La nuit est sans rêve, au point même que je n'ai pas eu l'impression d'avoir dormis. Ce matin, ce n'est pas le coq en bas de chez moi qui me réveille, mais la voix du capitaine Mongo :
Debout là-dedans ! Il est l'heure pour vous de vous préparer. Tout le monde douché, habillé et en rang avec le lit fait dans cinq minutes.
J'ouvre les yeux tant bien que mal et je regarde ma montre que je garde toujours autour du cou. Il est huit heures pile. Nous partons donc dans une demi-heure avec le capitaine Okata. Hirion comme à son habitude met un temps fou à décider de se lever, mais le capitaine le motive en retournant son matelas.
-Allez, bougez-vous! Vous n'êtes plus à l'école ici, continue de gueuler le capitaine Mongo.
Hirion fait sa tête des mauvais jours et baragouine :
- C'est clair qu'on était mieux traité là-bas.
- Allez ! On se magne, bon sang !
- Tortionnaire, lâche Hirion en se relevant dans le dos du capitaine.
- Tu as dis quelque chose, le nain ? s'énerve Mongo.
- Je disais que j'avais besoin de prendre l'air, répond Hirion en partant vers les douches.
Le capitaine fait comme s'il n'avait rien entendu et continue de réveiller les quelques retardataires. Finalement, après les cinq minutes tout le monde est fait prêt en rang et avec son lit parfaitement ordonné. Le capitaine alors fait le tour de notre pièce, puis il va dans les trois autres avant de nous laisser sortir.
Quand nous sortons du dortoir, nous voyons les filles en rang avec une femme qui semble leur faire la morale. Cela a d'ailleurs l'air de marcher, car aucune d'entre elles ne bougent ni ne discutent pendant son discours. Ce n'est que quand Mongo sort à son tour de notre dortoir que la capitaine libère ses soldates.
Lyra nous rejoins donc tous les trois afin que nous rejoignions le capitaine Okata.
-ça allait ce premier réveil ? demande Wistom à Lyra.
-Pour moi, oui,. Mais y en a une qui a répondu à la capitaine Shijin et elle l'a quasiment enfoncée dans le mur pour la punir, elle lui répond.
-Wow ! Sacré caractère, lui dis-je.
- Moi, on m'a jeté hors de mon lit. C'est tout bonnement scandaleux, s'énerve Hirion.
-La seule chose qui est scandaleux, Hirion. C'est ton ronflement la nuit, s'amuse Wistom.
-C'est faux. Je ne ronfle même pas, répond Hirion.
-Et voilà le retour de la mauvaise foi.
-N'importe quoi ! Mais dis-lui Myo que c'est faux.
-Désolé, les gars. Mais sur ce coup je ne me risquerai pas à prendre parti, leur dis-je.
Pendant que les deux autres continuent de se chamailler joyeusement. Nous nous déplaçons jusque dans le hall où nous cherchons le capitaine du regard. Un peu partout les gens s'agitent et vont de droite à gauche par unité. Nous voyons ainsi passer plusieurs capitaines accompagnés par leurs équipes, mais pas Okata.
-Vous croyez qu'il nous a oublié ? demande Wistom.
-Je pense plutôt qu'il s'est dit qu'une grasse matinée, ça ne fait pas de mal, s'amuse Hirion.
-Arrêtez vos bêtises. Il n'est pas encore en retard, il est huit heures vingt-huit, souligne Lyra.
C'est lorsqu'elle finit sa phrase que le capitaine tombe littéralement du ciel en fissurant le sol tout autour de lui.
-Ouf ! j'ai failli arriver en retard, dit le capitaine Okata en penchant la tête pour nous saluer.
-Bonjour, capitaine. Où allons-nous finalement ? je lui demande, faisant comme si de rien n'était alors que je suis aussi stupéfait que mes amis.
-Eh bien, mon cher Myo, nous allons à J-Tomi, me répond le capitaine.
-ça en fait une trotte, continue Hirion.
-C'est clair, je n'y suis allé qu'une fois et on avait mis plus de cinq jours pour y arriver, dit Lyra.
-Ne vous inquiétez pas pour le trajet. Nous allons nous servir d'un portail. Mais avant cela, prenez chacun l'une de ces pierres. S'il nous arrive un problème et que vous deviez fuir, écrasez-la dans votre main ou contre un objet et après une minute environ, un portail se créera près de vous. Mais ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer.
Je prends donc la pierre bleutée en main. Elle est plutôt légère et je sens que mes doigts auraient du mal à la briser. Elle émet une petite lumière et semble vibrer dans ma paume. C'est vraiment un drôle d'objet.
-Capitaine, pourquoi allons-nous à J-Tomi ?
-Il semblerait qu'il y ait un commerce d'objets sacrés volés. Nous allons voir un informateur et puis nous rentrerons, répond Okata.
Nous mettons alors chacun d'entre nous notre pierre dans une de nos poches ou dans une sacoche et nous suivons le capitaine. Il va en direction d'une des portes du hall où se trouve Pold. Quand nous nous rapprochons de lui, nous lui faisons tous signe et il nous le rend gaiement. Puis, le capitaine lui dit :
-Nous souhaitons allez à J-Tomi.
-Très bien, capitaine, lui répond Pold.
Notre ami se tourne face à la porte et commence à faire des gestes lents avec les mains avant de les pousser avec force en avant et de la foudre apparaît sur celle-ci. Au fur et à mesure, l'électricité forme un cercle et se dépose sur les jointures de la porte et nous voyons se dessiner un paysage en son centre.
-Vous pouvez y allez. Mais faites attention à vous les amis, nous dit Pold.
-Merci beaucoup, répond Lyra.
-Toi aussi Pold, lui répond Hirion.
Le premier à franchir le portail est le capitaine avant que le courage et aussi la persuasion de Pold nous oblige à le traverser à notre tour. Une fois de l'autre côté, nous sommes sur le sommet d'une colline en plein milieu d'une forêt. D'où nous sommes, nous pouvons observer la mer, mais aussi la ville de J-Tomi.
Cependant, nous ne perdons pas de temps à observer le paysage car le capitaine avance dans la forêt sans dire un mot et nous le suivons alors en silence. Finalement, après quelques minutes de marches, il se décide enfin à parler.
-Une fois que nous serons aux abords de la ville. Je vous demanderai de pas parler sans que je ne vous en donne l'ordre. Nous ne sommes pas ici pour nous faire remarquer. Pour ce qui est de vos pouvoirs ne les utilisez quand dernier recours. Je n'aimerai pas qu'on attire l'attention de la pègre car nous allons rencontrer un dénommé Roy. Il est l'un de nos informateurs dans le milieu.
Nous acquiesçons pour ensuite continuer à marcher ainsi jusqu'à atteindre un chemin de pierre où des commerçants marchent avec eux leur chariot et leurs babioles. Comme demandé par le capitaine, nous ne disons rien et nous continuons à marcher pour atteindre l'une des entrées de la ville. J-Tomi n'est pas n'importe quelle cité. Comme toutes les grandes villes des quatre provinces du royaume, d'immenses murailles la protège en cas de conflit. Pas moins de vingt-mètres de pierre mettent à l'abris les quelques dizaines de milliers de citoyens et l'un des ports les plus florissants de tout le royaume. Ma ville natale possède elle aussi un mur d'enceinte mais il n'est pas comparable à celui-ci. L'arche qui sert d'entrée et de sorties aux hommes et marchandises est à la mesure de cet ouvrage titanesque où des soldats contrôlent les gens qui rentrent dans la cité ainsi que ce qu'ils y apportent. Mais nous ne faisons pas la queue comme le reste des gens et nous remontons la file jusqu'à atteindre la douane, alors que plusieurs personnes nous invectivent, nous enjoignant de faire la queue comme tout le monde. Hors, nous ne sommes pas comme tout le monde aujourd'hui.
Une fois la file remontée, l'un des gardes nous remarquent et gueule:
-Eh vous, on fait la queue comme tout le monde!
-Ce ne sera pas la peine, dit le capitaine en lui montrant un médaillon.
A la vue de celui-ci ,le garde se tait immédiatement et s'écarte avec le reste de ses troupes. Il nous offre alors à moi et à mes amis, un passage pour traverser l'arche sans même être fouillé. Piqué par la curiosité, je décide donc de regarder le médaillon dans la main du capitaine et j'y vois une sorte de phénix agrippant une vipère dans ses deux serres.
-C'est fou, cette douane. Ils font ça tous les jours ? demande Hirion.
-Gardez vos questions pour plus tard, Hirion. L'endroit où nous devons retrouver notre homme n'est pas très loin, répond le capitaine concentré.
Il a immédiatement rangé son médaillon et aucun de nous n'arbore de symbole militaire. Je comprends mieux l'attitude du capitaine au fur et à mesure que le temps passe. Lorsque nous rentrons dans la ville, nous découvrons un lieu en pleine effervescence où des milliers de gens vivent et travaillent. Des dizaines de commerces s'ouvrent sur les rues et ainsi, commerçants et acheteurs s'adonnent à leur passion, le commerce. Il est amusant de voir tout ce qu'il est possible d'acheter ici car de nombreux bateaux venues des continents de l'Est ramènent avec eux quantité de victuailles et même d'animaux que nous n'aurions même pas pu imaginer. Pendant que nous essayons de nous faufiler dans la foule, un homme me bouscule alors qu'il fait marche dans l'autre sens et il s'excuse rapidement lorsque je me retourne vers lui.
-Excuse-moi, Myo.
L'homme poursuit alors sa route. Ai-je rêvé? Je suis pourtant certain qu'il a dis mon nom au milieu de ce brouhaha constant. Je n'ai malheureusement pas le temps de l'interpeller qu'il disparaît dans la foule pour s'y fondre, telle une ombre. Je me retourne alors pour ne pas perdre les autres de vues. Je remarque qu'ils ont continué à avancer sans prêter attention à mon arrêt soudain et j'emboîte alors le pas pour les rattraper. Ce n'est qu'après avoir traversé deux rues que nous arrivons devant un temple. Je n'ai jamais été au fait religieux alors j'ignore donc complètement à quel dieu se temple est voué. Tout ce que je vois, c'est un bâtiment en bois, peint en rouge avec de nombreuses statues grimaçantes et plutôt effrayante au demeurant, postés sur les murs et aux balcons alors qu'une grande cloche en bronze vient surplomber cet édifice au cœur d'une tour culminant bien au dessus du reste des autres habitations ou commerces. Cependant, malgré ma manque de connaissance à ce sujet, nous entrons en nous inclinant dès que nous passons le seuil de la porte noire. Le capitaine s'approche de l'un des moines qui allumait des cierges dans le couloir et lui dit :
-Où pourrais-je trouver le salut de l'Ordre ?
-Là où personne ne se trouve. Il vous attend au fond du temple. Je vais le fermer pour que personne ne vienne vous déranger pendant quinze minutes. Je ne peux malheureusement pas vous offrir plus, réponds le moine en saluant humblement le capitaine.
-C'est tout ce qu'il nous faut, merci mon frère.
Le moine nous quitte alors que nous avançons dans ce temple où tout est rouge pâle, seul le plafond avec ses fresques a d'autres couleurs à offrir. Il y a de nombreuses bougies et de statue, toutes plus étranges les unes que les autres. Finalement, nous arrivons dans une salle de prière avec plusieurs rangées de banc et un homme qui y est assis. De dos, on ne peut pas voir son visage, mais on peut facilement comprendre qu'il est en train de prier, la tête baissée.
-Roy, c'est moi, Okata. Je viens aux nouvelles.
Mais aucune réponse... Le capitaine hésite un instant et s'avance prudemment en nous faisant signe de dégainer nos armes. Lorsque nous arrivons à son niveau, nous découvrons un homme mort, avec une épée enfoncée dans le sol qu'il tient fermement dans ses main à l'aide de cordes. Son buste lui est attaché avec des câbles d'acier contre l'assise du banc pour qu'il ne tombe pas en avant. Nous regardons alors dans toutes les directions, choquées et nous découvrons un homme debout, dans l'allée centrale juste à l'entrée d'où nous venons. Il a le teint pâle et un vêtement noir qui descend jusqu'à ses chevilles. L'homme n'a pas l'air du tout étonné de nous voir, bien au contraire, il semblerait qu'il nous attendait.
-Je savais que le gouvernement chercherait à mettre des bâtons dans les roues de notre petit commerce. Mais pas aussi rapidement, je dois l'avouer, dit calmement l'inconnu.
-On n'avait pas trop envie que vous continuiez de piller des mausolées, profaniez des tombes et souillez de votre simple présence, des lieux comme celui-ci, dit Okata avec autorité.
-Vous m'en voyez navré. Mais il faut bien gagner sa vie, lui réponds l'inconnu.
-C'est toi qui l'as tué ? demande le capitaine, impassible.
-J'en ai bien peur et à mon cœur défendant. Mais c'était un mouchard, continue le meurtrier.
Nous lui faisons face tandis qu'il plonge ses deux mains dans son kimono pour finalement en ressortir un sachet de caramel mou qu'il mâche tranquillement en souriant.
-Depuis quand vous les recrutez aussi jeune, capitaine ? Si les enfants commencent à jouer au soldat avec les adultes, alors il faut s'attendre à voir des morts jeunes. D'autant plus que vous semblez me sous-estimer au point de tous baisser votre garde, s'amuse le bandit.
-Et à qui avons-nous affaire ? Ton visage me dit quelque chose. Mais je n'arrive pas à mettre un nom dessus. Pourtant, je suis persuadé d'avoir vu ton avis de recherche... Recherché pour plus de quarante-deux meurtres, vols de reliques sacrées, faux et usages de faux, extorsions, la liste m'avait semblé sans fin.
-Je suis honoré que vous ayez entendu parler de moi, capitaine. Je me nomme Kugutsu...
-Dit l'Artiste, l'interrompt le capitaine.
-Oh ! Vous avez en plus retenu mon petit surnom. J'en suis ravis, s'exclame l'assassin en nous faisant une révérence.
-L'artiste ? lâche Hirion.
-Pourquoi on l'appelle comme ça ? demande Lyra.
-Cette ordure après chacun de ses meurtres, transforme ses victimes en pantins qu'il attache quelque part pour créer une scène macabre. La dernière victime qu'on a retrouvée était attaché en croix dans sa grange.
-J'avoue ne pas avoir été très inspiré pour celle-ci. Mais je vous promets que je vais me rattraper avec vous, répond Kugutsu.
-Même pas en rêve, espèce de malade! lâche Wistom.
-Oh. Je sens de la frayeur dans vos rangs. Leurs mains n'arrêtent pas de trembler depuis que vous avez cité mes états de services. Comme quoi, il ne suffit pas de prendre une épée pour être chevalier... On discute et on discute mais moi j'ai un très gros client que je ne peux pas me permettre de déshonorer. Alors si vous le voulez bien, on va faire vite. Je vais commencer par décapiter le grand avec son bouclier qui se prend pour un héros, puis je vais éviscérer le petit blondinet, puis ce sera le tour du snobinard avec sa montre et puis la rousse qui n'arrive même plus à tenir son arme, tellement elle panique. Ahahahahahaah! Et enfin, ce sera ton tour, capitaine. Malheureusement, je me contenterai de te couper les deux bras, puis les jambes et après je te planterai sur ce pieux, juste ici. Et si je me débrouille bien, il ressortira légèrement par ta bouche, ce sera parfait comme décor. J'appellerai cette œuvre : « Le soldat de proue ».
-Ecoute moi bien, espèce de salopard. Tu ne vas rien faire du tout à mes gamins. Tu vas juste te contenter de prendre tes repas à la paille tout le restant de ta misérable et pathétique vie. Voilà ce qui va arriver ! répond le capitaine le torse en avant et prêt à bondir.
-Quel manque de classe. Bon, fini les caramels. Place au spectacle ! s'amuse Kugutsu en finissant de mâcher son dernier caramel.
A peine a-t-il finit sa phrase qu'il bondit en avant, en sortant deux sabres de son dos. Nous n'avons même pas le temps de réagir qu'il arrive juste en face de Wistom. Il croise ses bras avant de trancher devant lui avec ses deux katanas comme un immense ciseau.
-N'y pense même pas! s'exclame le capitaine en le frappant en plein dans les côtes et en le pulvérisant au travers de la pièce pour qu'il s'écrase dans le mur, créant un nuage de fumée.
Nous n'avons même pas eu le temps de voir le capitaine se déplacer. Alors que le combat ne fait que commencer, nous comprenons conscience que nous ne sommes pas du tout au niveau de notre adversaire. Wistom de son côté est immobilisé un instant à cause du choc, tandis qu'Hirion crie :
-Bien joué, capitaine! Un coup et s'est finit avec vous.
-Tais-toi, Hirion et concentre-toi. Sa prime est très élevée. Ce n'est pas avec ce simple coup qu'il sera vaincu. Maintenant, vous vous regroupez tous les quatre et vous ne vous séparez sous aucun prétexte. Je l'affronte seul, nous ordonne le capitaine.
-Quoi ? Capitaine laissez nous vous aider, lui dis-je.
-C'est un ordre! crie-t-il avant de se retourner vers la fumée où se trouve toujours Kugutsu.
-Il faut avouer que si je n'avais pas mon pouvoir. Vous m'auriez balayé comme une simple mouche. Mais étant donné que vous avez utilisé le vôtre, je vais en faire de même, dit le meurtrier en se relevant lentement parmi les décombres.
On ne voit que sa silhouette au travers de la fumée. Mais lorsqu'il en ressort, son visage est métamorphosé, c'est comme s'il portait un masque, il a maintenant six bras, tous armés de katana. Son nez est désormais long et pointu et ses traits sont tout à fait lisse et sa peau claire a laissé place à blanc cassé. Ses cheveux noirs sont devenus blancs et deux cornes de cerfs en sont sortis. Toute sa peau s'est elle aussi métamorphosée comme une sorte de poupée de bois.
-C'est quoi ce monstre de foire ? lâche Wistom.
-Pas quelqu'un qu'on aurait dû rencontrer, dit Lyra.
-Mais d'où il sort ses 6 katanas et ses six bras!? hallucine Hirion.
-De sa tenue, il a un manteau qui semble être un obujek, répond le capitaine tout en faisant craquer son cou et ses épaules.
-Il semblerait que je sois obligé de me débarrasser de toi en premier. Tu ne me laisses pas le choix, mais je vais me contenter de te mettre hors combat et puis je tuerai tes gamins, s'exclame Kugutsu en râpant ses lames entre elles, créant ainsi un bruit aigu et distordu très perturbant.
Le capitaine Okata ne le laisse pas prendre l'initiative et il le charge avec ses deux cestes. L'assassin de son côté l'attend de pied ferme avant de sauter contre le mur derrière lui pour se jeter en avant avec les six lames. Grâce à sa vitesse et son agilité, le capitaine arrive à se glisser sous lui pour l'attraper à la ceinture et le projeter la nuque contre le sol. D'ici où nous le regardons, nous arrivons à entendre ses os se briser. Mais à la surprise générale, il agit comme-ci de rien n'était et il retourne ses épaules pour le frapper avec ses sabres comme un serpent. Okata arrive à parer plusieurs de ses coups, mais il se fait blesser à la jambe droite et au front.
Kugutsu se relève normalement alors même que quatre de ses bras se battent contre le capitaine, dans son dos. Le monstre ne saigne même pas après le coup que lui a porté le capitaine et il se retourne pour lui faire face tandis que celui-ci brise ses lames à la force de ses cestes. Sans attendre plus longtemps, il fait tourner ses poignets dans tous les sens et le capitaine peine à parer tous ses assauts, mais il réussit avec sa force brute à détruire trois de ses lames avant de voir son épaule gauche se faire transpercer par une des lames de Kugutsu.
Le capitaine ne perd pas un instant pour se dégager de celle-ci et il commence à saigner abondamment.
-Arrête de bouger. Tu ne vas faire qu'empirer ton cas. Reste-là et observe tes petits amis mourir, rigole le monstre.
-Même pas dans tes rêves! crie le capitaine en fonçant sur lui.
Mais Kugutsu esquive son attaque et lui plante ses deux katanas dans le ventre. Le capitaine tombe les deux genoux à terre, son souffle est coupé, et il peine à reprendre une respiration normale.
-C'en est trop. On ne va pas le regarder mourir sous nos yeux sans rien faire, hurle Wistom et il se rue sur lui.
-Revoilà la tête brûlée, lâche l'assassin.
J'arme mon fusil et je tire en plein dans son torse, tandis qu'Hirion et Lyra le charge. Ma balle l'atteint sans pour autant qu'il ne sourcille. Il rentre ses quatre bras supplémentaires dans son dos avec ses lames brisées et il garde simplement ses deux bras d'origines avec deux katanas intacts.
Le premier à payer le prix de sa témérité, c'est Wistom qui à peine arrivé au contact se voit planter l'un de ses katanas dans le haut du genou, alors qu'il pare le second avec son bouclier. Hirion de son côté transforme son corps en arbre et se précipite pour aider le capitaine. Lyra décide alors de les couvrir en projetant des bulles au visage de Kugutsu, ce qui le fait éclater de rire.
-Des bulles ! Ahahhahhahah ! Vous tentez de me déconcentrer avec des bulles. Vous êtes encore plus désarmés que je ne le pensais.
-Eh bien, tu penses mal! lui réponds Lyra en faisant exploser les bulles au visage.
Wistom a survécu à l'attaque de Kugutsu grâce à son bouclier, mais il est quand même blessé par sa première attaque. Je me précipite alors sur lui pour lui retirer la lame et lui faire un garrot. Hirion quant à lui est auprès du capitaine qui est toujours à genoux avec les deux épées dans le ventre.
Kugutsu est lui muet après le coup de Lyra. Il reste debout dans la fumée noire qui entoure son visage, mais ça ne dure pas. Cela aurait été trop beau, si nous avions réussi à en venir à bout si facilement.
-Lyra, éloigne toi de lui, je lui crie.
A peine ai-je finis ma phrase qu'il se précipite sur elle et entoure son cou avec son bras qu'il pose sur son épaule gauche.
-Comment veux-tu mourir ma jolie ? lui demande-t-il en offrant un sourire diabolique.
Plus personne n'ose bouger, de peur qu'il ne la tue. J'hésite un instant à utiliser ma montre, jusqu'à ce que par miracle ou par dévotion, le capitaine Okata se relève. Les deux katanas ressortent lentement de son ventre à mesure qu'il fait face à son adversaire. Hirion non plus n'en revient pas. Il dégouline de sang, mais il arrive quand même à se relever. Les deux katanas tombent alors sur le sol sans qu'il n'ait eu à les retirer, comme si son corps les avait expulsés de lui-même.
-Toi, on peut dire que tu es déterminé, dis Kugutsu en lâchant Lyra qui reste immobile les bras croisés et paniqués.
-Laisse-les tranquille, dis le capitaine en marchant péniblement vers lui, alors qu'il crée une marre de sang dans son sillage.
-Capitaine, arrêtez! Vous allez vous faire tuer! crie Hirion.
Kugutsu prend alors son dernier katana avec ses deux mains et il commence à se battre contre le capitaine qui arrive malgré tout à se défendre. L'assassin s'amuse avec lui, mais il n'abandonne pas et réussit à le frapper au visage et dans le torse. Ses quelques coups enivrent son adversaire et le pousse à finalement porter un dernier coup dans la poitrine du capitaine, en plein dans son cœur. Il enfonce un peu plus sa lame à mesure qu'il sourit, finalement, elle ressort presque intégralement hors du corps d'Okata.
-Ahhhh... Je vais pouvoir m'occuper de vous les enfants, maintenant que papa est mort.
-Ce n'est pas terminé, dit Okata dans un ultime effort.
-Mais c'est impossible ! Tu devrais être mort ! hurle Kugutsu.
Le capitaine crache de nouveau du sang et empoigne le manche du katana ainsi que la main droite de Kugutsu qui le tenait.
-Ces gamins comptent sur moi. Et je ne vais pas abandonner maintenant ! dit le capitaine en essayant de tenir debout.
-Mais crève ! Tu n'as même plus la force de tenir debout ! hurle Kugutsu en essayant d'enfoncer sa lame plus profondément dans sa poitrine.
Mais le capitaine la tient fermement avec sa main gauche.
-Je ne peux pas les décevoir. Pas après tout ce qu'ils ont accomplis. Ces jeunes-là, lorsqu'ils auront éveillé leurs pouvoirs, ils vont changer la face du monde, pour le meilleur ou pour le pire et je suis là pour les protéger d'êtres abjectes comme toi.
-Mais tu vas te décider à mourir, espèce de monstre!
Et le tueur sort alors de sa manche gauche, une dague qu'il plante instantanément dans la gorge du capitaine qui n'a pas le temps, ni la force de voir le coup venir.
-Tu as peut-être survécu à l'instant mais c'est terminé pour toi. Je ne sais pas quel est ton pouvoir mais avec cette dague dans la gorge en plus de mon katana, tu ne peux plus résister.
Le capitaine crache à nouveau du sang et sa tête se baisse lentement vers le sol. Le sang perle le long de son cou pour s'écouler sur le sol déjà maculé de sang. Aucun d'entre nous ne sait ce qui peu encore donner la force à notre capitaine de tenir debout. Alors que nous, lâche que nous sommes, nous sommes totalement tétanisés par la peur et personne n'arrive à produire le moindre geste pour lui venir en aide.
-Abandonne et meurs !
Soudain, Okata respire à nouveau avec difficulté et son dos se redresse pour que finalement, ses yeux puissent à nouveau faire face à son adversaire.
-Espèce de monstre ! C'est quoi ton problème ! Mais crève, bon sang !
Et le meurtrier enchaîne des coups répétés dans sa gorge jusqu'à ce qu'Okata l'arrête en lui empoignant la main qui tient la dague, tout en gardant la katana planté dans son torse de l'autre.
-Ce n'est pas encore terminé. Je n'ai pas le droit de mourir. Pas maintenant !
Il commence à vriller la lame avec la seule force de sa main gauche, tandis que sa main droite écrase celle de son adversaire.
-Mais c'est impossible ! Pourquoi tu ne meurs pas ?!
-Tu es seul Kugutsu, mais moi j'ai mes élèves à mes côtés et si je meurs... tu leur feras à nouveau du mal et ça je ne peux pas l'accepter ! crie Okata en brisant net la lame qui était enfoncée dans son cœur.
Le capitaine le prend soudain à la gorge et commence à le soulever d'une seule main. Petit à petit, son bras gauche se métamorphose en tentacule et entoure totalement la gorge, puis le torse tout entier du meurtrier.
-Mais qu'est-ce que tu es ?!
-Je suis le capitaine Okata et je vais venger chacune des personnes que tu as tuées. Mais pas en te tuant. Non. C'est beaucoup trop doux pour toi. Je vais briser chacun de tes os et ensuite, on va te ramener à notre base. Là-bas, tu y seras enfermé pour le restant de tes jours et je ferai en sorte que tu ne vois plus jamais la lumière du soleil.
Son tentacule continue de grandir et entoure maintenant tout le corps du meurtrier. Petit à petit, il se resserre et on entend ses os se briser pendant qu'il hurle de douleur. Finalement, il s'évanouit et le capitaine le laisse tomber au sol. Le meurtrier reprend alors peu à peu ses traits humains alors que chacun de ses membres est écrasé et retourné dans tous les sens. Mais je crois sentir qu'il respire encore.
-C'est bon, il ne vous fera plus jamais aucun mal.. dit le capitaine Okata en fermant les yeux tout en s'effondrant sur le sol.
Nous nous ruons alors sur lui avec les forces qui nous restent. Il est allongé sur le ventre et je vois sur ses lèvres, comme un sourire de satisfaction. Instinctivement, je brise la pierre de rappel que j'avais dans ma sacoche en la projetant violemment sur le sol. Celle-ci disperse alors une poussière bleue et forme comme un glyphe.
-Vite, il faut le soigner ! s'exclame Hirion pendant que Wistom retourne son corps.
-Laissez-moi faire ! Myo, tu vas chercher dans la trousse de secours des bandages. Wistom, tu restes appuyé sur les plaies pour bloquer les hémorragies. Hirion, tu découpes sa chemise pour qu'on puisse opérer plus facilement, ordonne Lyra.
-Opérer ?! s'exclame Wistom.
-Il faut absolument que l'on stoppe l'hémorragie. Même si je ne sais pas comment il a put continuer à se battre après s'être fait transpercé le cœur, poursuit Lyra.
Hirion découpe le haut de la chemise et nous découvrons toutes les blessures que le capitaine a sur le corps et surtout, le trou béant dans lequel est toujours planté le katana. Mais ce qui nous choque le plus, c'est que le capitaine respire encore.
-Je vais tenter un truc avec mon pouvoir. Je vais essayer de remplacer les veines manquantes par du fragon, c'est une plante qui favorise la circulation sanguine et qui a des faisceaux semblables aux veines chez l'homme, explique Hirion.
-Les gars, je sens son cœur battre, s'exclame Wistom la joue contre son torse.
-Quoi !? s'exclame Lyra.
-Oui, du côté droit, continue Wistom.
-Mais ça n'a pas de sens ! leur dis-je.
-Vérifie, s'il te plait, demande Wistom.
Hirion met sa main au niveau de la poitrine du capitaine et dit : Il y a un poul.
-C'est impossible, lâche Lyra.
-Pas plus que de tenir debout après avoir perdu autant de sang, souligne Hirion.
Lyra finit de déchirer les vêtements du capitaine et nous faisons face à un spectacle bouleversant. Des dizaines de petits tentacules sortent de son corps et viennent boucher les plaies. Même le trou au niveau de sa poitrine a cessé de saigner.
-C'est quoi ce pouvoir ? demande Wistom.
-Un miracle, il n'y a pas d'autres mots, dit Hirion.
Je donne les compresses et les bandages à Hirion et nous soulevons le corps du capitaine pour arrêter définitivement les saignements.
-C'est avec ça qu'il a pu survivre aussi longtemps au combat. Dès que Kugutsu lui a infligé une blessure, l'un de ses tentacules a résorbé la plaie, leur dis-je.
-On peut dire qu'il sait y faire avec son pouvoir. Contrôler des petits tentacules tout en combattant un gars comme ce salopard, il fallait le faire, dit Wistom.
-Mais pour son cœur ? Comment peut-il encore battre et à droite de surcroît ? s'interroge Lyra.
-Je pense qu'il a tout simplement le cœur à droite. C'est une maladie très rare mais je l'ai lu dans un livre. On peut tout à fait vivre avec. On appelle cela une sintus inversus, dit Hirion.
-Très bien. Mais il va falloir partir. On ne peut pas rester là en prenant le risque que d'autres n'arrivent, souligne Lyra.
-Je suis d'accord. Même si le risque est minime, on ne peut pas le prendre. Je prends le capitaine sur mes épaules. Occupe-toi de Kugutsu, lui dis-je.
Hirion s'approche de celui-ci et l'enroule dans sa manteau pour le transporter en le tirant derrière lui. Soudain, nous nous rendons compte que le manteau l'a totalement absorbé.
-C'est quoi ce délire?! s'inquiète Hirion.
-Ne t'inquiètes pas. Le capitaine l'avait dit. Son manteau a une capacité et il semblerait que ce soit celui d'absorber des objets mais aussi des personnes.
Sans prendre plus de temps pour penser à ce monstre, nous nous rassemblons autour du glyphe.
-Tu es sûr qu'on a suivi toutes les instructions du capitaine ?! demande Wistom paniqué.
-Bien sûr, nous sommes pile à l'endroit où Myo a cassé la pierre et un glyphe s'est dessiné, réponds Lyra.
-Alors pourquoi on n'a toujours pas un portail qui s'ouvre devant nous ? continue Hirion.
-Cela prend du temps. Le message ne doit pas être instantané et on ne doit pas être les seuls dans ce cas à demander un rappel, leur dis-je.
-Qu'ils se dépêchent parce que nous on a un blessé grave ! râle Wistom.
-Ne t'inquiètes pas. Il respire lentement mais toujours, dit Hirion tenant le bras du capitaine.
Finalement, après une minute d'attente, un portail s'ouvre comme la première fois. Nous passons au travers et nous arrivons de l'autre côté de la porte face au commandant Promethy qui remarque tout de suite le capitaine Okata sur mes épaules.
-Vite, un brancard ! On a un blessé, crie le commandant.
Il se rue vers moi pour voir comment va notre capitaine et il l'examine rapidement pour découvrir à quel point il est dans un état critique.
-Il a un trou dans la poitrine et de multiples blessures profondes et superficiels sur quasiment toute la surface de son corps. On a fait cesser les hémorragies, mais il a perdu beaucoup de sang, s'alarme Lyra.
-Très bien, on l'embarque en soin intensif. Je veux Enjinto sur le coup et tout de suite ! crie Promethy en récupérant le capitaine Okata dans les bras alors que deux femmes viennent d'amener un brancard sur roulettes.
Avec tout le stress et le choc du combat, nous ne sommes même pas capables de réagir. Nous restons là, au milieu du hall tandis que le capitaine Okata s'en va allongé sur le brancard, toujours inconscient. Je regarde mes amis et je vois qu'ils souffrent tous. Hirion a plusieurs coupures au niveau des bras et des joues, tandis que l'épaule de Wistom a l'air de le faire souffrir. Mais ce n'est pas le genre de gars à se plaindre. Il a porté le capitaine comme si de rien n'était. Tandis que Lyra se tient le ventre, je sens bien qu'elle a subit un terrible choc mais elle n'a rien voulu dire pour que le capitaine soit soigné de toute urgence.
-Les amis, il faut qu'on aille se soigner à l'infirmerie, leur dis-je.
Mais aucune réponse. Tout ce chaos nous a choqué et il y a de quoi. On ne s'attendait pas à vivre une telle première mission. Se retrouver au milieu d'un combat qui nous dépassait et de loin. Alors que nous avons tenté d'aider notre capitaine, mais nous avons échoué.
-Il va s'en sortir. C'est un dur à cuir et il ne sait pas abandonner de tout manière, dit une voix derrière nous.
Nous nous retournons alors et nous découvrons un grand homme à la peau pâle et à l'apparence plutôt extravagante. L'homme porte une fourrure rose sur l'épaule droite et de long cheveux blonds qui descendent jusqu'à sa ceinture. Il porte aussi un joyau violet autour du cou qui illumine sa veste noire et sa chemise prune.
-Pour l'instant vous ne pouvez rien pour lui. Alors allez-vous faire soigner à l'infirmerie. Votre capitaine est entre de bonnes mains. Croyez en mon expérience, Enjinto est le meilleur soigneur qui existe. Il saura vous le remettre sur pieds.
Et l'homme s'en va un bras dans le dos et l'autre mêlant ses mèches de cheveux.
-Drôle de bonhomme, lâche Hirion.
-C'est clair, continue Lyra.
-Si ça ne vous fait rien. Maintenant, j'aimerai bien que quelqu'un s'occupe de ma jambe, râle Wistom.
C'est vrai qu'on avait complètement oublié son trou dans la jambe. Je l'aide donc à marcher en lui servant d'appuie avec Hirion tandis que Lyra nous ouvre le chemin. Nous descendons ainsi jusqu'au niveau -1 pour atteindre l'infirmerie où une infirmière nous accueille et nous amène jusqu'à un lit où nous déposons Wistom. Un médecin s'approche de lui et commence à lui faire plusieurs points de sutures.
-Au fait, on ne devrait pas s'occuper de Kugutsu qu'on a capturé ? fait remarquer Lyra.
-C'est vrai qu'on l'a complètement oublié celui-là, je leur avoue.
-Vous pensez qu'il peut respirer dans ce manteau ? demande Hirion.
-ça ne sera pas une grande perte, si ce n'est pas le cas. Mais il faut tout de même le faire enfermer quelque part, je lui réponds.
Nous laissons donc Wistom se faire soigner tandis que nous nous dirigeons vers le premier étage pour parler à un capitaine et lui expliquer notre situation. Nous arrivons finalement devant le bureau du commandant Vorka qui comme à son habitude, boit son thé en signant et en lisant une pile de parchemins. Il ne prête d'ailleurs pas attention à nous avant que j'ose l'interrompre dans son travail.
-Commandant Vorka, nous avons une nouvelle dont nous devons vous faire part.
Il semble un peu étonné et il lève les yeux hors de ses vieux parchemins avant de répondre.
-Eh bien, allez-y. Je ne mange personne à cette heure de la journée.
-Nous avons effectué une mission, ce matin, avec le capitaine Okata et nous avons capturé un dénommé Kugutsu.
-Quoi ?! Vous avez fait quoi ? lâche le commandant en laissant tomber sa tasse sur le bureau qui répand un liquide brun sur quelques pages. Et où est-il en ce moment ?
-Dans le manteau, commandant, répond Hirion en le tendant vers lui.
-Votre histoire est de plus en plus incroyable, se stupéfait le commandant.
-Mais elle est vraie, continue Lyra, tandis qu'Hirion plonge ses mains dans le manteau pour en fait ressortir le corps totalement explosé de Kugutsu. Il est toujours en piteux états et nous percevons à peine sa respiration.
Le commandant se lève alors de son siège et se baisse pour regarder le meurtrier dans les yeux. Il n'éprouve aucune compassion et semble chercher quelque chose dans son regard.
-On peut dire que vous n'y êtes pas allez de main morte. Mais comment se fait-il que ce soit vous qui veniez m'annoncer la nouvelle et pas Okata en personne ?
Nous mettons un temps avant de répondre et finalement je lui dis :
-Le capitaine Okata a été gravement blessé. Il est en ce moment même à l'infirmerie avec le capitaine Enjinto.
-Ah... J'en suis désolé. Pour ce qui est de cet homme, je vais le faire emmener dans notre prison. On l'y interrogera pour obtenir plus d'informations concernant la pègre. Mais je tiens avant cela à vous féliciter pour cette prise. Il n'y a rien d'ordinaire pour une équipe fraîchement dépêché de ramener une vraie prise de guerre.
Le commandant soulève le corps presque sans vie sur son épaule, puis il se dirige vers les escaliers pour redescendre. Cependant, juste avant d'atteindre la première marche, il se retourne et nous dit :
-Vous n'avez pas à vous inquiéter pour le capitaine. Je pense même que vous devriez retourner à l'infirmerie pour l'accueillir dès son réveil.
Puis il descend lentement les marches.
Son idée nous plait beaucoup et nous retournons à l'infirmerie pour attendre qu'il se réveille. Nous arrivons donc au niveau -1 et nous entrons à nouveau dans l'infirmerie où Wistom discute avec une infirmière avec qui il semble bien rigoler.
-Déjà de retour ? nous dit-il, étonné de notre présence si soudaine.
-Déjà remis ? réponds Hirion.
-Oui. C'est vraiment fou, le matériel dont dispose l'Ordre de Artémis. Il a fallu seulement cinq petites minutes pour que ma jambe cicatrise totalement et tout ça, c'est grâce à Miki.
-Non, non. Je ne fais qu'appliquer les enseignements de maître Enjinto, dit l'infirmière en rougissant.
-Merci beaucoup de l'avoir remis sur pied, dit Lyra.
-Ce n'est rien. Je n'ai fais que mon travail.
- Vous êtes revenu pour me récupérer ? demande Wistom.
-Oui et pour veiller sur le capitaine, lui dis-je.
-Ce ne sera pas nécessaire. Connaissant le capitaine Enjinto, il doit déjà être rétabli, dit Miki en nous souriant.
-Comment ? lâche Lyra.
-C'est formidable, poursuit Hirion.
-Vous n'avez qu'à me suivre pour vous en rendre compte, répond-elle, puis elle ressort avec nous de la salle de soin pour s'enfoncer dans un couloir turquoise pour s'arrêter devant le bloc d'opération numéro 12.
Elle nous ouvre alors la porte et le spectacle qui nous fait face, nous remplit de joie. Le capitaine Okata est allongé sur un lit avec le dos relevé et il discute avec le capitaine Enjinto. Notre capitaine n'a plus la moindre cicatrice, pas même sur son torse qui avait pourtant subit des assauts extrêmement violents.
Son visage se tourne vers nous lorsqu'il remarque que la porte s'est ouverte et il nous salut en nous disant :
-Alors comment vont mes courageux élèves ?
-C'est plutôt nous qui devrions vous dire cela, je lui réponds.
-Ta jambe va mieux on dirait, mon cher Wistom, dit le capitaine Okata.
-Oui, capitaine et vous ? Comment vous sentez-vous ? lui demande Wistom.
-J'ai le corps pas mal engourdi mais la douleur devrait se dissiper d'ici quelques heures. Néanmoins, je suis totalement sorti d'affaire. Et ça s'est grâce à mon ami Enjinto, sans qui je ne serai pas là devant vous en train de vous parler, mais plutôt avec les macchabées.
-Arrête de me flatter. Le capitaine me lance des fleurs qui ne me reviennent nullement. Je n'ai fait que me servir de mon pouvoir. Ce sont tes élèves, les vrais héros. Sans eux, tu serais toujours allongé dans ce temple et Kugutsu se serait peut-être enfui, répond le capitaine Enjinto avec beaucoup de modestie.
-Oh, vous savez. C'est le capitaine qui l'a battu quasiment tout seul. Nous, on a juste assisté au combat et ramené les deux corps à la base, réponds Hirion.
-Oui, peut-être. Mais si vous n'aviez pas été là, Kugutsu aurait pu s'enfuir ou achever le capitaine Okata lorsqu'il était au sol. Kugutsu a une capacité très particulière. C'est un Henkan, son pouvoir est celui de la marionnette. Lorsqu'il se transforme, il est capable de se réparer avec le temps et il n'a plus de points vitaux comme le cœur ou les poumons. Il devient alors ce qu'il est vraiment, une machine à tuer, raconte Enjinto.
-Il semblerait que vous connaissiez déjà bien cet homme, capitaine Enjinto, demande Lyra.
-Pas personnellement. Mais il fait partie des personnes recherchées par l'Ordre. Vous apprendrez avec le temps qu'il y a certaines personnes dans ce monde qui sont capable de transformer leur environnement en un véritable enfer. Et c'est pourquoi l'ordre existe. Pour anéantir les organisations qui maltraitent et tuent des gens innocents, réponds Enjinto.
-Et il y a beaucoup de gens qui sont recherchés par l'ordre ? questionne Wistom.
-Tout dépend de votre définition de beaucoup. Mais je ne suis pas un expert dans ce domaine. C'est le commandant Wolgen qui est en charge des avis de recherche, pas moi. Tout ce que je peux vous dire, c'est que le criminel que vous avez affronté, était recherché pour une prime de 25 000 couronnes. Ce qui est une somme plus qu'importante.
En effet. Une telle somme pourrait mettre n'importe quelle personne à l'abris du besoin pour plusieurs années.
-En parlant de Wolgen, il faut que nous allions le voir pour interroger Kugutsu, dit Okata en se relevant.
-Ce n'est pas du tout le moment, Okata.
-Ce n'est jamais le moment de toute manière.
-Prends au moins le temps de te reposer un peu.
-Je le ferai cette nuit, ne t'inquiètes pas. Tu n'aurais pas une potion pour la douleur, dit le capitaine Okata le visage crispé par la douleur.
Enjinto s'en va donc vers une armoire en verre où reposent de nombreuses potions en disant :
-Je me demande pourquoi j'essaie encore de te raisonner, alors que c'est particulièrement inutile.
-Car tu es un médecin qui cherche à prendre soin de ses patients.
-Ou de ne pas les transformer en cadavres, répond Enjinto en lui présentant un flacon avec un liquide jaune et crémeux.
-J'espère que ce n'est pas de l'urine de gobelin, cette fois.
-Cela t'obligerait peut-être à rester allonger, mais aujourd'hui j'abandonne, répond le médecin inquiet pour la santé de son ami.
Il prend alors le flacon et l'avale d'une traite.
-Promis. Je vais me ménager, dit le capitaine Okata en nous faisant signe de le suivre dehors tout finissant de boutonner sa chemise.
-Va-t'en. Au lieu de faire des promesses que tu ne tiendras pas, s'agace une dernière fois Enjinto.
Nous nous esquivons donc et suivons le capitaine. Étonnamment, il se dirige à l'étage du hall principal. Lorsque nous l'atteignons, le capitaine se dirige vers le commandant Prométhy qui est comme à son habitude près de l'arche.
-Il faut qu'on se rende à Pandora, dit le capitaine Okata.
-J'ai appris ce qui t'es arrivé. Tu devrais être allongé et en train de te reposer, lui réponds Prométhy.
-La sieste, ce n'est pas mon truc et je veux absolument savoir qui a balancé Roy à Kugutsu, répond Okata d'une voix forte.
-Comme d'habitude, tu n'en fais qu'à ta tête...
-Ne cherche pas à comprendre et crée-nous plutôt un portail.
Le commandant ravale sa salive et un portail identique à celui que nous avons utilisé ce matin se crée devant nous au sein même de l'arche et une nouvelle fois, le capitaine est le premier à le traverser.