Chereads / [WN] [FR Trad] Sengoku Komachi Kuroutan / Chapter 40 - Chapitre 40 : Mi-Septembre 1567, Partie 1

Chapter 40 - Chapitre 40 : Mi-Septembre 1567, Partie 1

Maeda Keiji Toshimasu et Kani Saizō Yoshinaga étaient devenus les umamawari de Shizuko.

Cependant, le choix n'avait pas été fait facilement, il y avait eu de longs débats.

Cela était naturel. Retirer un bon guerrier signifiait un effondrement de l'équilibre des forces au sein d'une armée.

Tout le monde avait hésité à proposer un vassal compétent en raison de l'impact que cela aurait sur leur influence militaire et politique en tant que vassaux d'Oda.

Au final, les guerriers qui avaient été choisis faisaient partie des moutons noirs : ceux qui étaient critiqués comme étant [compétents mais beaucoup trop problématiques].

Tout d'abord, le père adoptif de Keiji, Maeda Toshihisa, avait été mis à la retraite de force par Nobunaga et son frère Maeda Toshiie avait été mis à la charge de son territoire d'Arako, en Owari, qui faisait 2 000 kan (environ 4 000 koku).

À cette époque, Keiji avait quitté le château d'Arako avec son père adoptif. N'ayant personne sur qui se reposer, il avait décidé de partir en voyage pour explorer le monde.

Mais Nobunaga l'avait personnellement arrêté. Il avait approché Keiji et lui avait demandé s'il voulait [essayer de servir une personne spéciale].

Keiji avait d'abord été réticent mais il s'était rapidement intéressé à l'unique vassal féminin de Nobunaga et au fait qu'un certain nombre de vassaux d'Oda, si faible soit-il, la respectaient.

Finalement, il avait accepté de devenir l'umamawari de Shizuko avec pour condition [d'avoir le droit de partir s'il décidait qu'elle n'était pas digne de ses services].

D'un autre côté, la situation de Saizō n'était pas aussi compliquée que celle de Keiji. Il était devenu un serviteur du clan Oda après que Nobunaga ait vaincu Saitō (Tatsuoki).

Au départ, Nobunaga avait eu l'intention de faire de Saizō un général mais il avait jugé, en voyant ses exploits militaires et son comportement quotidien, qu'il n'était pas apte à diriger une armée.

Par conséquent, Saizō avait été mis sous les ordres d'Hideyoshi, mais il ne s'entendait pas avec ce dernier alors il avait immédiatement été transféré à l'unité de Shibata.

Cependant, juste avant le transfert, Nobunaga avait changé d'avis et l'avait envoyé chez Shizuko, pensant qu'il serait un membre convenable pour son umamawari.

Nobunaga avait eu l'intention d'envoyer ces deux-là en pensant qu'il n'y avait pas d'autre candidat possible, mais il avait ajouté une personne inattendue à la dernière minute.

Katsuzō, qui sera connu plus tard sous le nom de Mori Nagayoshi, allait être envoyé en tant que stagiaire.

Nagayoshi avait rassemblé des voyous et des vagabonds de Mino et d'Owari et formé une bande de fauteurs de troubles. Les habitants avaient envoyé des plaintes aux vassaux d'Oda.

Lorsque les plaintes étaient parvenues aux oreilles de Nobunaga, il avait immédiatement agi, ne voulant pas de problèmes inutiles durant la pacification de Mino.

Tout d'abord, Nagayoshi et toute sa bande avaient été capturés. Tous excepté Nagayoshi avaient été exécutés pour avoir troublé l'ordre public. Nagayoshi, ayant perdu son gang, avait été confiné à un temple.

Cependant, Nagayoshi, qui avait grandi dans l'arrogance, n'avait pas changé son comportement violent et avait fini par être chassé du temple.

Jugeant qu'il était impossible de corriger son comportement avec les méthodes habituels, Nobunaga l'avait forcé à devenir un subordonné de Shizuko.

Naturellement, le village de Shizuko et les villages aux alentours étaient sous le contrôle direct de Nobunaga, donc s'il faisait quelque chose d'étrange, il serait exécuté sans procès.

Mais naturellement, l'arrogant Nagayoshi n'avait pas changé son attitude.

Par conséquent, il avait reçu le baptême du village de Shizuko, qui était complètement différent des autres villages.

Tout d'abord, à son troisième jour dans le village, il avait essayé de voler et manger un poulet.

Mais Wittmann et sa famille avaient senti l'odeur du sang et s'étaient précipités sur les lieux. Et malheureusement pour lui, ils l'avaient trouvé en train de manger la viande.

Ce qu'il s'était ensuivi avait été simple.

Nagayoshi, qui avait un rang plus bas qu'eux dans la meute, était en train de manger un poulet de leur cheffe Shizuko sans permission.

La hiérarchie dans la société des loups était beaucoup plus stricte que dans l'armée, et ce que Nagayoshi avait fait était un acte impardonnable qui devait naturellement être puni.

N'ayant pas le droit de porter une arme, et menacé d'être attaqué par plusieurs loups s'il s'arrêtait, Nagayoshi n'avait eu d'autre choix que de fuir pour sa vie.

Et même s'il avait une arme, il n'aurait rien pu faire car son père, Mori Yoshinari, lui avait martelé dans la tête que [le seigneur aime beaucoup les loups de Shizuko-dono].

Il avait compris que devoir faire seppuku pour avoir blessé un loup serait une immense disgrâce.

Nagayoshi avait essayé de se cacher à plusieurs reprises mais il avait été découvert et poursuivi à chaque fois, alors il avait changé de plan.

Les loups suivaient fidèlement les ordres de Shizuko, donc il avait cherché à s'en prendre à elle.

Sa première tentative avait été contrecarrée par Keiji.

À sa deuxième tentative, il avait réussi à s'infiltrer dans la demeure de Shizuko et à entrer dans sa chambre, mais sa chance s'était arrêtée là.

Ce jour-là, Shizuko était en train de dormir dans une mauvaise posture, et lorsque Nagayoshi s'était approché d'elle, elle l'avait attrapé avec une prise de lutte.

Bien que Shizuko était complètement endormie, elle lui avait infligé de nombreuses prises dont le Ude-Hishigi-Gyaku-Juji-Gatame.

Nagayoshi avait hurlé face à la douleur d'une intensité qu'il n'avait jamais ressentie auparavant. Ayant entendu son cri, Aya avait accouru, mais lorsqu'elle avait vu la scène, elle avait refermé la porte en soupirant, abandonnant Nagayoshi à son sort.

Au final, Shizuko avait continué de dormir profondément, ignorant les cris de Nagayoshi et lui infligeant une clé de bras jusqu'au matin.

Après avoir passé de douloureuses heures à être projeté et retourné, Nagayoshi s'était résigné au fait qu'il était complètement impuissant dans ce village.

Après cela, il avait renoncé à manigancer contre Shizuko. Mais ses regrets étaient arrivés trop tard.

Bien qu'Aya avait été relevée de sa mission de surveillance, elle continuait de rapporter les mouvements quotidiens de Shizuko.

Nobunaga et Yoshinari ne se préoccupaient que de Shizuko, mais Aya avait inclus les méfaits de Nagayoshi dans son rapport, au cas où.

Yoshinari avait immédiatement convoqué Nagayoshi et l'avait emmené à un certain endroit sans explication.

C'était une cascade suffisamment haute pour faire reculer Nagayoshi. Alors qu'il était sur le point de demander ce qu'ils faisaient ici, Yoshinari avait posé sa main sur son épaule et lui avait dit :

"Si tu parviens à remonter, nous fermerons les yeux sur ce que tu as fait."

Dès le moment où il avait fini de dire cela, Yoshinari lui avait donné un coup de pied et Nagayoshi était tombé de la cascade.

Mori Yoshinari lui avait raconté une anecdote comme quoi les lions jetaient leurs enfants dans un ravin.

En d'autres termes, s'il ne parvenait pas à remonter la cascade, il serait expulsé du clan Mori.

Au départ, Nagayoshi avait pensé que c'était une blague, mais lorsqu'il avait été jeté de la falaise, il avait réalisé que son père ne plaisantait pas et avait remonté la cascade avec acharnement.

Nagayoshi avait miraculeusement réussi à remonter juste pour être victime d'un autre malheur.

D'une manière inconnue, les nouvelles de sa tentative d'attaque contre Shizuko avaient atteint les oreilles de Tadakatsu qui était follement amoureux de Shizuko.

Ce dernier désastre l'avait frappé quelques temps plus tard.

***

Shizuko, qui n'était pas au courant des punitions qu'avait subi Nagayoshi, pencha la tête face à sa soudaine docilité mais cessa rapidement de se poser des questions.

Elle avait été chargée de l'entraîner mais ne savait pas grand-chose sur l'entraînement militaire. Elle se creusa la tête à la recherche de méthodes.

Comme la méthode d'entraînement différait selon l'arme, Shizuko demanda à Nagayoshi quelle arme il utilisait.

La réponse fut le yari, exactement comme son père, Mori Yoshinari.

La manœuvre de base avec la lance était la [frappe]. Ce coup était presque garanti de faire tomber un cavalier de son cheval ou d'assommer un fantassin en le frappant à la tête.

Mais cela ne voulait pas dire que [planter] et [balayer] ne servaient à rien. Le [balayage] exploitait la longueur de la lance, faisant que l'adversaire ne pourrait pas l'esquiver facilement.

Si la lance était [plantée] dans le cou ou les articulations de l'ennemi, elle le neutralisait instantanément.

Cependant, la [frappe] était le plus efficace des trois mouvements car elle pouvait [frapper] et [couper] en même temps.

Prenant cela en considération, Shizuko réfléchit au programme d'entraînement.

"Nnnggghhh... !!"

"Bien, bien, continue !"

L'élément le plus important était la force des jambes et des hanches afin de pouvoir maintenir sa posture quelle que soit la position, exactement comme au kendo.

En entraînant son endurance et son sens de l'équilibre, Nagayoshi construirait un tronc solide capable de résister à de longues périodes d'abus.

De plus, en se focalisant sur l'entraînement des cuisses, les muscles essentiels au contrôle de la posture seraient renforcés.

Shizuko avait donc décidé que [faire courir Nagayoshi à travers les monts et les champs] était la méthode d'entraînement optimale.

Et il ne devait pas courir sur des sentiers fréquentés mais en pleine nature. Comme il devait le faire tout en portant une armure, cela était très difficile.

Et lorsqu'il avait terminé sa course, il devait ensuite faire « une minute de squats », faisant qu'il subissait un entraînement rigoureux à ras le sol comme en montagne.

"Bon sang ! Pourquoi est-ce que toi, tu peux bouger si facilement... AH !"

"Ah, attention au trou... trop tard."

"Bon sang !!! BON SANG ! JE REFUSE DE PERDRE !"

Nagayoshi, rempli de détermination, s'échappa du trou et gravit la montagne à toute vitesse. Mais il retomba rapidement dans un trou caché par une couche d'humus.

"... À quoi tu t'attendais en fonçant dans le tas comme ça ? Le courage et l'inconscience sont deux trucs différents. Si tu veux réussir dans l'armée, tu dois être capable d'évaluer calmement la situation."

Shizuko le sermonna en soupirant. Comme il n'avait pas de répartie, Nagayoshi hocha la tête et sortit du trou.

Après cela, il ne dit plus un mot jusqu'à ce qu'ils aient atteint le sommet de la montagne.

Bien sûr, Shizuko n'entraîna pas uniquement son corps.

"Ce kanji est mauvais. C'est celui-là qu'il faut utiliser pour cette phrase."

Elle lui enseignait également les sujets académiques. Cependant, Nagayoshi n'était pas doué pour utiliser son cerveau et ne parvenait pas à répondre à des problèmes que même un enfant d'école maternelle pourrait résoudre.

"RAAAH... c'est quoi l'intérêt d'étudier ça ?!"

"Si tu ne sais pas comprendre le sens caché derrière les mots, tu ne pourras pas comprendre correctement les ordres vagues du seigneur. Si tu ne sais pas faire des calculs précis, tu ne pourras pas comparer ton armée à celle de l'ennemi. Et plus que tout, si tu ne sais pas développer ton imagination, tu ne pourras pas tenir le rythme avec le seigneur."

Face à ses plaintes, Shizuko l'avait assommé avec une cruelle vérité. Nagayoshi, sans voix, grinça des dents et se remit à résoudre les problèmes que Shizuko lui donnait.

"Écoute, Katsuzō-kun. Les gens qui sont doués à la guerre sont des gens très sérieux."

"Plus que les héros les plus forts du monde ?"

Shizuko avait pensé que Nagayoshi ne réagirait pas à ses mots et continuerait de résoudre les problèmes en silence.

Elle fut donc légèrement surprise, mais elle reprit rapidement la parole en souriant.

"Bien sûr. Un héros courageux et sans peur est peut-être puissant. Mais du point de vue des seigneurs, c'est impossible de savoir jusqu'où un héros peut aller. Il n'hésitera pas peut-être pas à risquer sa vie dans les situations glorieuses mais il pourrait ne pas en faire autant dans les situations les plus ordinaires ou les moments où il doit endurer face à quelque chose. Il pourrait même prendre la fuite."

"..."

"Katsuzō-kun. Je ne veux pas que tu deviennes un enfant qui veut seulement être sur le devant de la scène. Que ce soit dans les moments de gloire, dans les périodes ordinaires ou face à quelque chose que ta fierté ne peut pas tolérer, tu dois toujours avoir un sens des responsabilités pour le bien des ordres de ton seigneur ; s'il te dit d'attaquer, tu te jetteras sur l'ennemi même s'ils sont des dizaines de milliers, et s'il te dit de ne pas te replier, tu ne t'enfuiras pas même si tu seras réduit en sac d'os. Je veux que tu sois un enfant avec un sens des responsabilités fort comme ça."

"..."

"Mais bon, ça c'est juste mon conseil, je suis sûre que tu as ta propre vision. Vois ça comme une référence."

"Humph."

Après une réponse brève, Nagayoshi reporta son attention sur ses devoirs.

Shizuko haussa les épaules devant son attitude et le regarda résoudre les problèmes. Près de la moitié de ses réponses étaient mauvaises, mais elle n'allait pas lui dire ça tout de suite. Elle avait décidé de le faire après qu'il ait fini de remplir ses feuilles.

***

Quelques mois après que Keiji et Saizō aient été nommés umamawari, la saison de la récolte du riz avait commencé dans chaque village.

Asamachi, Misomachi, Mitsumachi, Takemachi et Motomachi, le village de Shizuko, avaient respectivement des rizières de 40 ha, 40 ha, 40 ha, 40 ha et 100 ha.

Le riz était encore en train d'être récolté mais Shizuko avait calculé le rendement approximatif.

Selon ses calculs, il y aurait un rendement de 873 ballots pour Asamachi, 909 ballots pour Misomachi, 810 ballots pour Mitsumachi, 856 ballots pour Takemachi et 2611 ballots pour Motomachi, soit un total de 6059 ballots de riz.

Mitsumachi avait la production la plus faible parce qu'elle avait été victime d'un fléau. Toute la zone affectée avait été isolée pour empêcher le fléau de se propager.

La prévision originale avait été de 900 ballots, alors ce fléau fut une expérience amère.

La récolte de citrouilles et de patates douces fut excellente. Même si chaque village en mangeait tous les jours, il y en aurait assez pour tenir jusqu'à l'année suivante, mais ils devaient tout de même faire attention.

Comme les feuilles de patates douces ne se conservaient pas, elles étaient consommées comme légumes d'été, mais les tiges étaient séchées et transformées en aliments en conserve.

Les feuilles et les tiges étaient plus nutritives que les autres légumes. De plus, comme elles pouvaient être récoltées plusieurs fois de l'été à l'automne, il n'y avait aucune raison de ne pas les utiliser.

La récolte de soja et de cannes à sucre était pour un peu plus tard, mais Shizuko ne s'en inquiétait pas.

Le soja était particulièrement très abondant, une atmosphère de grande récolte planait autour.

C'était comme si les Cieux célébraient le futur départ de Nobunaga pour la capitale.

Le fil de chanvre était produit en masse à l'aide d'une décortiqueuse Schlichten.

Au début, il n'y avait qu'une seule machine, mais avec l'augmentation des profits, une deuxième machine avait été construite, puis une troisième, puis une usine avait été construite pour le traitement par lots.

Du côté du fil de soie, Shizuko en produisait en masse grâce à ses six enrouleuses automatiques.

Cependant, Shizuko n'avait aucune route commerciale pour vendre le fil de soie qu'elle produisait, alors elle avait décidé de signer un contrat d'exclusivité avec Nobunaga.

Selon leur accord, le fil de soie produit serait vendu uniquement à Nobunaga et ce dernier l'achèterait par lots de douze bobines à un montant inférieur au prix auquel il les mettrait sur le marché.

Takemachi, Misomachi et Mitsumachi avaient eux aussi commencé leur cycle de production à consommation. Nobunaga signa un contrat d'exclusivité avec chacun d'eux comme il l'avait fait pour le fil de soie.

Il achetait les produits fabriqués par les habitants de chaque ville et ses subordonnés les vendaient ensuite aux marchands de Mino et d'Owari.

C'était une relation mutuellement bénéfique dans laquelle les paysans gagnaient des revenus grâce à leurs activités annexes et Nobunaga bénéficiait du profit qu'il faisait lorsqu'il vendait aux marchands.

Chaque village avait de nombreuses choses à vendre.

Il y avait la cire d'abeille qui était fabriquée en chauffant et en comprimant les ruches. Elle pouvait être utilisée pour faire de la cire et de l'adhésif et était un matériau brut pour la fabrication de bougies.

La soie de maïs pouvait être utilisée comme une herbe médicinale surnommée les « cheveux du Nanban », les épis comme allume-feux, et l'enveloppe avait des fibres solides qui pouvaient être utilisées pour faire des cordes ou des sandales de paille.

Les tiges de patates douces, une fois séchées, pouvaient être stockées pendant plusieurs années. Elles étaient également un aliment nutritif secret qui contenaient de nombreux nutriments tels que les vitamines C, E, K, le calcium et les polyphénols.

Les feuilles de mûrier étaient séchées pour faire du thé, les fruits étaient mélangés à du sucre brun pour faire de la confiture et les arbres qui ne produisaient plus rien étaient coupés pour faire du bois.

Les décortiqueuses Schlichten avaient rendu la production de fil de chanvre en masse possible et la pulpe produite durant la fabrication était utilisée pour fabriquer du papier de chanvre.

Comparé au papier qui circulait actuellement, le papier de chanvre était plus dense et plus élégant, le rendant très populaire.

Mais le produit le plus onéreux était la gelée royale. Comme la production était très faible, elle coûtait bien plus cher que les autres produits, mais ses effets étaient incontestables.

Toutes sortes de produits circulaient vers les marchés d'Owari et de Mino via Nobunaga.

Les marchandises faisaient venir les gens qui faisaient circuler l'argent qui enrichissait les villes.

Puis les marchands établissaient des comptoirs commerciaux pour faire du profit. Et enfin, une route commerciale pour faire circuler l'argent et les marchandises était créée.

Les marchands des provinces de Mikawa et de Kai à l'est et des villes de Kyōtō et de Sakai à l'ouest venaient à Owari à la recherche de marchandises.

Nobunaga ne put s'empêcher de sourire en voyant ses coffres de guerre être remplis à ras bord simplement en imitant les revendeurs du monde moderne.

Et il n'était pas le seul à s'enrichir. Diverses zones autour de lui en tiraient également profit.

Les humains étaient des créatures matérialistes, alors même les hommes qui étaient mécontents de Shizuko et du traitement spécial qu'elle recevait de Nobunaga avaient changé leur position dès que l'argent était entré dans leurs poches.

***

Deux semaines après la récolte du riz, chaque village chargea les ballots de riz, le fil de soie, le miel et les autres produits qui servaient de tributs à Nobunaga.

Lorsque tous les chariots furent chargés et rassemblés, ils se mirent en route, escortés par les gardes ; les chariots étaient si nombreux qu'une longue file se forma.

"Waouh~ tout ça, ça part pour le seigneur Oda ?"

Keiji, regardant les ballots de riz et les autres marchandises être chargés du haut de son cheval, fit un commentaire.

"Je n'ai jamais vu autant de marchandises être transportées en guise d'impôts."

Saizō, qui était lui aussi à cheval, donna son impression.

"Je m'étais toujours demandé pourquoi le seigneur Oda protégeait Shizuchi à ce point... mais je m'attendais pas à ce que soit un truc pareil."

"Keiji-dono, Shizuko-sama est une fille du clan Ayanokōji et la femme que nous servons. Vous devriez éviter de l'appeler par un surnom étrange ainsi que de porter une tenue aussi voyante."

"Bah, ça ira. Elle avait dit que ça la dérangeait pas."

Malgré leurs personnalités complètement opposées, Saizō et Keiji s'entendaient étrangement bien.

"Saizō, tu penses quoi de Shizuchi ?"

"La même chose que les autres : elle est une femme vraiment étrange. Je n'ai jamais entendu parler d'une personne de sang noble qui s'investit dans l'agriculture."

"Hum... je dirais que c'est parce qu'elle est aimée par la terre."

"Aimée par la terre ?"

Saizō fronça les sourcils face à l'étrange évaluation de son partenaire. Keiji sourit légèrement et s'expliqua :

"Regarde les visages des paysans. Ils ont pas l'air de vivre dans ces temps difficiles. Et quand on regarde la taille de leur récolte, la seule chose qu'on peut dire, c'est qu'elle est une fille qui est aimée par la terre."

"Dit comme ça, cela a du sens. Est-ce pour cela que vous n'avez pas encore quitté Shizuko-sama ?"

"Ouais. Je veux voir jusqu'où le seigneur Oda peut aller avec la femme aimée par la terre à ses côtés. Du coup, je vais sérieusement faire mon travail d'umamawari pendant quelques temps."

"Venant de vous qui passez vos journées à manger, à boire dans le bain et à vous amuser, je ne m'attendais pas du tout à entendre cela."

Comme l'avait souligné Saizō, Keiji ne faisait son devoir d'umamawari sérieusement.

Il se levait quand il le voulait, mangeait quand il le voulait et dormait quand il le voulait. Parfois, il allait dans des endroits qui ressemblaient à des maisons closes et ne revenait pas avant plusieurs jours.

Et pourtant, il recevait toujours un salaire régulier, il n'était donc pas étonnant qu'il soit vu comme un voleur de salaire.

Cependant, Shizuko ne semblait pas dérangée par le langage et le comportement de Keiji, son raisonnement étant « C'est pas comme ça que sont les kabuki-mono ? ».

Cela avait fait se demander à Saizō si être trop compréhensif était également un problème.

"Aïe, dit comme ça, ça me blesse."

"*Soupir*... bon, les préparatifs sont presque terminés. Rejoignons Shizuko-sama avant qu'elle ne nous appelle."

Dès qu'il ait dit cela, Saizō fit demi-tour avec son cheval et se dirigea vers Shizuko.

"Il est vraiment trop sérieux, celui-là. Hue !"

Ennuyé par le côté strict de Saizō, Keiji soupira puis fit demi-tour avec son cheval et le suivit.