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Chapter 3 - Personne ne peut soigner un cœur brisé

"Tu n'as pas besoin de te cacher William, nous savons ce que tu as vécu. Tu n'as pas besoin de te battre seul contre tes problèmes."

A ces mots, William arrêta de se débattre. Il laissa retomber ses deux bras et des larmes commencèrent à couler sur ses joues rouges. Plus rien n'importait plus. Il ne savait pas quoi faire. Tout était fini. Tout le monde savait quel monstre il était. 

Des larmes ruisselant sur ses joues, il avança de quelques pas. Puis, il enleva sa cravate, lentement, presque mécaniquement. Il la laissa tomber doucement au sol et leva les mains jusqu'au col de sa chemise. Il enleva lentement le premier bouton, puis le deuxième, puis le troisième, et tous les autres. Puis, il ouvrit sa chemise d'un coup sec. L'infirmière et le professeur étouffèrent un hoquet choqué. William avait le corps criblé de bleus, comme un champ de mines. Ses côtes droites étaient rougeoyantes et son corps maigre. Il laissa tomber sa chemise maculée de sang au sol.

Il se tenait droit devant les adultes, le regard déterminé. Les larmes qui ruisselaient sur ses joues étaient maintenant parties. Il n'avait plus rien à leur cacher, son plus grand secret révélé. Il ne pouvait qu'attendre la conclusion, impuissant face à ses aînés et à leurs décisions. Il ne pouvait qu'attendre, comme toujours, à la merci des autres. 

L'infirmière s'approcha de lui. Il ferma les yeux, ne sachant pas à quoi s'attendre. Qu'allait elle faire ? Qu'allait elle dire ?

Il sentit une main frôler son bras, et il ouvrit les yeux en sursaut, reculant d'un pas. Il n'était pas aussi prêt qu'il le pensait. Il ne pouvait pas tout accepter des adultes finalement. Il était toujours terrifié par les adultes et ce qu'ils pouvaient lui faire, contrairement à ce qu'il voulait penser. 

William, comprenant cette vérité, se mit à trembler de nouveau. Sa détermination l'avait quittée, ne laissant derrière elle qu'un adolescent blessé et effrayé. 

Le professeur de William le voyant trembler lui demanda :

- Tout va bien William ?

Le garçon s'accroupit sur le sol, et les mains tremblantes ramassa sa chemise et sa cravate. Il enfila sa chemise en un éclair et chercha un chemin jusqu'à la porte. Il le trouva et se précipita jusqu'à la porte, l'ouvrant à la volée et sortant de l'infirmerie en courant. Il courut sans s'arrêter dans les couloirs encore vides de l'établissement, à bout de souffle, poursuivi par les appels de son professeur. William voulait juste que tout soit fini, que plus personne ne le frappe, qu'il n'ai plus à souffrir. Il monta les escaliers quatre à quatre, ne ralentissant pas pour reprendre son souffle. Il arriva finalement sur le toit du bâtiment. De hautes grilles surplombant le bord du toit du bâtiment . 

William hors de souffle, s'accroupit au sol, vidé de son énergie. Il avait encore mal partout, et il était épuisé. Il s'allongea au sol, la tête qui tournait, et ferma les yeux. 

Le vent timide souffla sur son visage, lui offrant son réconfort. William murmura :

- Je ne veux pas y retourner, j'ai peur de ce qui va arriver. 

Il entendit alors la voix de son professeur qui l'appelait. Sa voix se rapprochait, mais William ne voulait plus lutter. 

Une goutte de pluie tomba sur sa joue, suivie par une autre et encore une autre. La pluie commença à tomber doucement sur William, puis elle devint plus forte. Le jeune homme resta allongé sous la pluie battante, sans bouger. Le froid qui lui glaçait les os était presque rédempteur et lui offrait un calme plus qu'attendu. 

Tout à coup, la porte du toit s'ouvrît en grand. William comprit qu'il s'agissait de son professeur. Quand celui-ci vit le jeune homme allongé sous la pluie battante, il s'exclama :

- William !

L'accalmie de William était finie. Il laissa ses yeux fermés, attendant que son professeur fasse un geste. L'homme s'approcha de William et déclara :

- William, il faut que l'on rentre à l'intérieur. Tu vas tomber malade si tu restes ici…

William ne bougea pas. Des larmes se mêlèrent lentement à la pluie qui couvrait son visage. Il murmura :

- Je n'en peux plus. Je suis fatigué de tout ça. Je ne veux plus vivre comme ça.

William savait que son professeur était juste à côté de lui et qu'il l'avait entendu. Son professeur ne dit rien. Puis, il déclara :

- Je suis désolé...

William se sentit comme touché par ses mots qui lui étaient si peu familiers. Il sourit et murmura :

- Merci. 

Puis, il se mit à grelotter violemment, le vent froid soufflant contre ses habits trempés. Le professeur s'en rendant compte demanda :

- Est-ce que tu est prêt à rentrer à l'intérieur ?

William hocha la tête et se releva sous la pluie battante. Ses muscles étaient engourdis par le froid et la fatigue et il faillit glisser sur le sol mouillé. Le professeur prit doucement son bras et le passa autour de son épaule. William gémit quand le professeur le toucha et celui-ci s'excusa :

- Pardonnes-moi William, mais c'est la seule façon pour que l'on te sorte d'ici.

William hocha la tête et plaça lentement un pied devant l'autre. Ils finirent leur progression laborieuse quelques minutes plus tard, étant complètement trempés. Le professeur voyant que William ne pourrait pas trouver la force de descendre les escaliers lui demanda :

- Pourrais-tu essayer de te tenir à moi pendant que je te porte sur mon dos ?

William le regarda, fatigué, et répondit :

- D'accord. 

Le professeur le prit sur son dos tout doucement pour ne pas lui faire mal. William se détendit enfin quand il fut sur les épaules de son professeur. Il murmura :

- Merci monsieur, merci de m'aider. Je n'en vaut pas la peine… Mais je vous remercie de m'avoir aidé…

Son professeur allait protester quand William reprit d'une voix plus basse encore :

- Je crois que je vais me reposer, je suis un peu fatigué…

Puis, il ferma les yeux, incapable de rester éveillé plus longtemps. 

Son professeur s'exclama :

- William, attends !

Il ne reçut pas de réponse. Il s'arrêta sur un pallier de l'escalier et fit descendre William de son dos. Le garçon était frigorifié et tremblait de froid. Son souffle chaud semblait le seul indicateur qui annonçait qu'il était en vie. Le professeur prit son pouls qui était faible. Il jura et prit le jeune homme dans ses bras pour l'emmener à l'infirmerie. 

Il courut vers l'infirmerie pour y amener William le plus vite possible.

Dans les couloirs, tous se demandaient pourquoi un professeur tenait un élève évanoui dans ses bras et pourquoi les deux étaient trempés. Le professeur faisait de son mieux pour garder William en sécurité et le transporter rapidement. 

Il arriva enfin devant l'infirmerie et ouvra la porte en grand. Il s'exclama :

- Je l'ai retrouvé !

L'infirmière arriva et lui demanda de le déposer sur un lit. Puis elle lui demanda :

- Que s'est il passé Evhan ?

Il répondit : 

- Il s'était réfugié sur le toit. Il était allongé sous la pluie. Je l'ai persuadé de venir avec moi, mais il a perdu connaissance. J'ai dû le porter jusqu'ici. 

L'infirmière s'occupa de son patient. Elle enleva sa chemise trempée et essuya doucement le corps de son patient. Puis, elle appliqua une paumade sur ses bleus. Elle soigna ses coupures et observa ses côtes et sa main. Elle déclara :

- Je pense qu'il a des côtes fracturées. Il ne le montre peut être pas mais la douleur doit encore être terrible. Je me demande comment il a fait pour supporter ça. 

Les deux adultes observèrent l'expression de douleur de William. L'infirmière déclara :

- Je vais lui injecter un anti-douleur. Ça sera mieux pour lui. Il lui faudrait aussi aller à l'hôpital le plus tôt possible.

Elle s'occupa du reste du corps de son patient et expliqua ses diagnostics au professeur. Ils étaient tous deux effarés par la situation. Le jeune homme de 16 ans semblait avoir été battu de longue date et son corps était en très mauvais état c'était une chance qu'il ne perde pas connaissance en cours de sport. Son état était inquiétant : malnutrition, des nombreux bleus, des blessures éparses, des traces de fractures, un corps faible, maltraité et surmené. 

Evhan réfléchissait encore à l'état de William plus tard dans la journée. Le comité psychologique et médical avait décidé qu'il était beaucoup trop dangereux de laisser William sous la garde de ses parents. Malheureusement, il leur était interdit de garder William dans le lycée sans autorisation légale. De plus, il était encore endormi.