Je déambule dans les rues de la capitale avec Trish sans vraiment savoir où on va. Quelques personnes nous dévisagent, sûrement par peur de nos pouvoirs et de notre rôle dans la société… Cette rumeur sur nous, le fait que l'on soit lié aux parasites, elle est vraiment bien ancrée dans leurs têtes…
Jules : Tu sais où ça se déroule au moins ?
Trish : Oui, tu n'as pas confiance en moi ?
Jules : Non, c'est pas ça, c'est juste que je connais pas très bien la ville donc je voulais m'assurer que tu sache où ça se déroule.
Trish : Quand même, à quoi bon aller à un événement si on ne sait pas où se déroule ce dernier ?
Elle est très décontractée et joyeuse... Elle a vraiment changé depuis le jour de notre rencontre et ne semble plus se tourner vers son passé. Ce n'est plus la fille froide qui se refermait sur elle-même pour devenir plus forte, elle a changé son comportement et semble reprendre foi en l'avenir. Quelque chose l'a changé... Mais quoi ? "il se révèle aux yeux des gens ayant la capacité de changer le monde autours d'eux", est ce que c'est ce foutu démon qui fait ça ? C'est ce que Petra m'avait dit mais... Non, dans son cas, ce n'est pas moi qui l'ai changé. Même si je suis responsable d'une part de ce changement, notamment lorsque je l'ai aidé face au premier parasite qu'on a affronté, il y a eu un autre changement lorsqu'on était dans la grotte... Et ce n'est pas la seule à changer, on en fait tous les frais dans l'escouade, tous sans exception... Je sens quelqu'un me prendre par la main.
Trish : Tu semble être perdu dans tes pensées, détends toi...
Jules : Euh... Oui, c'est vrai.
On continue à marcher encore un moment avant d'arriver au niveau d'une gigantesque place où de nombreux vendeurs présentent leurs produits sur des étalages le tout avec une foule comme pas possible. On s'arrête un moment pour admirer les lieux.
Jules : Wow… C'est énorme...
Trish : Oui, ça se déroule chaque année, toujours au même endroit. J'y allais souvent avec ma famille quand j'étais petite... Ca faisait longtemps que je ne suis plus revenu ici...
Elle semble à la fois ébahi par la scène, mais aussi triste à cause de ce qu'elle représente.
Trish : Bon, on ne va pas rester ici sans rien faire !
On se promène parmi les allées qui se sont formées à cause des places que les commerçants ont pris.
Jules : Et tu comptes acheter quelque chose ou tu comptes juste te balader en regardant ce qu'il y a ?
Elle me montre, fier d'elle, une bourse avec de l'argent.
Trish : J'ai fait quelques économies avec tout ce qu'on a fait depuis le début.
C'est vrai que moi aussi j'en ai fait, je sors moi aussi ma bourse et mais elle paraît plus maigre que la sienne malgré le fait que je participe uniquement aux frais pour payer la location des transports et de nourritures quand on part en mission.
Jules : Comment ça se fait que t'ai plus d'argent que moi ?
Trish : Eh eh, c'est un secret... Tiens, elles sont jolies ces pommes.
On s'approche d'une étale qui est remplie de pommes toutes plus belles les unes que les autres. Je balaye du regard l'étale jusqu'à ce que je tombe sur une vision qui me terrifie. Parmi tous ces aliments, il y avait une tête coupée... Celle du garde que j'avais tué à la frontière cette nuit-là. Cet Homme qui me suppliait de l'épargner… Que… Qu'est ce qu'il fait là ?! Il est censé être mort ! La tête est tournée dans ma direction et me fixe. Je fais quelques pas en arrière dû à ma surprise.
Trish : Jules ? Qu'est ce qu'il y a ?
Il est toujours là, même quand je bouge il me fixe et je le fixe aussi. J'ai beau essayer de le fuir, il me suit et me hante. Cette tête...
Vendeuse : Vous allez bien ?
Je sens la main de Trish qui prend la mienne.
Trish : Tu vas bien ?
Je la regarde droit dans les yeux pendant un moment puis j'observe l'étalage. Il a disparu ! Je reprends petit à petit mes esprits...
Jules : Je... Je vais aller m'asseoir quelque part, j'ai besoin d'un peu de repos.
Je me remet à marcher parmi les étalages. C'était quoi ce que j'ai vu ?! Une hallucination ?! Ça ne peut-être que ça, ce type est censé être mort ! Je l'ai moi même tué ! De mes propres mains !
Trish : Jules, attends !
Trish finit par me rattraper.
Trish : Jules, dis moi, qu'est ce qu'il ne vas pas...
Jules : Je l'ai revu... Je l'ai revu encore une fois... Il me hante... Encore et encore...
Trish : Mais de qui tu parles ?
Jules : Ce type que j'ai tué à la frontière entre les deux royaumes lorsque nous sommes allés vous secourir... J'ai revu sa tête parmi les pommes qui étaient sur l'étalage !
Trish : Pourtant il n'y était pas.
Jules : C'était une hallucination… Depuis ce qu'il s'est passé dans la grotte, avec les symviosi, je vois et j'entend des choses…
Trish : Ah… Tu devrais en parler aux…
Jules : Non ! Je sais que je devrais leur dire mais ils ont déjà assez de problèmes personnels et…
Je ne veux pas être un boulet pour eux… C'est exactement ce que Trish pensait au début… Je commence à sombrer ?
Jules : Et j'ai de quoi y remédier...
On finit par arriver au niveau d'une fontaine et je m'assois sur le bord de cette dernière. Je sors directement la bourse où sont les plantes qui sont censé soulager les hallucinations tandis que Trish reste debout en face de moi. Je sors une feuille de la bourse et je la regarde, j'hésite à la prendre.
Trish : Tu comptes vraiment prendre ça ?
Jules : Si ça peux me calmer, autant le faire...
Je mets la feuille dans ma bouche et la mâche longuement. Je ressens petit à petit un jus qui est sécrété par la feuille. La mixture a exactement le même goût que la boisson de Petra donc je décide de l'avaler.
Trish : Alors ?
Jules : Rien... Pour l'instant...
Trish : Si tu veux on peut rentrer à la guilde.
Jules : Non ça ira...
Je ne veux pas la décevoir... elle voulait absolument venir ici donc je ne peux pas la décevoir...
Pendant ce temps, à la guilde, Geno et Nounou sont dans la chambre de Bûth et observent le corps meurtri de l'orc.
Nounou : Il est vraiment dans un sale état...
Geno : Bon, maintenant que tu es allé voir ton créateur, tu en sait plus sur tes origines ?
Nounou : Oui.
Geno : Et alors ?
Nounou : Et bien...
L'ombre ressort du corps de la peluche.
Pierre : C'est des informations sur mon existence que tu veux ?
Geno : Exactement...
Pierre : Quand j'étais encore bloqué dans son corps, je t'ai longuement observé. Je savais que tu étais le seul à pouvoir émettre une hypothèse sur mon existence.
Geno : Donc tu sais pourquoi je me cache.
Pierre : Tu sais… Un ancien chasseur qui se cache et qui évite ce sujet, ça ne passe pas inaperçu. Mais ce qui m'a vraiment mis la puce à l'oreille c'est lors de notre rencontre, lors de la création de notre escouade, tu as réagi d'une certaine manière lorsque Nounou à évoquer le fait que Senapus ne lui ai pas dit ses origines...
Nounou : Comment-ça ?
Pierre : C'était très subtile mais lorsque Nounou l'a dit, ta réaction montrait que tu étais entre la surprise et l'espoir. Tu avais compris que tu pouvais l'utiliser pour trouver des réponses à un sujet et en même temps, tu avais du mal à comprendre comment tu pouvais t'y prendre... Puis je suis sorti de son corps et c'est à ce moment-là que tu lui as demandé d'aller voir Senapus, tu avais compris que c'était le moment de l'utiliser.
Geno : Donc tu savais tout depuis le début…
Pierre : Et si tu veux la réponse à ta question... Mon existence est dû au fait que Senapus ai fait revivre mon âme mais dans un autre corps… Je ne sais pas comment c'est possible mais il l'a fait lorsqu'il a tenté de me ramener à la vie en utilisant une peluche pour ne pas sacrifier son propre corps.
Geno : Je vois…
Pierre : Maintenant j'aimerais te poser une question en retour.
L'ombre se tourne vers Nounou et fait considérablement augmenter son aura.
Pierre : Tu peux sortir s'il te plaît…
Sans dire un mot, et sous la pression exercée, la peluche sort de la chambre. Suite à la discussion et au message que venait de lui faire passer son "frère", Nounou compris qu'il ne devait pas rester dans les parages et que ce qui allait se passer dans la chambre devait rester entre Geno et Pierre. Une fois la peluche à l'extérieur de la pièce, Pierre dernier attrape violemment le col de l'ancien chasseur.
Pierre : Qui est ce que tu manipules ?!
Geno : Je ne sais pas de quoi tu parles...
Pierre : Tu crois que je ne te vois pas faire le petit saint à les protéger coûte que coûte ?! Sache que lorsque j'étais dans le coma, hors de son corps, je pouvais quand même entendre ce qu'il se passait autour de moi et la portée que j'avais était démentiel ce qui fait que j'ai aussi entendu ta discussion avec Jules ! Tu lui a clairement dit que tu t'en foutais d'eux et que tu voulais juste réaliser ton but, peu importe ce qu'il en coûte ! Alors répond moi, est-ce que tu comptes manipuler toute l'escouade ?! Est ce que tu comptes les manipuler pour les forcer à continuer de combattre les parasites ?!
Le chasseur ne répond pas et se contente de fixer son aggresseur.
Pierre : Réponds !
Geno : Tu te trompes... Je ne les manipule pas... Je tente de leur redonner espoir et je les aide à devenir plus fort tout ça dans le seul et unique but de pouvoir réaliser mon rêve… Détruire cette maudite race de parasites…
Pierre : Et à qui tu as redonner espoir en faisant ressortir le passé de Nounou ?!
Geno : Je te l'ai dis… Redonner espoir et… Aider à devenir plus fort... Je l'ai confronté à la réalité de son existence et maintenant il peut compter sur toi pour l'aider... Que ce soit pour les missions mais aussi pour aider ton père...
Pierre : ...
Geno : Et pour ton père, le forcer à assumer quelque chose qu'il a caché depuis tant d'années à sûrement dû le délivré...
Pierre le lâche et l'observe avec beaucoup de confusion.
Pierre : Pourquoi... Pourquoi j'ai l'impression que tu les manipules... Pourquoi ?
Geno : Je t'ai fait ouvrir les yeux sur une de tes faiblesses...
Pierre : Non...
Geno : Tu es trop protecteur envers Nounou ce qui te donne une vision biaisée de ce qu'il t'entoure.
Pierre : Non... Ce n'est pas vrai, je n'ai pas de vision biaisée... Tu me manipules...
L'ombre se met à faire des mouvements de tête de gauche à droite et disparaît petit à petit.
Geno : Tu cherche trop à protéger les gens qui t'entourent ce qui te rend paranoïaque… Tu ressemble beaucoup trop à une autre personne qui m'est proche...
L'ombre disparaît définitivement laissant Geno seul dans la chambre de Bûth.
Geno : Pourquoi ce n'est qu'après sa mort que j'arrive à aider les gens... Pourquoi n'ai-je pas pu la sauver ce jour-là...
Les hallucinations semblent avoir disparu mais je ne sais pas si ces plantes font vraiment effet car ce n'était qu'une et unique hallucination visuel. On continue à se balader dans le marché malgré le fait que le soleil se couche.
Jules : Il faudrait peut-être qu'on rentre non ?
Trish : C'est vrai, il commence à se faire tard... Oh, regarde !
Alors qu'on marchait, elle s'arrête près d'un étalage et prend une grosse écharpe rouge qu'elle met autour du coup pour essayer.
Trish : elle est belle non ?
Jules : Euh... Oui, elle l'est...
C'est vrai qu'elle lui va bien... Elle enlève l'écharpe et la met autour de mon cou.
Jules : Qu'est ce que tu fais là ?
Elle m'observe.
Trish : Elle te va vraiment bien tu sais... Aller je l'achète !
Jules : Non, c'est bon, ça ira.
Trish : Si si... Tenez, voici l'argent.
Vendeur : Merci beaucoup, au revoir.
Elle me prend par la main et on reprend notre chemin.
Jules : Pourquoi tu fais ça au juste ?
Trish : C'est un cadeau, ça me fait plaisir.
Depuis qu'on est ici, je n'ai pas l'impression de ne pas avoir la même Trish à mes côtés. Elle est plus joyeuse et ne se soucie plus des problèmes qui l'entourent... Ce n'est pas possible, elle ne peut pas être comme ça constamment...
Voix dans la tête : Tu as presque raison...
Non... pas toi... Dégage ! Ne viens pas maintenant...
Voix dans la tête : Elle n'est pas comme tu le crois, elle cache ses problèmes et tente de les oublier pour maximiser le peu de bon temps qu'elle a...
Elle essaye de profiter du peu de bons moments...
Voix dans la tête : Tu n'as pas réussi à le voir car tu n'arrive pas à faire comme elle, tu es ravagé par ce qu'il s'est passé récemment, tu repenses à tous ces événements et tu n'arrives plus à faire marche arrière…
Tu n'as pas tort, j'en ai fait les frais tout à l'heure...
Trish : Bon, le soleil est bien bas, on rentre ?