1 jours plus tard, alors que Dedem et Lyria avançaient prudemment à travers la forêt rouge, un silence pesant les entourant, un battement d'ailes puissant se fit entendre au-dessus d'eux. Dedem, habitué à percevoir les moindres mouvements autour de lui, leva les yeux et aperçut un grand aigle, dont les plumes semblaient briller d'une lumière mystique, descendre vers eux. L'aigle se posa en douceur sur son épaule, ses yeux perçants fixant Dedem avec une intelligence inhabituelle.Dedem tendit son bras, invitant l'aigle à s'y poser, ce qu'il fit sans hésitation. Lyria, intriguée, regarda la scène avec des yeux ronds. « Qu'est-ce qu'il se passe ? » demanda-t-elle, sa curiosité piquée.Dedem ne répondit pas immédiatement, son visage sérieux et concentré. Il savait que cet aigle n'était pas ordinaire, et il attendait de comprendre ce qui allait suivre. L'aigle émit un cri perçant, puis une voix familière résonna dans l'air autour d'eux.« Dedem, c'est moi, Thalion. J'ai atteint la Légion de Fer. Ils sont sceptiques, mais je vais essayer de rassembler des guerriers puissants. Pour les convaincre vraiment, il faudra que tu viennes sur place. L'aigle te guidera jusqu'à Novemcaudus. Avec trois yeux mystiques en ta possession, ils te prendront au sérieux, même s'ils ne croient pas vraiment à la légende. »L'aigle secoua doucement ses plumes, puis reprit la parole sous l'influence de Thalion : « Fais attention, Dedem. Les Doctors pourraient surgir à tout moment. Si un combat devient inévitable, tu devras les éliminer. Autrement, ils te localiseront rapidement et tout deviendra plus compliqué. Sois vigilant. »Le message se coupa brusquement, l'aigle restant immobile, attendant les prochaines instructions de Dedem. Ce dernier sentit une pression nouvelle peser sur ses épaules. Il savait que Novemcaudus devait être vaincu, mais il comprenait aussi les implications plus larges de cette quête. Il restait perdu dans ses pensées, pesant chaque mot de Thalion, chaque choix qu'il allait devoir faire.Lyria, voyant son compagnon plongé dans ses réflexions, s'approcha, l'inquiétude marquant son visage. « Dedem ? Qu'est-ce qui se passe ? »Dedem cligna des yeux, revenant à la réalité, et expliqua à Lyria ce qu'il venait d'apprendre. À la mention de la Légion de Fer, les yeux de Lyria s'élargirent. « La Légion de Fer ? Je viens de là-bas, Dedem ! »Dedem, surpris, la regarda avec un mélange de respect et d'étonnement. « Le destin est vraiment plein de surprises. C'est comme si certaines choses étaient facilitée pour nous... et je dois admettre que cela me réjouit. »Lyria rougit un peu sous l'éclat de l'admiration dans les yeux de Dedem. Elle baissa les yeux, hésitante, avant de dire, un peu gênée : « Par contre, je... je ne connais pas vraiment le chemin. »« Hein ? » Dedem leva un sourcil, incrédule.Lyria éclata de rire, son visage devenant rouge de gêne. « Désolée ! Je ne suis pas la meilleure pour retrouver mon chemin... »Dedem la regarda, puis sourit à son tour, son sérieux habituel momentanément éclipsé par la légèreté de la situation. « Ce n'est pas grave. Nous avons un guide, » dit-il en désignant l'aigle toujours perché sur son bras. « Suivons-le. »Ainsi, ils commencèrent leur voyage en suivant l'aigle magique, qui volait lentement au-dessus d'eux, marquant la direction. La forêt rouge, avec ses arbres aux feuilles carmines et aux troncs sombres, semblait s'étendre à perte de vue.Premier Jour : La Forêt RougeLe soleil se couchait lentement, baignant la forêt rouge d'une lumière dorée et inquiétante. Dedem et Lyria marchaient en silence, absorbés par la beauté étrange et le mystère de ce lieu. Les ombres des arbres semblaient s'allonger démesurément, créant un spectacle fascinant mais aussi légèrement angoissant.Alors qu'ils atteignaient une petite clairière où un ruisseau rouge serpentait tranquillement, Dedem décida qu'il était temps de faire une pause. "On va s'arrêter ici pour se reposer et remplir nos gourdes," déclara-t-il en s'accroupissant près de l'eau.Lyria hocha la tête et s'agenouilla à côté de lui, observant son reflet dans l'eau écarlate. "Cet endroit est si... unique," murmura-t-elle, fascinée par la couleur inhabituelle du ruisseau. "On dirait que même la nature elle-même a une histoire à raconter ici."Dedem, tout en remplissant sa gourde, répondit d'une voix calme : "La magie ancienne imprègne cette forêt. On raconte que des batailles ont eu lieu ici, il y a des siècles. Le sang versé aurait imprégné la terre, donnant à la rivière cette teinte."Lyria frissonna légèrement à cette pensée. "C'est à la fois beau et terrifiant," admit-elle en relevant les yeux vers Dedem. "Tu sembles en savoir beaucoup sur les lieux que nous traversons."Dedem haussa les épaules. "J'ai beaucoup voyagé, et mon maître Thalion m'a appris à ne jamais sous-estimer un endroit, peu importe son apparence. Chaque lieu a son propre pouvoir, et il est crucial de le comprendre avant de continuer notre chemin."Après avoir bu à leur guise, ils reprirent la marche, pénétrant plus profondément dans la forêt rouge. Le silence était presque total, à l'exception de leurs pas sur les feuilles mortes. Au fil des heures, la lumière du jour faiblit, et l'atmosphère devint de plus en plus oppressante.Quand le crépuscule tomba, Dedem suggéra de s'arrêter pour la nuit sous la protection d'un immense arbre aux branches basses. "Nous devrions nous reposer ici. La forêt devient de plus en plus dense, et il vaut mieux ne pas continuer dans l'obscurité."Lyria acquiesça, bien qu'un peu nerveuse. "Oui, tu as raison. Je vais créer une barrière d'humidité pour nous protéger des créatures nocturnes."Dedem l'observa alors qu'elle levait les mains et murmurait une incantation. Une fine brume aqueuse se forma autour d'eux, créant une barrière protectrice. "C'est impressionnant," dit Dedem, légèrement admiratif. "Ta maîtrise de la magie de l'eau est vraiment utile."Lyria sourit timidement. "Merci. J'ai encore beaucoup à apprendre, mais je fais de mon mieux."Ils allumèrent un petit feu de camp pour se réchauffer et cuisiner un peu de nourriture. Tandis que les flammes dansaient et crépitaient, l'atmosphère devint plus détendue. Le crépitement du feu était le seul bruit, rompant le silence oppressant de la forêt.Après un long moment de silence, Lyria prit la parole, la voix légèrement hésitante. "Dedem... est-ce que tu as déjà eu des doutes sur ta quête ? Sur tout ce que tu es en train de faire ?"Dedem resta un instant silencieux, les yeux rivés sur le feu. Puis, il répondit d'une voix posée mais ferme. "Non, jamais. Ma route est tracée depuis longtemps. Mon maître Thalion m'a toujours dit que notre destin est ce que nous en faisons. J'ai un but, et je compte bien l'accomplir, peu importe les obstacles."Lyria hocha lentement la tête, respectant sa détermination. "C'est admirable. Mais parfois, je me demande... que fais-tu quand le poids de tout ça devient trop lourd ?"Dedem la regarda, ses yeux noirs brillants dans la lueur du feu. "Je pense à mon frère, Eldric. Et à ce que je dois accomplir pour lui. C'est ce qui me donne la force de continuer, même quand tout semble perdu."Lyria sourit doucement, touchée par ses paroles. "Je comprends. Avoir quelqu'un pour qui se battre, c'est ce qui nous rend plus forts."Un silence confortable s'installa entre eux, chacun perdu dans ses pensées. Le feu crépitait doucement, projetant des ombres dansantes sur leurs visages fatigués. La magie aqueuse de Lyria formait une douce brume autour d'eux, ajoutant une couche de tranquillité à l'atmosphère."Tu sais," reprit Dedem après un moment, "ce n'est pas facile de trouver des compagnons de route aussi compétents que toi. La plupart des gens que j'ai rencontrés dans mes voyages étaient soit trop faibles, soit trop imprudents."Lyria rougit légèrement à son compliment. "Je fais de mon mieux pour être à la hauteur. Et puis... je me sens en sécurité avec toi."Dedem esquissa un rare sourire. "Je protégerai ceux qui me sont chers, c'est une promesse."Ils échangèrent un dernier regard avant de se préparer à dormir. Dedem s'allongea près du feu, son épée à portée de main, tandis que Lyria s'installait non loin de lui, la barrière d'eau formant un cocon protecteur autour d'eux. La nuit, bien que silencieuse, semblait moins menaçante sous leur protection mutuelle.Alors que Dedem fixait les étoiles à travers les branches des arbres, il repensa aux mots de Lyria. Peut-être qu'avoir quelqu'un à ses côtés dans cette quête ne serait pas si mauvais après tout.Au matin du deuxième jour, la forêt rouge commença à se dissiper. Les arbres devinrent moins denses, et la lumière du soleil perça enfin à travers la canopée, éclairant leur chemin. Ils sortirent de la forêt et se retrouvèrent sur une vaste plaine verte, une mer ondulante d'herbes hautes qui semblait s'étendre à l'infini sous un ciel d'azur. Le contraste avec la forêt oppressante qu'ils venaient de quitter était saisissant.Cependant, leur répit fut de courte durée. Alors qu'ils marchaient à travers la plaine, Dedem sentit quelque chose d'étrange. Ses instincts, affinés par des années de combat, lui soufflaient que quelque chose ne tournait pas rond. Lyria, qui remarqua son changement d'attitude, se prépara mentalement, sentant la tension monter.Soudain, des créatures émergèrent des hautes herbes, les encerclant rapidement. C'était une meute de monstres bestiaux, mi-loup, mi-démon, leurs corps couverts de fourrure noire et d'épines osseuses. Ils étaient nombreux, et leurs yeux rougeoyants brillaient de malice et de cruauté.Dedem dégaina son épée et brandit son bouclier sans hésitation, se préparant à défendre leur position. "Reste derrière moi," ordonna-t-il à Lyria, sa voix ferme et déterminée.Les monstres attaquèrent en meute, leurs crocs acérés prêts à déchirer chair et os. Dedem se lança dans le combat, parant et frappant avec une précision mortelle. Son épée fendait l'air, chaque coup abattant un ennemi. Il se déplaçait avec une agilité impressionnante, esquivant les griffes et les crocs tout en bloquant les attaques avec son bouclier.Lyria, derrière lui, utilisa sa magie de l'eau pour couvrir ses arrières. Elle formait des boucliers liquides qui repoussaient les assaillants ou les désorientaient, créant des opportunités pour Dedem de les achever. Elle projetait également des jets d'eau pour repousser les monstres qui tentaient de les contourner. Chaque fois qu'un monstre approchait trop près, elle levait ses mains et murmurait une incantation, envoyant des lames d'eau qui fendaient l'air avec une force dévastatrice.Dedem, au centre de l'action, combattait avec une détermination farouche. Son épée et son bouclier étaient comme une extension de lui-même, chaque mouvement étant calculé, chaque coup porté avec une précision mortelle. Malgré leur nombre, les monstres ne pouvaient rivaliser avec la combinaison de la force brute de Dedem et la magie fluide de Lyria.Les créatures tombaient les unes après les autres, leurs corps s'écrasant lourdement au sol. Bientôt, il n'en resta plus un seul en vie. Dedem, respirant lourdement, se redressa, essuyant le sang de son épée sur l'herbe humide. Lyria, bien que fatiguée, affichait un sourire de soulagement."Tu es vraiment incroyable," dit-elle, admirative.Dedem rangea son épée et hocha la tête. "On a fait du bon travail ensemble."Le reste de leur voyage se poursuivit sans encombre. Ils quittèrent finalement la plaine et atteignirent le bord d'une rivière scintillante. L'aigle magique, qui les avait guidés depuis le début, se posa sur l'épaule de Dedem, un signe que leur destination était proche.Alors que la destination se profilait à l'horizon, Dedem ralentit le pas et finit par s'arrêter, invitant Lyria à faire de même. Le paysage changeait subtilement, la plaine herbeuse laissant place à une petite forêt sombre à l'aspect inquiétant. Dedem s'assit sur un rocher et fit signe à Lyria de le rejoindre. La tension dans l'air était palpable, comme si le sol lui-même retenait son souffle.Dedem laissa échapper un soupir profond avant de se tourner vers elle. "Lyria, ce qui nous attend est... un œil mystique. Je ne sais pas si tu crois à ces histoires, mais je peux te garantir que la personne que je m'apprête à affronter est d'une puissance terrible. Même avec tout ce que j'ai appris et maîtrisé, je ne suis pas sûr de le vaincre."Lyria posa une main réconfortante sur son bras, son regard empli de confiance. "Je te crois, Dedem. Et si tu es vraiment inquiet, je resterai en retrait. Je ne veux pas te gêner."Dedem secoua la tête. "Non, Lyria. Ce n'est pas suffisant. Je veux que tu te réfugies loin d'ici. Ce combat pourrait être très destructeur, et je ne veux pas que tu sois prise dans la tourmente." Il se leva et observa les alentours, cherchant un endroit sûr pour elle. Son regard se posa sur une colline isolée au milieu de la plaine, surplombant la forêt sombre qui les attendait. "Va là-bas," dit-il en pointant la colline du doigt. "Tu seras en sécurité, et tu pourras surveiller de loin."Lyria hocha la tête et se leva. Mais alors qu'elle commençait à s'éloigner, Dedem l'appela. "Attends." Elle se retourna, intriguée. Dedem s'approcha d'elle, sortant une épée de son fourreau. "Prends ça," dit-il en lui tendant l'épée d'Eldric. "Cette épée m'est très chère. C'est une preuve de ma détermination à revenir victorieux. Je tiens énormément à elle, et te la confier est une preuve que je crois en toi."Lyria prit l'épée avec une révérence silencieuse, ses joues rosissant sous le poids de la confiance que Dedem plaçait en elle. "Je t'attendrai, Dedem. J'ai confiance en toi," dit-elle, son regard intense croisant le sien. Elle leva ensuite une main et lança une magie d'eau protectrice autour de lui, un fin voile aqueux scintillant dans l'air. "Je serai avec toi, même de loin."Dedem esquissa un sourire rare, mais le sérieux revint vite dans son regard. "Merci, Lyria. Maintenant, va."Lyria se dirigea vers la colline, l'épée d'Eldric à la main, tandis que Dedem observait l'aigle magique qui les avait guidés jusque-là. L'oiseau tourna la tête, ses yeux brillants fixant Dedem avant de se diriger vers la forêt sombre. Dedem le suivit, ses sens en alerte, alors qu'ils quittaient la sécurité relative de la plaine pour pénétrer dans les ténèbres.La Forêt Sombre et la Ferme NoireLa forêt qui s'étendait devant Dedem était bien différente de la forêt rouge qu'ils avaient traversée. Ici, les arbres étaient hauts et tordus, leurs branches décharnées se rejoignant pour former un couvert dense qui plongeait le sous-bois dans une obscurité presque totale. Le sol était tapissé de feuilles mortes et de mousse épaisse, amortissant les pas de Dedem alors qu'il avançait prudemment. Un silence pesant régnait, seulement rompu par le bruissement occasionnel des feuilles sous le vent et le cri lointain d'un oiseau nocturne.Au centre de cette forêt obscure se dressait une ferme, mais pas une ferme ordinaire. Elle était faite de bois noirci, comme brûlé par des flammes anciennes mais jamais consumé. Les murs semblaient absorber la lumière, et les fenêtres étaient des trous béants, sans carreaux, laissant deviner un intérieur froid et vide. Le toit, en chaume sombre, était usé et affaissé en certains endroits, ajoutant à l'atmosphère de désolation qui émanait du lieu.Autour de la ferme, des animaux paissaient calmement, apparemment insensibles à l'aura sinistre qui imprégnait l'endroit. Dedem observa des vaches, des moutons, et quelques poules qui grattaient la terre, leurs mouvements lents et étrangement synchronisés. Leurs yeux, noirs et vides, ne reflétaient aucune émotion, comme s'ils étaient sous l'emprise d'une force surnaturelle.Alors qu'il continuait d'avancer, Dedem aperçut une silhouette humaine. Un jeune homme se tenait à proximité d'un enclos, les bras croisés, observant les animaux d'un air détaché. Il avait de longs cheveux orange qui cascadaient sur ses épaules, contrastant vivement avec la morosité ambiante. Ses yeux, tout aussi orange, brillaient d'une lueur intense et captivante, révélant une puissance intérieure redoutable. Sa tenue était celle d'un fermier, simple et fonctionnelle : une chemise de lin blanche, un pantalon brun en toile épaisse, et des bottes de cuir usées. Pourtant, malgré la simplicité de ses vêtements, il émanait de lui une aura d'autorité et de danger latent.Dedem s'arrêta à une distance respectueuse, ses sens aiguisés détectant l'immense puissance émanant du jeune homme. "Novemcaudus, je présume," dit-il d'une voix ferme, brisant le silence de la forêt.Le jeune homme leva les yeux, un léger sourire en coin. "C'est ainsi que l'on m'appelle," répondit-il calmement. Ses yeux perçants détaillèrent Dedem avec un intérêt particulier, comme s'il évaluait la menace que représentait cet intrus dans son domaine.Dedem serra les poings, sentant le poids de l'épée de Thalion contre sa hanche. Le combat qu'il avait redouté toute cette journée était sur le point de commencer. La ferme noire, silencieuse et immobile, semblait attendre le choc inévitable entre ces deux forces.Contre toute attente, Novemcaudus haussa les épaules et déclara d'une voix détachée : "Je n'ai pas vraiment envie de me battre."Dedem, surpris par cette réponse inattendue, fronça les sourcils et répondit : "Pourquoi ?"Novemcaudus esquissa un sourire amusé, ses yeux orange brillant d'une lueur tranquille. "Je suis bien ici, au calme, loin du monde et de ses problèmes. Personne ne vient m'embêter, à l'exception de ces derniers temps... quelque chose ou quelqu'un a commencé à me déranger. Rien de grave, mais c'est peut-être à cause de ça que tu m'as trouvé."Dedem, encore plus perplexe, chercha à comprendre la situation. "Est-ce que tu connais Astral ?" demanda-t-il.Novemcaudus hocha la tête en signe d'assentiment, l'air pensif. "Oui, je le connais. Nous nous sommes affrontés autrefois, mais cela remonte à des centaines d'années. Je me souviens de lui comme d'un adversaire redoutable. Mais il est loin, ce temps-là... Je l'ai senti être vaincu récemment." Il jeta un regard pénétrant à Dedem. "Je suppose que c'est toi qui l'as abattu ?"Dedem acquiesça silencieusement. Le poids de ses batailles passées semblait revenir sur ses épaules, mais l'attitude détachée de Novemcaudus le déstabilisait. Avant qu'il ne puisse poser d'autres questions, Novemcaudus fit un geste de la main en direction de la ferme. "Viens, parlons à l'intérieur. Inutile de rester ici debout. J'ai quelques plats que tu devrais goûter."Dedem hésita, mais la curiosité et l'envie de comprendre ce personnage énigmatique l'emportèrent. Il suivit Novemcaudus à l'intérieur de la ferme noire, franchissant une porte en bois massif qui grinça sinistrement sur ses gonds.L'intérieur de la ferme était simple mais bien entretenu, un contraste saisissant avec l'extérieur lugubre. La pièce principale était dominée par une grande table en bois brut, entourée de chaises rustiques. Sur la table, des plats fumants attendaient, remplissant l'air de délicieuses odeurs. Il y avait un ragoût de viande aux légumes, une tourte aux pommes de terre et aux herbes, et un pain frais à la croûte dorée. Des tranches de fromage fermier, une salade de légumes du jardin, et un bol de fruits frais complétaient le repas.Novemcaudus prit place à l'une des chaises et invita Dedem à faire de même. Malgré l'étrangeté de la situation, Dedem s'assit, observant attentivement son hôte. Novemcaudus servit une portion généreuse de ragoût à Dedem avant de prendre une bouchée lui-même. Le silence qui suivit fut uniquement brisé par le bruit des ustensiles.Finalement, ce fut Novemcaudus qui brisa le silence. "Alors, que penses-tu de la ferme ?" demanda-t-il avec un sourire en coin, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde de parler d'agriculture avec un adversaire potentiel.Dedem, encore sur la réserve, répondit prudemment. "Elle est... étonnamment paisible, compte tenu de l'endroit où elle se trouve.""Exactement," acquiesça Novemcaudus. "C'est pourquoi je l'aime. J'ai appris que la paix véritable ne vient pas de la puissance ou des batailles remportées, mais de la simplicité. Cultiver la terre, s'occuper des animaux, c'est un mode de vie que peu de gens comprennent."Dedem haussa un sourcil, intrigué. "Un mode de vie... normal ? Pour quelqu'un comme toi ?"Novemcaudus rit doucement. "Tu sembles surpris. Mais après avoir vécu aussi longtemps que moi, après avoir vu tant de guerres et de destructions, on finit par rechercher autre chose. Cette ferme, elle m'offre la tranquillité. Chaque jour est rythmé par les soins aux animaux, la culture des champs... c'est une vie simple, mais pleine de sens."Dedem hocha la tête, son esprit s'efforçant de comprendre comment un être aussi puissant pouvait se satisfaire d'une vie aussi simple. "Et ces animaux ?" demanda-t-il, changeant de sujet. "Ils semblent... différents."Novemcaudus sourit, amusé. "Ils sont particuliers, en effet. Ce sont des créatures magiques, mais inoffensives. Leurs yeux peuvent sembler étranges, mais ils sont comme des gardiens de ce lieu. Ils me servent fidèlement et m'aident à maintenir l'équilibre de cette terre."Dedem réfléchit un instant. "Tu parles d'équilibre... C'est quelque chose que Thalion, mon maître, m'a souvent enseigné. Mais cet équilibre semble difficile à maintenir, surtout avec ce qui se passe dans le monde.""Ce Thalion est sage," répondit Novemcaudus en reprenant une bouchée. "Il a raison de t'enseigner cela. L'équilibre est tout. C'est ce qui nous permet de ne pas sombrer dans le chaos. Mais il est vrai que le monde change, et cet équilibre est fragile. Peut-être est-ce pour cela que tu es ici, que nous nous rencontrons à ce moment précis."Dedem resta pensif, regardant le ragoût sans vraiment le voir. "Je ne doute jamais de ma quête, mais je me demande si je suis vraiment prêt pour ce qui m'attend. Ce combat pourrait être le plus grand de ma vie, et pourtant... tu sembles si détaché, si serein."Novemcaudus posa son couvert et croisa les bras, observant Dedem avec un air sérieux. "La puissance ne réside pas seulement dans les combats que nous menons. Parfois, elle réside dans la capacité à choisir de ne pas se battre. Ce que je cherche ici, c'est cette paix intérieure. Mais je sais aussi que je ne peux l'atteindre complètement tant que le monde est en désordre. Peut-être que notre rencontre n'est pas une simple coïncidence, après tout."Dedem prit une longue inspiration, les paroles de Novemcaudus résonnant en lui. "Alors, pourquoi m'as-tu conduit ici si tu ne veux pas te battre ?""Parce que," répondit Novemcaudus avec un sourire énigmatique, "avant de prendre une décision, il est important de comprendre l'autre. Peut-être que, après cette discussion, tu comprendras que ce que tu cherches ne se trouve pas uniquement dans le combat."Le reste du repas se passa dans un mélange de silences contemplatifs et de discussions sur la ferme et la vie simple que Novemcaudus avait adoptée. Dedem, bien que toujours sur ses gardes, se sentait étrangement apaisé par cette conversation. Cependant, au fond de lui, il savait que ce calme apparent cachait quelque chose de plus profond, un mystère qui ne se révélerait peut-être que lorsque le moment serait venu.À suivre...