La route vers Abikalé, bien que vaste et imposante, portait un calme trompeur, une tranquillité qui masquait une tension palpable dans l'air. Lars et Michel avaient quitté leur village avec courage et détermination, avançant chaque jour dans un silence parfois brisé par des murmures de la nature et les bruissements du vent. Les deux compagnons, forts et vigilants, restaient sur leurs gardes, sachant que les dangers pourraient surgir à tout moment.
Le deuxième soir, ils établirent leur campement dans une petite clairière, entourée de grands arbres dont les ombres semblaient danser sous le clair de lune. Lars s'occupait de maintenir le feu, pensant que sa chaleur et sa lumière pourraient éloigner les créatures du monde des Ombres, tandis que Michel, toujours aux aguets, aiguisait ses dagues en jetant des regards attentifs vers les ténèbres environnantes.
Mais cette nuit-là, quelque chose rôdait dans l'obscurité. Sans un bruit, une vague de silhouettes se glissa entre les arbres. Les Ombres avaient envoyé des bandits, des hommes sans âme, leurs regards vides de toute humanité, possédés et déformés par les forces obscures.
"Lars, attention !" siffla Michel en se relevant d'un bond, sentant le danger avant même de le voir.
Lars se redressa, son épée fermement en main. Les premiers bandits se jetèrent sur lui avec une violence bestiale, leurs yeux brillant d'une lueur noire. D'un mouvement fluide, il esquiva leur assaut et riposta avec une précision maîtrisée. Son épée fendait l'air avec grâce, tandis qu'il bloquait les coups et frappait avec force, chacun de ses mouvements empreint d'une assurance déterminée.
À ses côtés, Michel se déplaçait avec agilité, ses dagues brillant faiblement sous la lueur de la lune. Il se glissait derrière les ennemis, ses mouvements précis et silencieux, tel un assassin dansant entre les ombres. D'un coup rapide, il neutralisait un premier assaillant, puis un autre, sa respiration contrôlée malgré la frénésie du combat.
Mais les bandits semblaient inépuisables, comme si les Ombres les maintenaient debout malgré leurs blessures. Alors que Lars repoussait l'un d'eux d'un coup d'épée, Michel fut pris par surprise. Un bandit plus massif le frappa violemment à l'épaule, l'envoyant au sol. Avant qu'il ne puisse se relever, un autre ennemi lui planta un coup au flanc.
"Michel !" cria Lars en se précipitant vers lui.
Michel, grièvement blessé, grimaçait de douleur, mais ses mains serraient encore ses dagues, prêt à défendre sa vie jusqu'au dernier souffle. Lars se plaça entre lui et les bandits restants, ses yeux brûlant de rage. Il balança son épée avec une intensité redoublée, repoussant les ennemis d'une force qui semblait surnaturelle. Les derniers bandits reculèrent, enfin effrayés, puis disparurent dans la nuit, comme s'ils étaient rappelés par les Ombres elles-mêmes.
La clairière retrouva son silence, mais l'atmosphère restait chargée de cette présence obscure. Lars se tourna vers Michel, s'agenouillant à ses côtés.
"Michel, tiens bon," murmura-t-il, tentant d'étouffer sa propre inquiétude.
Michel respirait difficilement, le sang imbibant sa tunique là où les dagues ennemies l'avaient frappé. "Ça… ça va…," dit-il avec une tentative de sourire, bien que son visage soit marqué par la douleur.
Lars savait qu'il ne restait que peu de temps. Ils devaient trouver un moyen de soigner Michel avant que la blessure ne s'infecte. Dans ce territoire inconnu, il ne leur restait que les ressources qu'ils portaient sur eux. Lars fouilla dans ses affaires, cherchant désespérément des bandages et des herbes médicinales qu'ils avaient emportés pour les cas d'urgence. Il appliqua une pression sur les blessures de Michel, essayant de ralentir le saignement.
"Nous devons trouver un endroit sûr où je pourrai te soigner correctement," dit Lars d'une voix calme mais ferme, masquant sa propre panique.
Michel, malgré la douleur, le fixa avec une détermination fébrile. "Ne t'inquiète pas pour moi. On doit avancer, Lars. Ces Ombres… elles ne vont pas s'arrêter."
"Je sais," répondit Lars en hochant la tête. "Mais je ne te laisserai pas tomber. Nous trouverons un moyen."
Lars l'aida à se redresser avec précaution, soutenant son poids du mieux qu'il pouvait. Le chemin vers Abikalé se révélait plus périlleux qu'ils ne l'avaient imaginé, mais l'idée d'abandonner était inimaginable. Leur amitié, forgée par les épreuves et les combats, les poussait à avancer, coûte que coûte.
Au lever du jour, ils reprirent leur route, avec Lars veillant sur chaque pas de Michel, sa main toujours prête à dégainer son épée au moindre signe de danger. Les Ombres avaient fait leur premier coup, mais Lars savait qu'ils n'en avaient pas fini. Le véritable défi, lui, ne faisait que commencer.
À suivre...