Le silence qui régnait depuis un moment déjà est perturbé par le bruit d'une goutte tombant sur le sol rocailleux, suivi d'une voix s'élevant dans les tréfonds de la grotte.
Heceol : Donc vous n'avez pas réussi et Werd est mort…
Les Symviosi ayant survécu aux combats sont debout, face à celui qu'ils considèrent comme le maître, assis sur son trône de pierre.
Heceol : Heureusement, il avait retranscrit toutes ses recherches sur du papier…
Il soupire.
Heceol : Et en ce qui concerne les trois chasseurs au mana instable ?
Hitch : Ils n'étaient que deux, Un d'entre eux à tuer Werd et l'autre à affronter Emoni.
Heceol pose alors son regard sur la parasite.
Emoni : Eh bien, il n'était pas si fort que ça, en vér…
Heceol : Pourquoi as-tu fuis si il n'était pas si fort que ça ?
Emoni : J'ai fuis car il ne maîtrisait pas son mana correctement et il a vite perdu le contrôle…
Heceol : Je vois… Vous pouvez disposer…
Tous les Symviosi qui étaient présents lors des derniers combats quittent la salle, partant chacun de leur côté, vagabondant ainsi dans les galeries. Une femme, qui attendait à l'exterrieur, entre alors. Elle a de magnifique cheveux blonds et est habillée d'une robe rouge très bien décoré.
Femme : Il y a quelque chose que je comprend pas Heceol…
L'homme sur le trône, qui était de base plongé dans d'intenses réflexions, tourne le regard vers elle.
Heceol : Quoi donc Cia ?
Cia : Qu'est ce que tu compte ne faire de ce gamin exactement ? Tu comptes te vider de tout ton mana originel pour que ton corps puisse à nouveau bouger correctement, mais pourquoi le faire sur ce gamin ? Je veux dire, pourquoi ne pas prendre un humain normal ?
Heceol : Je compte aussi reprendre le rôle que Werd à laisser.
Cia : Comment ça ?
Heceol : Je vais tout t'expliquer depuis le début. Comme tu le sais, je suis, depuis cet accident qu'on a tous les deux vécu, le porteur des quatorze mana originels. Je peux grâce à eux créer des parasites qui se logeront dans le corps des humains pour les transformer en monstres détruisant tout sur leur passage. Cependant, mon corps ne supporte pas ces manas. Je dois donc les transmettre à d'autres humains étant en difficulté morale et psychologique...
Il pointe alors la Symviosi du doigt.
Heceol : C'est comme ça que l'humain que tu étais de base est devenu un magnifique Symviosi, une parfaite symbiose entre l'humain et le parasite.
Cia : Et le rapport avec le chasseur ?
Heceol : Vois tu, il ne me reste qu'un mana originel dans mon corps et je serais enfin libre de mes mouvements. Ce mana n'est autre que le mana de métal. Maintenant, pourquoi ce chasseur en particulier et pas un autre ? Tout simplement parce que je veux voir comment vont réagir les humains en voyant un parasite dans leur camp et comment celui-ci va réagir… C'est une sorte d'expérience, maintenant que Werd est mort, c'est à moi de prendre le relais.
Cia semble septique.
Cia : Je vois… Et pourquoi faire appel à moi ?
Heceol : C'est là que je vais avoir besoin de toi mais aussi de Leni…
Au milieu des ténèbres, Hamond Powle se réveille petit à petit, le pauvre paysan essaye de se remémorer les derniers événements qu'il a vécu, en vain. Il est assis sur une chaise, les pieds et mains liés, attaché à la chaise sur lequel il est assis.
Voix d'orc : Tu te réveilles enfin...
Au fond de la pièce, l'orc sort de l'ombre et s'approche de l'humain.
Hamond : O… Où est ce que je suis et q… Qu'est ce qu'il s'est passé ?!
Orc : Ce qu'il s'est passé ? Disons que je t'ai rendu une petite visite il y a quelques jours et je crois que tu n'as pas très bien encaisser la petite tape que je t'ai faite à la tête.
Les souvenirs lui reviennent peu à peu mais restent flou. Au même moment, il remarque que l'orc qui se tient en face de lui avait un couteau dans une main et une masse dans l'autre. En remarquant ceci, paniqué, il essaye de se débattre. L'orc pose la masse par terre.
Orc : Arrête donc... Tu t'agites pour rien.
Hamond : Qu... Qu'est ce que vous allez faire avec ça ?!
Orc : Je viens couper tes liens.
Hamond : V... Vraiment ?
Orc : Oui, fais moi confiance.
L'orc se rapproche d'une des mains de l'homme et se met en place pour couper les liens. Dans l'incompréhension, la peur et la panique, l'humain tente de retenir ses larmes.
Hamond : M... Merci, merci beaucoup… Je ne sais pas ce qu'il m'arrive, j'ai de vagues souvenirs… Je sais juste que quelqu'un s'en ai pris à ma femme et ma fille. Je me souviens de son visage, c'était un o...
C'est alors qu'il ressent une énorme douleur au niveau d'un de ses doigts et il se met à hurler de douleur. L'orc se remet debout et se place face à sa victime tout en tenant le doigt coupé.
Orc : "Qui sème la haine récolte la violence, la vengeance et la mort", c'est une belle phrase, pas vrai ?
Hamond : P.. .Pourquoi vous faites ça ? Qu'est ce que vous me voulez ?
Orc : Vous avez assassiné une pauvre famille d'orcs il y a quelques mois.
Hamond : Je ne sais pas de quoi vous parlez... S'il vous plaît... Vous devez faire erreur...
En un instant, l'orc attrape la masse qui était à ses pieds.
Orc : Ne me ment...
Et donne un violent coup au sol, écrasant le pied de l'humain.
Orc : Pas !
Un nouvelle fois, le pauvre paysan se met à hurler de douleur mais l'orc ne semble pas atteint pas ses cris, il semble plutôt prendre du plaisir à torturer l'homme. Il se penche légèrement pour croiser le regard de sa victime qui est en larmes.
Orc : Une famille d'orcs qui n'avait rien demandé se fait massacrer... Par qui ? Hein... Par qui ?! Qui aurait pu faire ça ?!
Il soupire et se redresse.
Orc : Je sais que tu as la réponse, alors dis-la.
Hamond : Non... Je ne sais pas...
Orc : Je t'ai dit de ne pas me mentir, bordel !
Il plante le couteau dans la cuisse du paysan qui hurle à nouveau mais plus faiblement que les autres fois, fatigué par la douleur.
Orc : Qui les as massacrés ?
Hamond : C'est moi… C'est de notre faute…
Orc : Voilà, ce n'était pas la peine de me mentir…
L'orc se met à déambuler un peu partout dans la sombre pièce.
Orc : Donc c'est vous... Toi et tes amis... Alfan, Lowis et Juel...
Hamond : Je... Je suis désolé... S'il vous plaît…
Suite à ces paroles, l'orc se retourne vers Hamond, l'air surpris et amusé.
Orc : Désolé ? C'est tout ce que tu as me dire ? Tu penses pouvoir t'en sortir avec ça ?
Sa victime fixe le sol sans rien dire.
Orc : Vous massacrez une famille de cinq orcs et, parmi eux, il y avait les deux parents ainsi que trois gosses... Trois gosses dont deux petites que vous avez violé avant de les tuer… Qu'est ce qu'il n'allait pas bien dans votre tête ? tout ça à cause de quoi ? à cause d'une futile haine raciale ?
Hamond : Je...
Orc : Vous avez semé la haine... Voilà ce que vous récoltez, de la violence...
Il écrase le second pied avec la masse. Hamond tente de se retenir et ne laisse passer que de faibles gémissements de douleur.
Orc : cinq orcs... cinq membres d'une race. cinq membres d'une grande famille, d'un seul et unique corps… Cinq... Même si tu n'es pas le seul, tu en es quand même responsable et tu vas devoir en payer le prix de manière égale, en perdant toi aussi cinq membres.
Hamond : Vous êtes complètement fou…
L'orc essaye de retenir son rire.
Orc : Moi ? Moi ? Je suis fou ?! Je suis le produit de ce monde ! Pense un peu à ce que j'ai vécu... Comment crois-tu que j'en suis arrivé là ?
Hamond ne répond pas.
Orc : Tu t'en rends enfin compte, pas vrai ? Si je suis complètement fou... C'est que ce monde l'est aussi, non ?
La peur et la terreur disparaissent du visage de l'homme ce qui surprend son agresseur.
Orc : Qu'est ce qu'il y a ? Il y a quelque chose qui te tracasse ? Pourtant, dans ce genre de situation, tu ne devrais pas t'en faire.
Hamond : Je comprends pourquoi je n'avais plus de nouvelles des trois autres... Vous vous en êtes occupé avant moi, n'est ce pas ?
Orc : Oh... Ne t'inquiète pas, tu vas pas tarder à les revoir...
"Vous feriez mieux de vite partir, toi et ton escouade", c'est ce qu'elle m'avait dit et c'est ce qu'on a fait. On a rassemblé nos affaires durant la nuit, mettant tout dans la charrette qu'on avait laissée au camp et on est parti dès que possible en direction de la guilde. Le silence règne en maître pendant le trajet, personne ne parle et personne n'a vraiment envie de parler. Seul le bruit des roues en bois de la carriole ainsi que les sabots du cheval qui tire le véhicule accompagnent en rythme le silence. La petite lampe placée à l'arrière du véhicule, là où je suis assis avec Trish et Geno, permet de faire fuir les ténèbres. Bûth, qui était occupé à guider le cheval, tente alors de briser le silence.
Bûth : vous en pensez quoi vous, de cette chose ?
Tout le monde sait de quoi il parle mais personne ne répond. Il parle de ce corps innerte fait de matière noir, de ténèbres, qui est allongé avec nous ainsi que les quelques affaires qu'on avait pris. Trish se tourne vers la peluche qui était assise à l'avant.
Trish : T'as une idée de l'origine de ce… Truc ?
Nounou : A part le fait qu'il soit sorti de mon corps d'un seul coup, je ne sais rien de lui.
Le silence revient… Personne n'est d'humeur à bavarder et le silence règne encore pendant plusieurs heures, jusqu'à l'arrivée à la guilde.
Une fois arrivé, chacun descend du véhicule pour décharger les bagages et les emmener dans nos chambres, au niveau des dortoirs.
Geno : Nounou, tu peux venir avec moi s'il te plaît ?
Nounou : Euh, oui, pourquoi ?
Geno : J'ai un truc à te dire...
Ils s'éclipsent tous les deux en longeant un des murs de l'enceinte de la guilde, nous laissant tous les trois.
Trish : Pourquoi ils s'éclipsent comme ça ?
Bûth : Tu crois vraiment qu'on a la réponse à ta question ?
Trish : On sait jamais... Et toi Jules, t'as une idée ?
Jules : Non...
Et j'aimerai bien savoir.
Une fois à l'écart, dans une ruelle, entouré par le calme et la nuit, ils décident de s'arrêter.
Nounou : Qu'est ce que tu veux me dire ?
Geno : Tu es sûr de ne rien savoir ?
Nounou : Puisque je te dis que non...
Geno : Tu es sûr ? Il y a pas quelque chose que tu reconnais comme sa corpulence ou la manière dont il a combattu ? Il ne t'as rien dit quand il est sorti de ton corps ?
Nounou : Si, il a dit qu'il en avait marre de ne pas pouvoir agir et il m'a aussi appelé "Petit Frère".
Choqué, Geno se met alors à réfléchir, fixant le vide.
Nounou : Ca va ?
Après un long moment, il pose son regard sur la peluche qui se trouve en face de lui.
Geno : Il faut que tu ailles voir ton créateur.
Nounou : Je comptais le faire
Geno : Parfait, emporte le corps avec toi et n'hésite pas à lui poser des questions.
Nounou : Mais, je compte aussi le faire... T'as autre chose à me dire sinon ?
Geno : Non, c'est bon.
Nounou : Bon, bah, retournons les aider alors.
Nounou fait alors demi tour mais s'arrête rapidement, remarquant que son camarade ne le suis pas.
Geno : Au fait, tu peux monter mes affaires s'il te plaît ?
Nounou : Pourquoi ?
Geno : J'ai un truc à faire...
Nounou : Ah, reviens vite alors.
Geno : Au fait.
Nounou : Oui ?
Geno : Essaye de retenir tes émotions quand tu lui parleras.
Au même moment, il se met à tourner le dos à son camarade.
Nounou : Quoi ? Mais... Attends ! Pourquoi tu dis ça ?!
Sans se retourner, le chasseur lève légèrement son bras droit pour saluer son ami.
Geno : Je t'en dis pas plus, tu vera par toi même… Aussi, préviens les autres que je ne reviendrai pas pendant un moment.
Il disparaît petit à petit dans les ténèbres jusqu'à ne plus être visible.
Nounou : Retenir mes émotions ? Qu'est ce qu'il raconte encore ?