"Ma Dame, quelqu'un demande à vous voir ?" informa Eva. "C'est un homme. Il attend dehors."
Angélica fronça les sourcils. Un homme ? Cela ne pouvait pas être Sir Shaw car Eva le connaissait. "N'a-t-il pas dit qui il était ?"
Elle semblait confuse. "Je… Je n'ai pas demandé."
"C'est bon. Je vais aller le voir."
Qui cela pouvait-il être, se demandait-elle.
Lorsqu'elle sortit, elle trouva un homme sur son cheval. Il portait une cape noire qui couvrait son visage. Lorsque Angélica s'approcha, il retira sa capuche, la surprenant.
"Votre Majesté ?"
Il sourit. "Angélica."
Elle regarda autour, mais il était tout seul. Que se passait-il ?
"Êtes-vous occupée ?" demanda-t-il.
"Non, Votre Majesté."
"Cela vous dérangerait de passer un peu de temps avec moi ?"
La question la surprit. Elle ne l'avait pas vu depuis un mois et pensait qu'il était fâché contre elle la dernière fois qu'ils s'étaient parlés. Elle ne comprenait pas pourquoi il continuait à s'intéresser à elle. La dernière chose dont elle avait besoin, c'était d'apprécier quelqu'un et d'être déçue. Il était facile de l'apprécier et de se sentir en sécurité.
Angélica pensa à refuser sa demande avant que ses sentiments ne deviennent plus forts.
Le roi tendit sa main juste avant qu'elle puisse ouvrir la bouche et décliner poliment sa demande. Maintenant, elle se sentait comme n'ayant pas d'autre choix que d'accepter son invitation. En prenant sa main, il l'aida à monter et elle s'installa à l'arrière du cheval.
"Accrochez-vous." dit-il.
Hésitante, elle entoura ses bras autour de lui et ils s'éloignèrent au galop. Angélica avait toujours rêvé de partir à l'aventure et cela en avait tout l'air. Le roi chevauchait à travers les bois à une vitesse telle qu'elle appréciait le vent qui lui balayait les cheveux en arrière et de voir les arbres défiler. Ne pas savoir où il l'emmenait rendait également la chevauchée plus excitante. Qui la croirait si elle racontait que le roi était venu incognito et l'avait emmenée ?
Le roi les mena à un endroit où le bois rencontrait la rivière. Il l'aida à descendre du cheval puis l'attacha à un arbre. Angélica regarda devant elle la rivière, entourée d'un éclat d'arbres. Elle écoutait le son de l'eau tumultueuse qui suivait un chemin sinueux sur les rochers.
Angélica voulait tremper sa main dans la rivière et la sentir s'écouler entre ses doigts. Sans s'en rendre compte, elle avança et fit ce que son cœur désirait. Elle appréciait la sensation de l'eau froide sur sa peau.
Le roi s'assit sur un rocher près de la rivière et la regarda assouvir sa curiosité.
"Je suppose que vous aimez les rivières, Votre Majesté."
"Oui." dit-il, les yeux rivés vers l'eau. Il portait une expression plus triste qu'à l'ordinaire.
Angélica sortit sa main de l'eau et s'assit sur un rocher, face à lui.
"Quelque chose semble vous tracasser," commença-t-elle.
Il la regarda à nouveau avec un sourire timide. "C'est une partie de l'être roi." dit-il.
C'était compréhensible, mais elle sentait qu'il y avait quelque chose d'autre qui le tracassait en plus de ses devoirs Royaux.
"Souhaitez-vous ne pas être roi ?" demanda-t-elle.
"Je souhaite être libre." dit-il, les yeux devenant lointains comme s'il rêvait de la liberté dont il parlait.
Il semblait mécontent d'être roi. Peut-être était-ce pour cela qu'il était ici avec elle, pour échapper à ses devoirs un instant. Pour fuir son destin que la femme aux cheveux roux dans son rêve avait prédit.
Angélica voulut lui demander à propos de son rêve, mais il pourrait mal interpréter si elle lui en parlait. Elle décida de le garder pour elle pour l'instant.
"Merci d'avoir parlé à mon père de Sir Shaw."
"Je suis content d'avoir pu aider. Peut-être devriez-vous penser à vous marier ? Je crois qu'il serait bénéfique pour vous d'épouser quelqu'un qui puisse vous protéger et pourvoir à vos besoins. Vous ne serez pas éternellement à la charge de votre père." Il lui dit.
Il avait raison, mais elle se demandait pourquoi il lui parlait soudainement de mariage et s'il n'avait pas l'intention de l'épouser, alors pourquoi passait-il du temps avec elle ?
"Votre Majesté, ne vous plais-je pas ?" demanda-t-elle.
Craignant de voir son expression, elle baissa les yeux sur ses mains. Son cœur commença à battre dans ses oreilles et elle attendit sa réponse ce qui semblait être une éternité.
Angélica ne pouvait pas se voir avec un autre homme. Jusqu'à présent, il était le seul qu'elle appréciait et avec qui elle se sentait à l'aise. Même en sécurité et comprise. Si elle devait épouser quelqu'un, alors il serait le seul qu'elle pourrait considérer.
"Vous ne serez pas heureuse avec moi."
Elle leva les yeux pour voir ses yeux tristes. "Pourquoi pas, Votre Majesté ?"
Il se frotta le cou. "J'ai connu une femme autrefois. Elle vous ressemblait et avait votre esprit fort. Notre destin s'est mal terminé. J'ai peur que la même chose se répète. Les choses ne se termineront pas bien entre vous et moi, Angélica." Il avait l'air plein de remords.
Qui était cette femme et comment cela avait-il mal fini ? Il était secret et ne lui disait pas toute l'histoire. Angélica essaya de ne pas insister pour en savoir plus et de paraître désespérée. Il venait juste indirectement de refuser de faire d'elle sa femme.
Le roi se leva, "Je sais que je vous induis en erreur. Je devrais vous ramener chez vous." dit-il avec regret.
Après cela, l'atmosphère entre eux devint tendue. Ils rentrèrent en silence et lorsqu'ils arrivèrent chez elle ; il n'eut pas beaucoup de mots. Il lui souhaita seulement au revoir. La manière dont son regard s'attarda sur elle avant de s'éloigner avait l'air de signifier un adieu définitif.
Angélica eut l'impression qu'il fuyait, craignant que les choses se terminent mal entre eux, il voulait donc mettre fin à cela plus tôt. Mais pourquoi croyait-il que les choses se répétaient ? Serait-ce la femme de son rêve ? Ses rêves, comme ceux de son frère, signifiaient-ils quelque chose de plus ?
Elle l'espérait que non.
Déçue, elle rentra chez elle. Maintenant que le roi n'était plus une option, elle devait épouser quelqu'un qu'elle n'appréciait même pas. Quelqu'un qui ne la regarderait ni ne lui parlerait comme le roi l'avait fait. Quelqu'un avec qui elle ne se sentirait peut-être même pas à l'aise. Si elle ne commençait pas à chercher bientôt, elle serait obligée d'épouser n'importe qui serait prêt à l'épouser à son âge. Elle ne pouvait pas vieillir davantage sans se marier.