(J – 176)
- Ne t'en fais pas chérie tout vas bien se passer. Je te le promet. Est-ce que je t'ai déjà donné une raison de douter de moi ?
- Non, mais c'est tellement brusque, brutal…. Je ne sais pas quoi penser. C'est trop déstabilisant.
- Je sais chérie. Je sais, répondit Albert en entourant sa femme de ses bras.
Les deux conjoints regardaient leur fille de sept ans, qui jouait avec un rubik's cube. Albert, qui ne voulait pas que sa fille grandisse avec "un cerveau ramolli," avait décidé avec sa femme de pas montrer d'écrans à leur fille avant l'âge de six ans. À la place ils l'avaient entourée de livres, dont certains nettement trop avancés pour son âge. Ils lui avaient offert des jouets, mais pas de simples jouets. "Des jouets qui stimulent la réflexion". Et cela semblait avoir payé. Leur fille Teni, parlait très bien cinq langues, et faisait des mathématiques avancées. Elle voulait plus tard devenir ingénieur comme son père, et travailler pour Styx.
- Comment est-ce qu'il sait ce qui va se passer ? Comment est-ce qu'il peut être aussi sûr ? Et comment est-ce que nous pouvons être sûrs qu'il a raison ?
- Eh bien… c'est Seo-C-E-O, répondit Albert en haussant un sourcil.
Pour des raisons de sécurité, les employés de Styx devaient évacuer vers différentes propriétés de la société, où avaient été construits des habitats pour les accueillir et les loger. Et cela pour une durée indéfinie. Monsieur Seo-C-E-O, semblait avoir une idée très précise de ce qu'il allait arriver dans un futur proche et à moyen terme. Et il était convaincu qu'il ne se passerait pas longtemps avant que certaines personnes s'en prennent à ses employés. Pour prévenir cela il avait exigé donc que ses employés soient évacués. Ce qui perturbait certains d'entre eux, c'est qu'on aurait dit qu'il savait cela depuis très longtemps. Cela alimentait tout un tas de théories du complot parmi les employés mais personne ne le craignait ni n'avait de mauvaise opinion à son égard. Après tout, la plupart d'entre eux s'étaient engagés par admiration et fascination pour lui. Lisa, la femme d'Albert, monta les escaliers et les redescendit quelques minutes plus tard avec des valises.
- Lisa, tu sais que c'est dangereux d'utiliser les escaliers avec des talons.
- Ça va chéri j'ai fait attention. Oh on sonne à la porte. Tu peux prendre les valises s'il te plaît ?
Albert prit les valises pendant que sa femme portait Teni, et ils sortirent. Sur le pas de la porte se tenait un homme plutôt massif, l'air très grave. À sa vue, Teni sourit jusqu'aux oreilles et se jeta dans ses bras. L'homme lui pinça les joues gentiment et ils se dirigèrent vers un SUV noir.
- Teni, ta ceinture.
- Déjà fait, oncle Régis.
- Alors ? Comment ça avance ? demanda Albert.
- Plutôt bien. Il reste environ 30% des employés. En réalité c'est à cause de leurs familles que tout cela prend autant de temps. C'est un peu compliqué de les convaincre. Heureusement de ton côté il n'y a pas eu ce problème.
- Et si vous m'expliquiez tous les deux pourquoi il est aussi pressé d'envoyer ces fusées dans le contexte où nous sommes ? demanda Lisa.
Régis jeta un regard à son frère par le rétroviseur.
- Je vous vois les garçons, fit Lisa en croisant les bras sur sa poitrine.
- Tu sais que c'est confidentiel, répondit Régis. Puis devant le lourd silence de sa belle-sœur, il ajouta : Et puis de toute façon tu seras bientôt au courant donc ne te presse pas.
- Comment ça je serai au courant ? Pourquoi ? Vous voulez m'inclure dans un de vos complots c'est ça ?
- (Soupir agacé) Pourquoi tu poses des questions si tu ne veux pas avoir les réponses ?
- Je plaisante Régis. Je plaisante. Je voulais te dérider. Tu as toujours aussi peu le sens de l'humour.
- Oncle Ré…. Commença doucement Téni.
Régis regarda sa nièce. Elle avait le doigt collé à la vitre et semblait pointer quelque chose. Dans le ciel se trouvait quelque chose qui ressemblait à un champignon de feu. « Oh non, » fit Régis en essayant de faire ralentir la voiture. Le moteur de la voiture, pour toute réponse s'éteignit tout simplement et refusa de démarrer à nouveau. Albert sortit son ordinateur de son sac à dos et l'alluma. L'écran clignotait. Il ouvrit le terminal et entra quelques lignes. Il reçu quelques secondes plus tard une réponse : « coming ».
- Il arrive, dit-il à son frère.
- .....
- Ne me regarde pas comme ça. Tu préfères continuer à pied ?
- Je n'ai rien dit, Albert.
- Hmpf.
Tout le monde sortit de la voiture. Téni semblait hypnotisée par la lumière éblouissante qui s'était formée dans le ciel. Albert sortit des jumelles de son sac. Elles avaient été conçues de façon à changer automatiquement de teinte et d'opacité en fonction de la luminosité extérieure. Cela permettait aux enfants un peu trop imprudents de ne pas se brûler les rétines lorsqu'ils regardaient le soleil. Mais cet exemplaire était un peu différent. On pouvait dire que c'était un mini laboratoire.
Albert regarda le ciel pendant une dizaine minutes avant de tendre les jumelles à son frère. Celui-ci les porta à ses yeux et retint une exclamation de surprise. Teni se mit tirer sur le pantalon de son oncle. Elle aussi elle voulait voir. Son oncle lui tendit les jumelles et à son tour elle regarda le ciel. Elle fut surprise. Il ne s'agissait pas de flammes comme ce qu'ils avaient pensé plus tôt.
- Est-ce que ce sont…. Des… aurores boréales ou australes ? Mais nous ne sommes pas du tout dans la zone ? Et cette couleur ce n'est pas du tout habituel. Jaune doré ?
Albert regarda sa fille réfléchir intensément à la question. Il se sentit assez fier. Il s'abaissa pour lui caresser la tête.
- Ah ! J'ai trouvé papa ! Je sais ! Je pense que ce sont des particules de météorites. Elles sont sûrement chargées et agissent comme des particules de vent solaire. Et puisqu'elles sont dans l'atmosphère elles réagissent avec celle-ci pour donner ce phénomène.
- Pas mal, ma chérie. Et comment tu explique que ça se passe seulement maintenant ?
- Eh bien, on ne sait pas encore tout sur ces météorites n'est-ce pas ? Peut-être que ces particules changent de propriétés en fonction de différents facteurs extérieurs. Du coup ce phénomène ne se produirait que lorsque certaines conditions sont réunies ? Peut-être la température, le moment de la journée etc… Ou peut-être qu'on a affaire à des particules d'un tout nouveau type de météorites qui arrivent seulement maintenant ou très bientôt.
Albert regarda sa fille hébété. Il jeta un coup d'œil à son frère qui semblait assez impressionné. Lui-même avait pensé à la même chose et il était convaincu que ça devait être forcément ça. Mais il n'avait pas pensé à la possibilité qu'une ou plusieurs autres météorites arrivent encore s'ajouter aux autres.
- Teni tu es géniale ! Et tellement intelligente ! Je suis fier de toi.
- Complimente moi plus papa, répondit Teni en faisant semblant d'être fâchée.
- Tu as raison. Tu es la fille la plus géniale du monde !
- Hmpf ! Dit-elle en prenant un air très satisfait.
- Après ta mère bien sûr.
- Comment oses-tu ! Fit la petite fille en lançant un regard outré à ses deux parents, ce qui les plongea dans un fou rire.
Le sable commença à voler violemment autour d'eux. Albert leva la tête. Il vit une sorte de vaisseau obscurcir progressivement le ciel en descendant vers eux. L'engin totalement noir avec de petites raies bleues sur le toit et les côtés, ressemblait à une fusion d'avion de chasse et d'hélicoptère, avec en plus qu'il faisait la taille d'un terrain de football.
Au milieu de chaque aile se trouvait un trou où était placée une hélice. Le stator des hélices était maintenu en place par des sortes de barres partant du haut du stator pour venir se souder à la partie supérieure des ailes. Mais en regardant attentivement, on pouvait voir qu'il n'y'avait aucun point de contact entre les barres et le stator. Ce système était une innovation et un secret propre aux entreprises Out-er-. Il avait été mis au point par LixLi Sin-C-E-O en personne. L'engin s'arrêta 30 centimètres au dessus d'Albert et de sa famille. Une passerelle s'abaissa juste devant eux pour leur permettre de monter.
- Je pensais qu'il devait venir tout seul en mode pilotage automatique ? Pourquoi es-tu monté à bord Kévin ?
- On a un problème. Je suppose que vous avez vu la chose dans le ciel ? Changement de programme. On va confier vos bagages à quelqu'un pour qu'ils les installe à votre place et pendant ce temps je vous emmènerai voir Van. Oui ta femme aussi.
Prairie d'Allechamp, début de la nuit.
Le feu de camp était vif. Il se voyait d'assez loin. Venitia enfonça ses mains dans ses poches. Il ne restait plus que quelques pas qu'elle franchit rapidement. Elle s'arrêta. Une fille était assise en tailleur à côté du feu. Elle avait les bras croisés, les yeux clos et les cheveux blonds. Elle portait une tenue noire avec des figures bleues au niveau de la poitrine, des avant bras et des cuisses. Cela ressemblait aux combinaisons un peu moulantes que portaient certains super-héros et autres personnages de films de science fiction. C'était d'ailleurs assez similaire à la combinaison qu'elle-même portait sous ses vêtements.
- Salut. C'est toi Xana ?
- J'ai failli attendre, répondit la fille en ouvrant ses yeux bleus.
- Pas de doute, c'est bien toi.
- Suis moi, l'interrompit Xana. en se levant.
- Mais, le feu ?
Xana claqua des doigts et le feu s'éteignit. « Frimeuse , dit Venitia. Elles marchèrent une heure de temps environ pour arriver au bord d'un lac.
- Pourquoi ne pas m'avoir donné rendez-vous ici ?
- Pour m'assurer que tu n'étais pas suivie.
Xana joignit ses mains et ses yeux brillèrent, littéralement. Des remous apparurent, et une cabine sortit lentement de l'eau. Xana prit Venitia dans ses bras et marcha tranquillement sur l'eau jusqu'à la cabine. Celle-ci s'ouvrit pour la laisser entrer, et après s'être refermée, elle replongea sous l'eau. Venitia était émerveillée par ce qui était en train de se passer autour d'elle.
- Je pense. Que. Tu peux. Me lâcher. Maintenant. Et. Me poser au sol.
- Tu mourrais instantanément.
- Yik !!!
La cabine toucha le fond du lac. Le sable vibra tout autour, et la cabine s'enfonça encore. À l'intérieur l'obscurité était maintenant complète. Des ampoules bleutées s'allumèrent au plafond. La cabine s'enfonça encore jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de sol et que l'eau apparaisse à nouveau. La cabine toucha le fond avec un son métallique. Elle se mit à avancer en avant, pour rentrer dans un tunnel. Il se referma et des pompes chassèrent l'eau. La cabine s'ouvrit alors. Xana sortit et mit un pied contre la paroi du tunnel. Ses yeux s'illuminèrent et des inscriptions apparurent sur le mur. Elle appuya l'une d'entre elles et les lumières clignotèrent. Alors elle posa Venitia au sol. Cette dernière émit un cri avant de sautiller deux fois.
- Le sol m'a électrocutée !
- Quelle tragédie !
- Je suis sérieuse !
- Tu vas t'y faire. J'ai fait un réglage. Tu ne mourra pas. Maintenant suis moi, et tais toi.
- Oh mon Dieu ! J'avais pas remarqué ! Tes talons sont trop beaux. Je les veux ! Je les veux ! Et le son qu'ils font quand tu marches… tellement cool ! D'ailleurs c'est quelle matière ce sol ? Oh ! Pourquoi est-ce qu'il s'illumine à chaque pas que tu fais ?
- Ça t'amuse vraiment de faire ça ?
- Oui énormément. Au fait je ne sais toujours pas qui tu es vraiment ni d'où tu viens.
- Et pourtant tu me suis en pleine nuit sous de l'eau toute seule.
- .. C'est parce que mon intuition t'aime bien.
- … Pour le moment tout ce que tu dois savoir c'est que je ne suis pas d'ici. Qui je suis ? Tu n'as certainement pas envie de le savoir.
- Ben si puisque je demande.
- Si tu savais, tu me détesterais à mort, et tu aurais tellement peur que tu prendrais tes jambes à ton cou. Disons que je n'ai pas une très belle réputation d'où je viens.
- Et c'est justifié ?
- Oui.
- Tu ne m'as pas l'air si terrible ?
- C'est parce que tu ne me tape pas encore sur les nerfs. Et puis je t'aime bien, même si tu es parfois agaçante. D'un autre côté il est vrai que j'adore mon frère adoptif sans être du tout gentille avec lui mais…. C'est une autre histoire.
- Ah.
- …..
- Ton frère est comme toi ?
- C'est-à-dire ?
- Il a tes « aptitudes » étranges lui aussi ? Et cet air hautain aussi ?
- L'air hautain, plus ou moins. C'est de famille. Même si mon autre frère… non rien. Marche plus vite. Pour les capacités je doute fort. Elles sont le fruit d'expériences que j'ai faites après avoir quitté ma famille. Et pour la plupart elles me sont confiées par ma combinaison.
- Depuis qu'on se connaît tu ne fais que me donner des ordres. Tu ne me demande rien gentiment.
- D'où je viens les gens exécutent ce que je veux sans que j'ai à parler sous peine de mourir et très peu ont l'honneur de me côtoyer donc estime toi heureuse, calme toi et encore une fois tais-toi.
- Donc tu es quoi ? Un genre de princesse ?
- ...… Oui. En réalité je suis princesse d'un empire, et très bientôt impératrice.
- Mais il n'y a pas d'empire sur terre ! Attends une seconde. Vu le contexte.. .. haop ! Tu es une sorte d'extraterrestre c'est ça ?
- Quelque-chose dans le genre.
- Hahaha elle est bien bonne. Ha ha ha.
- Hanhanhan
- Attends c'était quoi ça ? Tu te fiches de ma gueule ? ….. Tu es.. vraiment sérieuse ?
- N'en-n' ais-je pas l'air ? Ah. Arrête toi.
Une immense double porte se tenait en face des deux filles. Son accès était bloqué par une statue de femme en tenue grecque. Elle tenait une lame pointée vers le haut, et un livre proche de sa poitrine avec son autre main. Xana poussa un soupir visiblement très mécontente.
- Bonjour Opéra, dit-elle de façon très moqueuse.
- Attends, tu es sérieusement en train de parler à une statue ?
Un phénomène extraordinaire se produisit. Les yeux de la statue s'allumèrent et tout son corps bougea en émettant des grincements et des bruits de pierre, sous les yeux ébahis de Venitia qui n'arrivait plus à parler.
- Ne m'appelle pas comme ça j'en ai horreur. Mon nom c'est Operasys pas Opéra.
- Bien Operasys. Voudrais tu nous laisser entrer s'il te plaît ?
- Tch, dit Operasys en se retournant et en ouvrant la porte.
- Merci, répondit sarcastiquement Xana en entrant avec Venitia.
Ton frère est plus cool et plus intelligent que toi, dit Operasys en tirant la langue. Xana en colère, bondit vers la statue, mais celle-ci referma promptement la porte.
- Elle me le paiera. Plus tard. Revenons à nos moutons. Va au centre de la pièce.
- Non ! Explique moi d'abord ce qui vient de se passer.
- Maintenant ?
- Oui maintenant !
- D'accord.
- Mais qu'est-ce que tu fais ? Repose moi ! Ce n'est pas ça qu'on appelle des explications !
- Tais-toi, sinon je te fesses.
- Tu quoi ? Lâ-che moi ! Hmmmh ! Mmm !
- Bien voilà. Je te dépose. Reste ici ne bouge pas. Je vais retirer ma main de ta bouche, mais s'il te plaît, tais toi.
Xana se dirigea de l'autre côté de la pièce, plaça une main contre le mur, qui s'alluma comme un écran géant. Des inscriptions qui paraissaient dans une langue étrangère et très ancienne, occupaient maintenant toute la place sur le mur. Elle appuya sur l'une d'entre elles, fit glisser une autre vers le haut, et appuya encore sur une autre. Un rayon frappa très brièvement Venitia en pleine poitrine, ce qui la fit s'écrouler. Elle essaya de se relever, mais sans succès. Ses bras et ses jambes lui semblaient être en coton. Sa vue commençait à se brouiller. « Je sais c'est douloureux. Mais ça passera vite, » dit Xana. Elle prit Venitia sur son dos et se dirigea vers une autre porte qui s'ouvrit pour la laisser entrer dans une autre cabine. Celle-ci glissa le long d'un tunnel jusqu'à l'eau, puis se dirigea vers le haut. Une fois revenue dans la prairie, Venitia sauta prestement au sol. Son malaise était déjà passé. Mais elle était toujours fâchée. Alors elle voulut frapper Xana qui para aisément son coup.
- Tu ne devrais pas trop bouger. C'est promis je t'expliquerai tout au moment opportun. Continue à me faire confiance comme tu l'as fait jusqu'à maintenant. Et Je dois rester avec toi pour m'assurer que tu vas bien. Donc je vais déménager chez toi.
- Je te déteste.
- Essaie d'être plus convaincante prochainement.
Venitia sortit machinalement son téléphone. Elle avait une centaine de messages en absence de la part de LixLi. Lui alors…