Présent 2024 :
POV Ava
Aujourd'hui est un jour que j'attends depuis des années : ma remise des diplômes. Je jette un dernier coup d'œil dans le miroir, un sourire se dessinant sur mes lèvres. Après cinq années de travail acharné, je suis officiellement médecin… et même chirurgienne ! J'ai traversé ces années en me plongeant dans mes études, utilisant chaque instant pour étouffer cette solitude qui me rongeait, loin de ma famille et de ma meute. Mais aujourd'hui, ce n'est que fierté et satisfaction.
Ma robe de diplômée est légèrement froissée, alors que je la redresse, une pensée traverse mon esprit : que diraient mes parents en me voyant ainsi ? Les rares fois où ils ont pu venir me rendre visite, ils m'ont toujours regardée avec admiration, mais aussi avec cette tristesse que je ne pouvais ignorer. Ils ont accepté mon éloignement, mais je savais bien que quelque chose leur pesait.
— « Eh, Ava ! »
Je me retourne pour voir Eric, mon ami le plus proche ici, me rejoindre avec un large sourire. Il porte également sa tenue de diplômé, l'air tout aussi excité que moi.
— « Alors, Docteur ! Comment te sens-tu ? » plaisante-t-il en ajustant ma toge d'un geste théâtral.
— « Étrangement… un peu nerveuse, » avouai-je en riant. « Mais aussi incroyablement fière. »
Il me sourit, sincèrement, un éclat de fierté dans les yeux. Eric a été un soutien constant pour moi, toujours là pour apaiser mes doutes ou pour me faire rire. Durant ces années, il m'a souvent posé des questions sur ma ville natale, s'étonnant toujours de mon évasivité.
— « Alors, est-ce que ça veut dire que tu vas enfin rentrer chez toi, maintenant que tu es diplômée ? » me demande-t-il, curieux comme toujours.
Je hoche la tête, mon cœur se serrant légèrement.
— « Oui… C'est le plan. » J'essaye de garder mon ton léger. « Je vais passer quelque temps là-bas avant de décider de ce que je veux faire ensuite. »
— « Tu sais, c'est drôle. » Il rit, croisant les bras. « Tu n'as jamais vraiment parlé de ta ville natale… et j'ai comme l'impression qu'il y a quelque chose de mystérieux à son sujet. Un secret peut-être ? »
Je ris, mais un peu nerveusement cette fois.
— « Tu as beaucoup d'imagination, Eric. Ce n'est qu'une petite ville, vraiment… rien d'extraordinaire. »
En réalité, ce n'est pas tout à fait un mensonge. Les humains ignorent l'existence de notre monde et des meutes. Depuis l'école, on nous apprend que les alphas des différentes meutes possèdent des entreprises et des sociétés si prospères qu'elles en viennent à détourner l'attention des humains. Les gens voient la richesse et les affaires prospères, mais ne cherchent jamais à aller plus loin. Cela a été un stratagème efficace pour maintenir notre monde dans l'ombre.
La cérémonie commence, et pendant que les noms des étudiants défilent, mon esprit dérive. La dernière conversation avec mes parents me revient. J'avais osé leur avouer que j'envisageais de rester ici, dans le monde des humains, loin de la meute. Ils avaient écouté, attentifs, mais avec cette résignation que je reconnaissais. Finalement, ils m'ont annoncé qu'Alpha Elyas ne s'y opposait pas, mais qu'avec le financement de mes études, il exigeait que je travaille pour la meute au moins un an. Ensuite, je pourrais rembourser le reste chaque mois et être libre de mes choix.
Je comprends sa position, bien sûr. Mais cette décision pèse sur mon cœur.
Soudain, j'entends mon nom.
— « Ava ! » s'écrie l'animateur de la cérémonie, et les applaudissements m'entourent alors que je monte sur scène.
Je respire profondément et accepte mon diplôme, sentant une vague de chaleur envahir mon corps. Mes parents seraient tellement fiers de moi en ce moment… Je descends de l'estrade, et Eric et nos amis m'entourent immédiatement, me félicitant avec enthousiasme.
Après la cérémonie, nous sortons tous ensemble, et Eric m'attrape par le bras, m'entraînant à l'écart des autres. Il a ce regard sérieux, celui qui signifie qu'il a quelque chose d'important à dire.
— « Écoute, Ava… Tu sais que tu vas vraiment nous manquer, n'est-ce pas ? » dit-il doucement.
Je baisse les yeux sentant l'émotion me gagner. Au fil des années, Eric et ce petit groupe sont devenus une seconde famille. Leur gentillesse, leur soutien… Ils m'ont aidée à survivre à cette distance avec ma meute et ma famille.
— « Vous allez me manquer aussi, Eric. Plus que vous ne pouvez l'imaginer. » J'essaye de sourire mais ma voix tremble légèrement.
— « Alors… qu'est-ce qui te retient ? » Il fronce les sourcils. « Pourquoi ne pas rester ici, faire ta vie comme tu le souhaites ? Tu pourrais trouver un travail, fonder quelque chose. »
Je respire profondément, cherchant les mots justes. Comment lui expliquer que mon monde est bien plus complexe que le sien ?
— « Il y a des… engagements que je dois respecter, » dis-je finalement. « C'est… compliqué, et je ne veux pas vous embrouiller avec ça. »
Eric soupire mais il hoche la tête.
— « Je comprends, » dit-il finalement, même si je sens qu'il a encore des questions.
Il sourit tristement et je ressens un pincement de regret en le regardant. Peut-être qu'il a ressenti plus que de l'amitié au fil des années. Et moi aussi, d'une certaine manière… Mais ce n'est qu'un rêve, un rêve que je ne pourrais jamais réaliser.
Alors, je prends sa main et la serre doucement.
— « Merci pour tout, Eric. Merci d'avoir été là, de m'avoir soutenue. Tu m'as beaucoup aidée plus que tu ne le sais. »
Il hoche la tête le regard rempli de tristesse mais il me sourit.
— « C'est moi qui te remercie, Ava. Tu es spéciale, tu le sais ? »
Je ris légèrement tentant de cacher l'émotion dans ma voix.
— « Ne dis pas de bêtises, » murmurai-je, essayant de garder un ton léger.
Plus tard, dans ma chambre, je ferme mes valises. Chaque objet chaque souvenir me semble désormais lourd de nostalgie. Je suis reconnaissante pour ces années pour cette opportunité d'avoir découvert le monde des humains, loin des obligations de la meute. Mais maintenant il est temps de retourner chez moi de faire face à ce que j'ai laissé derrière moi.
Je ferme ma valise me tourne vers la fenêtre et murmure, comme une promesse, un dernier au revoir à cette vie que je laisse derrière.
— « Merci pour tout. À bientôt, peut-être… »
En posant une main sur mon cœur, je sens cette flamme d'excitation et d'appréhension car la prochaine étape de ma vie m'attend.