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Les Biens d'un Infortuné

🇲🇦Bilal_Benouna_2434
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Synopsis
Artiste de rue démuni, Darius utilise son savoir-faire pour s'échapper de sa vie de misérable. A son vieil âge, il veut a tout prix trouver une stabilité de vie, et pourvoir à ses besoins les plus élémentaires. Jusqu'où ira -t-il pour réaliser son rêve ? Va-t-il en ressortir indemne ?

Table of contents

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I17 hours ago
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Chapter 1 - Avant-propos

Le jardin était presque vide. Quelques passants foulaient l'herbe humide timidement. Des couples d'amoureux se regardaient avec cette intensité propre à eux. Le soleil illuminait leur enviable journée ; leur offrant un bonheur immérité. Ce bonheur dont la quête était primordiale dans la vie d'un humain, dont la quintessence était jusque-là inconnue, cachée derrière un mot vague et relatif. 

L'air frais matinal caressait les feuilles d'arbres, et secouait la rosée des corolles. Le ciel bleu azur était partiellement couvert de cotons effilochés. Le zinzinulement des mésanges apaisait les tympans par leurs mélodies délicieuses. Des dents-de-lion se répandaient sous l'agitation du vent pourtant calme, tandis que les abeilles butinaient leur pollen avec sérénité. 

Non loin d'un banc, Darius était assis en tailleur sur un bout de carton noirci par l'usure. Lorsqu'on s'approchait de lui, on voyait un homme quinquagénaire, avec des cheveux gris-cendre ; il portait de vieilles guenilles présentables, une tenue de bonne marque qui fit son temps. Celui-ci affichait une attitude équanime, à toutes épreuves. Il portait avec lui un sac à dos en cuir initialement d'une couleur marron clair, dont la fermeture éclair était rouillée, et dont les fines bandelettes constituant son style vintage avaient été déchirées, et tristement entachées. Darius n'était pourtant pas un homme sale ; au contraire, il aimait bien la propreté et avait toujours vécu jusque-là en suivant une bonne hygiène de vie. Seulement, le temps écrase la beauté, surtout s'il est appuyé par la pauvreté. 

Dans son sac (son unique et seule possession) on pouvait le plus souvent trouver quatre choses : un crayon, un carnet rouge se fermant à l'aide d'un aimant défectueux, un couteau suisse, et enfin une vieille photographie monochrome. Il dessinait sans cesse, s'évadant de sa vie ennuyante pour vivre dans son imagination. Tout ce qui lui passait par la tête était pour lui l'occasion parfaite de se défier à représenter le plus clairement possible son inspiration sur une feuille de papier jaune, à l'aide de son crayon à mine. 

Un homme comme tous les autres, pauvre, et isolé. Ses mains parcouraient les pages de son carnet avec délicatesse, recherchant Dieu-seul-savait-quoi, comme si sa richesse y était encrée. Ancrée dans un abstrait palpable, où se mêlaient aventures, émotions, et souvenirs. Ses doigts rabougris et boudinés renfermaient le secret d'une technique artistique pure. Les années de pratique payaient, mais pas les billets de banque ; elles payaient la satisfaction d'un travail réussi. 

Les traits de son pauvre visage faisaient de lui un individu sombre, ténébreux, retranché du monde, et par-dessus tout, un individu stoïque dont le cœur était muet, indéchiffrable. Pourtant, avec une bonne douche on pouvait dégager de son apparence un visage d'une beauté angélique, invisible derrière la suie, la saleté, et les rides creusées sur sa peau flétrie. Darius était un homme bon, innocent, à bien des égards victime de la vie, un homme dont les ailes furent coupées bien trop tôt. 

Alors, livré à lui-même, il mendiait quelques pièces, vainement, dans son monde, un monde que lui seul connaissait.