Chereads / You'll forever be The One / Chapter 17 - Chapitre 17

Chapter 17 - Chapitre 17

Il n'avait fallut que quelques courtes minutes pour que Seth et moi nous ruions à l'extérieur de la cabane, Myles sur nos talons. Si Elaina était venue de si loin, nous ne pouvions que craindre le pire.

Aidant la mère de famille à monter derrière son fils, je pris le parti de compter sur Myles pour m'emmener jusqu'à la ferme des Parsons.

Là-bas, nous y retrouvâmes la famille entière et surtout Isaias, allongé, gémissant. Fronçant les sourcils, je m'approchai rapidement de lui alors que Seth se ruait de l'autre côté de son père.— Qu'est-ce qu'il a ? me demanda-t-il alors que je posai ma main sur son front.— Je ne suis pas médecin. Rappelai-je dans un grognement inquiet, constatant la chaleur de son front. J'ai vu la bonne faire cela à sa fille lorsqu'elle était malade. Elaina, apportez moi une bassine d'eau fraîche et un linge s'il vous plait. Felix, tu peux aller me chercher de la soupe ? Sophia, si vous pouviez me chercher des draps propres aussi et prévenir Tom de nous faire davantage de soupes encore.— Il y a eu un mauvais air, souffla Elaina avant de partir.Un mauvais air... Comme il y avait pu avoir lorsque la première fille d'Aleah était tombée malade. De très mauvais souvenirs alors que je jetai un regard vers Seth, absorbé par son père, qui tentait de lui parler, de le faire parler, en vain.— Il doit se reposer, le prévins-je plus doucement.— Qu'est-ce qu'il a ?Je ne savais toujours pas lui répondre. Je n'avais aucune idée du mal qui l'avait pris alors que quelques jours auparavant, il se trouvait être en parfaite santé. Alors quoi ? Pourquoi ? Comment ? Je n'en savais rien et je sentais que ce manque de réponse l'inquiétait sans que je ne puisse y faire quoique ce soit.

Au moins les tâches que j'avais pu donner aux autres furent-elles rapidement exécutées avant que je ne laisse Isaias aux mains de sa femme et de ce qui était donc sa fille. Guidant Seth à l'extérieur de la maison, je le laissai faire les cent pas sans savoir comment l'arrêter.

— Est-ce qu'il va s'en sortir ?! demanda-t-il brusquement.Oui ? Non ? Peut-être ? Assurer une chose que je ne savais pas me semblait irrecevable alors que lui dire ? Baissant le visage, je fronçai les sourcils.— T'énerver ne servira pas ton père et...— Et rester calme, si ?! Il n'y a aucun médecin avant Larnwick ou Littlemaw ! DEUX JOURS de route. Il faut deux jours !— Alors vas y, coupai-je court. Dépêche toi. Je vais rester ici. Je ne suis pas médecin mais j'ai vu des médecins faire lorsque nous étions malade ou même pour s'occuper du père d'Hayes qui... Il n'était au courant de rien. Inutile de lui faire part de cette partie de ma famille maintenant alors que je secouai la tête.— Pars, ordonnai-je alors qu'il restait figé, immobile. Vas y, Seth. Maintenant.— S'ils reviennent...J'entendais son inquiétude soudaine, le dilemme qu'il semblait peiner à trancher, mais cela ne changeait rien pour moi.— Je retournerais à la cabane avec ton père pour prendre soin de lui. Myles va partir avec toi. Adriel et Phillip seront là pour moi. Alors pars. Maintenant, insistai-je à nouveau.Il me fallut peut-être insister deux ou trois fois de plus pour qu'enfin il suive mes ordres. Profitant du moment de prévenir sa mère, je demandai cette faveur à Myles qui accepta sans même poser la moindre question alors que Seth revenait déjà, me murmurant quelques mots. Prendre soin de moi. L'homme m'arracha un léger sourire alors qu'il glissait une seconde sa main dans la mienne. Comment un geste aussi banal avait-il pu devenir si important pour moi ? Là encore, cette question n'obtint pas de réponse suffisamment rapide pour l'empêcher de partir, les deux hommes s'éloignant déjà au galop dans la campagne.Les quatre jours qui suivirent furent à vrai dire bien plus difficiles que je ne l'avais imaginé. Si nous avions rapidement espéré que l'état d'Isaias se stabilise, l'air frais semblant lui faire du bien autant que l'eau fraiche dans lequel nous le baignions chaque jour, le soir du troisième jours signa la fin de mes espoirs. L'état de l'homme s'aggrava. Je le sentais chercher son air, j'entendais les râles provenant de ses inspirations autant que ses gémissements dès lors que nous voulions le mobiliser, je voyais ses lèvres se colorer d'une couleur qui n'avait rien de rassurante. 

La toux d'Isaias s'était pourtant calmée et si je me refusais d'alarmer son épouse qui semblait suffisamment croire en la bonté du Seigneur et en sa miséricorde pour espérer le rétablissement de son mari... Tout me laissa trop rapidement croire que les choses n'allaient pas en s'améliorant. La preuve m'en fut donné lorsque je voulus lui donner à boire, touchant sa peau froide alors que son regard terme me fixait.

— Seth... Mon brave Seth... articula-t-il, la voix rauque.— Je suis Elian, Monsieur Parsons, répondis-je, soucieux. Il faut que vous buviez. Seth ne va pas tarder.— Tu as toujours été... un bagarreur hein... continua-t-il pourtant tenant de caresser ma joue sans que je ne l'en empêche. Fais attention à toi mon garçon... Tu mérites le mieux... D'accord ?— Je ferais attention...Que pouvais-je répondre d'autre alors que l'homme ne semblait même plus connecté à notre réalité. Le recouchant, je rejoignis alors Sophia, son enfant dans les bras, observant le chemin sur lequel Seth devait revenir.— Ma mère pense qu'il va s'en sortir... Baissant la tête, je ne répondis pas.— Vous êtes bon de l'épargner, Prince Elian, souffla-t-elle alors, me surprenant presque. Ses jambes... Elles se couvrent de fils bleus.Elle avait donc compris.— Je suis désolé de ne pas pouvoir faire plus.- Non ! m'arrêta-t-elle. Vous faites ce qu'il faut. Vous épaulez ma mère, vous prenez soin de mon père et vous avez rendu le sourire à mon frère. Vous êtes sûrement un envoyé du ciel venu pour aider ma famille entière.— J'aurais aimé l'être... répondis-je à mi-voix malgré le sourire arraché. Je me sens impuissant.— Nous le sommes tous. Mais l'important est de faire notre maximum et de continuer à le faire en dépit de tout. C'est ce que vous faites.Son regard posé sur moi fut certainement bien plus doux que je ne le méritais, au vu de mon aide bien trop limitée à leur égard.— C'est ce que tout le monde fait ici, rectifiai-je d'ailleurs. Vous travaillez, vous vivez comme vous le pouvez sans que cela ne soit jamais suffisant, vous donnez vos fils au Royaume en les envoyant à la garde... Vous élevez vos enfants. Vous êtes... A vrai dire je ne pensais pas dire cela un jour des habitants des campagnes mais vous êtes bien plus respectables que nous pouvons l'être dans notre chateau.Sophia sourit étrangement alors que son regard se tournait de nouveau vers la route, son enfant s'agitant dans ses bras.— Vous parlez comme mon époux, murmura-t-elle. Il venait de la ville et avant d'être appelé par la Garde Royale il m'avait dit la même chose que vous. Que nous étions respectables de vivre dans les campagnes... Bien plus que lui qui allait partir vivre au chateau le temps de son service.Ainsi était-ce pour cela qu'elle était seule. Seth ne m'avait donc pas menti et le soupir de soulagement que je poussai attira rapidement son regard interrogatif, rapidement coupé par ce qui apparaissait au loin.— SETH !Je n'attendis pas la moindre question pour me précipiter sur le chemin qui commençait déjà à être avalé par la nuit. Attrapant la bride de son cheval, j'aidai le paysan à descendre de son cheval sans qu'il ne m'adresse parole, préférant se précipiter vers le médecin pour l'aider à son tour.— Que tout le monde attende dehors, ordonna le mire. J'ai seulement besoin d'une personne.Si Seth voulut y aller, sa soeur l'arrêta rapidement pour me laisser sa place. Je sentais sa nervosité sans que je ne puisse tenter de l'apaiser, sans même savoir ce que je pourrais faire si je le pouvais... Mais puisque je ne le pouvais pas, je me contentai de suivre le médecin et ses ordres, mobilisant Isaias, lui tendant ses instruments lorsque la saignée deveint d'après lui le seul remède possible à son mal.

Pendant plus de deux heures, j'obéis sans poser de question, laissant faire l'homme de sciences et priant pour que cela soit suffisant jusqu'à ce qu'il ne déclare ne plus pouvoir rien faire d'autre. Hochant la tête, je le suivis à l'extérieur de la maison, face à la famille qui n'attendait qu'une chose : des réponses.

— Le mal qui a pris cet homme vient d'un air impur, conclut-il. Si quelque chose à changer dans votre environnement ces derniers jours, il en est sûrement responsable et vous avez de la chance que l'air ne vous ait pas tous frappé. Mais je ne peux rien faire de plus. Sa vie est désormais entre les mains du Seigneur. Mes compétences s'arrêtent ici, mais j'ai bon espoir.A ces mots, le visage d'Elaina s'éclaira alors qu'elle se précipitait aux pieds de l'homme, le remerciant, priant pour lui, le bénissant même pour l'aide qu'il venait d'apporter. Un homme qui la repoussa froidement, la laissant se précipiter au chevet de son mari, avant de se tourner vers Seth.— J'attend donc vos 100 sous dans une heure, comme promis. Je suis attendu dans un autre village.Cent sous ? Je clignai des yeux, surpris. Mais comment allait-il payer ? Comment pouvait-il même trouver la moitié de cet argent ? Ils n'avaient rien à part des moutons.— Il faut seulement attendre que Monsieur Ferguson arrive. Nous ferons la transaction. Cela ne devrait plus tarder, répondit l'intéressé plus sèchement encore que je ne l'avais jamais connu.Laissant le médecin partir pour le village, je l'observai, interdit.— Qui est Monsieur Ferguson ? demandai-je à mi-voix.— L'homme qui a toujours voulu de notre ferme, me répondit Sophia, le regard fixé sur son frère.— Tom va nous prêter des chambres. Et il y a la cabane. Le temps qu'on trouve comment faire, ça sera déjà ça de pris.Il avait vendu la ferme pour soigner son père ? Mais... De quoi allaient-ils vivre ? Comment allaient-ils pouvoir se loger, se nourrir s'ils n'avaient plus rien ? Cela ne semblait pas l'effrayer.— Il n'y a pas un autre moyen ? tentai-je en m'avançant vers Seth.— Lequel ?! s'en prit-il soudain à moi. Vendre mon bras ou mon pied peut-être ? On est pas dans ton château. On a pas d'or ou d'argent ou je ne sais pas quoi. C'est la seule chose qui vale de l'argent alors non. On a pas d'autre moyen.Resté figé, tous rentrèrent dans la maison pour entourer Isaias. Il me fallut quelques minutes pour réagir, pour faire volteface et attraper la bride du cheval de Seth afin de repartir vers le village. Là-bas, à l'auberge, je pus heureusement trouver Myles qui m'expliqua tout. Aucun médecin ne désirait faire la route. Trop loin, trop dangereux, tus avaient refusés sauf lui. Ce médecin qui demandait un salaire plus que mirobolant. Seth avait tenté de négocier, de supplier même. Rien n'y avait fait. Alors il avait trouvé une solution. Il avait été trouver ce Monsieur Ferguson. Et la suite, je la connaissais.Mon poing cogna sur la table et mes dents se serrèrent de colère autant que d'impuissance Ils allaient tout perdre.— Combien avons-nous amené avec nous ? demandai-je.— Adriel, Phillip et moi avons dix sous chacun, souffla Myles, déposant l'argent sur la table. Nous avons déjà fait le compte et ils sont partis demander de l'aide aux villageois. Monsieur Parsons m'a fait promettre de ne rien dire ni demander. C'est pourquoi je reste ici. Mais nous n'arriverons pas à cent sous dans une demi-heure, j'en suis malheureusement certain.— Dix sous de plus ! déclara pourtant Tom, accompagné de mes deux hommes.Il en fallait donc encore soixante. Tous mes biens étaient à la cabane. Je n'aurais jamais le temps d'y aller et de revenir. Mais...— Je sais, murmurai-je sous le regard perplexe des hommes.J'avais sur moi une chose certainement bien plus importante que des sous. Fronçant les sourcils, je me levai, quittant l'auberge pour me rendre au centre du village où ce que j'estimais être un voleur attendait.— Pourriez-vous me suivre ? demandai-je poliment.L'homme me toisa, refusant visiblement de bouger. — S'il vous plait, insistai-je à nouveau, en vain.— J'attends mon paiement. Reviens plus tard, gamin, m'houspilla-t-il.— Je vous conseille de tenir votre language devant le Prince Elian d'Hapalan.La voix de Myles me surprit alors que le médecin se mettait à rire, secouant la tête de gauche à droite.— Comme si un Prince pouvait servir d'aide médicale pour un vieux paysan mourant, railla-t-il.— Ceci pourra peut-être vous convaincre.D'un geste, je lui tendis ma bague, la chevalière de ma famille, soigneusement dissimulée dans mes vêtements par crainte de l'abîmer durant mes travaux manuels.Ce trésor eut l'effet escompté. Le vieux médecin se redressa, s'inclinant soudain devant moi, s'excusant pour son comportement, pour sa méconnaissance de la famille royale et pour une multitude d'autres choses auxquelles je ne prêtais guère attention, tant cela m'importait peu.— Vous rendez-vous compte de ce que cent pièces représentent pour ces gens ? soufflai-je alors.— Oui, oui Votre Majesté mais je suis loin de chez moi, j'ai une famille à nourrir et vous l'avez vu de vos propres yeux, le matériel que j'utilise est d'une qualité exceptionnel. Tout à un prix et...— Je vous offre ma chevalière contre le paiement total de leur facture, coupai-je sous le regard surpris de Myles.— Prince Elian, vous...Levant la main, je stoppai la moindre de ses remarques, fixé sur le médecin qui semblait tout aussi étonné.— Hé bien... Ce n'est pas vraiment orthodoxe... Je n'ai pas pour habitude d'accepter les marchés de ce genre...— A prendre ou à laisser. Mais vous savez pertinemment que cette chevalière vous ouvrira les portes des plus prestigieux patients que le moindre sou provenant de ce village.— J'accepte donc ! s'enthousiasma le médecin, m'arrachant la bague des mains. Je vous remercie votre Majesté ! Votre peuple vous remercie ! Dieu qu'il est bon d'avoir un Prince comme vous ! Merci ! Merci !— Partez, ordonnai-je. Maintenant.— Oui, oui, évidemment Votre Majesté, tout de suite !Et ce "tout de suite" fut réel. Fut-ce par obéissance ou par peur que je ne change d'avis, l'homme fila, remontant à cheval pour prendre la route du prochain village, des prochains paysans qu'il dépouillerait sans doute.— Vous venez de laisser votre chevalière personnelle, la chevalière de vos ancêtres pour des paysans... commenta Myles à mi-voix. Savez-vous au moins ce que peut permettre ce bijou ?— Oui, répondis-je sèchement. Je sais qu'il va l'utiliser pour s'enrichir davantage mais je doute qu'il soit assez malin pour s'en servir afin d'accéder au chateau. C'est un médecin véreux, pas un monstre d'intelligence.— Où est passé ce vieux connard ? m'arrêta la voix de Seth, m'obligeant à me retourner.— Ne t'en inquiétes pas, gamin, grogna un homme dont l'identité me fut facile à deviner. Tu vas bien retrouver ton médecin rapidement. Signons les papiers avant et ce sera parfait !— Le médecin est parti, m'interposai-je en observant le commerçant. Monsieur Parsons ne vous vendra rien. Nous nous excusons du dérangement occasionné et vous souhaitons un bon retour.— Parti ?... souffla Seth en m'observant.— Vous n'êtes pas sérieux ? N'est-ce pas Seth, il n'est pas sérieux ?!— Je suis tout à fait sérieux. Le médecin a déjà été payé et est reparti. Je vous prierais donc de bien vouloir quitter Haedleigh.— Oh ! On m'a promis une ferme ! Alors toi et tes affaires de riche bourgeois, tu restes en dehors de tout ça ! s'énerva soudain le petit homme, me faisant arquer un sourcil face à tant d'impolitesse. Seth ! Ta signature ! Maintenant !Si j'allais répondre, je ne m'attendis pas au geste de Myles. Son épée sortie, il barra la route de l'homme devenu rouge qui tentait de s'avancer vers Seth.— Le Prince d'Hapalan vous a gentiment demandé de partir, répéta-t-il froidement. Je vous conseille donc d'obéir si vous ne désirez pas être exécuté sur le champs pour insubordination. Ce village est sous la protection de la Garde Royale.L'homme sembla aussi surpris qu'apeuré, reculant d'un pas. Pleutre, il n'insista pas davantage, fort heureusement, alors que Seth m'attrapait par le col, trop rapidement pour que Myles puisse intervenir.— Qu'est-ce que tu as fait ?! s'en prit-il à moi.— J'ai payé le médecin.— C'était pas à toi de le faire ! J'allais le payer ! J'allais régler ma dette ! Je ne veux rien devoir et encore moins à...— À qui, Seth ? soufflai-je en fronçant les sourcils. Si tu me réponds à la famille royale, je...— Elian a donné sa chevalière pour vous aider, tint à préciser Myles alors que je le fusillai du regard.— Sa chevalière ?— Myles, s'il te plait. Seth, écoute moi, il ne s'agit que d'un simple bijou en or. Le médecin y a gagné et tu n'as rien perdu. C'est le plus important. Je ne me suis pas ruiné et tu ne me dois rien. Tu ne dois rien à la famille roya...— Il s'agit de la chevalière d'Hapalan. Un bijou que se transmettent les pères et les fils au fil des générations, celle qui permet aux membres de la famille royale de se reconnaître et d'être reconnu.L'envie d'arracher la langue de Myles fut réelle et la prise de Seth se referma encore davantage sur mon col. Pourquoi diable avait-il tenu à lui expliquer une telle chose ? Était-ce réellement utile ?!— POURQUOI ? J'allais payer ! s'énerva davantage Seth.— Et perdre la ferme ? Mettre ta famille à la rue et sans ressources ?! répondis-je en le repoussant enfin. Ta fierté vaut toute ta famille ?! Tu crois réellement que j'allais vous laisser finir sans rien ?! Par tous les saints, Seth ! Tu es... Tu es...— Je suis quoi ?! Un abruti orgueilleux et bouché ?!— OUI ! assurai-je en hurlant alors que Myles nous observait, surpris de la tournure que prenait les choses. Si tu as besoin de moi comme tu l'as dit alors accepte mon aide !— C'était pas dans ce sens ! Pas quand tu vends des trucs comme ça ! C'est toi l'abruti ! C'est toi qui... Pourquoi tu as fait ça ?Sa voix se brisa sans que je ne m'y attende alors que je sentais son regard suivre le mouvement, m'obligeant, à nouveau, à respirer.— Ce "truc" valait moins que ta famille, soufflai-je plus calmement. Alors ne pose pas de questions. Je ne pouvais pas ne pas le faire. C'est tout ce que tu dois comprendre et accepter, s'il te plait.Une explication qui ne sembla pas lui convenir réellement alors qu'il m'observait, se tournant vers Myles comme pour obtenir son soutien. Sans réussite, Myles leva les mains en guise de paix, reculant d'un pas comme pour se dégager de la discussion. Il n'avait rien à voir là-dedans. Pire, je savais qu'il n'acceptait pas ce que j'avais fait. Mieux valait, donc, qu'il ne dise pas un mot. Il en avait déjà bien assez dit.— SETH ! ELIAN !Fronçant les sourcils, les hurlements de Felix attirèrent notre attention alors que le jeune garçon fonçait à travers les rues du village, hors d'haleine.— C'est... C'est... Seth, c'est...— Respire. Calme-toi, murmurai-je, ma main dans son dos. Articule et dis-nous...— C'est papa, il... Il est...Il ne fallut pas davantage de mots pour que je comprenne, mon regard se relevant vers Seth, immobile, comme figé dans une glace d'effroi.— Myles. Garde Felix... ordonnai-je alors que je me redressai, avançant vers Seth qui me repoussa pour se ruer vers chez ses parents.Le suivant de près, nous mîmes bien moins de temps qu'habituellement pour rejoindre la petite maison où Isaias venait de pousser son dernier soupir, plus blanc qu'il ne l'avait jamais été.

Cette sensation était étrange. J'avais pourtant déjà vu la mort. Je me souvenais encore de mon grand-père allongé sur son lit, de ses yeux fermés. Mais cette fois, les larmes coulèrent le long de mes joues alors que j'observai le corps de cet homme. Ma main glissant dans le dos de Seth, je le vis s'écrouler sans que je ne puisse réellement le retenir. J'ignorai quoi faire ou même comment le faire. Il pleura. Il hurla ne faisant qu'accentuer la douleur que je ressentais.

Et je ne pus rien dire.

Je ne pus rien faire qui puisse l'aider, qui puisse les aider tous dans leur peine. Je ne pus que rester là, plus impuissant que jamais, Seth contre moi, pleurant. Je ne pus qu'observer sa mère prostrée, sa sœur priant. Je ne pus qu'être inutile...