Mauve sourit aux mots de la Reine bien que son sourire fût aussi froid que l'expression de la Reine. "Merci, votre altesse."
La Reine Lale retira sa main du visage de Mauve et la détailla, observant sa robe. Mauve espérait que la Reine dirait pourquoi elle était ici et s'en irait. Leur relation était comme manger une poignée de verre.
La Reine Lale ne pouvait pas la supporter et pour de bonnes raisons aussi. Mauve n'avait jamais blâmé la Reine et bien que la Reine Lale n'avait jamais fait d'efforts pour être méchante avec Mauve, cela ne l'empêchait pas de l'ignorer ou de lui crier dessus dès que l'occasion se présentait.
La Reine lui tourna le dos et commença à marcher vers la porte, lorsqu'elle fut à mi-chemin, elle se retourna et dit, "Je présume que vous êtes prête."
Mauve n'était pas sûre si la Reine parlait d'être prête physiquement ou mentalement mais de toute façon, elle n'était prête, même un peu. "Oui," murmura-t-elle, sinon cela ne semblait pas être la bonne réponse à donner. "Je suis prête et honorée de pouvoir servir le roi et le royaume," elle avala et redressa sa poitrine, montrant de la fierté. Elle ne pouvait pas oser laisser la Reine voir combien elle était vaincue.
Elle ne s'inclina pas en parlant, plutôt elle regarda la Reine Lale droit dans les yeux comme pour la défier de contredire ce qu'elle venait de dire.
La Reine sourit, "Oui, vous devriez être honorée. Ce n'est pas tous les jours que quelqu'un de vos circonstances de naissance s'élève de la lie pour être au service du royaume." La Reine la fusilla du regard de la tête aux pieds. Son expression était celle du dégoût.
"Merci pour l'opportunité," murmura-t-elle avec sarcasme sans pour autant s'incliner.
"Eh bien, nous ne comptons pas sur vous mais vous savez mieux que quiconque ne pas gâcher cela." La Reine Lale dit sombrement en marchant vers elle. Son visage s'illumina d'un sourire inquiétant en écartant des cheveux de visage de Mauve. Lâchant ses mains sur ses côtés, elle commença à sortir de la pièce et Mauve espérait que ce soit pour de bon cette fois.
"Je sais ce que je dois faire," répondit-elle.
"Bien," dit la Reine, jetant un dernier regard en arrière. "Je sais que nous n'avons pas eu l'occasion d'en discuter mais vous êtes vierge, n'est-ce pas ?"
Mauve est un peu prise de court par cette question mais pendant quelques secondes, elle ne sut quoi dire. "Oui," répondit-elle finalement et hocha la tête."
"Mieux, la dernière chose que nous voulons offrir au Roi Vampire sont des biens usagés. Vous devriez être fière, aujourd'hui votre rêve se réalise," elle ricana. "Aujourd'hui, vous avez l'occasion d'être la fille de votre père." Les gardes ouvrirent la porte et la fermèrent derrière la Reine mais Mauve pouvait encore entendre le ricanement de la Reine.
Le son de la porte qui se fermait aspirait toute l'énergie en elle et elle chancela. "Princesse," appela Vae avec inquiétude en la soutenant, l'empêchant de tomber.
"Merci," murmura Mauve et pour un bref instant, elle vit de la sympathie passer sur le visage de Vae. La femme de chambre plus corpulente semblait indifférente.
Mauve se retira dans le fond de son esprit alors que les femmes de chambre s'affairaient aux dernières retouches de son maquillage et de sa robe. Elle n'était même pas consciente lorsqu'elles lui mirent ses chaussures.
Quand elles eurent fini, les femmes de chambre s'éloignèrent légèrement d'elle en s'inclinant un peu. Elle se retourna et fixa le miroir, surprise par son reflet. Elle était presque méconnaissable. Elle esquissa un faible sourire, satisfaite de l'apparence qu'elle montrait ce sourire. Il ne touchait pas ses yeux mais cela n'avait pas d'importance tant qu'elle avait l'air heureuse.
"Princesse Mauve," elle tourna la tête vers la direction de la voix pour trouver la femme de chambre plus corpulente tenant un voile.
Un soulagement la traversa si fort qu'elle cria, cela ressemblait à un rire triste. C'était déjà assez difficile qu'elle doive aller jusqu'au mariage mais elle avait plus peur que son sourire ne tombe et qu'elle éclate en larmes avant de pouvoir aller jusqu'au bout du mariage mais cela, cela cacherait ce qu'elle ressentait vraiment.
Mauve hocha la tête et baissa la tête. Elle n'osait pas s'asseoir, pas avec la robe épaisse si elle voulait éviter un pli. Elle sentit le peigne épais s'enfoncer dans son cuir chevelu, ce n'était pas douloureux mais cela ne l'aurait pas dérangée si cela l'avait été.
Elle se tint droite une fois de plus et vérifia son reflet une dernière fois. "Vous êtes si belle," entendit-elle une voix dire. Elle se tourna pour trouver Vae qui regardait le miroir à côté d'elle.
"Merci," répondit-elle et abaissa le voile. Elle prit une profonde inspiration et commença à sortir de la chambre. Plus vite cela commencerait, plus vite cela se terminerait.
Les femmes de chambre marchaient plus vite, ouvrant la porte pour qu'elle puisse sortir librement. Elles s'inclinèrent alors qu'elle sortait de la chambre. A l'extérieur de la chambre, un autre groupe de femmes de chambre prit le relais et elles la conduisirent à la salle de mariage qui, bien sûr, avait lieu dans le bal royal.
A quelques mètres de l'entrée du bal, le roi se tenait debout. Cela avait été tellement inattendu que pendant quelques millisecondes elle ne sut pas comment réagir. Heureusement, les femmes de chambre tombant à genoux et posant leur visage au sol furent suffisantes pour la sortir de sa transe.
Elle s'apprêta à faire de même par habitude même avec la robe lourde. "Ne le faites pas," entendit-elle dire. Ses yeux se mirent à pleurer, c'était la première fois qu'il lui parlait directement. Elle se figea à mi-chemin et se tint droite mais garda toujours la tête baissée.
Elle se demandait souvent ce que sa mère voyait en son père à part le fait qu'il était le roi mais en grandissant, elle comprit. Et alors qu'il se tenait à quelques mètres d'elle maintenant, tout ce qu'elle ressentait était du bonheur. Elle était heureuse d'avoir l'opportunité d'être sa fille. Appelez cela comme vous voulez mais il était indéniable ce qu'elle ressentait.
"Venez ma fille," il ordonna. Mauve se mit en mouvement même avant que les mots n'aient complètement quitté ses lèvres. "Allons vous marier."
Elle hocha vigoureusement la tête et marchant vers sa main tendue, elle glissa rapidement sa main dans l'intervalle. Elle poussa un soupir de soulagement et avala, elle ne pouvait pas laisser les larmes couler. C'était censé être un jour heureux. Certes, son propre père la vendait littéralement aux vampires mais au moins, il le faisait parce qu'elle était sa fille. Il l'acceptait enfin comme la sienne.