Dans un domaine boisé, à l'écart des regards curieux de Vannes, Edwyn rencontra le roi Alain II. L'endroit était calme, presque surnaturel dans son silence, les arbres se balançant doucement sous la brise. Alain II, bien que statique, semblait imprégné de cette tranquillité, mais ses yeux trahissaient une vigilance constante, comme un prédateur attendant le moment propice pour frapper. Cet homme, d'apparence calme, était marqué par une dureté intérieure forgée par des années de lutte pour préserver son trône. Il savait que son royaume était à un tournant décisif. L'armée d'Edwyn pourrait l'aider à repousser ses rivaux, mais le prix à payer pour une telle alliance pourrait être bien plus élevé que ce qu'il imaginait.
Edwyn se tenait devant lui, les poings serrés derrière son dos, et le regardait droit dans les yeux, son bleu perçant ne quittant pas le roi. Il savait que chaque mot comptait, chaque geste pourrait marquer un tournant décisif. "Seigneur Alain, je ne cherche pas seulement à suivre les pas de mon père, mais à garantir la prospérité de Vannes. Pour cela, je vous propose une alliance, bénéfique pour nos deux royaumes."
Alain II haussait un sourcil, son regard calculateur scrutant Edwyn. Le roi savait qu'un pacte avec ce jeune homme pourrait signifier la domination de Vannes et de la Bretagne, mais les risques étaient élevés. "Une alliance, dites-vous ?"
"Oui," répondit Edwyn, sans faiblir. "Vous avez des ennemis à l'ouest, et moi, à l'est. Si nous unissons nos forces, nous écraserons nos rivaux respectifs. Mon frère, Eudes, cherche à nous diviser. Il cherche à trahir non seulement ma famille, mais le royaume tout entier. Ensemble, nous pouvons le terrasser."
Un silence lourd s'installa. Alain II, toujours silencieux, observait Edwyn avec une concentration palpable. Ce dernier, quant à lui, attendait, un sentiment de détermination ferme dans ses veines. Les mots d'Alain II, mesurés et pesés, rompirent enfin le silence. "Et que proposez-vous exactement, Edwyn ?"
"Une alliance militaire," répondit Edwyn. "Vous me soutenez contre mon frère et ses partisans, et en échange, je vous offre non seulement la loyauté de Vannes, mais aussi la possibilité d'étendre vos terres vers l'ouest. Vous serez le maître des deux rives, et moi, je serai le chef de Vannes, reconnu et légitime."
Alain II posa sa coupe de vin. Il observait attentivement, pesant chaque mot. "Un discours intéressant," dit-il lentement, "mais il me faut plus que des promesses. Je veux des actes. Des actions concrètes, Edwyn, pour prouver votre détermination."
Edwyn esquissa un sourire imperceptible, un éclat de malice dans ses yeux fatigués. "Alors, agissons dans l'ombre. Je m'assure que votre rival soit déstabilisé, et au moment opportun, vous serez le premier à frapper. Vous aurez l'avantage de l'initiative, et vous verrez vos ennemis se déchirer dans le chaos de la guerre civile."
Alain II fixa un moment Edwyn dans les yeux, cherchant à déceler la moindre faiblesse. Mais il n'en trouva aucune. L'ambition de ce jeune homme était palpable, et Alain II réalisa que l'offre était sérieuse. Ce n'était pas simplement une question de pouvoir, mais de stratégie. "Bien," dit-il enfin, avec un ton devenu plus solennel. "Nous nous rencontrerons à nouveau lorsque vous serez prêt. Mais n'oubliez pas, Edwyn, que la guerre est une danse complexe. Elle peut vous enivrer autant qu'elle peut vous détruire. Je joue mes propres jeux, et vous ne serez pas le seul à bouger sur l'échiquier."
Edwyn acquiesça d'un geste ferme, conscient que cette rencontre n'était que le début d'une alliance fragile. Le roi Alain II, impitoyable mais pragmatique, lui avait donné une occasion, mais à quel prix ? Dans ce jeu de pouvoir, il n'y avait jamais de place pour l'hésitation.
"Vous serez le premier informé lorsque le moment viendra," répondit Edwyn d'une voix grave, avant de tourner les talons, se préparant à une guerre bien plus complexe qu'il ne l'avait imaginée.