Geno : Depuis quand le soleil rayonne-t-il autant ?
La tête penchée en arrière, observant le soleil et attendant devant un étalage, Geno semble être plongé dans d'intenses réflexions.
Marchand : Tenez, voici votre gant, ça fera 5 pièces.
Une voix fait sortir le jeune chasseur de ses pensées et il se tourne vers le marchand qui lui tend un gant en cuir.
Geno : Ah, Merci...
Geno retire alors la main gauche de sa poche et enfile l'objet que lui tend le marchand.
Marchand : Eh bien... C'est de sacrées cicatrices que vous avez là.
Suite à ces paroles, le chasseur lui lance un regard noir qui effraye le marchand.
Geno : Tenez...
Il plaque 5 pièces sur l'étalage et s'en va en se dirigeant dans une ruelle ombragée où personne n'allait.
Marchand : Merci !... Étrange comme personne, sûrement un de ces foutus chasseurs…
Après un moment de marche dans les rues de la capitale, à l'écart des regards et des gens. Il finit par se retrouver au pied d'un grand escalier bordé de maisons et il s'arrête pour observer l'église qui se trouve au sommet.
Geno : La fameuse maison de dieu...
L'endroit est calme, il n'y a personne autour de lui, ni dans les ruelles voisines. C'est alors que le cris d'une fille se fait entendre pas très loin, dans une ruelle voisine.
Voix de garçon : Réponds moi ! Qu'est ce qu'il y a ?!
Intrigué, Geno lance juste un regard vers l'allé qui est à sa gauche, d'où provenaient les cris et il y voit juste un petit garçon accroupi près du corps d'une fille qui semble être un peu plus âgé que lui. N'y prêtant pas plus d'importance, il entame l'assomption des marches.
Voix de garçon : Non arrête !
Geno s'arrête brusquement et, sans bouger, il tente d'entendre la suite de la discussion.
Voix de garçon : Pourquoi tu fais ça ?! Qu'est ce qu'il te prend à me mordre ?
Geno : Mordre ?
C'est alors qu'il réalise ce qu'il se passe, il descend les quelques marches qu'il avait gravit et s'engouffre dans la ruelle.
Geno : Hey !
Le garçon de treize ans qu'il avait vu juste avant est à terre en train de se tenir l'épaule, en sang, alors que la jeune fille, plus âgé, est debout, juste devant lui. Elle semble être hors de contrôle et hurle de douleur tout en se tenant la tête en se tirant les cheveux. Geno fait alors apparaître un pic de glace dans les airs avant de les projeter droit sur la fille, venant se loger dans son épaule et la faisant tomber. Il jette ensuite un coup d'oeil au garçon qui est maintenant à ses pieds.
Geno : Tu vas bien ?
Le jeune enfant détourne le regard de sa soeur pour observer le chasseur, les larmes aux yeux.
Garçon : Je vous en prie, il faut aider ma grande sœur…
Geno : Depuis quand elle est comme ça ?
Garçon : D... Depuis qu'on est ici, elle est devenu folle d'un coup.
Geno : Je voulais dire, depuis combien de temps son comportement à changer.
Il n'ose pas lui répondre alors que sa grande sœur se relève péniblement avant de se contorsionner tout en faisant des grognements pendant qu'un troisième bras sort de son ventre projetant du sang dans tous les sens.
Geno : Réponds moi ! Depuis combien de temps ?!
Aucun mot ne sort de sa bouche.
Geno : Alors comme ça tu savais…
Elle se met à charger Geno lorsqu'elle est subitement arrêtée par un immense cône de glace qui sort du sol et qui la transperce au niveau du ventre, laissant son corps inanimé trôné au sommet tandis que du sang coule le long du pic. Geno se dirige alors vers le gamin, il le prend par le col, le relève et le plaque contre un mur.
Geno : Réponds moi ! Tu savais qu'un parasite était en elle mais tu n'as pas réagi ! Tu te rends compte de ce que tu as fait comme connerie ?!
Garçon : M... Mais...
Geno : Mais quoi ?! Tu sais que tu aurais pu y laisser ta vie à cause de ce genre de choses ?! Si je n'avais pas été là, tu y serais passé et on aurait eu un parasite qui aurait attaqué un grand nombre de personnes ! Donc pourquoi tu n'as pas prévenu la guilde dès le début ?!
Encore une fois, il ne répond pas et détourne le regard en fixant le sol.
Geno : Répond !
Garçon : Je pensais pouvoir la sauver...
Le garçon n'arrive plus à contenir ses larmes et quelques unes coulent le long de son visage. Remarquant ce détail, le chasseur finit par lâcher le petit qui, sous la pression, se met à fondre en larmes tout en glissant le long du mur.
Geno : La sauver…
Il serre les poings.
Geno : Elle était condamnée… Elle l'était à partir du moment où le parasite est dans son corps, l'abattre dès le début lui aurait permis d'éviter cette torture qu'est la transformation… C'était ça qu'il fallait faire pour la sauver…
Il observe une dernière fois le pauvre garçon avant de repartir d'où il vient.
Geno : Fais attention à ce qu'il t'entoure, un malheur peut vite arrivé tu sais.
Une fois sorti de la ruelle, il reprend l'assomption de l'escalier vers l'église. Une fois en haut, il pénètre dans le bâtiment qui lui fait face. Il marche lentement dans la nef avant de jeter un regard derrière lui et de s'asseoir sur l'un des nombreux bancs. C'est alors que des bruits de pas se font entendre et que quelqu'un entre dans la bâtiment.
Voix lointaine : Je savais pas que t'étais devenu croyant ?
Geno : Non, je viens ici pour... Être au calme… Mais pas que.
Il ne se retourne pas et laisse la personne s'avancer vers lui.
Voix : C'est vrai que c'est très reposant et que ça en fait un très bon endroit pour méditer et réfléchir... Quand il n'y a pas de cérémonies en tout cas.
La personne finit par arriver au niveau du banc où est assis Geno et ce dernier tourne la tête pour enfin voir l'homme à la toge noir délabré et au masque en forme de crâne qui lui parlait.
Geno : Qu'est ce que tu veux de moi Faucheur ?
Ce dernier s'assoit près de lui.
Faucheur : Je veux juste discuter.
Geno se remet à fixer l'hotel qui se situe en face de lui, au cœur de la bâtisse, puis soupire.
Faucheur : Tu n'y es pas allé de main morte avec sa sœur...
Geno : Alors comme ça tu as vu la scène ?
Faucheur : Tu sais, les toits offrent parfois de beaux points de vue.
Geno : Je vois… Il aurait pu lui éviter une fin si violente, j'ai juste abrégé les souffrances de sa… De cette chose plutôt.
Faucheur : Tu ne la considérait plus comme un être humain ?
Geno : Non.
Un silence s'installe dans la discussion.
Faucheur : Il va avoir un sacré traumatisme...
Geno serre ses poings.
Geno : Au moins, il saura quoi faire maintenant, l'humain apprend de ces erreurs.
Faucheur : Si tu dis ça, c'est que tu l'as revue, pas vrai ?
Il ne veut pas répondre.
Faucheur : Toi aussi tu ne savais pas comment réagir à ce moment-là… T'étais totalement paniqué quand tu les as vu mourir devant tes yeux, tu es même allé jusqu'à défier les lois de la nature alors que je t'avais dit de ne pas le faire… Maintenant tu portes, toi aussi, une marque, un traumatisme.
Faucheur porte alors son regard vers le gant qui recouvre la main gauche de Geno.
Faucheur : Un traumatisme que tu continues à rejeter.
Geno, quant à lui, jette un coup d'œil vers la faux que Faucheur a toujours gardé avec lui.
Geno : C'est toi qui ose dire ça...
C'est alors que Faucheur le prend par le col. Il est près à lui asséner un coup de poing mais s'arrête.
Geno : Alors, pourquoi tu ne le fais pas ? Vas-y, frappe moi...
Il se retient de la frapper, la remarque qu'avait fait Geno l'avait mis hors de lui sans raison mais il s'est rattrapé.
Geno : Tu vas encore me dire que tu fais ça pour me protéger car je devrai apprendre à réfléchir avant de parler pour éviter de faire des conneries et perdre de précieux alliés... Protégé pour sauver… Ne pas affronter le danger pour protéger… C'est ce que tu veux, tu veux casser cette boucle qui te poursuit depuis ton arrivée dans ce monde. Tu aurais voulu les protéger avant même qu'ils affrontent le danger et ce pour éviter que ça se répète mais tu n'as pas réussi à le faire... Toi aussi tu cache un traumatisme, ce masque qui te permet de créer un cocon protecteur. Tu ne veux pas affronter la réalité, tu ne veux pas que les gens voient le malheur et la malédiction qui te suivent donc évite de me faire la morale car tu es comme moi… Et tu sais que tu ne peux pas sauver les gens qui sont déjà condamnés.
Faucheur finit par le lâcher.
Geno : Ton mana et ta puissance ne te protègent pas de la réalité et du passé, on est tous les deux passés par là.
Faucheur : Choquer les gens, les confronter le plus tôt possible à la réalité. Je ne cautionne pas ta méthode, je l'ai appliquée pour Jules en le forçant à tuer mais je crains que ça le brise plutôt qu'autre chose.
Geno : Parce que tu penses que ta manière d'aborder le réel est meilleure peut être ? Tu m'as caché la réalité de ce monde en m'envoyant chez Nerelli et on voit le résultat. J'ai été incapable d'agir lorsque mon ancienne escouade à été massacré.
Faucheur : Je sais mais...
Faucheur se lève sans dire un mot et marche vers la sortie.
Geno : Mais quoi ?
Faucheur : Rien… Restons-en là, c'est mieux ainsi… Apprécie bien le calme du lieu pour faire ce que tu as à faire.
Geno : Au fait, avant que tu ne partes… Nerelli a perdu la vie.
Faucheur marque une pause dans sa marche tout en restant de dos à Geno.
Geno : je me devais de te le dire… Je n'ai même pas eu le temps de la remercier pour ce qu'elle a fait pour moi.
Faucheur : Pareil… Qu'elle repose en paix… Elle le mérite.
Il reprend son chemin laissant Geno seul, assis sur un banc de la nef.