[Objectif : Chassez les âmes errantes du village de Pentyr.
Temps restant : 13 jours et 16 heures.
Récompense : ???
Si échec : anneau de stockage confisqué]
C'était le deuxième petit-déjeuner qu'il prenait dans cette résidence, et Norval avait déjà retenu une information majeure. Aucune personne ici ne semblait savoir cuisiner. A l'exception de David, l'ecclésiastique, et Edmond, le grassouillet. Trois jeunes filles logeaient au deuxième étage. La plus jeune était en troisième année, et les deux autres, en sixième et septième année. Malgré son statut, Norval n'était pas exigeant en matière de nourriture. Il pouvait manger de tout tant que c'était comestible. Pourtant, ce matin-là, il avait du mal à finir son bol. Il avait fait face à la même situation la veille, que ce soit au petit-déjeuner, au déjeuner, ou même au dîner. Bien sûr, tout le monde pouvait rater un plat de temps en temps, et Norval, lui-même ne sachant pas cuisiner, ne se permettrait pas de critiquer. Mais c'était le quatrième repas depuis son arrivée, et à chaque fois, l'expérience était pire que la précédente ! À quel point les talents culinaires des résidents devaient-ils être médiocres pour en arriver là ?
Alors qu'il était sur le point de prendre une cuillère de la soupe visqueuse qui se trouvait devant lui, il ne put finalement s'y résigner et reposa le couvert sur la table. Edmond, l'auteur de ce plat désastreux, se leva précipitamment pour se rendre aux toilettes. Les deux filles plus âgées secouaient la tête, déçues, comme si elles s'attendaient déjà à ce résultat. La plus jeune, en revanche, ne devait certainement pas s'attendre à ce que le plat soit aussi immonde, puisqu'elle s'était risquée à en prendre quelques bouchées. Comme prévu, elle en subit les conséquences et s'évanouit dans son bol. L'une des filles la retira rapidement et la porta jusqu'aux toilettes. Il ne restait plus que trois personnes à table, les trois sixièmes années de la résidence. Parmi eux, seul Norval avait goûté à cette soupe. Naturellement, les deux autres déplacèrent leurs regards vers lui.
"Tu es sûr que ça va, premier palier ?"
"Est-ce qu'il est vraiment premier palier ?" Demanda la fille. "Je ne pense pas qu'il aurait survécu à cette soupe si c'était le cas."
Ils le fixaient tous deux avec un mélange d'inquiétude et d'horreur. Norval venait tout juste de se rendre compte que le collier de perles qu'il avait obtenu de la première ministre avait la capacité de rendre son porteur plus résistant à la torture. Il était étonnant que la relique possède ce type de compétence, mais c'était encore plus étonnant qu'elle ait pris la digestion de ce plat comme une forme de torture. Au moins, cela lui avait évité de finir dans un état aussi pitoyable que les autres.
"Je vais bien." avoua-t-il honnêtement. "Sautons le petit déjeuner pour ce matin et allons directement en cours. Je pense que personne ne souhaite être en retard le premier jour."
Sans aucune hésitation, ils quittèrent la résidence pour rejoindre leur classe. A ce moment, ils semblaient tous penser à la même chose. "Les autres se débrouillerons"
Il y avait un peu plus d'un millier d'étudiants en sixième années à Dryadalis, tous plus ou moins répartis en fonction des deux spécialités qu'ils avaient choisi. Norval avait pris soin de sélectionner celles qui ne demandaient pas une grande quantité de Vis. Son premier cours était l'une d'entre elles : Alchimie. Les bâtiments dédiés à ces cours se trouvaient au nord du campus, dans une sorte de village dominé par une haute tour en son centre. Celui où Norval devait se rendre était assez imposant, un édifice en pierres recouvert de mousse à certains endroits. Les hautes fenêtres des salles de classe étaient voûtées, et les toits pointus étaient surplombés de hauts piques d'acier. Des professeurs chercheurs et des étudiants en uniformes, allaient et venaient. Norval suivit la foule et se rendit jusqu'à sa classe. La plupart des étudiants n'étaient pas encore arrivés, lui laissant le loisir de choisir la place qu'il souhaitait. D'autres en auraient sûrement profité pour s'asseoir devant, là où on avait la meilleure vue sur le tableau et où les paroles du professeur étaient les plus audibles. Cependant il s'assit le plus à l'arrière possible, sur la dernière rangée. Ce n'est pas parce qu'il devait montrer ses compétences pour justifier son invitation par l'un des doyens qu'il était obligé de participer en cours. Avoir les meilleures notes serait largement suffisant.
Au fur et à mesure que la salle se remplissait, Norval put observer trois profils types de personnes qui passaient cette porte. Tous ceux qui étaient présents dans cette salle étaient des étudiants ayant choisi Alchimie comme spécialité. Parmi eux, il y avait d'abord les intellectuels, ceux qui avaient opté pour cette spécialité en raison de son aspect axé sur la recherche. Il y avait ensuite, ceux qui avaient été contraint de choisir cette spécialité par leurs parents ou autres membres de leur famille qui se trouvaient déjà dans le milieu. La plupart de ceux-là étaient des jeunes gens issus de bonnes familles. Enfin, il y avait ceux qui n'avaient pas été acceptés dans la spécialité de leur choix initial et qui s'étaient retrouvés ici en raison du nombre limité de places.
Norval parvenait aisément à catégoriser chaque personne qui franchissait le seuil de cette porte. Jusqu'à ce qu'à l'arrivée de cet étudiant. Grand et élancé, il se déplaçait avec la grâce des milieux les plus prestigieux. Son expression ne laissait transparaître aucunes inquiétudes ou préoccupations quant aux regard des autres. L'uniforme avait sur lui un tout autre rendu que les autres. Ses cheveux d'une blancheur nacrée ne comportaient pas le moindre cheveux rebel. Son regard était digne, ses yeux perçants. "Mais qui est cet homme ?" pensa Norval, incapable d'en détacher son regard. Cet étudiant ne semblait correspondre à aucun des trois profils types des personnes présentes dans cette classe.
Arrivé tard, les places à l'avant étaient déjà prises, alors il se dirigea naturellement vers l'arrière. Les étudiantes féminines jubilaient d'excitation en le voyant passer près d'elles, tandis que la gente masculine admirait sa prestance. Alors qu'il approchait de la dernière rangée, un groupe d'élèves l'invita à s'asseoir à côté d'eux. Du haut de sa place, Norval avait une vue imprenable sur son profil. Le garçon s'était assis devant lui, à quelques places d'écart sur la droite.
"Si j'avais une telle apparence, je n'aurais jamais pu me faire passer pour un plébéien," pensa Norval.
Quand le professeur entra à son tour, les discussions entre élèves se stoppèrent et tout le monde se leva pour le saluer. C'était un homme bien bâti, au regard sévère. La plupart des étudiants semblait déjà le connaître et n'avaient pas l'air d'en avoir une bonne impression.
"Bien, bonjour à tous. Je suis le professeur Arthur Gallaghan. À compter de ce jour, je serai votre professeur d'Alchimie pour le reste de l'année. Vous pouvez m'appeler monsieur ou professeur Gallaghan, mais en aucun cas je n'accepterai toute autre forme d'appellation qui s'avérerait trop familière."
Il écrivit son nom en blanc sur le tableau noir et se tourna face à la classe.
"Qui parmi vous est capable de concocter une pilule, même de bas rang, qui ait une apparence convenable et qui soit bien entendu comestible ?"
Les étudiants se lançaient des regards entre eux, visiblement surpris par cette question. Ils n'avaient encore jamais appris à concocter de pilules, alors évidemment personne ne leva la main. Les cours d'Alchimie de premier et deuxième cycle n'abordaient que la préparation de potions.
Quoi ? Personne parmi vous n'en est capable ? Je peux savoir qu'est-ce que vous avez fait ces dernières années ? Vous êtes en sixième année maintenant, c'est terminé l'alchimie facile où il vous suffisait de suivre des recettes basiques à la lettre. Si vous voulez que cette année se passe bien, je vous conseille à tous de commencer dès maintenant à vous entraîner à la préparation de pilules et d'oublier les potions tant que vous n'en serez pas capables. Le premier cours de TP aura lieu dans trois jours. J'espère d'ici là, vous voir tous capables de me présenter quelque chose qui y ressemblera un minimum."
Personne n'osait répliquer, mais l'inquiétude se lisait sur les visages des étudiants. La pression que leur imposait le professeur Gallaghan était énorme. Être capable de concocter une pilule en trois jours, alors qu'ils n'avaient jusque-là jamais touché à cette pratique, c'était beaucoup trop demander. Cela relèverait du miracle si déjà dix d'entre eux en étaient capables.
"Des questions, des remarques ou des menaces de mort ?"
Alors qu'un silence pesant s'était abattu, une élève ne put s'empêcher de rire, attirant tous les regards sur elle.
"Ce que j'ai dis te fait rire ?"
— "Pardon ? Non non désolé, c'était un accident."
— "Ta présence dans ce cours doit être un accident elle aussi. Je vais te demander de quitter cette classe."
— "Q-quoi ?"
Le professeur fronça les sourcilles, agacé.
— "Ne me fait pas me répéter une seconde fois, ou j'ai peur que ta faible constitution ne te permette pas d'en supporter les conséquences."
La pauvre jeune fille humiliée devant ses camarade, emballa ses affaires les mains tremblantes et quitta le cours.
Durant les deux heures qui suivirent, pas un seul étudiant ne manqua d'être attentif. Même Norval qui n'avait pas prévu de prendre ces cours au sérieux était cette fois, particulièrement concentré sur les explications données par le professeur.
Le cours suivant n'était pas un cours de spécialité et par chance, en entrant dans la salle, Norval reconnut des visages familiers. David et Anastasia, qui résidaient dans la même résidence, étaient également présents. Lorsqu'il prit place à côté d'eux, David commença immédiatement à se plaindre de sa classe de spécialité auprès de lui, critiquant même son professeur et sa façon "honteuse" d'enseigner. Anastasia ne semblait pas mécontente de son premier cours et ne dit pas grand chose. Quand vint son tour d'expliquer ce qu'il c'était passé ce matin, les deux autres restèrent abasourdi un moment.
"Ton professeur d'alchimie… est le professeur Arthur Gallaghan ?"
Même David qui venait d'entrer dans cette académie, avait l'air d'avoir déjà entendu parler de ce professeur. Leurs expressions reflétaient visiblement de la crainte à l'égard de ce nom.
— "Ces quoi ces têtes ? Le professeur Gallaghan a-t il une si mauvaise réputation ?"
Anastasia croisa ses jambes sur la table.
— "Une mauvaise réputation ? Émile, c'est bien pire que ce que tu imagines. Cet enseignant serait connu pour avoir amené une classe entière à abandonner la voie du mysticisme. Certaines rumeurs disent même que par sa faute deux étudiants auraient mis fin à leur vie."
Norval fut profondément dérouté par ces informations. La réputation du professeur Gallaghan était en effet bien plus que mauvaise. A ce stade, on pourrait la dire terrible. Mais ça ne restait tout de même que des rumeurs. Qui pouvait bien savoir si ces faits étaient avérés ou non ?
— "Je suis assez confiant en mes compétences en alchimie pour oser dire que Gallaghan ne me causera pas de problèmes. Alors tout ira bien."
Cependant les deux autres avaient déjà perdu tout intérêt pour la conversation. Leurs yeux étaient rivés vers l'entrée, là où le brouhaha de la classe semblait s'être soudain accentué. Ces réactions lui étant particulièrement familière, Norval se retourna pour vérifier, et comme attendu, le garçon au long cheveux blanc était également présent dans ce cours.
"Ce type, il est aussi dans mon cours d'alchimie."
Anastasia parut horrifié par ces mots. Les yeux écarquillés, elle se tourna immédiatement vers Norval.
"Quoi ? Le prince Karl est dans ta classe d'alchimie ?!"
Norval crut avoir mal entendu, mais quand il réalisa que tout chez cette personne faisait preuve d'une appartenance à la famille royale d'un grand empire, il se décomposa sur place.
Le fameux prince qui voulait tant le rencontrer était en fait ce type ?