L'instant où je l'ai dit, je vis le changement dans l'expression de Jacques. Son visage, habituellement si maîtrisé, se durcit en un masque, mais je pouvais voir l'orage qui fermentait derrière ses yeux. Je ne voulais pas lui faire du mal, je ne voulais pas être celle qui briserait le peu de paix qu'il nous restait, mais cette conversation ne pouvait plus être évitée.
« Je vais épouser Vincent », dis-je doucement, même si les mots me brûlaient la langue comme de l'acide.
Jacques fit un pas en arrière, la mâchoire serrée si fort que je pouvais voir ses muscles tressauter. Au début, il ne dit rien, il me regardait simplement comme s'il n'avait pas entendu correctement—ou peut-être ne voulait-il pas y croire. Je ne le blâmais pas. J'avais moi-même essayé de ne pas y croire, mais aucun semblant ne pouvait changer ce qui se passait.
« Qu'as-tu dit ? » demanda-t-il, sa voix basse, presque dangereuse.