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Chapter 17 - Dossier N°1: Des obsessions déplacées - Plan.

Elle allait résoudre l'affaire ? Comment ça ?

Je savais que c'était là le travail d'un détective. Ne me pensez pas plus idiot que je ne le suis.

Mais... Aussi vite ?

Avait-elle vraiment trouvé qui était le harceleur, en seulement une journée ?

Libérant les mains de madame Munehara, et se tournant vers moi, elle me sourit sympathiquement. Avant de me demander d'aller chercher son sac à dos qu'elle avait laissé dans l'entrée.

Puis, une fois le sac entre ses mains, elle avait entraîné avec elle la cliente dans la salle de bain, me laissant seul dans la partie commune du petit appartement.

Je ne comprenais pas pour l'instant où elle voulait en venir, mais j'espérais qu'elle allait finir par m'expliquer.

Est-ce qu'on ne devait pas appeler la police, d'ailleurs ?

C'était leur travail, d'attraper les criminels. Alors pourquoi se donner tout ce mal ?

Quelques minutes plus tard, les deux femmes ressortirent de la salle de bain, et je crus voir double.

Elles avaient toutes les deux les mêmes vêtements qu'avant, mais leurs coiffures étaient absolument identiques. Pour être plus exact, madame Munehara avait à présent les cheveux aussi longs que la détective. Et bruns, au lieu de noirs.

Est-ce qu'elle avait mis une perruque ? Et pourquoi faire ?

« On dirait mon portrait craché, pas vrai ? » Dit la détective en marchant vers moi.

« Pas vraiment... » Dis-je.

On voyait vraiment qu'il s'agissait d'une perruque... De ce fait, seule la silhouette générale changeait.

« Aies un peu d'imagination, d'accord ? » Répliqua-t-elle.

Non vraiment, même en y mettant toute la bonne volonté du monde...

« On ne cherche pas à ce que ce soit flagrant, vu de loin, » précisa-t-elle.

Ah. Oui, peut-être que vu de loin, on pourrait les méprendre l'une pour l'autre.

Mais déjà, elle ne me prêtait plus attention, se tournant vers la cliente.

« Avant que je ne résolve officiellement cette affaire, je tiens à ce que vous quittiez les lieux, » dit la détective. « Les choses pourraient vite devenir dangereuses pour vous. »

« Je... Je comprends... » dit madame Munehara, un peu déstabilisée. « Mais, où devrais-je me rendre ? »

Et à vrai dire, elle n'était pas la seule à trouver tout cela bizarre. Je ne voyais vraiment pas à quoi rimait tout ce manège.

« Ne vous en faites pas pour cela. Un de mes associés va vous envoyer un taxi, et Nijima-kun ici présent vous y accompagnera, » dit-elle en me montrant de la main. « Je vous ai réservé une chambre d'hôtel dans un autre quartier pour que vous y passiez la nuit. »

Je devais l'accompagner ? Mais dans ce cas, qu'est-ce que la détective allait faire, pendant ce temps ?

« Mais, et vous ? » Demanda madame Munehara, ayant les mêmes interrogations que moi.

La détective secoua la tête.

« Je suis désolée, mais cette question fait partie des questions que vous ne devez pas me poser, et auxquelles je ne peux pas répondre. » expliqua-t-elle. « Rappelez-vous notre accord... »

Un accord ? De quoi parlait-elle ?

Et... Si elle refusait de dire quoi que ce soit à la cliente, cela voulait-il dire qu'elle ne me dirait rien à moi non plus?

Mais la cliente ne remit pas en question les paroles de la détective, et ne dit plus un mot à ce sujet. Il lui fut conseillé de préparer quelques affaires pour la nuit, car il n'était pas sûr qu'elle puisse revenir demain matin.

Madame Munehara prit alors un sac de voyage dans le placard près de la salle de bain, et y plaça avec soin une photo encadrée près de l'entrée ; l'emballant rapidement dans une serviette. Puis, elle commença à chercher dans un autre placard qui servait de penderie, pour y prendre des vêtements, avant de disparaître dans la salle de bain.

À présent, nous étions tous les deux seuls.

« Est-ce que c'est vraiment nécessaire de prendre de telles mesures ? » Demandais-je avec doute, à voix basse pour que la cliente ne m'entende pas.

Elle semblait en faire beaucoup, pour une simple cliente de son agence de détectives. Mais de là à demander à la propriétaire des lieux de quitter son propre logement...

« Je suis convaincue que quelque chose de mauvais va se produire ce soir, » expliqua-t-elle en allant s'assurer que les rideaux étaient bien tirés. « La priorité est donc de mettre la cliente à l'abri. »

Elle semblait à la fois calme et absolument sûre d'elle, en disant ces paroles. Comme si elle savait quelque chose que j'ignorais. Nous avions pourtant eu accès aux mêmes informations... Enfin presque, maintenant que j'y pensais. Il y avait après tout, tous ces messages qu'elle avait échangés avec une tierce personne durant toute la soirée.

Se pouvait-il que la clé de l'affaire se soit trouvée dans ces informations qu'elle seule détenait ?

Contente de l'état d'occultation de la fenêtre, elle se retourna vers moi.

« Et puis, elle n'a personne pour veiller sur elle, » déclara la détective. « Alors, il faut bien des gens comme nous pour prendre soin d'elle, vu que son mari ne peut plus le faire. »

Ses paroles mirent du temps à faire sens, avant que je ne comprenne finalement ce qu'elle voulait dire par là.

Je ne m'étais même pas rendu compte que madame Munehara était veuve... Ni même qu'elle avait été mariée, à vrai dire.

Pourtant, tout avait été sous mes yeux dès le départ.

Les plantes soigneusement placées près de la fenêtre, parfaitement entretenues ; comme si elle leur consacrait la majeure partie de son temps.

Les magazines qui parlaient de sujet particuliers comme les voyages ou la gastronomie, mais absolument pas de mode ou d'actualités culturelles ; sujets que les femmes célibataires adoraient potasser.

Des livres qui n'avaient pas été ouverts depuis un bon moment.

Et une veste en cuir un peu trop grande pour une femme aux traits fin comme madame Munehara.

Je n'avais même pas fait attention à la photo placée près de l'entrée, et ne l'avait remarqué que lorsqu'elle avait été retirée par sa propriétaire.

« Dis, Nijima-kun, tu peux me rendre un service ? » Dit tout à coup la jeune femme avec un air sérieux.

Le ton qu'elle avait utilisé, complété par un regard inexpressif braqué sur moi, détonnait très nettement avec son attitude presque insouciante des heures précédentes. À tel point qu'on frisson parcourut ma colonne vertébrale.

Comme si l'air dans la pièce avait soudainement changé.

Durant les minutes qui suivirent, elle m'expliqua alors ce qu'elle attendait de moi. Elle m'expliqua son plan pour attraper le harceleur en flagrant délit. C'était plutôt efficace, en somme. Car grâce au flagrant délit, il pouvait être arrêté sur le champ, même s'il n'y avait pas de vrais preuves.

Toutefois, à cause de ce plan si minutieusement préparé, je ne me doutais pas un seul instant que les événements seraient voués à prendre une sombre tournure.