Damien lança un regard furieux aux papiers comme s'il tentait de les brûler d'un simple regard. Ses yeux froids sanctionnaient les moindres erreurs avec une telle sévérité qu'on aurait dit qu'il allait prononcer une sentence de mort à l'encontre de son personnel. Ils se tenaient tous de son côté, retenant leur souffle.
"Cela fait une demi-décennie, et pourtant vous commettez des erreurs dans le budget." les pages volèrent et atterrirent devant son assistant. Il chercha rapidement les erreurs et découvrit qu'il avait ajouté trois pièces d'argent supplémentaires pour plus de flexibilité. Damien avait marqué ces pièces. Il voulait crier mais aucune voix ne sortit lorsqu'il ouvrit la bouche. Toute sa plainte était coincée dans sa gorge lorsqu'il regarda dans les yeux cramoisis et ardents de Damien.
"Et toi, Marcus.. Tu as marqué le point incorrect. Ici ! J'ai aussi complété ta tâche.'' L'homme était le commandant en chef de l'armée. Depuis son enfance, il marquait les points de combat. Il avait désigné leurs camps et points de lutte lors des guerres. Comment diable pouvait-il se tromper ?
Il ne jeta pas un regard furtif comme son collègue mais ramassa les dessins pour ne voir qu'une différence d'un pouce ou deux. Damien plaisantait-il ?
"Vous ne pouvez pas être sérieux. On parle d'humains ? Vous pensez qu'ils ne bougeront pas d'un pouce ou deux en tirant ?" il grogna mais Damien ne lui renvoya qu'un regard perçant.
Il continua avec le trésorier, le majordome et la femme de chambre en chef. Ses subordonnés géraient les territoires. Un par un, chacun fut réprimandé pour ses tâches. Pour leur retard et leur travail bâclé.
"Et toi…" le chef n'a même pas regardé autour de lui. Il baissa la tête, prêt pour sa démission, "tu as bien travaillé. Continue comme ça."
Tous les regards se tournèrent vers la jeune fille figée. Quelle magie avait-elle utilisé pour ne pas recevoir les réprimandes partagées ? Ils étaient sûrs que même Dieu serait réprimandé par Damien s'il apparaissait dans la chambre.
"Merci.. Merci, votre grâce." la femme s'inclina, incertaine lorsque le regard de Damien vacilla.
"Elle va bien. Mais vous tous.. Vous allez refaire tous les papiers et me les présenter dans deux heures. Ou vous ne quitterez pas la chambre. Et si je trouve à nouveau une erreur, vous serez renvoyés." il les avertit d'un visage impassible alors que la porte frappait.
Ils étaient tous horrifiés par l'ordre. Il leur demandait de faire un travail d'un mois en deux heures. Ceci sans même leur rendre leur rapport initial.
"Mais votre grâce, c'est une tâche impossible." Callum fut le premier à parler. Il avait pris la position de Ian depuis qu'il avait été blessé.
Damien regarda Calia, la femme de chambre qui s'occupait d'Evan depuis deux jours, avec un sourcil levé.
"La dame souhaite vous voir, votre grâce. Si vous le permettez, elle viendra vous rencontrer." La femme de chambre fit une révérence et parla d'une voix douce. Damien se leva d'un bond. La chaise recula sous son poids..
"Elle est toujours malade. A-t-elle quitté le lit ?" Tout le monde retint son souffle. Bien qu'ils ne savaient pas qui était la dame. Ils n'avaient jamais entendu parler d'une femme visitant ses propriétés. Mais il semblait furieux.
"Non, bien sûr que non. C'est justement pour cela que je suis venu demander votre permission en premier, votre grâce." la froideur dans ses yeux finalement se dissipa. "Mais si cela vous inquiète tant, vous pouvez aussi venir visiter la dame." la femme proposa lorsqu'elle remarqua son regard adouci.
Tout le monde souffla. La femme de chambre voulait que Damien vienne ?
"Vous pouvez tous partir avec les rapports actuels. Mais je veux un meilleur rapport à l'avenir." il proposa lorsqu'il remarqua leurs yeux inquisiteurs. Ils étaient choqués. Tout le monde le regarda avec des yeux écarquillés mais aucun d'eux ne bougea d'un pouce lorsque Damien leva un sourcil, "ou nous pouvons discuter de vos défauts toute la nuit."
Les mots les délièrent. Ils coururent aussitôt et ramassèrent tous les dossiers. Leur vitesse était plus rapide que des chevaux de guerre courant à l'état sauvage. Quand la chambre fut de nouveau vide, il regarda la femme de chambre qui attendait.
"Montrez le chemin…"
...….
Evan regardait la porte chaque fois qu'elle entendait des pas. Elle en avait entendu beaucoup mais la porte ne s'ouvrait pas. Cela la faisait se demander combien de servantes le servaient.
"Je savais qu'il devait être occupé." elle secoua la tête et ferma les yeux. Elle préférait se reposer et réfléchir à son plan pour obtenir le divorce. Elle n'avait aucune idée de ce qui s'était passé lors du dernier cas. Ce qui était arrivé à Daisy. Elle avait tellement à faire.. Pourtant elle était alitée. Elle avait besoin d'aide !
Alors, lorsque les pas se rapprochèrent, elle n'y prêta guère attention jusqu'à ce que la porte grince et que quelqu'un entre.
Ses yeux s'ouvrirent pour voir Damien debout devant elle.
Il regardait son corps, ses yeux s'attardèrent sur les bandages puis se déplacèrent brusquement vers son visage.
"Comment vous sentez-vous maintenant ?" elle avala sa salive et acquiesça.
"Je me sens beaucoup mieux, votre grâce. Merci de m'avoir sauvée il y a deux jours." elle lui sourit alors que son visage se raidissait. Il s'assit sur la chaise à côté de son lit et scruta la chambre.
"Je ne connais pas vos goûts et dégoûts. J'espère que la chambre est confortable. Si vous avez besoin de quelque chose, vous pouvez demander aux servantes ou informer mes adjoints." Sa voix était froide, tranchante et brève si bien que son cœur s'accélérait. Elle tenait fermement les draps et baissa la tête.
"J'ai été impoli avec vous la dernière fois, votre visage. J'étais... J'ai fait une grave erreur et je suis prêt pour votre punition. Mais j'espère que vous ne regretterez pas de m'avoir choisie comme épouse." ses yeux se posèrent sur son visage. Elle était anxieuse. Il pouvait entendre son cœur battre, un rappel qu'il n'était pas comme eux, comme les humains. Un ricanement s'échappa de ses lèvres.
"Je ne doute jamais de mes décisions, Evangeline. Mais si vous êtes indécise, alors, reposez-vous et réfléchissez-y, si vous êtes toujours incertaine.. Nous pouvons Reporter notre mariage indéfiniment."