Eliott se sentait au bord du gouffre depuis des mois. Les coups, les moqueries, les humiliations... tout cela pesait lourd sur ses épaules. Ses rêves d'architecture, de construire quelque chose de beau et de durable, semblaient s'effondrer chaque jour un peu plus sous les rires cruels de Marc et de ses amis. Ils étaient partout, sans cesser à le rabaisser, à le rappeler à son statut d'insignifiant dans cette école où seuls les puissants régnaient. Il s'accrochait, espérant que quelque chose change. Peut-être un miracle. Peut-être une aide extérieure. Mais ce jour-là, dans cette salle de classe, il comprit que rien n'allait venir. Aucun plan, aucune échappatoire. Juste un gouffre béant devant lui.
Marc, suivi de ses deux acolytes, entra dans la salle après la sonnerie. Eliott, lui, était déjà installé à son bureau, tête baissée, perdu dans ses pensées. Il ne les remarque même pas arriver. Tout lui semblait flou, comme s'il vivait dans une bulle oppressante de silence.« Tiens, sourire tiens, regardez qui est là », lance Marc, un narquois aux lèvres. « Notre cher petit rat qui fait semblant de ne pas nous voir. »Eliott reste immobile. Ses mains tremblent légèrement, mais il les cache sous la table. Il sentait la présence de Marc se rapprocher, mais il n'avait plus la force de réagir. Tout ce qu'il avait essayé jusque-là avait échoué. Parler aux professeurs ? Ignorés. Se plaindre à la direction ? En vain. Ses amis s'étaient éloignés de peur de devenir des cibles à leur tournée. Même à la maison, il n'avait pas osé tout dire à ses parents, pour ne pas les inquiéter plus qu'ils ne l'étaient déjà avec leurs propres problèmes.Marc s'approche encore. Il avait ce sourire cruel, celui qu'il arborait toujours avant de faire quelque chose de particulièrement ignoble. Eliott sentit un frisson de dégoût lui parcourir l'échine.« Tu ne dis rien, Eliott ? » murmura Marc en s'accoudant sur son bureau. « Toujours aussi pathétique, hein ? »Eliott serra les poings sous la table. Il voulait crier, il voulait frapper, mais il se sentait paralysé. À quoi bon ? Ses coups n'avaient jamais touché leurs cibles, ni ses mots, ni ses tentatives de se défendre. Il n'avait jamais pu riposter.Marc, voyant l'absence de réaction, sourit encore plus largement. Il se pencha à l'oreille d'Eliott, sa voix devint un murmure glacé.« Tu sais quoi ? » a commencé-t-il. « J'ai entendu dire que le loyer de ton restaurant était en retard. Ce serait vraiment dommage que quelque chose... de grave se produise. Genre, une petite visite, une descente chez toi. »Il marque une pause, savourant chaque mot.« Imaginez un peu, tout votre travail... saccagé. Ta famille ruinée pour de bon. »C'était la goutte d'eau. Eliott sentit quelque chose se briser en lui. C'était comme si une barrière qu'il avait établie pour se protéger, pour garder le contrôle, venait d'exploser en mille morceaux. Toutes les humiliations, toutes les insultes, tous les coups avaient alimenté cette rage sourde qu'il contenait depuis des mois. Mais là, maintenant, il n'y avait plus de retour en arrière.Ses doigts se crispèrent sur le compas qu'il avait dans sa trousse. Sans même réfléchir, il le saisit violemment, sa principale tremblante de rage et de désespoir. Il voulait faire mal, il voulait que Marc ressente ne serait-ce qu'une fraction de la souffrance qu'il lui avait infligée.Dans un mouvement vif et brutal, Eliott se leva et plante le compas vers Marc, visant son visage, son cou, n'importe où qui pourrait lui infliger une véritable douleur.Mais Marc, dans un réflexe presque instinctif, esquiva le coup de justesse. La pointe du compas n'effleura que sa joue, laissant une fine ligne rouge qui commençait à saigner. Il recula, surprise, ses yeux s'agrandissant d'un mélange d'incrédulité et de colère.« !! »Le silence dans la classe était assuré. Les camarades d'Eliott, d'abord sidérés, regardèrent la scène sans oser bouger. Le monde semblait s'arrêter.Marc porta une main à sa joue, touchant la plaie, puis regarda le sang sur ses doigts. Sa surprise se transforme en une colère froide, une rage viscérale. Il éclata.« Putain, Eliott ! » hurla-t-il avant de se jeter sur lui.Les coups pléuvèrent, brutaux, sans merci. Chaque coup était accompagné d'insultes, de moqueries, de menaces. Marc, furieux, le frappa sans relâche, aidé par ses amis. Eliott, au sol, tenta de se protéger comme il pouvait, mais c'était inutile. Chaque coup résonnait dans son crâne, brouillant ses pensées. Il entendait des rires autour de lui, des voix qui s'élevaient, mais il ne pouvait plus distinguer quoi que ce soit. Mais juste un instant, une toute petite seconde, il vit le regard de Kai sur lui... Son corps était un champ de bataille, son esprit un chaos de douleur.Il voulait crier, il voulait riposter, mais il n'en avait plus la force. Il était à bout. Tout en lui hurlait à l'abandon, à la fin de cette souffrance sans fin.« T'as voulu me tuer ?! » crie Marc, hors de lui. « Je vais te faire regretter, vente merde ! »Après de longues minutes de violence, Marc, à bout de souffle, s'arrête enfin. Il se pencha sur Eliott, qui gisait au sol, couvert de bleus et de sang.« Ce n'est pas fini, Eliott. J'ai encore des trucs pour toi. On va s'occuper de ta famille. »Avec un dernier coup dans les côtes, Marc recula, laissant Eliott agoniser sur le sol. Sous les yeux de ses camarades, qui n'osaient toujours pas intervenir, Eliott resta immobile, les larmes aux yeux, à bout de souffle. « J'en ai marre !!! » Avec une détermination qu'il ne connaissait pas, Eliott commença à se redresser lentement. Chaque mouvement était une épreuve de douleur. Ses muscles endoloris, ses côtes meurtries, tout son corps protestait contre ses efforts. Pourtant, il se leva, titubant, en utilisant le mur comme support. « J'en ai marre !!! » Il essuya le sang de son visage, la sueur de son front. Il était presque inconscient de la douleur, concentré uniquement sur l'objectif qu'il s'était fixé. Malgré les blessures, il marche péniblement vers la porte de la salle, puis emprunta les escaliers menant au toit. Chaque pas était un combat, mais il ne pouvait pas s'arrêter maintenant. « J'en ai marre !!! »Enfin, il atteignit le toit. La fraîcheur de l'air, la vue dégagée, semblaient à la fois apaisantes et déstabilisantes après le chaos qu'il venait de vivre. Eliott se dirigea vers le bord, regardant la ville en contrebas, le cœur lourd et le souffle court. Il se demanda s'il aurait le courage de faire le saut, de quitter cette existence qu'il avait tant de mal à supporter. « J'EN AI MARRE !!! »Les mots de Marc résonnaient encore dans sa tête, un écho de menace et de cruauté. Eliott se sentit perdu, accablé par une vague d'émotions contradictoires. Il était au bord du gouffre, et chaque seconde semblait suspendue. « J'EN AI MARRE !!! »