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Chapter 19 - Sauter

Sous l'effet du taser, Raphaël, épuisé et à bout de forces, lâcha finalement l'information que Kai attendait. Sa voix tremblait, mais il parla sans hésiter cette fois :— "Le dossier... des policiers... se trouve dans un autre fichier. Je vais te dire où..."Raphaël lui expliqua l'emplacement exact, chaque mot étant arraché à sa douleur. Kai, imperturbable, appliqua immédiatement les instructions. Ses doigts volaient sur le clavier, cherchant le dossier dans le dédale des fichiers archivés. En quelques secondes, il trouva enfin ce qu'il cherchait : une grille de noms et prénoms des agents en activité.Kai répéta mentalement le nom de l'inspecteur qui avait refusé la plainte des parents d'Eliott, son visage devenant plus sombre à chaque instant. Il fit défiler les noms avec une précision méthodique, ses yeux balayant rapidement la liste jusqu'à ce qu'il trouve enfin le dossier tant recherché. Ses lèvres s'étirèrent légèrement en un sourire froid.Kai se tourna alors vers Raphaël, toujours ligoté sur sa chaise, et lui demanda calmement :— "L'imprimante... elle fonctionne ?"Raphaël hocha la tête avec un mélange de peur et de résignation, sa voix à peine audible.— "Oui... elle est prête. Tu peux imprimer."Sans perdre de temps, Kai sélectionna l'intégralité du dossier de l'inspecteur et lança l'impression. Le bruit mécanique de l'imprimante emplit la pièce, chaque feuille marquant une étape supplémentaire dans la descente de Kai vers la vérité. Alors que les pages sortaient une par une, Kai, impassible, restait concentré, observant le processus.Raphaël, quant à lui, ferma les yeux, sachant que sa journée ne faisait qu'empirer, son corps toujours douloureux sous l'effet des décharges.—----------Alors que Kai commençait à regrouper des feuilles sur le bureau, Raphaël regardait avec des yeux remplis de confusion et de peur. Il voyait Kai manipuler les dossiers avec une minutie étrange, comme s'il préparait quelque chose de calculé. Quand il aperçut le flacon de désinfectant pour les mains, un frisson glacé lui parcourut l'échine.« Qu'est-ce que tu fais ? » demanda Raphaël, sa voix tremblante.Kai, concentré, ne répondit pas tout de suite. Il continuait à répandre généreusement le désinfectant sur les papiers. L'odeur d'alcool devenait insupportable, envahissant la pièce.« Arrête... » supplia Raphaël, sa gorge nouée par la peur. « S'il te plaît... Tu vas... »Kai, en reculant doucement, tourna finalement son regard vers Raphaël, ses yeux brillants de détermination.« Quoi ? Je fais quoi ? » répondit-il avec une froideur presque détachée.« T-Tu vas brûler l'endroit... T'es fou ! » cria Raphaël en tirant désespérément sur ses menottes, sa voix s'élevant dans une tentative désespérée d'attirer l'attention de quelqu'un, de n'importe qui. Mais les murs du local d'archives étouffaient ses cris.Kai sortit alors le taser de sa ceinture. L'appareil émettait un faible bourdonnement électrique, presque imperceptible. Il fit mine d'examiner l'appareil, réglant calmement la puissance sur « fort », puis s'approcha légèrement du tas de papiers imbibés.Raphaël, voyant le taser et comprenant enfin ce qui se tramait, hurla : « Non, non, s'il te plaît ! » Il secoua frénétiquement la tête, des larmes coulant sur son visage.Les yeux écarquillés, Raphaël tenta de hurler à l'aide, ses cris désespérés résonnant dans le bureau silencieux des archives, mais il savait déjà que personne ne l'entendrait. Kai, impassible, appuya sur la gâchette du taser.L'arc électrique jaillit, frappant le tas de papiers imbibés d'alcool. Instantanément, une étincelle crépita, puis une flamme jaillit, se propageant rapidement sur le bureau, dévorant les feuilles imbibées d'alcool. Les flammes montaient haut, illuminant la pièce d'une lumière vacillante et suffocante.—--------------Kai regarda Raphaël avec un sourire calme, presque narquois, alors que les flammes continuaient à lécher les bords du bureau. « Ne panique pas, Raphaël, ton lieu de travail ne brûlera pas complètement. Tu ne finiras pas au chômage... Il te suffira de tout recommencer. »Les yeux de Raphaël, toujours écarquillés de peur, se remplirent de colère. « Tu es complètement fou ! » hurla-t-il, tremblant de rage et de panique.Kai, imperturbable, attrapa la chaise sur laquelle Raphaël était toujours attaché et la traîna avec une facilité déconcertante hors du bureau, le positionnant juste devant l'alarme incendie. Il se pencha légèrement vers lui, gardant son calme glacial. « Raphaël, j'ai besoin de toute ton attention. Si tu fais preuve d'efficacité, tu sauveras non seulement ton travail, mais aussi ta vie. Voilà le plan. Je vais te mettre à quelques mètres de l'alarme incendie. Ton rôle sera d'appuyer dessus aussi vite que possible. Tu vois l'alarme ? Elle est juste là. »Raphaël, tremblant et presque au bord de la crise de nerfs, balbutia : « Mais... mais c'est impossible... je suis toujours attaché ! »Kai se contenta de sourire légèrement, avant de répondre calmement. « Ne t'inquiète pas, je ne suis pas un monstre. » Il s'approcha et détacha la main droite de Raphaël, puis desserra légèrement les menottes autour de ses jambes, juste assez pour lui permettre de les bouger un peu, mais pas de se libérer complètement.Raphaël regarda ses pieds encore liés et demanda, confus : « Comment je suis censé appuyer sur l'alarme si mes pieds sont toujours attachés ? »Kai resta silencieux un instant, rassemblant ses affaires. Puis, juste avant de quitter la pièce, il se retourna avec un sourire presque moqueur. « C'est simple, tu vas devoir sauter. Saute, et appuie. Ça ne devrait pas être si compliqué. » Il fit un geste vers l'alarme. « Je veux juste être sûr que j'ai assez de temps pour sortir du bâtiment sans que l'alarme ne se déclenche trop tôt. Ne sois pas bête, Raphaël. »La colère de Raphaël monta d'un coup, et dans un élan de frustration, il commença à sauter sur place, tirant sur ses jambes enchaînées, son regard brûlant de rage et de désespoir. Chaque saut était maladroit, mais l'idée de mourir dans cet incendie, ou de voir son lieu de travail détruit, lui donnait une énergie désespérée.Kai, observant la scène, sourit une dernière fois avant de s'éloigner calmement. « Bonne chance. »Alors que Kai quittait lentement la pièce, Raphaël continua de sauter frénétiquement, se rapprochant petit à petit de l'alarme. Le bruit des flammes qui se propageaient dans le bureau résonnait dans son esprit, chaque seconde pesant comme une éternité.