Chereads / You'll forever be The One / Chapter 18 - Chapitre 18

Chapter 18 - Chapitre 18

Seth et moi avions veillé le corps toute la nuit, incapables de dormir. Laissant les femmes se reposer, le silence s'était ainsi rapidement fait jusqu'au lendemain alors qu'il n'avait que glisser sa main dans la mienne, posée sur mes cuisses. Un silence de mort qui ne fut rompu que par l'arrivée de Rhys et Phillip, accompagné d'un prêtre.

Nous nous séparèrent brusquement, comme surpris dans un flagrant délit qui n'en était pas et je me levai bien rapidement pour saluer l'homme de foi. Ils avaient été le cherché dans la ville d'à côté dans la nuit. L'air ne devait pas pourrir... L'enterrer était une nécessité.

Levant les yeux sur le visage fermé du fils, je fronçai les sourcils en hochant la tête. Je n'étais rien ni personne pour décider de quoique ce soit mais... Mais Seth était-il réellement en état ? J'en doutai tant les quelques semaines passées à ses côtés m'avaient prouvé combien il savait cacher ses propres sentiments. Un masque qui était alors tombé hier. Mais l'homme pieu s'enquérait déjà de la marche à suivre, de l'emplacement du cimetière et de l'église. Et ce fut Rhys qui prit le parti de répondre, de l'entraîner jusqu'au village pour y rassembler les hommes capables de porter le corps jusqu'au lieu de culte.— Merci... murmura Elaina en ma direction.Secouant la tête, je ne sus quoi répondre, laissant le silence s'installer de nouveau. Un silence qui dura, longtemps. De cet instant à notre arrivée à l'église où le prêtre communia, ni Seth ni personne d'autre n'ouvrit véritablement les lèvres. Et même au cimetière, les visages tournés vers le sol, tous se recueillirent. Seules les larmes de Marshall dans les bras de sa mère se firent entendre. Rien d'autre.Le coeur lourd, nous rejoignîmes l'auberge de Tom, ensemble, accompagnés de nombreux habitants du village. J'étais à vrai dire soulagé de voir combien, tous, entouraient les Parsons. Ils n'étaient pas seuls...— J'arrive au mauvais moment je crois, me souffla une voix féminine à l'oreille, me faisant sursauter au point d'en renverser mon verre.— Kathryn ?!L'exclamation de surprise eut le mérite de faire taire les convives attablés alors que je fronçai les sourcils, me levant brusquement pour attraper, sans la moindre douceur, la jeune femme par le bras. Je l'entraînai à l'extérieur de la taverne.— Qu'est-ce que tu fais là ?! Pourquoi n'es-tu pas...Elle me tendit une lettre cachetée des initiales de mon frère, coupant court à mes paroles. Sans attendre, je le lui arrachai des mains, l'ouvrant avec hâte sans même me soucier de la raison pour laquelle la petite sœur du Roi me l'apportait elle-même. Non, si mon frère m'envoyait une lettre, cela ne pouvait pas être pour rien. Et mes doutes s'avérèrent fondés alors que le visage de Kathryn se fermait.— Je suis rentrée il y a une semaine, expliqua-t-elle en s'asseyant sur le banc. Père n'allait pas bien du tout. Il ne respirait pas bien. Il... Il essayait de parler mais il délirait et les médecins ont voulu l'aider mais Hayes était déjà parti pour te rejoindre et... Et ils ne m'écoutaient pas...Je sentais la peine de ma cousine dont le visage se baissait davantage encore. Ma main glissant dans son dos, je fronçai doucement les sourcils. La lettre, elle, me raconta le reste. Alwyn d'Hapalan était décédé de la peste ou de la coqueluche. Des mêmes symptômes que le père de Seth visiblement... De même que la mère de la pauvre enfant qui avait suivi son mari le jour suivant. Soupirant, je déposai la lettre à côté de moi, attirant la jeune femme dans mes bras, dans un geste que je n'avais jamais eu pour le moindre membre de ma famille ; un geste qu'elle saisit pourtant, se serrant contre moi dans un torrent de larmes alors que Seth apparaissait visiblement courroucé dans mon champs de vision.— Déjà ? futigea-t-il alors que je le fusillai du regard, sa voix faisant redresser ma cousine bien trop élevée pour se laisser aller devant des inconnus. Et tu fais ça le jour de l'enterrement de mon père ? Qui c'est ?!Les yeux rouges, elle se leva, s'inclinant devant un Seth interdit, dont le visage creusé oscillait entre la colère et l'incompréhension.— Pardonnez-moi, Monsieur, articula la jeune femme. Je... Je suis Kathryn d'Hapalan. Je suis... Je suis la cousine du Prince Elian et... Et je devais lui remettre une lettre et... Je... Je suis désolée de...— Kathryn... murmurai-je en me levant à mon tour pour la faire rasseoir, m'accroupissant devant elle. Calme-toi... Ce n'est qu'un ami. Me redressant, j'avais alors fait face à ce dit-ami. — Elle est venue m'informer du décès de ses parents de... j'hésitai un instant. De la même chose que ton père.— Pardon ?La réaction de Seth ne se fit pas attendre alors que je le sentais rapidement bouillir de rage.— Seth, ce n'est qu'une coïncidence... tentai-je de l'apaiser, ma main se posant sur son bras. Ils étaient à des centaines de kilomètres d'ici et...— Je ne sais peut-être pas encore lire ou écrire, mais je ne suis pas un imbécile, enragea-t-il en réponse. Il y a trois ans, un commerçant de la ville avait apporté la peste au village. C'est lui qui l'avait transporté avec lui. Aujourd'hui, c'est ton cousin qui s'en est chargé visiblement.— C'est ta colère qui parle... Tu ne peux pas conclure aussi vite que...— Elian... prononca Kathryn d'une petite voix, m'arrêtant. Il a raison... Beaucoup sont malades au château... On m'a dit qu'ils l'étaient avant qu'Hayes parte et...— Je vais le tuer.La voix de Seth me couvrit de frissons alors que sa détermination me figeait sur place.— Seth... suppliai-je. Ne réagit pas aussi...— IL A TUÉ MON PERE !Je me tus, le regard fixé dans le sien enragé. Il fallait qu'il se calme. Il fallait que je trouve comment le calmer. Partir ainsi, vouloir la guerre n'allait que provoquer pire, que provoquer sa perte et à cette idée, j'avais avancé, attrapant le bras de l'homme, l'empêchant de reculer.— Et tu vas te faire tuer aussi ?! articulai-je sèchement. Tu vas prendre ton cheval et foncer droit devant jusqu'à tomber sur Hayes pour qu'il finisse par rire sur ton cadavre ?! Vas-y alors ! Dépêche-toi ! Ta mère et ta sœur seront ravie que je leur apprenne que tu as décidé de te suicider !A ces mots, Kathryn fondit en larmes, à nouveau, stoppant ma colère autant que celle de Seth. Revenant auprès d'elle, m'agenouillant alors, je tentai de capter son regard.— C'est... Je suis désolée pour tes parents... essayai-je de rattraper. Mais il faut que tu rentres au chateau. Hayes ne te laissera pas rester ici et...— Il n'en sait rien ! se défendit la jeune femme, se dégageant de ma main posée sur les siennes. Je n'y retournerais pas ! Je...Ses sanglots me brisaient le coeur alors que j'étais écartelé entre un Seth dont je craignais le départ et une Kathryn qui devait rentrer sans pour autant le vouloir...— Tu ne peux pas rester ici... Hayes est très en colère contre moi, soufflai-je dans une tentative d'explications. — Je n'y retournerais pas, appuya-t-elle, ses yeux plongeant dans les miens. Tu sais ce qu'ils ont dit ? Tu sais ce qu'ils disent depuis que Mère est morte ?!Je fronça les sourcils, reprenant la lettre de mon frère pour la parcourir de nouveau. Que pouvaient-ils dire ?— Ils combattront la contagion et...— Ils veulent m'examiner, Elian ! Ils veulent... ils pensent que c'est héréditaire, que ça vient de la femme, que je vais devenir comme Mère ! Ils pensent que je vais devenir aussi folle qu'elle et...— Kathryn... murmurai-je. Ce dont ta mère est morte c'est... Ce n'est pas héréditaire. Je ne sais pas ce qui a pu te faire croire cela mais tu ne risques rien à rentrer.Son regard se figea.

Qu'avais-je dit ? Clignant des yeux, je l'observai sans comprendre la raison de sa crispation. Qui avait donc bien pu lui faire croire que ce dont ils étaient morts était héréditaire et... Et que cela venait des femmes ? Lorsque cela avait tué le père de Seth ? C'était... Mais... Comment ? Pourquoi ?

— Ta mère, articula enfin Seth froidement. Elle n'est pas morte de ça. Je me trompe ?Kathryn leva les yeux sur lui, secouant doucement la tête de gauche à droite alors que le paysan détournait le regard comme refusant de la regarder.— On a hébergé une gamine qui s'était enfuie de chez elle y a un an. Elle disait un truc pareil, que chez elle, ils pensaient qu'un mal était héréditaire, qu'il venait des femmes et qu'elle allait donc faire pareil que sa mère. Rhys et moi on est allé vérifié vu qu'on pouvait pas la garder ici.— Mère s'est suicidée, murmura Kathryn, baissant la tête vers le sol, tremblant de toute part. Elle... Quand Père a été déclaré mort, elle est venue me voir et... elle m'a embrassé et m'a dit que...Son sanglot me fit bouger. Je me rassis pour l'entourer de mes bras, provoquant l'ire visible de Seth dont je ne me souciai que trop peu à cet instant.— Elian... Je n'avais pas entendu sa voix depuis des années et... Et elle m'a dit que... Qu'avec Père elle était déjà une moins que rien alors... Alors sans lui... Et puis elle est repartie et... Elle... Elle s'est jetée du haut de la tour Nord.Mes dents se serrèrent à cette idée. Ma tante... Comment avait-elle pu s'ôter la vie ? Comment avait-elle pu rejoindre le Démon de la sorte...— Si c'est héréditaire, tu dois retourner au chateau pour te faire soigner avant qu'il ne soit trop tard, repros-je douloureusement tant je craignais désormais pour la vie de ma cousine. Tu ne dois pas rester avec ce mal et...— Mais je ne suis pas comme Mère ! me repoussa-t-elle violemment. Tu... Je croyais que... Je pensais que tu... Je ne veux pas finir enfermer comme elle...— Personne ne t'enfermera, assurai-je sans même en être sûr. Ils feront seulement en sorte que tu...— Tu peux rester, me coupa Seth froidement. Il y a des chambres à l'auberge.A quoi jouait-il ? A quoi jouait-il tout le temps ?! Le fusillant du regard, j'allais répondre sur le même ton lorsque Kathryn s'avança brusquement vers lui pour attraper ses mains. Elle n'avait jamais été élevée avec nous... Et cela se voyait. Pire, alors même qu'il s'agissait de ma cousine, je venais de ressentir une vague de... D'un sentiment que je ne nommais pas en moi. Une sorte de colère sourde, d'angoisse et d'envie de la séparer de lui que j'avais fait taire difficilement, fronçant les sourcils.— Vraiment ?! Merci ! Merci ! Je savais que quelqu'un pourrait comprendre ici et...— Ce n'est pas à toi de décider de l'avenir de ma cousine, Seth, m'interposai, les séparant pour mon plus grand et imbécile soulagement.— Si tu la renvoies là-bas, ils la traiteront comme une future hystérique. Elle va être enfermée et observée jusqu'à devenir assez folle pour devenir réellement hystérique. C'est ça que tu veux pour elle ?Devais-je réellement le croire ? N'était-il pas en train de... A vrai dire je ne savais pas ce qu'il faisait. Je savais seulement que cela ne me plaisait pas, que sa façon de décider pour moi ne me plaisait pas.— Je veux qu'elle ne risque rien ! me défendis-je alors. Tu ne sais pas ce qu'ils feront ! Ce ne sont pas des monstres !— La bonne blague, rétorqua-t-il dans un rictus amer. On parle bien de l'entourage du mec qui a voulu te ramener de force pour te faire payer le fait que tu as planté trois oignons ?— Tu sais que ce n'est pas pour ça... soufflai-je en détournant le regard.— Ca change rien, Elian. Il nous a mis au cachot pour lui avoir dit merde. Il t'a envoyé ici en pensant que ça allait te punir et il a été vexé que ça soit pas le cas alors franchement, je suis même pas loin de penser qu'il t'aurait écartelé en place publique s'il y avait eu plus de monde dans ce foutu village. Et je parle même pas des rêves de torture qu'il doit faire sur moi. Alors tu penses que lui et toute sa clique feraient quoi face à une gamine qui risque de sauter d'une tour et de faire penser à tout le monde que la famille royale est merdique ?— C'est... C'est pour ça que Tobias ne t'a rien écrit, reprit Kathryn restée muette jusque lors. Le Conseil du Roi nous a fait promettre que nous ne devrions jamais parler d'un quelconque suicide...— Merdique et en plus qui tient pas ses promesses. Super ta famille, railla Seth en me toisant.Je ne savais même plus quoi répondre, tant à Kathryn qui semblait persuadée que sa fin arriverait si elle rentrait qu'à Seth qui devenait... Un abruti fini. Un abruti dont les paroles malheureusement logiques me firent grincer. Sur bien des points, il avait trop raison pour que je l'ignore...— Seth. S'il te plait, tentai-je pourtant de maîtriser en fronçant les sourcils.— S'il te plait quoi ? Remercie moi plutôt. Je t'empêche d'envoyer ta... Son regard toisant désormais la jeune femme m'avait fait lever les yeux au ciel.— Cousine., soufflai-je, désabusé.— Voilà, elle, à l'abattoir. Il y a plein de chambres à l'auberge. C'est bon. Tom veillera sur elle.— Et tu vas décider pour lui ? rétorquai-je.— Je peux réellement rester ?!Kathryn ne semblait soudain plus faire attention à moi. Seul Seth était devenu important alors qu'elle se jetait de nouveau littéralement sur ses mains, posant les siennes par dessus. Un geste qui avait fait reculer le jeune homme, surpris.— Merdique, qui tient pas ses promesses et vous êtes un peu trop proche, là, gronda-t-il. Tom fera ce que je lui demande. Il sait pas me résister.Mais je n'étais toujours pas convaincu. La faire rester ici, c'était nous attirer davantage les fureurs de son frère. Or, ce dernier savait certainement bien trop que nous étions restés dans les parages. Tout ne tenait déjà que par un fil. Était-ce donc réellement nécessaire de rajouter du poids à ce fil si mince ?

Mais si la faire rentrer était la condamner, je ne savais plus qui croire, quoi croire, comment le croire. C'était... Par tous les saints ! Pourquoi tout était si compliqué ?!

— Pitié Elian ! me supplia ma cousine. Je te promets que je ne ferais pas de vague et...— Ce n'est pas le problème, l'arrêtai-je. Si ton frère envoie des soldats et que l'on voit Seth ou que l'on me voit moi dans les parages, nous serons arrêtés.Il fallait que je lui explique, il fallait qu'elle comprenne que nous ne pouvions pas la garder ici pour notre sécurité.— Alors tu préfères parier sur du conditionnel qu'on peut éviter plutôt que sur le fait que si elle rentre dans la capitale elle sera, elle, enfermée ? grogna Seth. C'est bon. La cousine, tu restes. C'est pas le bon moment pour arriver mais il y a de la nourriture à l'intérieur. Va manger. Je vais prévenir Tom.Evidemment, Kathryn ne se fit pas prier, se soustrayant à mon regard pour éviter tout retournement de situation pour elle. Resté seul avec Seth, je le fusillai du regard.— Je sais que ce n'est pas le jour pour m'opposer à toi, fustigeai-je. Mais il s'agit de ma cousine. Je suis le seul à pouvoir prendre une décision.— C'est surtout un être humain qui a le droit de vivre comme nous. D'autant que tu t'es enfui aussi je te ferais dire, rétorqua Seth en s'approchant. Alors tu vas lui reprocher quelque chose que tu as fait parce que toi aussi tu voulais vivre ?— C'est toi qui m'a...— Et tu regrettes ?Il était là. A moins d'un mètre de moi. Ses yeux bruns dans les miens alors que je fronçai les sourcils. Mon regard balayant autour de nous, j'avais rapidement fait un pas vers lui, peu décidé à lui laisser du terrain, je l'admettais.— Et toi ? lui renvoyai-je.— C'est pas une réponse, Elian, murmura-t-il alors que ses lèvres s'étaient approchées des miennes.Nous étions en plein jour, au milieu du village et... Et je l'avais embrassé. Comme si ma vie en dépendait, comme pour tenter de le réconforter de tout, je l'avais embrassé. Un instant seulement avant que la peur de nous faire prendre ne reprenne le dessus. Je me reculai, toussotant d'une légère gêne qui ne me quittait que rarement en sa compagnie.— D'accord. Elle peut rester, cédai-je comme si je restais le décisionnaire. Mais c'est Adriel qui veillera sur elle. Je veux qu'elle soit protégée. Pas nourrie jusqu'à être méconnaissable.—Si tel est le vœu de votre Majesté... réussit à sourire Seth, légèrement.Un sourire qui arracha le mien, plus tendre alors que ma main glissait dans la sienne. Seth m'étonnait finalement toujours. Lui qui paraissait pourtant toujours froid était capable d'une générosité sans précédent, même dans les moments les plus difficiles, s'attachant au bien être de tout ceux qui pouvaient l'entourés, même des familles qu'il ne pouvait supporter. Seth était quelqu'un de bien. L'une des meilleures personnes que je puisse à vrai dire connaître. Et ce fut après le lui avoir soufflé dans un "idiot" que nous avions rejoint l'auberge.Accédant ainsi à la requête de Kathryn, nous avions attendus la fin de la cérémonie pour l'installer, aidés de Tom et Adriel. Elle pouvait rester, certes, mais sous la promesse de ne pas nous vendre, de ne pas provoquer d'ennuis et d'aider à l'auberge afin de payer son logement. Des conditions qui avaient été acceptées sans la moindre hésitation par une jeune femme qui semblait même enthousiaste par le fait de faire la vaisselle... Un fait qui m'avait surpris, je l'admettais, tant je voyais encore en elle l'enfant précieuse qu'elle avait été. Ne restait ainsi désormais plus qu'à prier pour notre salut et notre secret...