Septembre
Le cri strident de mon réveil se fait entendre et résonne dans ma tête en me sortant de mon rêve dans lequel je rencontrais TWICE ! J'étends ma main pour l'arrêter et attrape mon téléphone pour regarder l'heure. Les 4 chiffres qui s'affichent sur l'écran achèvent de me réveiller : 07 :50 !!
« Put…rée ! » Je vais être en retard à mon premier cours de l'année ! « Pourquoi ce fichu réveil n'a-t-il pas sonné plus tôt ? » Pas le temps de tergiverser, je saute du lit attrape les vêtements que j'ai préparé la veille et file dans la petite salle de douche de mon studio. Douche rapide, brossage de dents express, habillage hâtif, port de lentille beaucoup moins pressé parce que même après 3 ans, j'ai toujours du mal à les mettre, un peu de vaseline sur les lèvres, et me voilà prête. Je cours dans ma kitchenette, prends 2 barres de petit déjeuner et les jette dans mon sac, je me glisse dans mes sandales, attrape mon pass Navigo et mes clés sans oublier mon casque audio et direction la station de métro. J'ai la chance de n'habiter qu'à 5 minutes du métro alors à 08h10, je suis dans une rame relativement confortable car j'ai assez de place pour respirer, tous ceux qui prennent le métro peuvent comprendre ma joie. Après 5 arrêts qui ne m'ont jamais paru aussi longs, j'arrive enfin à destination. Il est 8h21 quand je sors de la bouche de métro, plus que 9 minutes avant l'heure fatidique de la rentrée. Alors oui j'ai 20 ans, je débute ma 3e année à l'université pourtant je suis toujours extrêmement nerveuse à la rentrée. Pour ma défense, j'intègre une nouvelle faculté cette année et le stress, mon meilleur ami est plus présent que jamais. Je presse le pas et me dirige vers mon amphithéâtre tout en me félicitant d'avoir pris le temps d'avoir visité le campus pour m'imprégner des lieux. Arriver en retard le premier jour est une de mes plus grandes peurs alors quand je passe la porte de cette grande salle à 08h27, je souffle de soulagement et m'installe sur une place inoccupée au milieu de l'amphi.
Les derniers élèves s'installent et je remarque que comme je le pensais, ils sont organisés en groupes. Ils ont tous l'air heureux de retrouver les personnes qu'ils n'ont surement pas revu depuis le début des vacances d'été. En observant leurs interactions, mon cœur se serre, Gwen devrait être là avec moi aujourd'hui… Mais les choses ont changé. Dorénavant, je suis seule. Je tourne la bague que je porte sur l'annulaire droit en essayant de me sortir des souvenirs qui commencent à m'envahir. L'arrivée de celle que je suppose être la professeure me permet de revenir au présent.
Elle s'installe à son bureau, allume son micro et nous explique que nous allons être séparés en 3 différentes classes pour optimiser notre apprentissage. En effet, l'étude des langues se fait plus facilement en petit nombre.
- « Les classes seront tirées au sort pour que le processus soit plus rapide » dit-elle à travers son micro.
J'entends des plaintes de personnes qui ne veulent pas être séparées de leurs amis de part et d'autre de l'amphi. Cependant, loin de s'en soucier, Mme Larousse, nom assez ironique sachant que nous sommes en licence de langue, nous demande de nous dépêcher parce qu'elle n'a pas toute la journée devant elle. Deux minutes plus tard, malgré les protestations, une file s'est formée et nous piochons tous un numéro dans un chapeau posé sur le bureau. Pour cette année, je serai dans la classe 3, chance ou malchance ? le futur nous le dira. Je récupère l'emploi du temps correspondant et me dirige vers la sortie tout en le rangeant dans mon sac. A quelques pas de la porte, je rentre dans quelqu'un ou quelqu'un me rentre dedans dépendant du point de vue duquel on se place.
- « Désolée ! » Je m'exclame en même temps que celle contre qui je me suis cognée.
- « J'étais tellement pressée que je n'ai pas fait attention. » m'explique la grande rousse qui me fait face.
- « Ne t'inquiète pas, je ne regardais pas où j'allais. La faute est partagée »
Elle me fait un petit sourire et va se placer au bout de la file. Je continue mon chemin, met mon casque audio et lance ma playlist « Détente ». Les doux airs de musique classique me suivent tout au long de mon trajet et je passe la porte de mon appartement aux environs de 10h30. Je suis contente d'avoir mon après-midi de libre. Je me prépare une omelette et prends un vrai petit déjeuner. J'appelle ensuite Mme Blondeaux, ma patronne et lui renseigne mes horaires de cours pour l'année. Nous nous mettons d'accords pour que je me rende à la bibliothèque les lundis, mercredis et jeudis après-midi et toute la journée de samedi. Mme Blondeaux est une femme géniale ! Elle a 63 ans, habite juste au-dessus de mon appartement et gère une bibliothèque située à cinq cents mètres de la résidence. Elle est toujours très dynamique malgré son âge ; cependant, s'occuper d'une bibliothèque toute seule reste une épreuve. Alors quand après mes nombreux passages à la bibliothèque, cet été, j'ai remarqué qu'en fin de journée elle était toujours très fatiguée, je lui ai proposé mon aide. Après avoir longtemps bataillé avec elle, j'ai fini par accepter qu'elle me verse un salaire. Ce qu'elle ne comprend pas c'est qu'elle m'a plus aidé que je ne le ferais jamais. Quand je suis arrivée à Paris il y a 3 mois, elle a réchauffé mon cœur gelé à coup de sourires.
En plus, j'ai assez de moyens pour vivre 3 vies sans jamais manquer de rien…