Dire qu'Hayes me fusillait du regard était peut-être trop faible face à la réalité de la chose. Resté silencieux, le Roi semblait osciller entre la surprise et la rage.— Lève-toi, m'ordonna-t-ilObéissant, je me relevai, m'approchant d'un pas avant de me stopper. J'avais toujours mon oignon toujours en main que je laissai rapidement tomber sous le regard de Seth, le poing serré.— Hayes, qu'est-ce que tu...— Votre langage, Prince Elian, me rappela son conseiller à ses côtés.Je sentis Seth se tendre davantage.— Excusez-moi, m'inclinai-je, peu désireux d'attirer davantage les foudres de mon cousin. Depuis quand êtes-vous là, Votre Majesté ?...— Depuis bien suffisamment de temps pour me rendre compte de beaucoup de choses, répondit-il sèchement. Je me demandais ce qui avait pu retarder tes lettres. J'ai donc ma réponse.— Ce n'est pas... Seth tenta de s'interposer, avançant d'un pas. La garde rapprochée du Roi lui barra pourtant rapidement le passage, menaçante.— Vous., gronda Hayes en se tournant vers celui qui était devenu un ami. J'aurais dû vous exécuter comme prévu.— Votre Majesté, mieux vaut rester calme ici... prévint son conseiller, arrachant une grimace au Roi.— Je ne vais pas le tuer, assura l'homme. Pour autant... Vous n'êtes qu'un parasite. Vous étiez à la tête de ces hommes. Et je vous retrouve à transformer le Prince d'Hapalan en vulgaire paysan.— Il n'est pas... À mon tour, je tentai de m'interposer, me faisant tout aussi rapidement arrêté mais cette fois par la main levée de mon cousin.— Je devrais ordonner votre arrestation et votre exécution pour vos actes, continua Hayes— Votre Majesté...Lui qui semblait raisonnable quelques secondes auparavant ne ne paraissait soudain plus écouter son conseiller. A la place, il approcha, menaçant Seth devenu immobile.— Je devrais demander à mes gardes de vous faire écarteler immédiatement, continua-t-il, crachant son venin au visage du paysan.— Vous n'oseriez pas vous attirer la haine de toute une région, gronda Seth sous mon regard soudain plus effrayé.Que faisait-il ? Pourquoi n'était-il pas capable de se taire lorsqu'il le fallait ? Pourquoi fallait-il toujours qu'il provoque ?!— Vraiment ? Vous êtes si importants pour eux ?Le sourire d'Hayes ne m'inspirait pas confiance quoique son regard était peut-être pire. Figé sur Seth, il semblait plus ravi qu'en colère. Mais agir... Non, je ne pouvais prendre aucun risque. La garde semblait bien trop prête pour cela.Ce fut un pas supplémentaire d'Hayes vers Seth qui me fit pourtant changer d'avis.— Ça suffit ! m'interposai-je ainsi, repoussant Seth en arrière pour faire face au Roi. Il n'y est pour rien. J'ai décidé seul de les aider. Si tu dois punir quelqu'un, punis moi. Mais Seth n'y est pour rien. Répétai-je, assuré.— Elian, tu...J'arrêtai Seth d'un geste de la main, ne quittant pas mon cousin du regard.— Seth Parsons n'y est pour rien, répétai-je à nouveau. Il n'a fait que suivre ce que je voulais. Il ne mérite aucune exécution.Le Roi se redressa lentement, me toisant du regard, silencieux.
Son silence me donnait autant espoir de l'avoir convaincu que de voir que la mort était proche pour moi. Et il dura. Longtemps. Trop pour Seth qui s'avança à nouveau, visiblement décidé à en découdre. Refusant cette finalité bien trop funeste, je fis volteface pour l'arrêter, ma main sur son torse, les yeux fixés dans les siens, le suppliant du regard de ne rien faire.
— Tu me donnes donc le choix entre croire ce que j'ai vu et te faire confiance, finit par articuler Hayes, m'obligeant à me retourner.— Je suis ton cousin, soufflai-je alors malgré le regard courroucé du Conseiller face à mon langage. Fais-moi confiance... Tu sais pertinemment que je ne te trahirais jamais.A nouveau, Hayes se tut alors que je sentais la main de Seth entourer mon bras. Que voulait-il ? Je ne pouvais pas tourner le regard, je ne pouvais pas prendre parole alors que le Roi semblait encore réfléchir.— Je te promet que Seth n'y est pour rien. Tes soldats ont d'ailleurs continué à les surveiller. S'il avait voulu nous changer... Il l'aurait fait avec tous, n'est-ce pas ?Le mensonge était gros mais j'espérais qu'Hayes n'ait croisé personne d'autre à part nous alors que, du coin de l'oeil, j'avais aperçu Myles courir pour... Il fallait qu'il prévienne les autres.Un mensonge qui sembla enfin prendre alors qu'il arquait un sourcil, observant autour de nous, comme pour les chercher.
— Où sont-ils ? Allez me les chercher, ordonna-t-il à sa garde avant de se retourner vers nous. Je vais discuter avec eux. Si leur version diffère... Nous verrons.La menace était claire alors que j'hochai la tête, sentant la main de Seth se faire plus pressante sur mon bras.J'avais envie de me retourner, j'avais envie de le rassurer alors que sa tension me parvenait presque douloureusement, ne faisant que s'ajouter à la mienne. Mais je ne pouvais rien faire d'autre qu'obéir à Hayes et le suivre alors qu'il me l'ordonnait.
Nous avions heureusement retrouvés Myles, Adriel et Phillip à l'auberge et surtout en tenue. Je dus d'ailleurs retenir un soupir de soulagement à cette vue. Myles avait été assez rapide pour prévenir les autres. Et ainsi l'inquisition put-elle commencer. Silencieux, posté dans un coin de la pièce, je priai tous les saints que tous aient la même version, comme s'il existait un monde où mes pensées avaient été partagées.— Il ne te fera rien, m'assura soudain sèchement Seth.Il s'était faufilé jusqu'à moi, l'air soucieux. Soupirant à son regard, j'esquissai un léger sourire qui se voulait rassurant aux lèvres.— N'aies pas peur pour moi, soufflai-je. Je sais ce que je dois faire. Mais je t'en supplie, reste tranquille. Hayes ne sacrifiera pas son cousin, mais toi...Je n'étais à vrai dire même pas sûr qu'il ne me sacrifierait pas mais je préférais encore m'en convaincre. Cela m'éviterait au moins de paniquer.— S'il te touche...— Depuis quand est-ce que tu t'inquiètes autant ? tentai-je de plaisanter.Mais la réponse devrait attendre. Les entretiens prirent fin, m'obligeant à me rapprocher de mon cousin.— Soit ces soldats te sont totalement dévoués... Soit ce que tu m'as dit est la vérité, conclus enfin Hayes.— Je t'ai dit la vérité. Il n'ont fait que te la confirmer, assurai-je à nouveau, plus que soulagé.Ils m'avaient couvert tout en me vendant. Un paradoxe que je ne pouvais expliquer que par Myles qui était certainement le seul à me connaître bien assez suffisamment pour savoir ce que j'allais pouvoir dire au Roi pour me défendre, pour défendre le village et Seth avec.— Soit, fustigea le Roi dont le regard me sembla presque déçu. L'affaire n'est pas close, tu l'entendras néanmoins. De ce fait... Tu rentreras avec nous dès ce soir. Capitaine Harding ?Myles s'approcha d'un pas, au garde à vous.— Vous serez relevé dans une semaine. J'enverrais des soldats vous remplacer. D'ici là, continuez votre travail. Vous prenez la tête de cette mission.— Oui, Votre Majesté.Myles ne pus rien objecter malgré le regard inquiet qu'il me parut percevoir.— Prince Elian ?Je le tournai vers le Conseiller.— Nous devons partir avant la nuit. Allez préparer vos affaires.Un instant, j'observai Myles et les autres, assommé par ce que je venais d'entendre. Je n'avais pas envie de partir. Là où j'avais espéré ne jamais partir, je refusai aujourd'hui de retourner au chateau. Maisavais-je réellement le choix ?Non, bien sûr. Alors, j'acquiesçai et... Où était passé Seth ? Clignant des yeux, j'observai autour de nous. Personne. Il avait disparu. Un mal pour un bien, à vrai dire. Cela serait presque plus facile alors que des adieux venaient de se dessiner en moins de deux minutes. Ces adieux, je les fis d'abord à Tom, d'un regard avant de quitter l'auberge, non sans m'être incliné face au Roi.
Je rejoignis alors ce qui avait été ma demeure de quelques semaines, la mort dans l'âme. Qu'allais-je donc devenir, désormais ? Hayes était en colère contre moi, évidemment, mais au chateau... Qu'allais-je faire ? Allait-il me renvoyer en mission ? Ailleurs, peut-être m'envoyer encore plus loin ? A la frontière sud ? Près d'Ovejan et son désert ?
Ces incertitudes me tordaient l'estomac alors que j'empaquetais mes vêtements dans la malle prévue à cet effet.
— Viens avec moi.La voix sortie de l'ombre me fit sursauter. Je me redressai alors, faisant face à Seth, le teint blafard.— Seth... soufflai-je en reprenant l'empaquetage de mes affaires.— Laisse ça, insista-t-il en attrapant mon bras. Viens.— Je dois partir avant la tombée de la nuit, rappelai-je.— Ça nous laisse plusieurs heures. Il n'est que 10h00. S'il te plait, viens...Je ne l'avais jamais entendu supplier ainsi alors que son regard me faisait serrer le poing. Je n'aimais pas cela. Je n'aimais pas l'entendre et le voir ainsi. Et je n'avais pa su refuser à nouveau. Le suivant, nous avions rapidement rejoins Rhys qui...— J'ai scellé et ferré votre cheval, Elian, m'indiqua-t-il en tendant la bride à Seth. Nous allons finir vos malles, ne vous en faites pas.— Merci... soufflai-je en observant l'homme monter dessus et me faire signe de faire de même sans que je ne comprenne rien de ce qu'il se passait.— Dépêche toi, m'ordonna-t-il... Non, me supplia-t-il à nouveau.Et à nouveau, j'obéis, grimpant derrière lui. Ce fut au galop qu'il partit, passant par des chemins qui m'étaient alors inconnus. Du trajet, Seth ne prononca aucun mot malgré mes questions et mes avertissements. Je devais être rentré avant la nuit. Alors où qu'il puisse m'emmener, il devrait me ramener.Et si je n'avais pas su m'orienter à travers les chemins empruntés, je reconnus pourtant notre destination. La cabane. Simplement la cabane. Nous avions perdu une heure de trajet pour la cabane... Fronçant les sourcils, je descendis de cheval. Laissant Seth attacher l'animal, j'entrai à l'intérieur, fuyant la pluie qui s'invitait pour compléter cette triste journée.
— Pourquoi avoir perdu autant de temps pour venir ici ? demandai-je en m'asseyant à la table. Nous n'aurons pas le temps ni de nous occuper des moutons, ni de réviser des liv...— Reste.Je restai coi, interdit face à un mot qui était pourtant clair.— Seth... Le Roi m'a ordonné de...— Je me fous de ton Roi à la con, articula-t-il plus férocement. Reste. C'est tout.— Mais...— Ne m'oblige pas à te supplier. Tu dois rester. Je...Fronçant les sourcils, je me levai doucement pour m'approcher de lui. Il semblait... Je n'arrivais pas à déterminer l'émotion qu'il ressentait alors que je l'observai pourtant avec toute l'attention du monde.— Je ne peux pas, Seth.Ma voix, pour la première fois, s'était faite douce alors qu'il me semblait que la chose la plus importante était de le rassurer.— Reste...Sa supplique me brisa le coeur, me laissant impuissant. Et ce fut pire lorsque je vis une larme rouler le long de sa joue.— J'ai besoin de toi...Que lui prenait-il ? Resté muet, le regard figé, immobile, mon coeur semblait exploser douloureusement. Le voir pleurer... Lui que j'avais toujours vu comme un roc incassable, fier et affreusement provocateur ?— Tu... Je tentai de parler, en vain.— S'il te plait. J'ai besoin que tu restes... me supplia-t-il à nouveau.— Tu pourras trouver quelqu'un d'autre pour t'apprendre à lire, assurai-je soudain, me retenant d'essuyer ses larmes.— C'est pas pour ça ! répondit-il brutalement.— Alors pour quoi ? Tu as tes parents, ton frère, tes amis et ta femme ici... Tu n'es pas seul et...— Ma femme ?Seth s'arrêta, net, m'observant dans une incompréhension totale, ses larmes cessant presqu'instantannéement. — Oui, assurai-je, soulagé. Sophia. Elle viendra avec toi ici une fois l'enfant plus âgé, elle t'aidera aussi, tu ne...— C'est ma sœur.Je restai muet, calculant ce que Seth venait de dire, tentant de comprendre pourquoi il pouvait me parler de sa sœur. Il avait donc une sœur ? Je ne l'avais jamais vu et...— Sophia est ma sœur, reprit-il. Tu pensais que...— Ta sœur ?— Oui. Ma sœur.— Ta... Sœ...— Combien de fois tu vas le répéter ? grogna-t-il nerveusement avant de s'approcher.Et dans un geste que je n'avais pas vu venir, que je n'aurais jamais pu calculer, j'avais senti son bras m'entourer, m'attirer à lui, me figeant sur place. Pourquoi mon coeur venait-il de se remettre à battre ? Pourquoi tremblai-je soudainement ? Pourquoi sentais-je les larmes me monter aux yeux ?— Reste... répéta Seth à mi-voix. Je t'en supplie, Elian. Reste...Resté immobile, je ne sus retenir ces perles de douleur qui glissaient le long de mon visage alors qu'instinctivement je cachai ce dernier contre Seth. Pourquoi ressentais-je autant d'apaisement que de douleur à cet instant ?— Je ne peux pas...Hayes m'avait ordonné de partir. Je devais partir.— Pitié...Comme un coup de grâce, Seth me fit bouger. Mes mains glissant dans son dos, j'agrippai sa chemise dans un sanglot impossible à taire alors qu'il m'attirait davantage à lui.Ce que nous faisions... Je n'y réfléchissais pas vraiment alors que je sentais sa main se glisser dans mes cheveux. La seule et unique chose que je savais encore était que je n'avais pas envie de partir.
— On va rester ici, proposa Seth. Je vais faire prévenir mes parents. On reste ici. Personne ne te trouvera ici. Personne ne nous vendra au village. On reste ici et tu ne repars pas là-bas. Tu ne t'en vas pas et...— Pourquoi... ?Cette question fut la seule chose que je réussis à articler, contraint de retenir mes sanglots contre lui, tremblant de toute part sans en comprendre le sens. La vérité était sûrement que je refusai d'en comprendre le sens de tout cela alors que son parfum m'apaisait autant qu'il m'angoissait à cet instant— Je...Le silence était sûrement le mot du jour car Seth y plongea à son tour alors que je me détachai enfin de lui, osant relever la tête. Il n'avait jamais été aussi proche de moi. Il n'aurait surtout jamais dû l'être. Et pourtant, il semblait à sa place sans que je ne veuille me l'admettre.Pourquoi réagissai-je ainsi ? Pourquoi avais-je soudain tant besoin de ses bras ? A son instar, je ne réussis à répondre à aucune de ses questions alors que ses yeux se plongeaient dans les miens.
— Reste...Il n'avait que ce mot aux lèvres. Reste. Savait-il au moins combien je voulais rester ? Combien l'idée de partir m'était insupportable ? Combien le voir me supplier rendait les choses pires encore ?— Ne fais pas ça... suppliai-je à mon tour.Je ne devais pas céder à ses suppliques. Je ne pouvais pas me laisser aller de la sorte. Je ne pouvais pas aimer son parfum, sa voix, son humour ou même son insolence. Je ne pouvais pas me rendre compte maintenant de tout ce que j'allais perdre en partant. Je ne pouvais pas plus craindre son absence que l'incertitude de mon avenir au chateau. Non, je ne pouvais pas. Et parce que je ne pouvais pas, je l'avais soudain repoussé, violemment.— NE FAIS PAS ÇA ! hurlai-je.Mais cela ne l'arrêta pas. Au contraire. Un instant surpris par mon geste, Seth revint vers moi, m'attirant de nouveau à lui.— Je peux pas, murmura-t-il. J'ai essayé. Je peux pas...Mais moi ? Le pouvais-je vraiment ? Il devait le faire pour moi. Il fallait qu'il le fasse pour moi, qu'il se rende compte de ce qui ne devait pas se passer. De ce qu'il s'était déjà passé.— Reste...Mes limites avaient été atteintes alors que je tentai de nouveau de m'échapper, de le supplier de ne pas faire ça, de me laisser partir. J'avais tenté. De toute mon âme, j'avais tenté de partir, pas par envie mais bien par peu de ce qui pourrait lui arriver si je ne revenais pas au chateau. Il le tuerait. Il lui ferait porter la responsabilité de mon absence et... Je ne pouvais pas risquer sa vie.Relevant le regard vers lui, je restai silencieux, les larmes perlant sur mes joues alors que son regard douloureux me brisait davantage. J'avais peur, bien plus que je n'avais jamais eu peur dans ma vie. Le sentait-il ? Sa main, doucement, se posa sur ma joue, essuyant les larmes du pouce alors qu'il m'observait plus intensément qu'il ne l'avait jamais fait.— On est en sécurité ici, m'assura-t-il à mi-voix. J'ai besoin de toi Elian...Je ne pouvais plus. Je n'arrivais plus à lutter contre lui, ma main s'accrochant davantage à sa chemise. Je n'avais plus envie de lutter alors que ses lèvres, lentement, se posaient contre les miennes.Fut-ce la surprise, l'incompréhension, la peur ou le soulagement, je n'arrivai plus à faire la moindre distinction entre mes émotions. Combien de temps cela dura-t-il ? J'en perdis toute notion mais il me sembla que cela fut trop court alors que je sentais déjà ses lèvres se détacher des miennes, me laissant presque immobile. Seule ma main se serra davantage sur sa chemise, comme pour l'empêcher de s'éloigner alors.
— Promets-moi que tout ira bien... articulai-je contre ses lèvres encore si proches. Promet moi que tu es en sécurité.C'était le plus important. La seule chose qui pourrait encore me faire changer d'avis.— On est en sécurité ici, répéta-t-il.Comme un point final à ma décision, mes lèvres reprirent possession des siennes, abandonnant la moindre de mes armes pourtant dressées contre lui.Je n'avais jamais embrassé personne. Le destin semblait vouloir être cruel alors que cet homme m'avait volé mon premier baiser, qu'il me volait l'avenir auquel j'étais promis. Pire, il était cruel tant je désirai lui donner tout ce qui faisait de moi un Prince. Je n'avais pas besoin d'explication. Je n'avais besoin de rien d'autre à cet instant que de lui, de sa douceur, de ses bras et de sa voix qui me rassurait.Je n'avais plus besoin de partir.
Et ainsi étais-je resté.Seth se chargea de prévenir ses parents. Mes affaires, elles, furent discrètement ramenées par Tom et Rhys.
Le Roi, paraissait-il, fut fou de rage face à mon absence évidente. Et trois jours durant, l'on me chercha dans le village et les alentours, en vain. Aucun habitant ne nous vendit. La cabane resta introuvable, perdue dans les bois. Le chemin l'y menant avait été momentanément condamné par les parents de Seth.
Combien de temps allions-nous encore rester cacher ? A vrai dire, je m'en moquais éperdument. Le temps semblait s'écouler bien différemment dans la cabane alors que je découvrais Seth différemment, que je me perdais dans ses bras autant que dans sa voix. Nous avions pourtant pris le parti de continuer nos tâches habituelles. Mais tout me semblait différent. Tout me semblait soudain plus doux malgré cette situation précaire.
Je n'avais pourtant aucun droit à cela. Chaque jour, je savais combien je désobéissais et combien sa vie serait en danger si quelqu'un l'apprenait. Ma vie, quant à elle, étaient de toutes les manières déjà brisées tant je ne pouvais admettre de retour en arrière possible. Alors chaque jour je me laissai glisser un peu vers lui, apprenant à connaître sa peau qui m'étreignait, sa douceur et sa présence qui m'apaisaient.Ce ne fut qu'à l'aube du quatrième jour qu'enfin nous vîmes Myles arriver. Le Roi était parti, ne pouvant rester loin de son chateau trop longtemps pour des raisons aussi futiles. Il avait chargé Myles, Phillip et Adriel de nous retrouver.— Pourquoi avez-vous fait ça ? me demanda malgré tout Myles dont l'inquiétude ne pouvait être masquée.— Je...Comment pouvais-je répondre à cela ? Mon regard se porta sur Seth, silencieux alors que Myles m'imitait.— Si le Roi apprend que vous en êtes la raison... souffla le capitaine visiblement conscient de cela.— Il ne l'apprendra pas, assurai-je brusquement. Il ne l'apprendra jamais. Nous...— Maman ?La voix de Seth avait détourné mon attention, la déportant sur la porte d'entrée et surtout sur Elaina, à bout de souffle, trempée de la pluie qui battait dehors.— Seth... Tu...— Maman, qu'est-ce qu'il se passe ? s'inquiéta Seth, soutenant sa mère.— Ton père, il... Il ne va pas bien...