répandre un feu de haine envers celui qui l'a hautement insulté.

« Oh, il ne vous a rien dit ? Jetons-le et faîtes de moi le maître conseiller ! Vous aurez alors un être robuste et puissant ! Qui pourra faire face à n'importe quelle menace ! Pas un traître comme lui ! Je vous garantirai prospérité et protection jusqu'à la fin de vos jours et de ceux de vos enfants ! Nous rayonnerons encore plus qu'avant ! Tel fut l'étendard que brandissait jadis notre regretté et vénérable Densetsu ! »

Conscient du danger qu'il représente vis-à-vis du peuple dont est issu Yoru, ainsi que de l'infraction qu'il fait envers les règles établies par celui qu'il prétend incarner, Tencubo s'avance.

« Alors ?

- Il en est hors de question ! » hurle-t-il.

La populace se retourne vers lui. Sa présence agace profondément son collègue, déjà bien remonté à cause de Tetsuo.

« Pour qu'un Nouveau Conseil naisse, tous les élémentalistes sont invités à participer à un tournoi de puissance ! Seul le meilleur sera maître conseiller ! Une vraie règle instaurée par le grand Densetsu ! »

Marre que toujours quelqu'un lui plante des bâtons dans les roues, celui qui voulait rallier le peuple de Kigen à sa cause dégaine son arme. Ses patrouilleurs s'écartent.

« Tu as le don de mettre ton nez partout ! Alors que tu n'es qu'un foutu novice venu de l'étranger ! Ton avis ne compte pas ici !

- Un novice comme tu dis qui a participé activement à la neutralisation de l'énergie noire pendant que d'autres se la coulaient douce ! Tetsuo a effectivement déshonoré notre Code mais a sauvé tout Faironne ! Il a sacrifié sa propre dignité pour nous tous ! »

Le point marqué par le Shirenai ami avec la bande de Rai bouscule les pensées des spectateurs qui commencent à douter des propos avancés par le mercenaire expérimenté.

« Assez ! Il est temps de te rappeler la réalité de ton titre ! Je vais calmer tes ardeurs, petite flammèche ! » répond-il avec vacarme avant d'activer son aura.

Connaissant la réputation de celui qui veut engager le combat, les habitants prennent peur.

« Voyons si tu es fort aussi bien en action qu'en démagogie ! Battons-nous ici et maintenant ! Affronte-moi avec tout ce que t'as ! »

Alors que Tencubo allait accepter son défi, une violente secousse remue tout le monde, sans affecté les habitations et autres structures.

« Stop ! » hurle Tetsuo avant de débarquer sur les lieux.

Aussitôt, Shipé met fin à son aura.

« Aucun affrontement inter-Shirenai autre que ceux inclus dans le tournoi à venir n'est autorisé ! Notre base n'est pas un terrain de combat ! Rangez vos armes ! »

Le Shirenai affilié au feu obéit sur le champ. Un simple échange de regards entre le perturbateur et le responsable de la secousse suffit à obliger au second duelliste d'obéir à contre cœur.

« Que dirait notre fondateur ? »

Face à cette interrogation lourde de sens pour les locaux, tout le monde se tourne vers la statue érigée à son effigie.

« En nous battant ainsi, nous salissons la mémoire d'un des plus grands d'entre nous. Comportons nous tel qu'il l'aurait souhaité. Chers camarades, comme il a dû vous le dire, nous n'avons plus personne pour diriger les opérations extérieures. Je vous propose de rester ici. Rappelez les patrouilles encore en dehors de notre base. Lorsque le Nouveau Conseil aura été désigné, ce dernier décidera s'il faut reprendre les opérations. Nous avons un Code, non ? Respectons-le. Tous. Sur ce, vous pouvez rejoindre vos maisons l'esprit apaisé. »

Sur ce discours rappelant bien les bases, les habitants reprennent leur train de vie quotidien, ruinant à néant la stratégie de l'aquamancien.

« Et quand aura lieu ton fameux tournoi ? demande-t-il.

- Je suis un homme d'honneur. Tiens. »

Il lui donne la plaque qu'il a montrée à Tencubo. Ce dernier la reconnaît tout de suite.

« Lis la. Rends-toi là où tu penseras pouvoir parvenir à ce qui est marqué dessus.

- Oh ! Tu fais quoi là ? Pourquoi tu la lui files ? De quel côté es-tu à la fin ? »

Dès les premières lignes lues, les sentiments sombres et tortueux qui habitaient le mercenaire le plus expérimenté de Kigen laissent place à une joie appuyée par un sourire plutôt ambigu.

« Je ne suis pour personne. Je sers Faironne. L'équité est mon principe fondateur. Sachant que tu comptes atteindre ce niveau, il faut bien que d'autres puissent en profiter également. Du moins, s'ils en sont capables. Notre nouveau maître conseiller se devra d'être solide. Lorsque vous serez revenus, le tournoi pourra commencer. En attendant, je vais provisoirement diriger la base. Shirenais, respectez le Code que j'ai du enfreindre pour le bien de tous. Puisse Faironne vous accompagner dans votre recherche de puissance ! »

Décidément, le pauvre Shirenai affilié au feu ne sait plus s'il doit continuer à lui faire confiance ou non. Ils auraient très bien pu être les seuls à s'affronter de cette manière sans en parler à qui que ce soit. Le Kuwanoren serait resté un mystère uniquement connu par eux deux. Après ses multiples échecs, une telle nouvelle était inespérée pour celui qui veut mettre fin à la vie de tout Zigrik.

« Sage décision, cher collègue. commente-t-il en fixant du regard l'auteur de le belle lumière de joie qui inonde son visage.

- Va-t'en.

- Tu te rends compte que grâce à ça je vais vous pulvériser ? Ne pleurez pas si je vous piétine la face ! Bande de laxistes ! Tetsuo, ta quête incessante du respect perpétuel de notre Code te perdra ! Quand à toi, le jeunot, ça m'étonnerait fortement, qu'avec ta carrure plus que pitoyable, que tu puisses réussir l'épreuve ! Comptez les jours qu'il reste avant l'établissement de la vraie autorité ! A la prochaine ! »

La fierté de nouveau gonflée à bloc, il s'en va, torse bombé. Ses patrouilleurs veulent le suivre.

« Je n'ai pas besoin de vous ! »

Ils s'arrêtent instantanément, ignorant s'ils doivent persister dans leur dévotion ou s'ils doivent exprimer leur mécontentement vis-à-vis du ton employé par leur supérieur. Cependant la crainte de se faire dérouiller écrase toute rébellion naissante. Abattus, ces derniers repartent dans les quartiers dédiés aux soldats.

« Ça vaut également pour toi, cher collègue. Si tu veux défendre Faironne comme tu le prétends, tu dois être le plus solide, le plus fort. Si tu veux être notre maître conseiller. Ça se mérite. » adresse-t-il au mercenaire encore présent.

Il le regarde sans prononcer le moindre mot pendant quelques secondes, le souvenir encore bien vivace du sacrifice de Rai en tête, ainsi que celui du premier affrontement contre le Kirioku.

« Tu as raison... Si je veux que ce monde soit en paix, une paix durable, prospère et... Solide... Je dois l'être aussi sinon je ne serai pas crédible. Je reviendrai ! Quel que sera mon adversaire, je serai le plus fort ! »

Sur ces notes remplies de détermination, il s'en va dans la direction opposée prise par Shipé. Les soldats présents sur son passage le suivent du regard. Une fois ce dernier presque parti du quartier général, Tetsuo sourit, ravi que de nouveaux défis se présenteront à lui. Aussitôt, il ne peut s'empêcher de tourner la tête vers la statue de Densetsu, comme si quelque chose de précis lui revenait à l'esprit lorsqu'il pose les yeux sur lui.