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Chapter 2 - Les Preuves

Chaque journée à Sacré Cœur était devenue un cauchemar pour Eliott. Ce qui avait commencé par de simples moqueries s'était transformé en un tourbillon d'humiliations physiques et mentales. À chaque heure, il y avait une nouvelle épreuve. Marc et son groupe, toujours en quête d'une nouvelle manière de briser Eliott, ne cessaient d'inventer de nouveaux jeux cruels.

Un jour, lors de la pause déjeuner, alors qu'Eliott traversait la cour, une voix avait retenu depuis une fenêtre de la classe supérieure. C'était Julie, l'une des amies de Marc, tenant un téléphone à la main, prête à filmer la scène. "Hé, Eliott ! Attrape ça !" Elle lui balance un sac d'ordures qui s'écrasa contre lui. L'odeur nauséabonde des restes de nourriture et des déchets lui donnait envie de vomir, mais il ne pouvait rien faire. Autour de lui, les rires fusaient. "Danse pour nous, Eliott !" cria Marc, un sourire malsain aux lèvres. "Mais fais-le en sous-vêtements, sinon tu sais ce qui t'attend."Les regards des autres élèves, tantôt moqueurs, tantôt indifférents, transperçaient Eliott. Il voulait disparaître. Pourtant, il restait là, figé. Les rires, les insultes... C'était devenu son quotidien. Même ses vêtements déchirés et tachés ne parvenaient plus à le déranger. Il se sentait piégé.Un autre jour, Marc l'avait attrapé derrière le gymnase, loin des regards des adultes. Cette fois, il ne s'agissait plus de moqueries, mais d'une agression pure et simple. Le poing de Marc s'abattait sur Eliott, encore et encore. Chaque coup l'écrasait un peu plus, mais ce n'était pas la douleur qui l'anéantissait, c'était l'impuissance. "C'est ça, Eliott, tu aimes te faire frapper, pas vrai ?" ironisait Marc entre deux coups, alors que Julie filmait la scène, comme toujours.Pendant ce temps, chez les Moreau, les problèmes s'accumulaient. Le père d'Eliott, désespéré par les menaces constantes du propriétaire, avait décidé de prendre les choses en main. Il s'était rendu à la police, avec des preuves de harcèlement et d'intimidation. Il avait réuni des photos de la devanture du restaurant vandalisée, des messages haineux envoyés par le propriétaire, et même des témoignages de voisins.Mais lorsqu'il arrive au commissariat, le policier en poste, un homme costaud et aux manières brusques, le reçut sans la moindre attention. "Pas de preuve tangible", affirme-t-il avec un air désinvolte, ignorant les preuves visuelles. "Vous devriez abandonner cette plainte."Déterminé, le père d'Eliott revient quelques jours plus tard avec de nouvelles preuves : des témoignages enregistrés, des documents démontrant les abus du propriétaire. Mais une fois de plus, il se heurte au même policier, qui cette fois-ci le menace de le mettre en garde à vue pour trouble à l'ordre public s'il continuait d'insister. En guise de dernière provocation, le policier a saisi les preuves et les détruits."Allez, rentrez chez vous, monsieur Moreau. Croyez-moi, ce sera mieux pour vous."Plus tardSonne sonne« Bonjour Monsieur Victor ? J'ai une nouvelle pour vous.... »Quelques heures plus tard, le propriétaire du local, Victor un homme influent et ami proche de ce même policier, était informé en détail de cette tentative avortée. Amusé par la situation, il promet de rendre les choses encore plus difficiles pour la famille Moreau._____Les semaines qui suivirent furent un enfer pour Eliott. Chaque jour, les humiliations se faisaient plus intenses, et il sentait son esprit plus sombre sous le poids des attaques de Marc et ses amis. C'était presque comme si tout l'établissement savait, mais que personne ne voulait bouger pour l'aider. Jusqu'à ce qu'un petit groupe d'amis, les seuls qui ne l'étaient pas abandonnés, lui suggéra une idée qui pourrait bien tout changer.C'était un après-midi, dans une salle de classe vide, après que les cours se soient terminés. Eliott s'était réfugié là pour éviter ses harceleurs, assis sur une chaise, la tête dans les mains. Ses amis, bien qu'hésitants au départ, se tenaient à ses côtés. Ils n'étaient pas nombreux, mais leur soutien était essentiel pour lui. L'un d'eux, Luc, brisa finalement le silence.« Eliott, on sait que tu ne peux pas te battre directement contre eux... mais pourquoi tu ne rassembles pas des preuves ? Il faut qu'on fasse quelque chose. »Eliott leva la tête, étonné. « Des preuves ? »Clément hocha la tête. « Oui. Tu n'es pas seul. Jules et moi nous pouvons t'aider à montrer ce qu'ils te font vraiment. Les gens doivent voir ce qui se passe. Les professeurs ne feront rien tant qu'ils n'ont pas de preuves tangibles, tu le sais. »Jules acquiesça en silence. Eliott resta un moment réfléchi, puis, finalement, il comprit que c'était peut-être sa seule chance. Il prend une grande respiration avant de répondre.« Très bien. Mais ça ne sera pas facile. Marc et ses amis se couvrent bien. Ils ne laissent jamais de preuves claires. »Ils se mirent alors à échafauder un plan. Ce serait risqué, mais Eliott était prêt à tout tenter pour que la vérité éclate. Ensemble, ils passèrent en revue tout ce qu'ils purent utiliser comme preuves. Les marques sur le corps d'Eliott, les vidéos humiliantes publiées sur les réseaux sociaux, et peut-être même des témoignages anonymes de certains élèves, s'ils acceptaient de parler.La première étape consistait à photographier les blessures infligées à Eliott. Dans les toilettes de l'école, à l'abri des salutations, Luc, équipé de son téléphone, photographie les marques sur le corps de son ami. Les ecchymoses étaient encore fraîches, de même que certaines coupures. Chaque photo montre les traces laissées par les coups de Marc et de ses sbires. Eliott, gêné par sa vulnérabilité, serrait les dents pour ne pas montrer sa douleur.« Je ne pensais pas qu'ils m'auraient autant amoché », murmura-t-il en regardant son reflet dans le miroir fêlé.« Ça se voit, mec. Ils ne se retiennent pas avec toi », répondit Luc, son regard sombre. « Mais ces photos, elles vont faire la différence. Quand on lesa montrer, ils ne pourront pas nier ce qu'ils t'ont fait. »Eliott hocha la tête, mais le doute persistait. Il savait que ces preuves visuelles ne suffiraient probablement pas à convaincre tout le monde. Il leur en fallait plus.La deuxième étape impliquait de récupérer des vidéos compromettantes diffusées sur les réseaux sociaux. Le groupe se réunit après les cours chez l'un d'eux, entourés de leurs téléphones et ordinateurs portables. Ils parcouraient les profils des élèves, recherchant les vidéos qui avaient fait le tour de l'école. Eliott se souvenait des humiliations filmées : des vidéos où Marc et ses amis le ridiculisent, où ils lui balançaient des ordure sur lui ; Voler ses affaires le poussaient dans les escalier, de danser de façon ridicule ou de lui faire manger des inceste vivant.Les vidéos n'étaient pas nombreuses, la plupart ayant été supprimées après quelques jours, mais certaines étaient toujours présentes. Elles avaient été enregistrées par d'autres élèves, en cachette, pour ensuite être partagées sur des groupes privés. Le groupe réussit à en télécharger quelques-unes, des morceaux de preuves supplémentaires à ajouter à leur dossier.« C'est assez humiliant de voir ça encore et encore », avoua Eliott, fixant l'écran de l'ordinateur, les poings serrés.« On sait, Eliott. Mais pense à la fin. Ces vidéos vont jouer en ta faveur », a répondu à l'un de ses amis, en posant une main réconfortante sur son épaule.La partie la plus difficile de leur plan fut de convaincre certains de leurs camarades de classe de témoigner. Ils savaient que beaucoup d'élèves avaient été témoins de violences verbales et physiques, mais la peur des représailles de Marc les paralysait. Eliott et ses amis approchèrent certains élèves en secret, souvent à la sortie des cours ou dans des lieux peu fréquentés de l'école, pour éviter d'attirer l'attention.La plupart refusèrent, leurs regards fuyants, leurs réponses hésitantes. « Désolé, mais... je ne veux pas avoir d'ennuis », « Je préfère rester en dehors de ça », « C'est trop risqué ». Ce fut un échec cuisant.Cependant, certains élèves, bien que réticents, acceptèrent de fournir des témoignages anonymes. Ils racontèrent ce qu'ils avaient vu, mais refusèrent d'apparaître publiquement dans la plainte. Eliott comprit que ces témoignages seraient peut-être insuffisants, mais il n'avait pas d'autre choix. Mieux valait ça que rien du tout.Alors qu'Eliott était en plein milieu de ses efforts, occupé à collecter et organiser les preuves, il croisa Kai dans un des couloirs de l'école. Kai semblait, comme toujours, détendu et indifférent au tumulte qui l'entourait. Mais lorsqu'il aperçut Eliott, il s'arrêta, son regard plus attentif qu'à l'ordinaire.« Salut, Eliott. » Kai fit un geste de la tête en s'approchant. « T'as l'air plus tendu que d'habitude. Tout va bien ? »Eliott, pris de cour, ne savait pas quoi répondre. Il avait rarement parlé à Kai, bien qu'il l'ait vu intervenir pour d'autres dans des situations similaires à la sienne. Mais là, il n'avait pas le temps de discuter. Il devait se concentrer sur sa mission.« Ouais, ça va. C'est juste... j'ai des trucs à gérer en ce moment. Rien de grave, vraiment », a répondu rapidement Eliott, esquivant le regard de Kai.Kai plissa légèrement les yeux, sceptique, mais ne poussa pas davantage. « Si jamais t'as besoin de quoi que ce soit, fais-moi signer, d'accord ? Ne t'enferme pas dans tes problèmes. Parfois, il a besoin d'un coup de main. »Eliott hocha la tête, reconnaissant mais pressé. « Merci, Kai. Mais je peux gérer ça. »Kai lui adressa un dernier regard avant de s'éloigner, laissant Eliott à ses affaires. Eliott n'avait pas le temps de penser à d'autres solutions. Il devait d'abord finir ce qu'il avait commencé.