(Point de vue de Marcus)
La rage gronde en moi, sourde et brûlante. Depuis des semaines, j'observe, je patiente, je me contiens. Mais cette fois, c'est la fois de trop. Je l'ai vue, là, dans la cuisine, jouant avec le désir d'un autre homme. Un simple cuisinier, un inconnu qui n'a aucune prétention, aucune place à revendiquer à ses côtés. Et pourtant, elle l'a laissé s'approcher. Elle l'a tenté.
Mon loup rugit dans ma tête, exigeant vengeance, exigeant que je la ramène à sa place, qu'elle se souvienne à qui elle appartient. Mais la vérité est cruelle : elle ne m'appartient plus. Ce lien qui nous unissait a été rompu par le rituel, et maintenant, elle se laisse aller, sans attache, sans limite.
Je fulmine, je perds pied. Rester ici, à la voir s'éloigner un peu plus chaque jour, à sentir son odeur se mêler à celle d'autres hommes, c'est au-delà du supportable. Alors je quitte la villa. Je ne dis rien à personne. Je me contente de monter dans ma voiture, d'appuyer sur l'accélérateur et de laisser la route défiler sous mes yeux.
Je roule, loin, vite, sans but précis. Seule la nécessité d'échapper à cette prison invisible me guide. Après des heures de conduite, je me retrouve devant ma petite maisonnette près de l'étang. C'est un endroit que peu de gens connaissent, un refuge personnel que j'ai toujours gardé secret, loin des affaires de la meute, loin de tout.
Je coupe le moteur et sors, inspirant l'air frais du soir. Ici, il n'y a que le silence et le bruit apaisant de l'eau. Pas d'odeur de trahison, pas de murmures coupables, pas d'images d'Aelynn dans les bras d'un autre. Juste moi et mon besoin urgent de retrouver mon équilibre.
Je prends mon téléphone et contacte Elias, mon fidèle bêta.
— "Je suis à la cabane près de l'étang. Garde un œil sur la villa et informe-moi de tout ce qui se passe."
Il hésite avant de répondre :
— "Tout va bien, Alpha ?"
Je serre les dents.
— "Fais ce que je te dis."
Il ne pose pas plus de questions et raccroche.
Je laisse échapper un soupir, puis entre dans la cabane. Le lit est froid, les lieux sont silencieux, mais au moins, ici, je peux penser.
Qu'est-ce que je vais faire ? Comment la récupérer ? Ai-je seulement une chance de raviver ce qu'elle ressentait pour moi, ou est-elle définitivement perdue ?
Je me laisse tomber sur le lit, le regard fixé au plafond. La réponse m'échappe encore, mais une chose est sûre : je ne peux pas rester indéfiniment dans cette attente.
Bientôt, je devrai agir.