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Chapter 7 - Urgence

(J-175)

Teni avait fini par s'endormir doucement sur les cuisses de sa mère. Le Varkit-0 continuait de voler tranquillement et approchait de sa destination. Tout le monde était silencieux à bord, chacun plongé dans ses pensées personnelles. Kévin, lui s'assurait que l'appareil demeure bien en mode furtif. Avec ce qui s'était passé récemment et allait bientôt se passer, il s'agissait maintenant de rester discret à tout point de vue. Van Seo-C-E-O, assit dans un fauteuil, analysait des rapports qu'il avait déjà vu plusieurs fois. Lassé, il s'enfonça dans le dossier de son fauteuil, et ferma les yeux. Il commençait à faire nuit. Son fils n'avait donné jusque là aucun signe de vie non plus. Une voix le sortit de sa rêverie. Elle lui annonça le retour proche du Varkit-0.

« Dis leur de venir me voir tout de suite après leur arrivée.

- Tout de suite. Voulez-vous que j'envoie également un message à Bertrand ?

- Non Missie.

- Bien monsieur. Votre fils vient d'envoyer un message monsieur, et il est classé urgent, répondit l'assistant virtuel intelligent.

Centre de recherche pour la sécurité et la contingence, anciennement Centre de recherche Out-er-.

Stéphano, jeune homme roux, pommettes assez saillantes, entra la salle. Il avait fondé une société dans le domaine électronique qui lui avait très bien réussi. Mais il avait toujours été frustré d'être dans l'ombre de son concurrent, Van Seo-C-E-O. Aussi avait-il lancé une société de tourisme spatial, mais la société était à ses balbutiements, et même s'il était extrêmement intelligent, il n'avait pas toute l'expérience que son rival avait accumulé. Cela l'énervait encore plus, d'autant que les domaines liés à l'espace étaient très ardus. Mais maintenant, c'était révolu.

Le gouvernement l'avait choisi pour trouver des solutions à la situation actuelle, laquelle semblait aller en empirant. Et pour l'aider dans cette tâche, l'État avait mis à sa disposition le meilleur matériel au monde. Celui de Van Seo-C-E-O. Avec cela il allait se faire bien voir, et surtout il allait pouvoir se donner les moyens d'accomplir ses envies obscures. L'homme s'assit dans son nouveau bureau, et se mit à parcourir avidement la pile de documents sur sa table. Il voulait mieux comprendre l'étendue de la situation. Les nouveaux hommes sous ses ordres eux, essayaient encore de comprendre le mode d'emploi des différents appareils. Deux avaient déjà été mis en panne, et trois avaient déjà explosé rien que cette première journée. Décidément, tout commençait bien.

Forêt de Sita, quelques heures plus tôt.

Venitia avait traîné LixLi à l'ombre et l'avait mis dans une position plus confortable. Elle avait tout essayé sans succès. LixLi était toujours inconscient. Elle fronça les sourcils et se pinça les lèvres. Les veines gonflaient au niveau du cou et des avant-bras de son ami. Elle agrippa ses cheveux avec rage et lui donna un coup de pied dans le tibia. Elle prit son téléphone et le regarda avec indécision. Finalement elle le remis dans sa poche. Le corps de LixLi s'affaissa au sol. Elle le regarda, puis colla son front au sien pour se faire une idée de sa température. Quand elle releva la tête, elle vit LixLi qui la regardait fixement.

« Tu aurais pu dire quelque-chose ! Cria-t-elle en sursautant. Son ami sans répondre, se releva très lentement, puis examina les alentours. Il regarda ses pieds, puis sa main gauche, plia les doigts de cette dernière, et finalement la laissa retomber sur le côté. On croirait en le voyant qu'il s'était réveillé dans le corps d'un étranger.

« Est-ce que tu vas bien ? Demanda Venitia.

- Je crois, répondit LixLi.

- Tant mieux. Je l'espère bien. Il faut qu'on aille au repaire. J'ai reçu un message de ma mère. Elle m'a demandé de venir avec toi.

- J'en ai reçu un de mon père aussi. Il me demandait aussi de venir avec toi. Est-ce qu'elle t'a expliqué pourquoi ?

- Oui. Apparemment le gouvernement a confisqué les entreprises de ton père. Et ça veut dire qu'il est ou va être probablement surveillé de près.

- C'est ça. Du coup par précaution il préfère abandonner complètement ses demeures officielles aussi et « mettre à l'abri » certaines personnes proches.

- Mais disparaître complètement et brusquement comme ça, ça ne va pas encore plus attirer l'attention ?

- Il a sûrement un plan en tête. Mais pourquoi ta mère et toi ? Peut-être parce que nous sommes amis tous les deux ? Je suis quand-même surpris que ta mère ait accepté de tout laisser comme ça.

- Tu es sérieux là ? Qu'est-ce que tu me fais comme ça ?

- Comment ça ?

- Ma mère, sort. Avec. Ton. Père !

- De quoi ? Et depuis quand ?

- Je sais pas…. Quelque chose comme huit mois ? Tu n'étais vraiment pas courant ?

- Impossible. Ah. Je crois que ça a beaucoup plus de sens maintenant. Mais attends. On va devenir beaux-parents ? Ça veut dire que si on a des choses à faire il vaudrait mieux le faire ou les mettre au courant avant qu'il ne se marient.

- Des choses à faire ? Comme quoi ?

- Se marier, par exemple ?

- Tu as envie de m'épouser ?

- Je n'ai jamais dit ça.

- Ah.

- Habituellement tu dissimules bien mais là j'ai crû remarquer de la déception. Aurais-tu envie de m'épouser ? Remarque je n'ai jamais dit non plus que je n'avais pas envie de t'épouser.

- Il va bientôt se faire tard, LixLi. Tu dis n'importe quoi. Je crois que tu n'es pas encore bien réveillé. Dépêchons nous d'aller au repaire.

- Parce que tu sais où c'est ? Demanda LixLi en haussant un sourcil.

- Non mais tu es censé le savoir. Alors… guide moi.

LixLi passa devant mais il eut un léger mal de tête, et entendit des mots : « Plan…. Comme prévu,….. discrétion... attention… secret ».

LixLi s'arrêta un instant et se tint la tête d'une main. Venitia s'approcha de lui, mais il se remit en route comme si tout allait bien. Ils repassèrent par la maison de Venitia, puis continuèrent à aller dans la direction opposée, jusqu'à arriver à la clôture ďune ferme. LixLi entra un code dans la serrure électronique et ouvrit la porte. Un chien vint l'accueillir aboyant joyeusement. LixLi sourit en le caressant. Mais en voyant Venitia ce dernier se mit à grogner de façon hostile.

« Chien-chien ! Ce ne sont pas des manières ! Au pied ! Le chien parut consterné par les reproches de son maître et revint vers lui la tête basse. Après avoir jeté un coup d'œil aux animaux et aux différents végétaux, ils se dirigèrent vers le bâtiment principal. Le chien voulut les suivre à l'intérieur, mais LixLi lui rappela qu'il était sale et l'envoya plutôt garder la porte.

- Je vais te faire visiter et te montrer où tu vas passer la nuit. Tu auras tes propres toilettes.

- Merci. Qu'est ce qu'on fait après ça ?

- Rien. Enfin moi je vais manger et dormir. Je suis épuisé.

- Pareil pour moi. J'ai l'impression que je pourrais me liquéfier à tout moment.

LixLi, après avoir montré les lieux à Venitia, revint au salon. Il arracha la nappe de la table et maintint sa main dessus. Le dessus de la table après vingt secondes, se mit à clignoter et une cloche verte apparut définitivement. Après quoi, LixLi remit la nappe en place et monta dans sa chambre. Il se jeta sur son lit et repensa aux événements de la journée.

Il se releva, et enleva son ordinateur du sac de survie. Il l'alluma. Quelque chose se mit à vibrer dans sa poche : c'était la clé qu'il avait remis à Xavier, mais il ne se souvenait pas l'avoir reprise. Il voulut la brancher, mais avant s'assura que l'ordinateur n'était pas connecté à internet. Il entra dans le répertoire de la clé, et commença parcourir les fichiers. Il y'avait un dossier nommé « !!!!!!!!! ». Vraiment pas discret. Il ouvrit le dossier. Il contenait une vingtaine de rapports avec des schéma et des statistiques bien détaillées.

Il commença à les parcourir nonchalamment, puis se redressa et continua avec plus d'attention, pendant que ses traits s'étiraient. Il n'avait pas de temps à perdre. Il fallait absolument qu'il prévienne son père. Il prit son ordinateur et retourna en toute hâte vers le salon. Il jeta la nappe et posa son ordinateur sur la table. L'icône de la clochette disparut pour laisser place à celle d'un astérisque. Il se mit à faire les cent pas autour de la table pour patienter.

***

Régis, Albert et sa famille étaient dans une pièce assis en face de Seo-C-E-O.

- Alors ? Comment a été le voyage ?

- Plutôt bien. Mais Kévin m'a dit qu'il avait eu quelques problèmes en venant nous chercher. Apparemment la coque du Varkit-0 aurait été frappée à plusieurs reprises par la foudre dans un ciel complètement dégagé. Et j'ai l'impression que c'est lié à ce que nous avons vu aujourd'hui.

- Ah. Tu veux parler de cette drôle d'aurore. C'est justement de ça que je voulais vous parler. Juste avant que je me fasse expulser de.. ma compagnie, nos satellites ont envoyé ça.

Van Seo-C-E-O tourna son ordinateur vers ses amis, ou l'on voyait un météorite entrer dans l'atmosphère et quelques instants après se transformer littéralement en poussière. Le nuage de poussière semblait quelques minutes prendre feu.

- Intéressant. Ça confirme ce que je pensais. Alors ?

- Patience regarde la suite. Un drone a quitté le satellites pour récupérer un échantillon comme c'est prévu pour se genre de situation et regarde ce qui s'est passé…

- Wow !

Sur les images on voyait un drone se détacher du satellite et s'approcher du nuage de poussière, mais avant même de le toucher, le drone explosa très spectaculairement.

- Comme tu sais il y'a cinq types de drones différents embarqués avec chacun une robustesse différente.

- Oui et ?

- Les drones appartenant aux quatre premiers types n'ont pas résisté. Le cinquième s'en est à peine tiré et est rentré à une des bases terrestres tant bien que mal.

- Et ?

- On a commencé à expérimenter immédiatement tu penses bien. On savait déjà que c'était mauvais pour les machines, maintenant il fallait savoir ce que ça faisait au vivant. Donc on a une quantité infinitésimale sur une plantes et voilà le résultat dix minutes après.

- Mais elle est complètement morte ? On croirait presque qu'elle a brûlé tellement elle devenue noire et sèche !

- Oh ce n'est encore rien. On a décidé de tester sur des cafards et des scorpions.

- Pourquoi ces animaux en particulier ?

- Les cafards ça ne meurt pas. Enfin très difficilement. Et les scorpions sont parmi les animaux qui résistent le mieux aux radiations nucléaires. On en avait retrouvé certains vivants après les bombardements d'Hiroshima et Nagasaki. En plus je déteste les cafards.

- D'accord. Convainquant comme argument. Qu'est-ce que ça a donné ?

- Les cafards après deux minutes et les scorpions après six minutes se sont retrouvés dans cet état.

- On croirait presque qu'ils ont été bouillis pour faire du ragoût. C'est inquiétant, répondit Régis en regardant les images.

- Je confirme, dit Téni.

- Tu es réveillée ?

- Depuis le début. Bonjour tonton Van.

- Bonjour ma chérie.

- Qu'est-ce qu'on sait d'autre ?

- Pour le moment on a remarqué qu'il fallait contact direct physique pour que ces particules soient dangereuses. Sans contact physique elles sont inoffensives. Apparemment. Nous avons repéré quatre zones où ces particules sont en suspension. Étrangement, elle restent en suspension et descendent pas en dessous d'une certaine altitude mais on ne sait pas ce qui pourrait se passer. Et le pire reste encore à venir. J'ai reçu de ça de LixLi quelques instants avant votre arrivée.

- Mais c'est affreux ! Si jamais ça arrive ce sera la fin de l'humanité !

- Malheureusement ça va arriver.

- Où est-ce que ton fils a trouvé ça ?

- Je ne sais pas. Il doit nous rejoindre demain. Mais j'ai fait faire des vérifications. C'est correct. Nous avons tout un tas de météorites comme celui qui a apporté cette poussière qui se dirigent sur terre. Et elles sont complètement différentes de celles que nous avons reçues il y a peu, les cristaux. Avec cette quantité, même si les particules restent en l'air et n'entrent pas en contact avec nous, elles vont réduire la lumière du soleil. Et je ne sais pas combien de temps l'humanité va tenir dans ces conditions.

- Combien de temps avons-nous ?

- Six mois au maximum.

- Est-ce que tu as une solution ?

- La seule chose qui me vient à l'esprit c'est de mettre à profit le projet de colonie humaine sur Eco. Mais franchement je pense qu'on devrait trouver une bien meilleure idée.

- Je suis d'accord avec toi.

Après que ses hôtes soient sortis de son bureau, Van Seo-C-E-O se rejeta dans son siège. Il trouvait que la situation se corsait de plus en plus, et de plus en plus vite. Des choses qu'il avait espéré éclaircir, s'obscurcissaient de plus en plus. Il essaya de récapituler mentalement les choses.

Un an plus tôt, il avait découvert un drôle d'appareil assez énorme, qui semblait attirer certains cristaux vers leur planète. Il avait fait quelques recherches et avait réussi à découvrir deux autres machines du même genre ailleurs dans le monde.

Il avait tenté d'en apprendre plus sur ces météores qui semblaient assez spéciales, mais avait très vite constaté que les appareils qui s'approchaient trop près de ces météores subissaient des effets plutôt indésirables. Après plusieurs travaux, il avait réussi à mettre au point des satellites plus résistants qui purent récolter des échantillons. Par contre les nouveaux satellites malgré leur amélioration, n'arrivaient pas à passer de l'autre côté de la météore. Il put quand même déduire qu'il y'avait d'autres météores dans l'ombre de celle-ci. Suivant son intuition, il avait envoyé un rapport anonyme au centre national de recherche spatial, indiquant que leur planète risquait d'accueillir des météores très spéciales et dangereuses.

Après quelques temps passés sans recevoir de réponses, il prit des renseignements et apprit que le centre ne recherche n'avait jamais reçu le rapport. Il rédigea un autre rapport toujours anonymement, et l'envoya cette fois-ci directement au ministère de sécurité nationale, mais ne reçut toujours aucune réponse. C'était comme si quelqu'un d'autre savait et voulait l'empêcher de faire connaître la nouvelle. En plus, cette personne semblait très haut placée, ou avoir le bras très long. Dans le cas où cette personne voudrait chercher à l'avenir à lui lier les mains, et un peu aussi pour pouvoir aider d'autres personnes, Van Seo-C-E-O avait commencé à construire en secret des laboratoires et habitats souterrains, et il avait acquis d'autres propriétés, toujours en secret. Il avait commencé également à mettre au point des appareils électroniques capables de résister aux effets de ces météores, et pour ne pas trop attirer l'attention il avait attendu peu de temps avant la tombée des météorites pour lancer son concours qui devait lui permettre d'intégrer différents esprits brillants dans ses rangs pour l'aider.

Pour le moment tout semblait indiquer que Stéphano, ce gamin stupide selon lui, était l'homme mystérieux. Mais quels étaient ses projets et comment avait-il pu être au courant avant lui ? Ces questions étaient toujours sans réponses, et voilà que maintenant son fils lui apprenait que ce n'était pas juste leur confort, leur technologie ou une petite fraction de la population qui était en jeu, mais bien toute la population de la planète. Qu'est-ce que tout cela pouvait bien vouloir signifier ?