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Chapter 2 - La vie à Rivemont

Situé dans une majestueuse chaîne de montagnes, à la frontière sud-ouest de l'Empire de Valoria, s'étendait un petit village paisible nommé Rivemont. Niché entre des collines verdoyantes et des rivières cristallines, la vie suivait un rythme simple.

Il était six heures du matin lorsque Karl, un vieil homme robuste au visage buriné par les ans, se leva comme à son habitude. Avec sa carrure large et ses cheveux gris épars, il avait l'allure d'un homme qui avait vécu des décennies de labeur. Malgré son âge avancé, ses mouvements étaient encore empreints de la vigueur d'un ancien soldat. Cela faisait plus de dix ans qu'il vivait à Rivemont avec son petit-fils, Ale.

Karl frappa doucement à la porte de la chambre d'Ale. « Ale, c'est l'heure de se lever ! Le soleil est déjà debout, et nous aussi, on devrait l'être. »

Un grognement étouffé répondit derrière la porte. Ale, âgé de seize ans, avait le corps d'un jeune homme en pleine croissance. Ses traits étaient encore légèrement juvéniles, mais la vie à la campagne lui avait donné des épaules solides et une certaine agilité. Avec ses cheveux noirs en bataille et ses yeux perçants, Ale ressemblait à un garçon ordinaire, bien qu'il possédât une force insoupçonnée pour son âge. Sa peau mate témoignait des longues journées passées à travailler sous le soleil, dans les champs en terrasse que Karl cultivait.

« Mais grand-père, c'est encore trop tôt... Pourquoi doit-on se lever si tôt tous les jours ? » se plaignit Ale en émergeant à peine de son lit.

Karl esquissa un sourire. « L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, mon garçon. Allez, on a du travail. »

C'était le premier jour du printemps. La gelée hivernale s'était retirée, et la chaleur du soleil commençait à réveiller la terre. Il était temps de préparer les semis, et Karl comptait sur Ale pour l'aider. Depuis son plus jeune âge, Ale assistait son grand-père dans les champs et les rizières en terrasse qui s'étendaient sur les flancs des montagnes derrière leur maison.

Sur le sentier montagneux qu'ils empruntaient, Ale aimait particulièrement admirer la vue panoramique sur le village. Il prenait plaisir à repérer les maisons de ses amis au loin.

« Grand-père, tu peux continuer l'histoire du Prince Lumière ? » demanda Ale, un éclat d'excitation dans les yeux.

Depuis qu'il était enfant, Karl lui racontait ces histoires de légendes, des récits épiques du Prince Lumière et de son armée des Cinq Génies. Selon les contes, le prince et ses fidèles avaient combattu les ténèbres, repoussé des monstres et chassé les fidèles de l'Esprit des Ténèbres à travers tout le continent. Ces récits captivants remplissaient les nuits d'Ale de rêves d'aventures, même s'il commençait à croire que tout cela n'était que des histoires pour enfants, inventées pour le divertir. Mais il ne pouvait s'empêcher d'être fasciné. Les aventures du Prince Lumière le transportaient dans des mondes lointains et extraordinaires :

Un village caché des Sylvanyens, les elfes des profondeurs de la forêt bleue, la ville volante des Alarins, inaccessible pour les mortels, la cité mouvante qui changeait d'emplacement sans cesse, et l'empire des Abysséens, peuple marin, construit au fond des océans et protégé par des créatures marines gigantesques comme des montagnes. Ces histoires alimentaient son imagination et lui permettaient d'échapper à la monotonie d'un quotidien dans un village où il ne se passait jamais rien.

« Encore le Prince Lumière ? » rit Karl. « Bien sûr, mais prépare-moi un thé d'abord, il fait un peu frais ce matin. »

Ale attrapa quelques feuilles de thé qui poussaient sauvagement sur les pentes de la montagne et se dirigea vers son grand-père.

« Flamma manus, » murmura Ale en fermant les yeux. Une fine couche de flammes apparut autour de sa main, qu'il utilisa pour chauffer les feuilles de thé. Il aimait impressionner son grand-père avec ses talents magiques, même s'il savait que Karl les connaissait bien. Après tout, c'était lui qui lui avait appris les rudiments de la magie du feu.

« Passe-moi ton eau, grand-père, » demanda Ale en souriant. Karl lui tendit sa gourde en cuir, et d'un geste rapide, Ale fit jaillir un filet d'eau dans les airs avant de le réchauffer avec une petite boule de feu. L'eau retomba en un thé chaud dans la gourde, une compétence que Karl avait soigneusement enseignée à son petit-fils.

« Toujours aussi impressionnant, » dit Karl en buvant le thé d'une gorgée, satisfait. « Maintenant, où en étais-je dans l'histoire du Prince Lumière ? »

Ale répondit aussitôt. « Il était en route vers le Royaume des Nains pour réparer ses armes avant de combattre les fidèles des Ténèbres. »

Karl hocha la tête avec un sourire malicieux. « Ah oui... Le Royaume des Nains, cette terre forgée dans les montagnes. Le prince et ses alliés avaient besoin des meilleurs forgerons du continent. Mais avant que le roi des nains accepte de les aider, il leur demanda un service en échange : chasser le terrible dragon Raknok qui avait pris possession de la plus grande mine d'or du royaume, des nains y ont stocké des tonnes et des tonnes de pièces d'or et de pierres rares. »

« Un dragon, vraiment ? » demanda Ale, sceptique mais intrigué. « Pourquoi un dragon s'emparerait d'un trésor, Il n'a pas besoin d'or, non ? »

Karl éclata de rire, « C'est là que tu te trompes, Ale. Raknok n'était pas un dragon ordinaire, c'était un dragon de feu. Et un dragon de feu possède un noyau magique qui produit une chaleur intense. Son corps est tellement brûlant que même lui doit réguler cette chaleur. L'or, tu vois, est un excellent conducteur de chaleur. Pour un dragon comme Raknok, se coucher sur des tonnes de pièces d'or, c'est comme se baigner dans un lac de fraîcheur. C'est ainsi qu'il parvient à évacuer son excès de chaleur et à se régénérer. »

Ale écarquilla les yeux, une part de lui voulant croire à cette explication fascinante. « Comment tu sais tout ça, grand-père ? Tu n'as pas inventé ça, quand même ? »

Karl sourit malicieusement. « Non, cette connaissance est bien réelle. Tous les nains savent cela. »

Ale, demanda avec enthousiasme : « Tu as déjà rencontré un nain, grand-père ? »

Karl hocha la tête. « Oui, et je peux te dire qu'ils sont des artistes incomparables. Ils ne sont pas seulement d'excellents forgerons, mais leurs horloges sont des merveilles de précision. Chacune est une œuvre d'art. »

Ale, les yeux brillants d'envie, conclut d'un ton rêveur : « J'aimerais bien en rencontrer un jour. »

Les deux continuèrent à marcher le long du sentier qui serpentait à travers les montagnes. À travers ces moments simples et tranquilles, Karl espérait que son petit-fils puisse grandir en paix, loin des troubles du monde extérieur, même si lui savait que ce genre de paix était toujours éphémère.

À Rivemont, comme dans tout l'Empire de Valoria, le feu n'était pas simplement un élément naturel. C'était l'incarnation même de la vie, de la force vitale, façonnée par les Esprits divins qui régissaient le monde. Parmi eux, l'Esprit du Feu occupait une place centrale dans l'Empire, vénéré comme la divinité la plus puissante et bienveillante. C'est lui qui conférait aux habitants la chaleur nécessaire pour survivre, l'énergie pour travailler, et la magie pour accomplir des miracles quotidiens. Les Valoriens savaient que sans le feu, leur monde tomberait dans l'obscurité et le froid.

Dans les temps anciens, le monde était harmonisé par la présence de sept Esprits majeurs : l'Esprit de Feu, l'Esprit de l'Eau, l'Esprit de la Terre, l'Esprit de l'Air, l'Esprit de la Lumière, l'Esprit de la Nature, et enfin, l'Esprit des Ténèbres. Chacun de ces Esprits représentait une facette essentielle du monde, veillant à l'équilibre et au bien-être de tous les êtres vivants.

L'Esprit de Feu, qui régnait sur les terres de Valoria, offrait l'énergie, la chaleur et le pouvoir de forger, tandis que l'Esprit de l'Eau apportait la vie et la pureté aux océans, rivières et lacs. L'Esprit de la Terre, de son côté, garantissait la stabilité des montagnes et la fertilité des sols, tandis que l'Esprit de l'Air insufflait la liberté et la mobilité dans l'existence de chacun. La Lumière et la Nature, quant à elles, représentaient respectivement la lumière du jour et la diversité de la vie, chacune jouant un rôle primordial dans l'épanouissement des êtres vivants.

L'Esprit des Ténèbres, autrefois vénéré par certains, est désormais considéré comme un dieu maléfique, porteur de chaos et de déséquilibre. Ses adeptes, convaincus que l'obscurité doit régner sur le monde, cherchent à plonger la terre entière dans une nuit sans fin. Les guerres saintes, déclenchées par diverses nations, furent menées avec une ferveur impitoyable pour éradiquer son influence. La terre des Ténèbres fut purifiée par le feu sacré, et les fidèles de l'Esprit des Ténèbres furent traqués, massacrés, ou contraints à l'exil.

Bien que l'on n'entend plus parler de ces fidèles, la rumeur persiste : dans l'ombre, à l'abri des regards, ils attendent leur heure. Grouillant dans les ténèbres, ils guetteraient l'opportunité de plonger à nouveau le monde dans le désespoir et la destruction.

Aujourd'hui, dans l'Empire de Valoria, seul l'Esprit de Feu était vénéré ouvertement. Les autres Esprits avaient encore leur place, mais seul le Feu avait une influence directe sur la vie quotidienne des Valoriens. Sa magie bénissait ceux qui avaient la chance d'y accéder. La plupart des habitants, toutefois, ne pouvaient manier la magie que de manière indirecte, à travers des outils enchantés par les mages ou des techniques transmises de génération en génération.

Le village de Rivemont, bien que petit et isolé, était célèbre pour sa forge. Tenu par un robuste forgeron, c'était l'un des rares endroits où la magie du Feu était utilisée au quotidien pour créer des outils et des armes. Le forgeron, grâce à sa réserve de mana, pouvait manipuler directement la chaleur avec des sorts simples pour rendre son travail plus précis et efficace. Les épées forgées à Rivemont étaient particulièrement prisées pour leur robustesse et leur finition impeccable, chauffées par la magie et renforcées par la bénédiction de l'Esprit du Feu.

Au-delà des forges, la magie du feu se manifestait dans d'autres aspects de la vie quotidienne. Dans les champs de Rivemont, des canaux chauffés magiquement irriguaient les cultures, les protégeant des gelées même pendant les hivers les plus rudes. Ce système ingénieux, mis au point par les mages de l'Empire, garantissait des récoltes abondantes, faisant de Rivemont un village prospère malgré les difficultés du climat.

Même les moulins à vent, qui servaient à moudre le grain, avaient été enchantés. Des mécanismes capables de canaliser la chaleur permettaient de sécher le grain plus rapidement, accélérant ainsi la production de farine.

Mais, malgré ces merveilles technologiques et magiques, les villageois de Rivemont savaient que la magie, bien que bénéfique, pouvait être dangereuse. Les pouvoirs que l'Esprit de Feu offrait n'étaient pas à prendre à la légère. Les patrouilles impériales, qui visitaient régulièrement même les villages reculés comme Rivemont, veillaient à ce que personne n'essaie de détourner la magie pour des fins personnelles. L'utilisation illégale de la magie était l'un des crimes les plus sévèrement punis dans l'Empire, en particulier depuis la chute des fidèles de l'Esprit des Ténèbres.

Ce contrôle strict rappelait à chacun que la magie, bien qu'essentielle à la vie de tous les jours, pouvait être une arme redoutable entre de mauvaises mains. L'ombre de l'Esprit des Ténèbres continuait de hanter les mémoires, un avertissement perpétuel sur les conséquences terrifiantes d'une magie mal dirigée. Si l'usage des objets enchantés était permis et répandu, même pour les mortels, tous savaient qu'ils devaient les manipuler avec prudence et respect.