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Chapter 8 - La convocation céleste.

Le ciel était dégagé, laissant passer un soleil éclatant qui illuminait la vaste cour de l'académie. 

Kurayami, les yeux plissés, observait la scène, les bruits des discussions des élèves animant l'atmosphère. 

L'excitation grandissait à mesure que l'événement approchait.

— C'est quoi ce truc ? demanda-t-il, visiblement perplexe face à l'agitation.

À ses côtés, Aiko, souriante et amusée par la confusion de Kurayami, lui répondit.

— C'est un tournoi annuel inter-académie. Il détermine qui sera envoyé à Kinokawa pour intégrer l'armée royale, ou peut-être même devenir l'un des sept gardiens célestes !

Les yeux de Kurayami s'écarquillèrent légèrement à cette révélation.

— L'armée royale ? Vous avez des rois sur votre continent ?

Aiko hocha la tête, affichant un air à la fois sérieux et joueur.

— Oui, chaque pays a son propre roi. Ils sont tous plus ou moins proches des dieux. Mais le plus important de tous est le Roi de Kinokawa, le 'Roi des Rois', celui qui est considéré comme le plus proche des dieux.

Kurayami baissa les yeux, pensif. 

Une vision soudaine d'une vie militaire stricte et remplie d'ordres, de combats et de sacrifices traversa son esprit. Son visage se crispa, une goutte de sueur coulant lentement sur sa tempe. 

La perspective de rejoindre l'armée ne l'enchantait guère.

Aiko, voyant son expression troublée, le regarda avec inquiétude.

— Ça va, Kurayami ? demanda-t-elle, son ton empreint de douceur.

Avant qu'il ne puisse répondre, Mme. Kuroda, fidèle à elle-même avec son sourire malicieux, les rejoignit.

— Je te vois inquiet, mon petit Kurayami. Mais ne t'en fais pas, je prendrai personnellement plaisir à te préparer pour ce tournoi lors de nos cours du soir, dit-elle, son regard pétillant de malice.

Un frisson parcourut Kurayami, la perspective des entraînements avec Mme. Kuroda lui inspirant soudain une vague de terreur. 

Aiko, compatissante, posa une main amicale sur son épaule.

— Bon courage... murmura-t-elle, avec un sourire rassurant.

Sans perdre de son enthousiasme, Mme. Kuroda se tourna vers le reste des élèves.

— Allez, en attendant, reprenons le cours !

Les élèves obéirent et retournèrent à leurs exercices d'entraînement.

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

La nuit était tombée sur l'académie, la lune éclairant faiblement la cour désormais déserte. 

Les élèves, épuisés mais satisfaits de leur entraînement, quittaient progressivement le terrain pour rejoindre leurs chambres. 

Tous, sauf un.

Kurayami fut désigné par Mme. Kuroda, qui l'avait expressément retenu après les cours.

— Bien, le cours est terminé pour aujourd'hui. Vous pouvez tous partir… sauf toi, mon petit Kurayami, dit-elle, ses yeux brillants d'une énergie renouvelée.

Les autres élèves échangèrent des regards compatissants en direction de Kurayami avant de partir. 

Aiko, comme pour lui apporter un dernier réconfort, lui tapota doucement l'épaule avant de disparaître dans la nuit.

Une fois seuls, Mme. Kuroda frappa dans ses mains, un sourire encore plus large se dessinant sur son visage.

— Maintenant, nous allons commencer l'entraînement… de la remontée de l'enfer ! annonça-t-elle avec enthousiasme.

Kurayami déglutit, son visage pâlissant à la simple évocation de ce nom.

— Tout d'abord, pour lancer des sorts puissants, il faut que ton petit corps frêle puisse les supporter. Nous allons donc commencer par renforcer ton corps, expliqua Mme. Kuroda, comme si cela était la chose la plus naturelle au monde.

Elle l'invita à courir autour de l'académie, et Kurayami, bien qu'inquiet, obéit sans poser de questions. 

Au début, cela semblait simple, presque trop facile.

— C'est juste ça son entraînement ? Je m'attendais à pire… pensa Kurayami, un soupir de soulagement s'échappant de ses lèvres.

Mais son soulagement fut de courte durée. 

Sans prévenir, Mme. Kuroda bondit sur son dos avec l'agilité d'un chat, manquant de le faire trébucher.

— Quand tu auras brûlé assez de calories, tu comprendras pourquoi on appelle ça la 'remontée de l'enfer', hihi ! lança-t-elle avec malice, accrochée à son dos.

Sous le choc, Kurayami continua de courir, malgré la surcharge soudaine. 

Après une heure, ses jambes tremblaient et son souffle se faisait court. 

Finalement, il s'arrêta, épuisé.

— C'est moi ou tu ralentis ? demanda Mme. Kuroda, toujours perchée sur son dos.

— Ça fait une heure que je cours ! répondit Kurayami, essoufflé.

Mme. Kuroda haussa les épaules, nonchalante.

— Et alors ? Ce n'est pas ma faute si tu ne sais pas courir à 100 km/h.

Kurayami la regarda, incrédule.

— 100 km/h ?! Vous attendez de moi que je cours 100 kilomètres ?!

Elle éclata de rire, tapotant affectueusement son épaule.

— J'ai toujours su que tu étais doué en calculs ! répliqua-t-elle avec un clin d'œil.

— Mais vous voulez ma mort ! protesta Kurayami, désespéré.

Mme. Kuroda secoua la tête, son ton devenant plus sérieux, mais toujours bienveillant.

— Non, mon petit Kurayami. Je veux que tu sois le meilleur. C'est pour cela que je te montre toujours la meilleure voie, même si elle est parfois douloureuse.

Sans ajouter un mot, Kurayami, malgré la douleur, reprit sa course, sa détermination poussée à l'extrême. 

Après trois heures supplémentaires d'efforts ininterrompus, il s'effondra enfin, son corps refusant de continuer.

Mme. Kuroda, toujours enjouée, s'approcha et s'accroupit à côté de lui.

— C'est la première fois que je vois quelqu'un s'effondrer après l'échauffement, dit-elle avec un sourire amusé.

Kurayami, allongé sur le sol, leva un regard fatigué vers elle.

— C'était... que l'échauffement ?! haleta-t-il.

Elle hocha la tête.

— Eh oui ! Maintenant que tu es bien échauffé, la vraie session va pouvoir commencer !

Le reste de la nuit fut un calvaire pour Kurayami. 

Des pompes avec Mme. Kuroda toujours sur son dos, des exercices de force interminables, des séries de résistance.

Son corps le suppliait d'arrêter, mais il serrait les dents, refusant d'abandonner. 

Il savait que s'il ne tenait pas bon, il ne pourrait jamais atteindre ses objectifs, ni protéger ceux qui comptaient pour lui.

Lorsque l'entraînement prit enfin fin, Kurayami, épuisé et endolori, se dirigea difficilement vers le bâtiment principal, ses muscles protestant à chaque pas. 

Alors qu'il marchait, perdu dans ses pensées, une voix douce l'interrompit.

— Tu en as de la chance…

Surpris, Kurayami sursauta et se retourna brusquement. 

Hanae, une élève qu'il connaissait à peine, se tenait non loin de lui, un sourire moqueur sur les lèvres.

— Désolé, je ne voulais pas te faire peur, s'excusa-t-elle avec légèreté.

Tentant de cacher sa surprise, Kurayami se redressa, essayant d'adopter une posture plus stoïque.

— Tu ne m'as pas fait peur, répondit-il d'un ton neutre.

Hanae esquissa un sourire moqueur.

— Alors, comment se passe l'entraînement avec Mme. Kuroda ? demanda-t-elle, clairement curieuse.

Kurayami haussa les épaules, visiblement peu enclin à discuter de ses souffrances.

— Ce ne sont pas tes affaires.

Hanae haussa les sourcils, comme si elle s'attendait à une telle réponse.

— Ça concerne l'académie, donc ça me concerne aussi, répondit-elle calmement.

Irrité, Kurayami fronça les sourcils.

— Et tu es qui, la secrétaire de l'école ? rétorqua-t-il.

Hanae laissa échapper un petit rire avant de répondre.

— Hanae haussa les épaules, amusée par la réplique de Kurayami, et répondit d'un ton détaché.

— Presque. Mes parents occupent des postes haut placés dans l'académie. Ils m'ont toujours poussée à être la meilleure, mais il semblerait que ce ne soit jamais suffisant pour eux.

Kurayami, surpris par cette confession, observa Hanae avec un regard plus attentif.

— Tu es quand même dans la meilleure classe de l'académie, dit-il, essayant de comprendre pourquoi elle se plaignait malgré sa position privilégiée.

Hanae, visiblement frustrée, laissa échapper un soupir.

— Ce n'est pas assez pour eux. Il ne s'agit pas seulement d'être dans la meilleure classe. Pour mes parents, je dois être la meilleure des meilleures, au sommet.

Kurayami soupira à son tour, toujours un peu perplexe face à son discours.

— Je ne vois toujours pas en quoi ça me concerne.

Hanae le fixa, son regard devenant plus sérieux, presque accusateur.

— Ça te concerne parce que Mme Kuroda t'entraîne personnellement. Elle voit en toi un potentiel que je n'ai jamais eu. Toi, tu ne sembles même pas t'en rendre compte.

Ses mots frappèrent Kurayami, qui resta silencieux un instant. 

Il n'avait jamais vu la situation sous cet angle. 

Mme Kuroda l'avait effectivement pris sous son aile, mais il n'avait jamais compris à quel point cela pouvait être exceptionnel.

— Je suppose que je n'y avais pas vraiment réfléchi, murmura-t-il pour lui-même.

Hanae, un sourire amer sur le visage, fit demi-tour avant de s'éloigner dans les couloirs faiblement éclairés.

— J'espère que tu réaliseras la chance que tu as… avant qu'il ne soit trop tard, dit-elle en disparaissant dans l'ombre.

Kurayami, perdu dans ses pensées, continua son chemin vers sa chambre. 

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

La fatigue physique, combinée à ces nouvelles réflexions, pesait lourdement sur ses épaules. 

Il atteignit enfin son lit, où il s'effondra, le corps et l'esprit épuisés.

— Mme Kuroda est complètement folle… pensa-t-il en fermant les yeux. Mais peut-être qu'elle a raison. Si je ne peux pas supporter cet entraînement, je ne pourrai jamais sauver ceux que j'aime des démons.

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Une semaine passa, chaque jour apportant son lot de nouveaux défis et d'entraînement intensif. 

La sélection pour la Convocation Céleste approchait à grands pas. 

Le jour tant attendu arriva enfin, et Kurayami, ainsi que les vingt-neuf autres élèves de la classe élite, se rassemblèrent dans une salle immense qu'il n'avait encore jamais vue.

Le plafond semblait toucher le ciel, et une atmosphère de compétition régnait dans l'air. 

Sur une estrade, le directeur se tenait, imposant, dominant la foule des élèves. Il leva une main pour réclamer le silence.

— Je vous prie, un peu de silence, merci. Bonjour à tous. Aujourd'hui marque le début du tournoi de sélection pour la Convocation Céleste.

Tous les élèves étaient désormais attentifs, sentant l'importance du moment.

— Monsieur Sato va vous rappeler le déroulement afin que tout soit bien clair.

Mr. Sato, imposant et respecté, s'avança à son tour. Sa voix grave résonna dans la salle.

— Merci, Monsieur le Directeur. Pour cette sélection, il y aura quinze combats en simultané dans différentes arènes. Seuls les huit meilleurs élèves pourront participer à la Convocation Céleste.

L'atmosphère se tendit alors que chaque élève absorbait l'importance des mots. 

L'enjeu était immense. 

C'était leur chance de prouver leur valeur et d'être reconnus parmi l'élite.

Mr. Ken, toujours aussi froid et direct, s'avança pour énumérer les paires de combattants.

— Akihiko Tsukasa contre Yumi Aoyama. Haruto Minami contre Airi Kudo. Rika Fujimoto contre Kaoru Hayashi…

Kurayami écoutait attentivement, son cœur battant un peu plus vite à chaque nom énoncé. Puis enfin, son nom fut appelé.

— "Hanae Shimizu contre Kurayami Hoshino."

Kurayami sentit son estomac se nouer. 

Il savait que ce combat ne serait pas simple. 

Hanae était l'une des meilleures élèves de la classe élite, et même avec ses nouveaux pouvoirs, il doutait encore de ses capacités à la battre.

Mme. Kuroda, toujours enjouée, applaudit doucement, un sourire encourageant aux lèvres.

— Prenez place sur les arènes, mes petits sorciers et sorcières ! Que le sort vous soit favorable ! s'exclama-t-elle joyeusement, malgré la tension ambiante.

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

Kurayami s'avança vers l'arène, son regard fixé sur Hanae, qui se tenait de l'autre côté. 

Leur duel allait bientôt commencer, et tout ce qu'il avait appris jusqu'à présent serait mis à l'épreuve.