Le vent sifflait à travers les arbres, porteur d'une odeur de terre humide et de feuilles écrasées. La lumière de l'après-midi se frayait un chemin à travers les nuages lourds, créant des ombres qui dansaient sur le sol de la forêt. Lars et Michel avançaient prudemment, leur vigilance toujours accrue après la rencontre avec le Tokoloshe. Chaque bruit, chaque mouvement suspect, chaque souffle de vent étaient autant de rappels que leur voyage était loin d'être terminé, et que des forces obscures, plus grandes encore, les poursuivaient.
La forêt semblait plus oppressante que d'habitude. Les arbres, hauts et tordus, semblaient se refermer sur eux à chaque pas. Les murmures qu'ils avaient entendus la première fois en entrant dans la Forêt des Murmures se faisaient plus insistants, plus distincts. Comme si la forêt elle-même savait que quelque chose approchait, quelque chose de bien plus ancien et plus dangereux que le Tokoloshe. Et ce pressentiment, lourd et palpable, se faisait chaque jour plus menaçant.
Michel s'arrêta un instant, son regard scrutant l'horizon. « Tu sens ça ? » demanda-t-il, sa voix basse, presque murmurée.
Lars hocha la tête sans répondre, son regard aussi fixé sur la ligne d'arbres devant eux. Il n'avait pas besoin de mots pour exprimer ce qu'ils ressentaient tous les deux : quelque chose les observait. Un autre prédateur dans cette forêt dévorante, un autre mal qui cherchait à les engloutir.
Mais ce n'était pas le Tokoloshe. Non, quelque chose de différent. Une ombre plus ancienne. Plus terrible. Et alors que Lars levait les yeux vers le ciel gris, il aperçut quelque chose qui le fit frissonner : une silhouette, un masque d'une couleur noire profonde, semblant se fondre dans la nuit même, flottant au-dessus des cimes des arbres.
Michel se tendit, son instinct de guerrier alerte. « Qu'est-ce que c'était ? » murmura-t-il.
Lars savait que ce qu'il venait de voir n'était pas une illusion. Il n'avait jamais oublié cette silhouette, cette forme sinistre. Le Masque d'Ébène. Le même masque qu'il avait vu lors de son premier voyage dans les ténèbres, avant de comprendre l'étendue de ses pouvoirs et la profondeur du lien qu'il partageait avec les Ombres. Ce masque n'était pas simplement un artefact ; il était le symbole d'une entité, une entité puissante qui manipulait les forces du vide et des ténèbres.
Le Masque d'Ébène n'était pas une simple apparition. C'était le visage d'un ancien pouvoir, une manifestation de l'obscurité qui hantait les recoins les plus sombres de l'univers. Lors de sa première rencontre avec lui, Lars n'avait pas compris son rôle. Mais aujourd'hui, il savait. Le Masque d'Ébène était un messager, un précurseur de l'inévitable. Une force qui allait bientôt se déchaîner sur eux.
Alors que Lars et Michel reprenaient leur route, un vent glacial souffla, porteur d'un murmure presque inaudible, mais bien distinct. Une voix, froide comme la pierre, se glissa dans leurs esprits. « Vous croyez pouvoir échapper à votre destin ? Vous êtes déjà marqués. Vous ne pouvez pas fuir ce qui est écrit. »
Lars s'arrêta net, son cœur battant plus fort dans sa poitrine. Ce n'était pas le Tokoloshe, ni même les voix de la forêt. C'était le Masque d'Ébène, parlant à travers les ombres elles-mêmes, tordant le tissu de la réalité.
Michel, qui avait ressenti la même chose, se tourna vers Lars. « Il nous suit… » dit-il, les dents serrées, la peur dans ses yeux. « Ce masque... il veut nous piéger. »
Lars sentit son pouvoir intérieur bouillonner. Il savait que ce n'était pas une simple menace. Ce n'était pas un esprit ou une créature du monde physique. Le Masque d'Ébène avait une volonté propre, et cette volonté avait un but. Il voulait les soumettre, les briser, les entraîner dans une guerre sans fin, une guerre dont ils ne pouvaient pas sortir.
Leurs pas se faisaient plus lourds à chaque instant. Les arbres semblaient se resserrer autour d'eux, formant un mur presque impénétrable. Le sol tremblait sous leurs pieds, et les murmures des esprits de la forêt devenaient plus frénétiques, comme si la forêt elle-même se préparait à quelque chose d'horrible.
Puis, au détour d'un sentier, ils virent le Masque d'Ébène une nouvelle fois. Cette fois, il était là, juste devant eux, comme s'il émergeait des ténèbres elles-mêmes. Il flottait, son apparence parfaitement lisse et noire, sans aucun indice de forme humaine, une simple silhouette de ténèbres dans une mer d'ombres. Il n'avait pas d'yeux, mais les deux voyageurs pouvaient sentir la pression de son regard, lourd et accablant.
Lars déglutit, son esprit se remplissant de visions de guerre et de destruction. Les Ombres dansaient autour de lui, il pouvait presque entendre les échos de batailles anciennes résonner dans ses oreilles. Une voix profonde, résonnant d'une puissance ancienne, se fit entendre, venant du Masque lui-même.
« Le destin des mondes est entre tes mains, Lars. Le chaos n'est pas une force extérieure que tu peux combattre. Non, il réside en toi. Et toi, Michel, tu es la clé pour qu'il s'épanouisse. »
Michel, toujours calme en apparence, se haussait les épaules. « Ce sont des paroles en l'air. Nous avons combattu plus fort que ça. Nous nous battons pour l'avenir, pour la vie. »
Mais même s'il parlait avec assurance, Lars savait que le Masque d'Ébène n'était pas un ennemi à prendre à la légère. Cette entité n'était pas une créature de chair et de sang. C'était un concept, une force, une idée plus grande que tout ce qu'ils pouvaient comprendre. Il était une émanation de l'obscurité, un fossile du temps qui n'était pas destiné à être réveillé.
Le Masque commença alors à s'élever dans l'air, lentement, comme si une force invisible le tirait vers le ciel. Ses formes noires se distendaient et se tordaient, prenant des formes inorganiques, luisantes, comme si l'obscurité elle-même devenait liquide et se tordait autour de l'existence.
Et soudain, le sol trembla violemment, envoyant des éclats de terre et des racines brisées en l'air. Un rugissement sourd, profond et guttural se fit entendre alors que l'obscurité se déversait sur eux, comme une mer noire prête à engloutir tout ce qui se trouvait sur son passage.
« Vous êtes perdus ! » rugit la voix du Masque, résonnant à travers la forêt.
Lars leva son épée Astralis, une lueur intense d'énergie l'enveloppant. Il sentait la puissance des Ombres battre en lui, mais il savait qu'il ne pouvait pas affronter seul cette créature. Michel se plaça à ses côtés, serrant ses dagues Stellaris, ses yeux remplis de détermination.
Ils étaient prêts, mais l'ombre du Masque d'Ébène était trop puissante. Le chemin qui s'ouvrait devant eux serait difficile, plus difficile que tout ce qu'ils avaient connu jusqu'ici. Et cette épreuve était loin d'être terminée.
Ils devaient avancer, lutter, mais en vérité, ils savaient que la véritable bataille venait à peine de commencer.
À suivre...