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Chapter 21 - L’ami brûlant

Elle se réveilla et continua sa route, la priorité absolue étant Ulrich. Elle avait de nombreuses questions à poser. Avait-t-il récupéré ses membres ? Avait-t-il eu une belle vie ? Elle se sentait proche de lui et au fur et à mesure qu'elle marchait, toujours plus loin, son cœur battait la chamade. C'est alors qu'elle tomba par terre. Sans s'en rendre compte, elle avait heurté un morceau de pierre. En l'observant attentivement, elle vit qu'il s'agissait d'une marche, la première d'un gigantesque escalier qui montait jusqu'au sommet de la montagne.

Elle grimpa, une, dix, cinquante, cent, deux... C'était sans fin et elle ne voyait pas le sommet. Son moral était au plus bas. Les marches étaient faites d'une matière qu'elle n'avait jamais vue auparavant. Une pierre noire très lisse et brillante. Les marches n'étaient pas régulières et elle les manqua plus d'une fois. Ce chemin était extrêmement fatigant. Elle grimpa pendant plus d'une journée, puis elle aperçut une sorte d'endroit. Elle s'y assit et observa la distance qu'elle avait parcourue. C'était si haut qu'elle pouvait voir toute la région et la ligne d'horizon était si belle dans le paysage qu'elle en avait le souffle coupé.

Elle prit quelques minutes avant de continuer, mais avant de reprendre la route, elle entendit un grognement qui s'approchait. D'abord lointain, elle ne bougea pas en attendant que l'animal se montre. Puis, la créature vint à elle, c'était un loup rouge.

Les loups rouges de cette région étaient considérés comme des créatures légendaires. On disait qu'ils étaient les enfants des volcans, les élus. Leur fourrure était ignifugée, leur vie était prolongée jusqu'à cent ans et certains disaient qu'ils avaient des pouvoirs magiques inimaginables pour les humains. On disait que ceux qui étaient témoins de leur force ne revenaient jamais.

Le loup semblait jeune, il montrait ses crocs et fit preuve d'agressivité immédiatement. Arja était sur ses gardes, prête à être attaquée. A cet instant, le loup ne la laisserait jamais passer sur son territoire et elle n'abandonnerait jamais si près du sommet croyant que son frère n'était pas loin. Ils étaient deux créatures enragées animées par la rage de vaincre et l'un d'eux devait mourir.

Arja prit lentement son couteau en main. Le loup lui sauta à la gorge. Elle était agile et put l'éviter plusieurs fois, malheureusement, le loup était encore plus agile et il réussit à la bloquer dans un coin avant de lui sauter dessus.

Il était très lourd, plus qu'un loup normal, et elle tomba sur la petite plateforme rocheuse sur laquelle elle se reposait il y a quelques instants. Elle n'avait pas la force de le repousser et elle suffoquait, elle devait trouver une solution rapidement car ses forces la quittaient très vite alors elle lui planta un couteau dans les côtes. Le loup ouvrit la gueule sous la douleur et Arja put respirer, le sang coulait le long de son cou.

Il referma ses crocs, elle le poignarda à nouveau. Le combat était très brutal et personne ne pouvait deviner qui était l'humain et qui était l'animal. Bientôt, ils étaient tous les deux ensanglantés, grognant, animés par la même rage de survivre.

Arja éprouva même des sentiments pour la bête, elle se sentait semblable à lui à ce moment-là et elle se reconnaissait en lui. Elle ne le laisserait jamais partir, tout comme lui.

Elle décida de poignarder encore une fois, plus fort, autant qu'elle le pouvait.

Lorsqu'il ouvrit la gueule pour la mordre à nouveau, elle leva le bras gauche. Elle sentit les crocs percer sa peau jusqu'aux os et elle hurla de douleur.

Il la mordit avec force. Elle réussit à lui donner un coup de pied dans les côtes, là où le couteau était planté. Le couteau s'enfonça profondément dans son corps, il referma encore plus sa gueule sur son bras à ce moment-là et s'écroula sur elle, paralysé par la douleur mais toujours conscient. Arja avait du mal à respirer sous son poids, son cou saignait et son bras était cassé en plusieurs morceaux. Elle était incapable de bouger, et c'est alors que cela se produisit.

La pire chose qui aurait pu arriver à ce moment-là. Le volcan entra en éruption...

Arja sentit son sang se glacer à l'intérieur d'elle, elle était terrifiée en voyant les explosions au sommet des montagnes. Bientôt, la lave sortirait de la montagne et les atteindrait. Elle essaya de bouger frénétiquement mais le poids de l'animal était bien trop important pour elle, surtout avec ses blessures.

Le loup ne semblait pas rassuré non plus et tenta de bouger à son tour pour s'enfuir. Un morceau de rocher fut projeté de la montagne et s'abattit sur eux. Arja et le loup furent écrasés. Elle vit la lave et se dit que c'était la fin de ses aventures. Avec le rocher sur eux, elle cessa de se battre et utilisa son bras libre pour glisser sa main derrière la tête du loup, elle le caressa tendrement. Le sang la noyait et sa vision se brouillait.

"Je suis désolée, petit. Nous n'avons pas de chance."

Le loup sous la caresse devint moins tendu. Il étendit son corps sur elle à cet instant, sa tête et son pelage la recouvrant entièrement.

Arja se sentit étouffer par la chaleur et s'évanouit avant que la lave ne puisse les atteindre. Après un temps indéterminé, elle entendit un bruit très lourd. Quelque chose frappait et les secousses la réveillèrent. Elle vit le loup sur elle se réveiller en même temps qu'elle.

Elle sentit que la pression était moins forte et elle put enfin prendre une profonde inspiration. Pas pour longtemps, sa gorge la brûlait et elle avait du mal à prendre l'air.

Elle vit la lumière du soleil et un visage. Le visage d'Ulrich était là devant elle. Elle le vit hurler son nom. Il était frénétique, il avait une pioche à la main et perçait les rochers aussi vite que possible. Peu de temps après, elle était libre. Il n'était pas seul et d'autres hommes étaient présents avec une civière. Ils la placèrent dessus, elle vit le loup poussé sur le côté, laissé là pour mourir seul. Arja attrapa le bras d'Ulrich et le supplia du regard de sauver le loup avec elle. Il prit l'animal sur ses épaules et, avec beaucoup de difficultés, le ramena avec eux.