Le visage de Dorothy oscillait entre le malaise et l'embarras alors qu'elle tapotait le dos de Rosalind, mais cela n'était pas suffisant pour empêcher Rosalind de pleurer à chaude larme, attirant l'attention de tous autour d'eux.
Les pleurs constants de Rosalind laissaient Dorothy sans voix.
« Que se passe-t-il ? »
Rosalind renifla et finit par laisser partir sa sœur aînée.
« Qui donc fait tant de bruit à l'entrée du Manoir Lux ? »
Celui qui parlait n'était autre que son propre père, le Marquis Martin Lux — l'actuel patriarche de la Famille Lux. À l'extérieur de ces murs, cependant, les gens le connaissaient comme celui qui avait reçu la Bénédiction de la lumière.
Rosalind le regarda.
Cheveux blonds, yeux bleus, et vêtements blancs arborant l'insigne de la Famille Lux. Dans la fin de la trentaine, l'homme avait su maintenir son apparence juvénile grâce à sa Bénédiction.
Rosalind baissa rapidement la tête.
C'était lui.
Son propre père.
Dans le passé, Martin Lux était le dernier à savoir que c'était en réalité Rosalind qui avait reçu la Bénédiction et non Dorothy, mais il n'avait rien fait. Après tout, Dorothy était déjà la Reine quand Martin découvrit par accident que c'était Rosalind et non Dorothy qui avait effectué tous les soins pendant une épidémie qui surviendrait dans un futur proche.
Martin, toujours sévère et connu pour suivre les règles, fut forcé de choisir entre exposer sa fille aînée, la Reine, ou jouer le jeu du mensonge.
De toute évidence, il choisit la seconde option.
Jusqu'à maintenant, Rosalind n'avait jamais oublié la confusion dans les yeux de son père chaque fois qu'il la regardait. L'homme s'était toujours demandé pourquoi elle avait été capable de recevoir la Bénédiction alors qu'elle n'était pas née avec des cheveux blonds et des yeux bleus comme les autres membres de la Famille Lux.
À côté de Martin Lux se trouvait le patriarche précédent, Federico Lux. L'homme avait abandonné la position de patriarche pour pouvoir travailler comme le plus proche aide de l'Empereur. Tout comme Martin, Federico était celui qui avait reçu la Bénédiction dans sa génération.
C'était la raison pour laquelle il semblait n'être encore que dans la fin de la quarantaine, alors qu'en réalité, il avait déjà la soixantaine.
« Père… mère et la petite sœur viennent d'arriver. » Dorothy fit une révérence.
Presque immédiatement, Rosalind sentit les regards de tout le monde sur elle.
« Je — » elle regarda Dorothy et fit une révérence maladroite. « Je suis Rosalinde Lux. Je— Je suis la seconde fille de— »
« Nous savons qui tu es ! » siffla Federico. Elle savait que c'était à cause de sa robe rouge. Federico détestait cette couleur et avait annoncé à tout le monde de ne pas la porter en sa présence. On disait que même l'empereur actuel évitait de porter cette couleur quand Federico l'accompagnait.
Oui.
Même le monarque actuel respectait la Famille Lux en raison de leur Bénédiction.
« Je— » Rosalind ne perdait aucune chance de laisser couler ses larmes. « Je m'excuse auprès de grand-père. Cette petite-fille n'a pas appris ses manières à la montagne. Cette petite-fille a passé son temps à tenter de survivre dans la nature à la place. Je— »
« Tais-toi ! » dit Federico. « Veux-tu accuser la Famille Lux de t'avoir envoyée dans la nature ? »
« Je— » les larmes de Rosalind commencèrent à couler. Pleurer est épuisant, pensa-t-elle intérieurement.
« Grand-père, s'il vous plaît soyez indulgent envers Rosalind. Elle vient juste de revenir de la montagne. Ce n'est pas sa faute si elle n'a pas appris l'étiquette pendant qu'elle était partie pendant des années. »
Rosalind acquiesça comme si elle ne comprenait pas le sens caché derrière les mots de Dorothy. Dorothy soulignait en fait le fait que Rosalind était partie pendant des années ! Malgré cela, elle n'avait même pas appris l'étiquette. Comme prévu, Federico renifla.
« Je m'en vais, » dit Federico avant de s'éloigner.
« Dorothy, emmène ta sœur dans sa chambre, » dit Martin et bientôt, lui aussi disparut sans même saluer Rosalind.
« Rosalind, je sais que ce n'est pas l'environnement que tu attendais, mais père a été très occupé dernièrement. Le Duc du Nord arrive et j'ai entendu dire que père et grand-père seront ceux qui l'accueilleront. J'espère vraiment que tu n'as pas pris tout ceci trop à cœur. »
Rosalind sanglota et utilisa sa main pour essuyer les larmes de son visage.
« Allons-nous dans ta chambre ? » Dorothy prit la main de Rosalind et la tira vers l'arrière du manoir. Sa chambre n'était pas située dans le manoir, mais dans une petite résidence à l'arrière du manoir.
La résidence était petite et était destinée à être la maison de Rosalind pendant son séjour. Elle était proche du jardin en forme de labyrinthe où elle avait rencontré le Baron pour la première fois.
C'était aussi près de la petite forêt et du lac à l'arrière du manoir, où elle avait trouvé cette plante pourpre dans le passé.
En plus de cela, la résidence avait accès à une sortie que les domestiques et les servantes utilisaient pour acheter certaines choses dont le manoir avait besoin.
À cause de cela, l'endroit était toujours bruyant.
Dans le passé, Rosalind ne pouvait pas s'empêcher de se plaindre et avait dit à Dorothy qu'elle voulait rester avec elle. Dorothy avait utilisé cette opportunité pour créer une mise en scène pour Rosalind. Elle supplia son père de déplacer Rosalind à côté de sa chambre. Évidemment, cela avait conquis le cœur de Rosalind. Elle pensait que Dorothy était la seule personne qui l'aimait dans le foyer Lux.
Il semble qu'ils aient préparé la même maison pour elle.
Cette fois, elle n'avait pas l'intention de se plaindre.
« Ce— » Rosalind s'arrêta lorsqu'elle vit la maison à deux étages avec quatre chambres à coucher. L'une était sa chambre à coucher, une autre était le bureau et les deux dernières étaient réservées pour les invités. De toute évidence, c'était juste pour la frime.
Rosalind n'avait pas d'amis, et elle était certaine que la Famille Lux ne laisserait jamais leurs invités dormir dans cette maison.
« Sœur ? » Dorothy s'arrêta quand elle vit les yeux de Rosalind. « Y a-t-il quelque chose qui ne va pas ? »
« Non… C'est juste… cette maison est si belle. » Et simple, mais c'était exactement ce dont elle avait besoin à ce moment. Une maison isolée où elle pouvait facilement se déguiser en une des servantes et sortir par le portail arrière. C'était juste parfait pour ses plans.
« V— Vraiment ? » dit Dorothy en ouvrant la porte. « En ce moment, les autres membres de la Famille Lux sont arrivés, et le manoir est un peu encombré. Père a insisté pour que tu restes dans une plus petite chambre avec un autre membre de la famille, mais j'ai insisté pour qu'ils te donnent cette maison à la place. »
Comme toujours, Dorothy lui souriait.
« Merci, » dit Rosalind. « Cette maison est plus grande que celle où je vivais dans les montagnes ! »
« Tu aimes ? »
La maison avait des décorations très simples. Chaque meuble était juste en bois et il n'y avait ni or ni velours, ce qui serait inhabituel pour quelqu'un qui est membre de la Famille Lux.
En voyant cela, Rosalind était sûre que Dorothy avait fait exprès pour la faire passer pour une petite ingrate qui se plaint même après avoir reçu un peu de gentillesse de la famille.
« Oui ! Oui, j'aime ! J'adorerais vivre ici pour toujours ! » dit Rosalind, un sourire innocent sur son visage.
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Veuillez ajouter le Gambit d'Eve à votre bibliothèque. Il se déroule dans le même univers que les Jeux de Rosie mais vous pouvez le lire séparément. Il y aura des mentions et bien sûr, la raison pour laquelle Rosie s'est réincarnée sera incluse dans ce roman ! Merci